25 avril 2024

De l’unité de l’homme et de la nature

La question environnementale est partout débattue, on s’inquiète au niveau mondial de l’état de l’environnement naturel. Aujourd’hui, de plus en plus de catastrophes écologiques surviennent à l’échelle locale ou régionale et tourmentent l’humanité. Dans l’opinion publique, on crée l’impression que la question écologique est entre de bonnes mains chez les dirigeants et leurs gouvernements. En réalité, depuis les années 1970, ils n’ont ni la capacité ni la volonté d’agir de façon efficace contre cette crise. Au lieu de cela, l’humanité est entraînée sans retenue – voire de façon accélérée – vers une catastrophe écologique mondiale. La responsabilité de cette évolution incombe en premier lieu aux supermonopoles internationaux qui dominent aujourd’hui la totalité de la production mondiale, le commerce international ainsi que la politique, l’économie et la science dans tous les pays.

A la veille de mouvements mondiaux de défense de l’environnement et alors que s’ouvre la énième conférence de l’ONU (COP 26), il nous a paru nécessaire de revenir sur le livre du MLPD « Alerte à la catastrophe ». Voici le 1er chapitre :

  1. De l’unité de l’homme et de la nature

Dialectique de la nature

Le concept scientifique de nature. Dans l’usage courant, on réduit la notion de « nature », le plus souvent, à des phénomènes isolés dans l’environnement de l’homme : au paysage, à la faune et la flore ou aussi au temps qu’il fait. Du point de vue du matérialisme dialectique, le concept de « nature » comprend par contre la réalité universelle tout entière.

La nature se compose d’une multitude infinie de formes du mouvement matériel et d’états de la matière, constamment en mouvement et en transformation. Les formes de mouvement les plus connues so

nt le changement de lieu, le frottement, la chaleur, la lumière, l’électricité, le magnétisme, le rayonnement radioactif, les réactions chimiques, le métabolisme biochimique, la photosynthèse … Quant aux états de la matière, on peut distinguer entre gaz, solides et liquides ou entre matières organiques et inorganiques. Ces éléments naturels se conditionnent réciproquement et se trouvent en même temps en conflit permanent.

Toutes les différentes formes d’existence de la matière ne sont rien d’autre que des processus naturels différents. Selon les connaissances actuelles, ces formes vont de la matière continue en passant par des particules subatomiques infimes Dialectique de la nature dans le microcosme aux amas galactiques gigantesques et à des superstructures encore plus grandes dans le macrocosme. À l’aide de l’analyse spectrale, on a pu prouver que les galaxies et les nébuleuses, les étoiles et les planètes comme notre Terre sont faits d’éléments constitutifs identiques : d’atomes d’éléments chimiques et de particules subatomiques. Toutes les manifestations et tous les degrés de développement de la matière constituent un système d’un devenir et mourir universels.

Le matérialisme dialectique part du principe que toute la nature est matérielle – qu’elle existe donc objectivement, indépendamment de la conscience et de la volonté de l’homme. Les mouvements de la matière suivent des lois du mouvement dialectiques. On entend par dialectique de la nature l’ensemble du mouvement matériel sous sa forme la plus générale. À chaque degré de développement de la matière surgissent des formes qualitativement nouvelles et aussi de nouvelles lois du mouvement que les hommes peuvent étudier, reconnaître et utiliser. Le progrès de l’humanité dans la connaissance se manifeste par le degré de sa connaissance de la dialectique de la nature ainsi que par sa capacité à appliquer consciemment la méthode dialectique à la nature, à la société et à la pensée, la sensibilité et l’action humaines.

La cosmologie bourgeoise nie l’infinité de la matière. Elle ne regarde que ses formes concrètes et les traite comme formes absolues. Depuis toujours, elle cherche inlassablement et en vain le commencement et la fin de l’univers. Selon la théorie actuelle, « l’expansion » du cosmos aurait commencé il y a entre environ 13 à 20 milliards d’années à partir du « néant » par un « big-bang ». Depuis le début les marxistes-léninistes ont critiqué cette « Genèse » de la cosmologie bourgeoise ; 1 aujourd’hui, elle est très controversée même parmi les scientifiques bourgeois.

