26 décembre 2024

LES JEUX OLYMPIQUES : LE MYTHE COUBERTIN

1- LES JEUX OLYMPIQUES

Si le sport « compétitif » en régime capitaliste est au service de l’individualisme et du nationalisme, les J.O., eux, sont la caricature de ce type de sport.

LE MYTHE COUBERTIN

Le baron De Coubertin est présenté par toutes les bourgeoisies comme un « grand humaniste ». Les J.O. qu’il a créés seraient selon elles l’occasion d’une vaste manifestation d’amitié entre les peuples, de solidarité, de paix, dans la communion du sport au-dessus des classes et des idéologies. Mais « l’universalisme » olympique du vieil aristocrate mérite qu’on y regarde d’un peu plus près (1).

Le Baron voit rouge: le « cauchemar communard »

Coubertin a créé les J.O. parce qu’il avait été profondément traumatisé par la Commune de Paris de 1871 et pensait que le sport pouvait affaiblir, sinon supprimer la lutte des classes du Prolétariat.

Ainsi, à propos de la Commune, le baron évoque le « cauchemar » que ce fut pour les bourgeois de son espèce :

« L’insurrection communiste éclata à Paris : elle comblait la mesure de nos infortunes. Malgré les tentatives qui ont été faites depuis pour donner à ce mouvement un caractère socialiste et humanitaire, qu’il n’eut jamais, le temps qui atténue tant de choses n’a rien enlevé de leur horreur aux sombres souvenirs de 1871. L’assassinat des généraux Leconte et Clément Thomas, le second siège de Paris, les orgies et les bouffonneries de la Commune passèrent sur la France comme un cauchemar. » (in « L’évolution de la 3e République »). (Pour en savoir plus voir notre brochure sur la Commune de Paris)

D’où ses efforts pour passer du cauchemar au rêve et de tenter d’amener le prolétariat à renoncer « de lui-même » à la lutte :

« Il ne reste, pour échapper à la néfaste violence qui compromettrait la cause du prolétariat (sic) que ce troisième moyen, le seul pratique, en même temps que le seul digne, mettre le prolétariat en état de culture suffisante pour qu’il ait la force de résister à lui-même, de faire front contre la colère, même légitime, contre l’injustice, même flagrante, afin qu’il puisse travailler tenacement mais calmement à sa propre élévation. » (in « Lettre inédite à Duchoslav Forst », cité par M.T. Eyquen, membre du C.I.O.).

Et pour arriver à cette anesthésie de la révolte prolétarienne, notre baron imagine tout naturellement « le sport au-dessus des classes » où bourgeois et prolétaires communieront dans la fraternité du muscle :

« Que la jeunesse bourgeoise et la jeunesse prolétarienne s’abreuvent à la même source de joie musculaire, voilà l’essentiel, qu’elles s’y rencontrent, ce n’est maintenant que l’accessoire. De cette source découlera, pour l’un comme pour l’autre, LA BONNE HUMEUR SOCIALE, seul état d’âme qui puisse autoriser pour l’avenir l’espoir de COLLABORATION EFFICACE. » (in « Pédagogie sportive », cité par Y.P. Boulogne).

D’où son idée des J.O. : en écrivant à propos du rétablissement des J.O. une circulaire à l’Union Sportive française (15.1.1894) Coubertin précise :

« Il est permis de croire que les luttes pacifiques et courtoises constituent le meilleur des internationalismes. »

UN RACISTE CONVAINCU

Mais, n’est-ce pas curieux, l’homme qui se présente ainsi avec ses J.O. comme le champion de l’amitié entre classes et races est en même temps un raciste convaincu, un colonialiste forcené, un nationaliste sans fard. C’est lui qui écrit en effet :

« Il y a deux races distinctes : celles des hommes au regard franc, aux muscles forts, à la démarche assurée et celle des maladifs, à la mine résignée et humble, à l’air vaincu. Eh bien ! C’est dans les collèges comme dans le monde : les faibles sont écartés, le bénéfice de cette éducation n’est appréciable qu’aux forts. » (in L’Éducation anglaise).

« Les races sont de valeur différente et à la race blanche, d’essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance. »(cité par Boulogne in « La vie et l’œuvre pédagogique de P. de Coubertin »), et le baron poursuit : « La théorie de l’égalité des droits pour toutes les races humaines conduit à une ligne politique contraire à tout progrès colonial. Sans naturellement (sic) s’abaisser à l’esclavage ou même à une forme adoucie de servage, la race supérieure a raison de refuser à la race inférieure certains privilèges de la vie civilisée. » (in « The review of the reviews » avril 1901).

C’est lui encore qui admire les militaires français qui vont massacrer les Africains pour fonder l’empire colonial :

« Ces hommes audacieux qui parcourent le continent noir, jouent gaiement leur santé et répandent vaillamment leur sang pour ouvrir un comptoir de plus au commerce national, pour planter une fois de plus nos trois couleurs sur une case indigène. » (in « La jeunesse de la France », conférence 1890).

Et lui toujours qui s’extasie sur le colonialisme :

« Dès les premiers jours, j’étais un colonial fanatique. » (in « Mémoires », Archives du C.I.O., 1936).

« La France est de tous les pays du monde, celui dont l’empire s’est le plus agrandi en 50 ans. La vérité est que l’empire colonial français est un des plus beaux du monde. » (in « Le Ministère J. Ferry »).

Bref, Coubertin n’a en tête que l’union des classes sous le commandement de l’élite (la bourgeoisie si cultivée !). La formation d’une nation forte et virile, d’une race supérieure qui doit écraser les autres et établir ainsi « la paix universelle ». Ces idées étaient à l’époque (époque de l’impérialisme montant) formulées par le philosophe Nietzsche, maître à penser de Coubertin… et plus tard des fascistes allemands, dont Coubertin n’est qu’un précurseur.

Les J.O. sont pour Coubertin le lieu où doit s’exprimer la victoire du plus fort, de la race supérieure, des qualités « viriles » et très macho en général (dominer, se surpasser soi-même, vaincre ses limites en tant qu’individu). C’est le progrès par la sélection des plus forts, la théorie de la « sélection naturelle ».

Et cette conception des J.O., cet « humanisme » de la force au-dessus des classes, de la « sélection naturelle » des races, de l’élimination des faibles est encore tout à fait celle qui règle les J.O. actuels. Chaque nation qui l’organise le fait pour étaler sa force et le prestige de sa classe dirigeante à coups de milliards. Chaque nation qui y participe le fait pour manifester sa puissance. Et chaque champion qui y va (ou presque) espère devenir un héros cousu d’or.

Nous allons y revenir et montrer ce caractère politique des J.O.. Mais il fallait bien se donner la peine de ce rappel des motivations du Baron De Coubertin, fondateur des J.O., pour lutter contre le mythe des J.O., mythe entretenu par une énorme propagande, et par tous ceux qui exaltent « l’esprit olympique »  et vantent le baron.

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(1) De nombreux passages ci-après sont extraits du journal l’Épique, n° 5, édité par le COBOM (Comité pour le Boycott des J.O. de Moscou, qui a succédé au COBA de l’époque du Mundial).

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