24 novembre 2024

Renforçons la lutte idéologique ! Un entretien avec Stefan Engel, directeur de la rédaction Voie révolutionnaire,

Renforçons la lutte idéologique !

Un entretien avec Stefan Engel, directeur de la rédaction Voie révolutionnaire, à l’occasion de la publication du livre « La crise de l’idéologie bourgeoise et de l’anticommunisme »

26 avril 2021

Cette semaine, le livre, dont tu as dirigé la rédaction, « La crise de l’idéologie bourgeoise et de l’anticommunisme » sera publié. Quel est le sujet de ce livre ?

C’est l’édition sous forme de livre du numéro 36 de notre organe théorique Voie révolutionnaire qui a le même titre. Ainsi, nous publions la première partie d’une série de quatre livres intitulée « La crise de l’idéologie bourgeoise et l’enseignement du mode de pensée ».

La première partie traite de l’importance fondamentale de l’idéologie dans la vie sociale, de la crise de l’idéologie bourgeoise et de la supériorité de l’idéologie prolétarienne. Elle contient entre autres la critique de la théorie de la non-idéologie, de la thèse idéaliste de l’unification du matérialisme avec l’idéalisme et des différentes variantes de l’anticommunisme. Elle parle aussi des bases idéologiques du fascisme, de la crise du révisionnisme moderne et de l’importance de la Grande Révolution culturelle prolétarienne en Chine.

Pourquoi publier le livre justement en ce moment ? N’y a-t-il pas des sujets plus importants ?

La crise économique et financière mondiale qui a à nouveau éclaté depuis 2018 et qui s’est aggravée considérablement en raison de la pandémie de Covid-19 ou la crise écologique menaçant l’existence de l’humanité – ce sont certainement des sujets importants. Par rapport aux réponses à ces crises, une lutte idéologique s’est déployée dans la société.

Le livre sur la crise de l’idéologie bourgeoise s’inscrit parfaitement dans le contexte actuel. Nous avons affaire à une grande confusion parmi les masses populaires sur la façon de juger certaines choses. Ce n’est même pas rare qu’une personne défend des vues progressistes et en même temps aussi des positions réactionnaires à propos des réfugiés ou de Covid-19. Comment peut-on tirer les conclusions correctes des crises sociales si cette confusion n’est pas résolue ?

Cette confusion idéologique a des raisons qu’il faut élucider. Prenons l’exemple du soi-disant mouvement « Querdenker »1 qui critique la gestion de crise du gouvernement Merkel du point de vue de la droite et dont les revendications sont largement identiques aux positions réactionnaires des organisations patronales BDI et BDA. C’est un exemple typique d’une telle tactique de confusion idéologique. « L’essentiel est d’être contre le gouvernement », ce n’est pas une position progressiste si elle est accompagnée de conclusions réactionnaires, en partie fascistes. Ce qui est nécessaire ici, c’est une position de classe prolétarienne bien fondée !

Quelle serait une position de classe prolétarienne bien fondée sur la question de Corona ?

Primo, nous avons besoin de mesures radicales pour protéger la santé de la population contre la pandémie de Covid-19. Depuis six semaines, le gouvernement en Allemagne sait que nous sommes dans une troisième vague qui peut être plus dévastatrice que les deux vagues antérieures de la pandémie. Mais il omet délibérément de faire l’essentiel par égard pour les monopoles et leurs profits dans la production industrielle. Quand il décide des mesures, c’est seulement pour restreindre la vie privée, les droits et libertés démocratiques ou aux dépens des petits magasins et restaurants. L’exemple du Maharashtra, un État fédéral d’Inde avec environ deux fois plus d’habitants que l’Allemagne, montre que l’on peut agir autrement. À la mi-avril, après un taux d’environ 50 000 contaminations par jour, un confinement de quinze jours y a été imposé pour toute la vie publique, y inclus la production industrielle (à l’exception des entreprises vitales).

Secundo, il est nécessaire que les monopoles, les capitalistes, assument les fardeaux de la crise et qu’ils ne sont pas répercutés entièrement sur la masse de la population. C’est une blague que les monopoles s’opposent maintenant avec acharnement aux tests obligatoires dans les entreprises parce que ça serait une contrainte intolérable. Et qu’en est-il de la contrainte imposée aux ouvriers et employés qui, sans égard pour leur santé, doivent continuer à bosser comme si rien ne s’était passé ?