Les phénomènes naturels concrets sont finis, le mouvement général de la matière est par contre infini. L’infinité de la matière en mouvement est ce qui constitue son identité universelle dans le macrocosme et le microcosme. L’origine de la matière et du mouvement à partir du « néant » n’est pas compatible avec les lois inhérentes à la nature. La matière en mouvement ou le mouvement matériel ne sont ni à créer ni à détruire. Engels a écrit à ce sujet :

« Toute la nature qui nous est accessible constitue un système, un ensemble cohérent de corps, étant admis que nous entendons par corps toutes les réalités matérielles, de l’astre à l’atome, voire à la particule d’éther, dans la mesure où l’on admet qu’elle existe. Le fait que ces corps sont en relation réciproque implique déjà qu’ils agissent les uns sur les autres, et cette action réciproque est précisément le mouvement. Ici déjà il apparaît que la matière est impensable sans le mouvement. Et si, de plus, la matière s’oppose à nous comme quelque chose de donné, aussi impossible à créer qu’à détruire, il en résulte que le mouvement est lui-même aussi impossible à créer qu’à détruire. » (Friedrich Engels, « Dialectique de la nature », Éditions sociales, Paris 1975, p. 76)

Les changements qualitatifs dans la nature se produisent par sauts. « Par quoi un passage dialectique se distingue-t-il d’un passage non dialectique ? » demande Lénine et il répond : « Par le saut. Par la contradiction. Par l’interruption de la gradation. » (Lénine, « Résumé des “ Leçons d’histoire de la philosophie ” de Hegel », Œuvres, Paris/Moscou 1971, t. 38, p. 267)

C’est une idée absurde qui prend leurs désirs pour la réalité que des scientifiques, des philosophes ou des politiciens bourgeois donnent la priorité aux processus graduels, évolutifs dans la nature, dans la société ou dans la pensée, la sensibilité et l’action humaines par rapport aux processus par sauts, révolutionnaires. Dans la nature, les deux formes de mouvement, l’évolution et la révolution, se conditionnent réciproquement, naissent l’une de l’autre et se transforment l’une dans l’autre dans un processus continu et infini. Le mouvement graduel prépare le changement manifeste, le saut qualitatif, et est remis en marche à son tour par le saut à un niveau toujours supérieur.

Ces sauts qualitatifs peuvent se dérouler en seulement une fraction de seconde comme c’est le cas pour les processus biologiques, chimiques et électriques ou dans la pensée, la sensibilité et l’action humaines. Mais ils peuvent aussi bien s’étendre sur des milliards d’années comme c’est le cas pour l’émergence et la mort des étoiles. Ces énormes différences incitent les matérialistes vulgaires ou les empiristes à n’accepter que des changements perceptibles. Pour eux, ce qui se passe dans l’univers consiste en manifestations isolées, en cycles se reproduisant éternellement ou en processus qui au mieux subissent des changements quantitatifs.

Les sauts qualitatifs signalent leur approche par l’accélération des changements quantitatifs et par une intensification des contradictions inhérentes aux choses ou aux processus. Sur la base d’analyses scientifiques du réchauffement accéléré de la planète, des conditions météorologiques de plus en plus extrêmement contradictoires, de l’extinction accélérée des espèces, de l’acidification notable des océans, de la destruction des forêts, de l’amincissement inquiétant de la couche d’ozone et de la multiplication de catastrophes écologiques au niveau régional depuis les années 1990, le MLPD est arrivé à la conclusion pertinente que dans le processus de la crise écologique planétaire, un saut qualitatif, le basculement vers une catastrophe écologique planétaire, a déjà commencé.

D’autres observations scientifiques confirment aujourd’hui que ce processus s’est élargi et accéléré. Ce sont bien les méthodes métaphysiques de la conception bourgeoise du monde qui empêchent de pronostiquer de manière réaliste le développement de l’unité de l’homme et de la nature.

Étudier et généraliser les formes de mouvement infinies de la matière, les processus infinis de la transformation d’une forme de la matière dans une autre, arracher à la nature les lois du mouvement concrètes qui y agissent, et les appliquer ensuite – c’est en cela que consiste la base idéologique de la compréhension toujours meilleure de l’unité de l’homme et de la nature, et de la capacité de plus en plus grande à la façonner. En fin de compte, seul un ordre social guidé par un tel mode de pensée scientifique prolétarien, socialiste et communiste est en mesure de garantir une unité durable et en constante évolution de l’homme et de la nature.

