2 mai 2024

Abaya Gucci

Alors voilà, c’est la rentrée, nouvelle trousse, nouveau cartable et …nouveau ministre.

Le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal a, grâce à son intelligence ultime, son entourage composé de gens extrêmement compétents venu de l’État profond (des « grandes Ecoles » : ENA, Polytechnique,… ») et certainement appuyés par une « intelligence artificielle », trouvé le problème de la crise de l’éducation nationale. Le problème semblait être le manque d’instituteurs, de professeurs, d’AESH, des salaires très faibles, le flou de Parcoursup… Sans oublier le contenu de ce qui est enseigné… Mais non, le problème c’est : l’abaya. Ce vêtement porté par certaines femmes ou jeunes filles de confession musulmane serait anti-républicain et agirait contre la laïcité.

Déjà, soulignons le contre-feu. En effet, rien de mieux que d’agiter un torchon pour occulter les vrais problèmes, la crise de la culture et de l’idéologie bourgeoises. Ce qui est navrant, c’est à quel point le procédé du contre-feu est ancien et ringard. Mais passons, n’allons pas demander à Macron et à ses sbires de l’innovation, eux qui aiment à défendre un système, capitaliste, vieux de 250 ans…

A propos de laïcité

L’abaya serait un problème. Essayons d’y voir plus clair ; la laïcité voudrait que :

1) l’État et l’église (ou tout autres cultes) soit séparés

2) que l’État assure la liberté de conscience et de culte de chacun

Très bien, ce sont les résultats de dures luttes sociales du début du siècle dernier. Nous les marxistes-léninistes nous sommes, comme nous le rappelons dans notre projet de programme, pour « la gratuité totale de l’éducation ; l’arrêt du financement par l’État des écoles confessionnelles ; l’école laïque, etc. » (voir pages 36). Et nous insistons dans notre projet en p. 38 pour dire que « la religion est une affaire privée, nous sommes pour la liberté des cultes religieux et contre l’oppression de quiconque pour de motif religieux. » 

On notera que les fermes défenseurs de la laïcité de l’État ne sont pas prêts à contester le statut particulier de l’Alsace et de la Moselle, où les curés, pasteurs et rabbins sont des salariés de l’État, et où l’enseignement religieux est la règle dans les écoles publiques. Les mêmes politiciens de droite ou d’extrême droite ne sont pas prêts à remettre en question la présence d’aumôneries catholiques dans les « grands » lycées parisiens. Sans parler des écoles privées (à 80 % catholiques) sous contrat avec l’État qui les soutient et met à leur disposition des enseignants formés avec les deniers de l’État (impôts).

La religion à bon dos. Gabriel Attal en politicien de droite voudrait instrumenter l’abaya (qui serait prosélytiste), comme d’autres l’ont voulu pour le voile des filles, mais ici, un problème va se poser :

Comment distinguer une abaya d’une robe si ce n’est en jugeant le faciès de celle qui la porte ? Le même problème se poserait si demain la barbe était considérée comme du prosélytisme. La seule façon de distinguer une barbe « tendance » d’une barbe « religieuse » (prosélyte) serait encore une fois de voir qui la porte et de présupposer sa religion.

Nous n’ignorons pas que la religion sous toutes ses formes tend, en cette période de crises multiples, à se développer. C’est comme l’écrivait Marx que : la détresse religieuse est pour une part l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimées, la chaleur d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple ».

Nous voyons que l’abaya, la barbe, ou les tenues vestimentaires sont un sujet complexe qui demande beaucoup d’énergie, mais est-ce le plus urgent à l’heure où Macron et ses apôtres ne cessent de nous « prosélyter » de leur idéologie politique dépassée qui fait tant de ravages sociaux.

L’autre question de fond est maintenant d’essayer de comprendre pourquoi la France a autant de problèmes avec ses citoyens de confession musulmane ? ils sont stigmatisés car ils sont tout d’abord bien souvent ouvriers et pauvres. C’est une bataille de classe où la bourgeoisie et son État n’a de cessent d’attaquer les classes les plus démunies pour les faire taire, et ce par tous les moyens :

Interdictions vestimentaires, brutalisation sociale, policière, stigmatisation des chômeurs, des bénéficiaires du RSA, des « assistés » …alors que par ailleurs Bernard Arnault n’a jamais été aussi assisté par l’État (suppression de l’ISF, CICE, suppression de la CVAE, occultation de l’évasion fiscale…).

Ensuite il y a l’histoire. Pourquoi les anglais ou les allemands ne semblent pas avoir autant de problèmes avec « leurs musulmans » ? alors qu’ils ne sont eux (anglais et allemands) pas laïques.

Une explication pourrait résider dans le fait que la France est peut-être l’un des rares pays puissant à avoir perdu une guerre de colonisation de peuplement : la guerre d’Algérie. Après avoir fait affluer après la seconde guerre mondiale des millions de maghrébins, bons pour reconstruire la France. Leur assimilation et intégration ayant été mise de côté, c’est une défaite coloniale qui semble ne jamais avoir été digérée par l’élite coloniale et impérialiste. Cette élite humiliée d’un côté et des millions de maghrébins se sentant tout aussi humiliés et mis de côté de l’autre peut expliquer une part de cette tension qui a toujours existé et qui semble s’exacerber avec la crise économique mondiale. Les politiciens électoralistes rivalisent de propos nationalistes droitiers et fascisants cherchant à rejeter sur les prolétaires la responsabilité des désordres engendrés par les rivalités entre capitaux et pays impérialistes.

L’UPML condamne cet acharnement contre les classes les plus démunies et dénonce ces attaques réactionnaires. Nous sommes pour que les peuples vivent en paix et en harmonie, sans avoir de compte à rendre à une bourgeoisie de plus en plus agressive.

Bachir

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