Tertio, c’est dans l’intérêt de la population que la classe ouvrière peut à nouveau et le plus vite possible se déplacer, s’épanouir, manifester, discuter et faire la grève plus librement. Pour cette raison, il est nécessaire de décider des mesures rapides et effectives au lieu de ce confinement light durant des mois qui ne fonctionne apparemment pas. En fait, il s’agit seulement d’empêcher que le système sanitaire avec son nombre limité de lits de soins intensifs s’effondre. C’est vraiment cynique que le gouvernement fédéral accepte 80 000 morts et des centaines de milliers d’humains contaminés de Covid souffrant des conséquences à long terme seulement pour éviter des dégâts importants pour la production industrielle – c’est-à-dire la source principale des profits.

Quarto, le travail de parti du MLPD est aussi sérieusement limité à cause de la pandémie, ce qui devrait être surmonté rapidement par un confinement radical aux dépens des profits et par une accélération des vaccinations.

L’axe essentiel de la première partie du livre est apparemment l’analyse et la polémique contre l’anticommunisme. Pourquoi ça ?

Depuis la crise ouverte du réformisme et du révisionnisme moderne, l’effet destructeur du mode de pensée petit-bourgeois réformiste et petit-bourgeois révisionniste a dramatiquement perdu d’influence dans la classe ouvrière et les larges masses. L’anticommunisme et son impact sur les masses sous forme du mode de pensée petit-bourgeois anticommuniste est devenu l’obstacle principal actuel pour le développement de la conscience de classe.

N’est-ce pas une bataille défensive quand on traite de l’anticommunisme de manière aussi détaillée ?

Pas du tout ! Dans le livre, nous pouvons démontrer que l’anticommunisme a infligé des dégâts importants au mouvement ouvrier révolutionnaire depuis la Seconde Guerre mondiale, mais qu’il se trouve néanmoins dans une crise latente. Toujours à nouveau, il était contraint à faire semblant de s’adapter à l’esprit du temps pour maintenir son influence parmi les masses populaires et pour lancer des offensives tactiques.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la coalition anti-hitlérienne et l’Union soviétique alors socialiste avaient écrasé le fascisme. Ceci a fait tomber l’anticommunisme dans sa crise la plus profonde jusqu’alors. Ce n’était pas seulement la variante fasciste de l’anticommunisme qui a perdu massivement de soutien, mais tout l’ordre capitaliste.

À partir des États-Unis l’influence du socialisme devrait être limitée. Le gouvernement Adenauer a réanimé l’anticommunisme ouvertement réactionnaire. Mais celui-ci n’a pu que temporairement maintenir son effet dissuasif. Pour cette raison, les dirigeants ont développé une variante de l’anticommunisme enjolivée de manière démocratique à côté de la variante ouvertement réactionnaire. Les philosophes de « l’École de Francfort » avec leur anticommunisme « critique » étaient des témoins principaux idéaux. Ils défendaient des positions critiques du capitalisme – mais en même temps, ils ont défiguré la théorie du marxisme-léninisme et ont diffamé la construction socialiste en Union soviétique à l’époque de Staline.

Pour combattre avec succès la construction d’un parti ouvrier de type nouveau, les « Verts » ont été promus. Ils ont diffamé la notion marxiste-léniniste du centralisme démocratique comme « centralisme sans démocratie » pour justifier qu’ils avaient abandonné le « mouvement ml » des années 1970. Leur conception alternative idéaliste de la « démocratie de base » était un pétard mouillé et les Verts se sont développés en parti monopoliste pro-gouvernemental.

Avec le processus de la réunification de l’Allemagne et plusieurs transitions à l’offensive ouvrière dans les années 1980, 1990 et 2000, les forces dirigeantes ont développé l’anticommunisme moderne. Celui-ci se veut progressiste, démocratique et antifasciste, mais en réalité il n’est pas moins agressif avec ses attaques incroyables contre le prétendu « stalinisme » et « maoïsme ». Il est devenu la méthode principale pour isoler et réprimer le MLPD dans les entreprises et les syndicats.