La dialectique du macrocosme. Suite au développement de la radioastronomie, la perception humaine dans le macrocosme s’étend aujourd’hui dans les profondeurs de l’espace jusqu’à une distance d’environ 13,8 milliards d’années-lumière (Une année-lumière vaut 9,5 mille milliards de kilomètres). Toutefois, cela ne représente qu’une partie minuscule de l’immensité sans fin de l’univers. Des milliards de systèmes stellaires, de galaxies peuvent être observés. Ils forment des amas et des super-amas qui, à leur tour, peuvent contenir jusqu’à un million de galaxies. Comme pour toutes les formes de la matière, il y a lutte et unité, interactions et collisions aussi parmi les galaxies. Elles passent par différents stades de développent et peuvent se faire absorber dans des galaxies plus grandes, en faire naître de nouvelles ou se désintégrer en formes inférieures de la matière. Notre galaxie, la Voie lactée, fait partie d’un amas d’environ 30 galaxies. Elle comprend 200 à 300 milliards d’étoiles qui gravitent autour d’un centre sous forme d’une spirale gigantesque et qui forment, en partie, des amas globulaires.

Notre Soleil se déplace dans une région excentrée de la Voie lactée, à environ 30000 années-lumière du centre de la galaxie. Il met environ 220 millions d’années pour parcourir son orbite autour du centre. Notre système solaire est un ensemble formé par le Soleil et huit planètes avec leurs lunes, des planétoïdes (petite planète), des comètes et des météorites, des gaz et des poussières. 99,87 pour cent de la masse du système solaire se concentrent dans le Soleil, raison pour laquelle les autres corps célestes gravitent autour de lui dans son champ de gravitation.

Le Soleil est une étoile, une boule de gaz lumineuse de grande masse et de températures élevées. À l’intérieur du Soleil, à une température de plus de 15 millions de degrés Celsius, brûle un plasma constitué de noyaux d’atomes d’hydrogène, de noyaux d’atomes d’hélium, d’électrons libres et de deux pour cent d’éléments plus lourds. L’énergie du Soleil provient surtout de la fusion de noyaux d’hydrogène en noyaux d’hélium. Lors de cette fusion nucléaire, une partie de la masse des noyaux atomiques est transformée en énergie, qui est libérée sous forme de rayonnement. Le Soleil est entouré par la photosphère, une enveloppe épaisse de seulement 300 kilomètres. La température s’y élève seulement à quelque 5700 degrés. C’est de là que la plus grande partie de l’énergie solaire est émise vers l’extérieur sous forme de rayonnement. De plus chaque seconde, environ un million de tonnes de matière solaire jaillit de la couronne solaire dans l’univers à une vitesse supersonique. La fin de notre Soleil en tant que source d’énergie de notre système solaire peut être calculée : elle aura lieu dans environ cinq milliards d’années.

Le rayonnement émis par le Soleil consiste en ondes électromagnétiques et en particules chargées. Seule une petite partie d’entre elles atteint la Terre et est absorbée par l’atmosphère terrestre de différentes façons ou réfléchie. Du point de vue macrocosmique, la Terre est un corps céleste minuscule avec sa masse de 6 trilliards (1021) de tonnes et son diamètre de 12756 kilomètres à l’équateur. Elle tourne autour de son propre axe, ce qui cause l’alternance jour et nuit et influence les mouvements d’air et les courants marins. L’orbite presque circulaire de la Terre autour du Soleil lui garantit un apport d’énergie pratiquement régulier. L’inclinaison de l’axe de la Terre selon un angle de 66,5 degrés par rapport au plan du mouvement orbital de la Terre autour du Soleil provoque les différentes saisons. La gravitation de la Lune joue sur les océans et engendre la marée. La Terre s’est formée il y a 4,5 milliards d’années à partir de particules de matières gazeuses et poussiéreuses. Celles-ci ne cessaient de s’entrechoquer, ce qui les a échauffées et elles ont fusionné. La pression et sa haute température internes ainsi que la chaleur causée par des processus de désintégration de matières radioactives firent de la Terre d’abord un astre en fusion. La croûte terrestre, l’enveloppe solide, ne s’est formée que peu à peu. Sous la croûte se trouve le noyau de la Terre, principalement constitué de fer incandescent. La croûte terrestre et le manteau supérieur jusqu’à une profondeur de 250 kilomètres contiennent du magma liquide. C’est à cause du mouvement du magma que les plaques tectoniques de la croûte terrestre restent sans cesse en mouvement et produisent toujours de nouveau des tremblements de terres ou des éruptions volcaniques. Le noyau terrestre commence à partir de 2900 kilomètres de profondeur, où règne une température comprise entre 4000 et 6000 degrés Celsius.