Le gouvernement Schröder/Fischer ainsi que le gouvernement Merkel ont employé le système du mode de pensée petit-bourgeois comme méthode fondamentale de gouvernement. L’anticommunisme moderne est le noyau de ce système du mode de pensée petit-bourgeois. Avec l’aide des organisations non gouvernementales (ONG) et des partis bourgeois, on a essayé d’aligner sur un mode de pensée petit-bourgeois anticommuniste le mouvement ouvrier, tous les mouvements sociaux, le mouvement antifasciste, le mouvement combatif des femmes, la lutte environnementale et la lutte contre la politique réactionnaire du gouvernement envers les réfugiés. De cette manière, on a crée une véritable barrière contre le socialisme scientifique dans les mouvements ouvrier, populaire, des jeunes et des femmes.

Le livre discute ces événements de manière critique, met à jour en même temps la faiblesse fondamentale de l’anticommunisme et fournit des arguments convaincants contre lui.

N’est-il pas contradictoire de parler d’une crise de l’anticommunisme et déclarer en même temps que le mode de pensée petit-bourgeois-anticommuniste est le principal obstacle au développement de la conscience de classe ?

Naturellement, mais il nous faut comprendre la dialectique de cette contradiction. Les crises de l’anticommunisme montrent que, malgré des modification et correction constantes, il n’était pas en mesure de bannir durablement l’idéologie de la liberté du communisme de la classe ouvrière. L’anticommunisme ne sort jamais de sa défensive pendant longtemps, car il se trouve en contradiction fondamentale à la réalité ainsi qu’aux intérêts de la grande majorité de la population.

En même temps, plus l’anticommunisme est sur la défensive, plus il se débat. C’est une arme effective des forces dirigeantes à ne pas sous-estimer. Avec ses idées réactionnaires les dirigeants visent à dresser les masses populaires contre le socialisme, à les désorienter et à empêcher qu’une conscience révolutionnaire puisse se développer. À ce sujet, des réserves petites-bourgeoises anticommunistes diffuses sont attisées contre le communisme et on tente d’isoler socialement les marxistes-léninistes.

Est-ce que le livre s’occupe uniquement de la crise de l’idéologie bourgeoise ?

Principalement l’objectif du livre est de mener avec succès le combat entre les idéologies prolétarienne et bourgeoise, entre le matérialisme et l’idéalisme et entre la dialectique et la métaphysique.

Comme point culminant le livre traite l’importance de la Grande Révolution culturelle prolétarienne dans la Chine de Mao Zedong. Pourtant aujourd’hui, les pires histoires atroces sont diffusées à ce sujet, afin de « prouver » la prétendue misanthropie du « maoïsme ».

L’idée de la Grande Révolution culturelle prolétarienne de Mao Zedong a été la conclusion positive la plus importante du refoulement de la lutte idéologique dans l’ancien mouvement communiste et ouvrier. Aussi dans le mouvement marxiste-léniniste et ouvrier international il y a encore beaucoup de réserves contre la Révolution culturelle prolétarienne en Chine. Il est nécessaire de faire un travail idéologique persuasif à ce propos. Surtout aux jeunes membres du MLPD, mais aussi d’autres partis révolutionnaires qui n’ont rejoint le mouvement marxiste-léniniste et ouvrier qu’au cours des deux dernières décennies, l’importance, le contenu et les méthodes de la Révolution culturelle prolétarienne sont en grande partie inconnus.

Par diverses méthodes de persuasion et de lutte idéologique on y a empêché que déjà du vivant de Mao Zedong une restauration du capitalisme ait pu se produire en Chine comme en Union soviétique et les pays du Comecon. Nous devons absolument en tirer des leçons, si nous voulons déployer une nouvelle offensive idéologique pour le socialisme scientifique et comprendre ce que signifie une conscience socialiste dans la construction du socialisme.

De quoi s’agit-il dans les autres parties de cette série de Voie révolutionnaire (VR) 36 à 39 ?

Dans VR 37 nous nous penchons surtout sur de nouvelles évolutions de l’idéologie bourgeoise qui ont surgi depuis la nouvelle organisation de la production internationale depuis les années 1990. Cela inclut l’examen de la controverse sur différentes méthodes gnoséologiques comme le pragmatisme et le positivisme.

Nous polémiquons aussi contre la théorie révisionniste « juche » de Kim Il-sung de la République populaire démocratique de Corée, le « confédéralisme démocratique » de Abdullah Öcalan et ses points de vue anticommunistes, contre les théories abstruses de la gauche petite-bourgeoise radicale, le néo-révisionnisme surtout du PC de Chine et de Xi Jinping, le trotskisme et le postmodernisme. Nous nous occupons, bien entendu, aussi de l’évolution récente de l’idéologie fasciste, les diverses variantes du néofascisme. Un paragraphe est consacré aux théories conspirationnistes qui jouent un grand rôle aujourd’hui dans la confusion idéologique parmi les masses populaires et l’influence néofasciste sur celles-ci.

Dans VR 38 nous nous consacrons surtout à la crise de l’idéologie bourgeoise dans le domaine des sciences et de la culture bourgeoises. La religion dans ses diverses variations et son rôle sociétal actuel sont également soumis à la critique.

Avec l’enseignement du mode de pensée VR 39 doit tirer les conclusions universelles pour la lutte idéologique. Cette partie s’appuie sur les conclusions de VR 26 sur la question du mode de pensée dans le mouvement ouvrier. En même temps, il résume le progrès des connaissances par rapport à l’enseignement du mode de pensée au cours de 25 années de théorie et de pratique du travail de parti révolutionnaire. Il examine aussi le perfectionnement du système du mode de pensée petit-bourgeois et ses effets négatifs sur le développement de la conscience de classe, de la lutte de classe, de la préparation de la révolution socialiste internationale et la construction du socialisme.

Avec ces quatre livres sur la crise de l’idéologie bourgeoise, le travail théorique ne sera certainement pas encore terminé.

Bien sûr que non ! Cependant, ce qui sera relativement achevé, c’est le développement et la concrétisation de notre ligne idéologico-politique depuis la nouvelle organisation de la production internationale. Cette nouvelle organisation a produit des changements essentiels dans le système impérialiste mondial et entraîné des changements dans notre stratégie et tactique prolétariennes.

En outre, nous élaborons déjà un nouveau numéro de notre organe théorique sur de nouveaux phénomènes dans le système impérialiste mondial. Il s’agit d’autres développements nouveaux dans la base économique de l’impérialisme au-delà des numéros 29 à 35 de la Voie Révolutionnaire, du développement général vers la droite des gouvernements et des partis des pays impérialistes, de la formation de pays nouvellement impérialistes, de l’importance de la numérisation pour le développement des forces productives, etc. En parallèle, nous travaillons également sur un livre intitulé : « Réflexions biographiques du MLPD à propos de Staline » qui sert de complément des écrits « La crise de l’idéologie bourgeoise et l’enseignement du mode de pensée ».

Cette année, il fait 30 ans que tu as pris la relève de Willi Dickhut dans la direction de l’organe théorique Voie révolutionnaire dont Willi Dickhut fut le rédacteur en chef pendant 22 ans. Quel en est ton bilan personnel ?

Willi Dickhut avait développé les fondements idéologico-politiques pour le travail révolutionnaire du parti ouvrier de type nouveau sous tous ses aspects. C’était la condition préalable la plus importante pour la fondation du MLPD en 1982. Le système de l’organe théorique des numéros 1 à 24 comprend la concrétisation du marxisme-léninisme sur la période après la Seconde Guerre mondiale et en particulier sur l’Allemagne en ce qui concerne l’économie politique, la stratégie et la tactique prolétariennes et le matérialisme dialectique et historique.

La rédaction, sous ma direction, a eu pour tâche d’analyser intégralement, sur cette base générale, la nouvelle organisation de la production internationale et d’en tirer les conclusions pour la construction du parti, la lutte de classe et la préparation de la révolution socialiste internationale. Une ligne directrice de cette activité était l’enseignement du mode de pensée qui nous a permis d’aborder toutes les questions de le théorie et de la pratique de l’activité révolutionnaire à l’aide de l’application consciente de la méthode dialectique. Nous avons également dû traiter certaines questions qui nécessitaient une clarification fondamentale du point de vue du marxisme, telles que la libération de la femme ou la lutte pour la protection de l’environnement naturel.

Les tâches du travail théorique se posent sans cesse à nouveau, car de nouvelles questions pratiques et théoriques surgissent constamment dans la société et au sein du mouvement marxiste-léniniste et ouvrier international qui réclament une réponse au plan théorique.

L’équipe de la rédaction Voie révolutionnaire se caractérise aujourd’hui avant tout par un travail théorique collectif sur la base du mode de pensée prolétarien. Il n’y a pas d’autre moyen de répondre aux exigences théoriques globales d’aujourd’hui et de demain.

Merci beaucoup et félicitations pour 30 ans de leadership de la rédaction Voie révolutionnaire !

1 Personnes d’un mode de pensée prétendument non conformiste, mouvement proche de l’extrême droite

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