Depuis la naissance de la Terre, des gaz s’échappaient de son intérieur. La masse de la Terre fut assez importante pour en attirer une partie, pour les retenir et former ainsi une atmosphère. Pour cette raison, la Terre s’est refroidie considérablement plus lentement que l’on aurait pu normalement s’y attendre. Cela fut une condition importante pour l’apparition de la vie. L’atmosphère primaire de la Terre permit, avec l’aide de l’énergie solaire et du volcanisme, la formation d’importantes quantités de matières organiques. À partir d’elles se formèrent les premiers êtres vivants dans l’océan primitif en moins d’un milliard d’années. La biosphère se forma. Au zénith d’une évolution qui dura environ 3,5 milliards d’années, les premiers êtres humains commencèrent à s’y développer dans un environnement naturel qui convenait à leur existence.

Dialectique des lois de la nature

La loi de la gravitation est une loi fondamentale de la nature. Elle décrit les forces qui agissent entre les masses dans la nature. La gravitation influe sur la matière de maintes façons. Elle modifie par exemple la trajectoire et la fréquence de la lumière ainsi que la vitesse des mouvements 20 Chapitre I/1 microscopiques dans les atomes et les molécules. La vision mécanique du monde traite la gravitation en tant que « force d’attraction entre les corps célestes ». Du point de vue de sa conception dialectico-matérialiste de la nature, Friedrich Engels critiqua le fait que cet aspect de la gravitation est posé comme absolu :

« Tous les processus naturels sont doubles, ils reposent tous sur le rapport d’au moins deux parties agissantes, l’action et la réaction. … Mais attraction et répulsion sont aussi inséparables l’une de l’autre que positif et négatif et, par suite, sur la base de la dialectique elle-même, on peut prédire d’avance que la théorie vraie de la matière doit assigner à la répulsion une place tout aussi importante qu’à l’attraction, qu’une théorie de la matière reposant sur la seule attraction est fausse, insuffisante, loin de compte … Toute la théorie de la gravitation repose sur l’affirmation que l’attraction est l’essence de la matière. Cela est nécessairement faux. Là où il y a attraction, il faut qu’elle soit complétée par la répulsion. » (Friedrich Engels, « Dialectique de la nature », op. cit., p. 87)

La conception métaphysico-idéaliste de la nature rend absolue la validité de lois isolées de la nature ou de certains de leurs aspects. Pour elle, les lois de la nature sont valables « éternellement », « ont été importées dans la nature de l’extérieur » et sont donc « placées au-delà de la nature ». En réalité, les différentes lois du mouvement ne sont elles-mêmes que l’expression de processus de qualités différentes aux différents stades de développement de la matière.

La structure des atomes constitue une preuve excellente de la dualité de la nature. La masse de l’atome est concentrée dans le noyau atomique qui, de par sa charge électrique positive, exerce une force d’attraction sur les électrons de charge négative du nuage électronique. L’énergie cinétique des électrons empêche que ceux-ci tombent dans le noyau atomique de Dialectique de la nature 21 charge positive et qu’ils le neutralisent. Le nuage électronique agit donc comme un blindage relatif par rapport au champ électrique du noyau atomique de charge positive. Des nuages énergétiquement plus favorables peuvent être obtenus par la combinaison avec les couches électroniques d’autres éléments ou du même élément. Pour cette raison, la plupart des éléments dans la nature existent presque exclusivement liés dans des molécules ou des cristaux. Malgré toutes les connaissances isolées obtenues de façon dialectico-matérialiste, les sciences naturelles bourgeoises restent dominées par la conception métaphysico-idéaliste du monde. La méthode métaphysique dissout la corrélation globale des processus métaboliques entre l’homme et la nature dans un déluge de connaissances isolées. Les résultats en sont des interprétations erronées et des erreurs pratiques, pour la plupart au détriment de l’homme et de l’environnement naturel. La force motrice décisive des sciences naturelles bourgeoises est de transformer directement et le plus vite possible les connaissances de la nature en production de marchandises qui apporte le profit maximal. Cela est dicté par la lutte concurrentielle capitaliste acharnée au stade de la production internationalisée. Cette motivation bornée restreint de plus en plus l’horizon des sciences naturelles et a mené à une crise dans le développement des sciences naturelles modernes.

C’est seulement en conformité avec les lois inhérentes à la nature que l’unité de l’homme et de la nature peut être façonnée consciemment et développée à un niveau supérieur. Friedrich Engels écrit : « La dialectique dite objective, règne dans toute la nature, et la dialectique dite subjective, la pensée dialectique, ne fait que refléter le règne, dans la nature entière, du mouvement par opposition des contraires qui, par leur conflit constant et leur conversion finale l’un en l’autre ou en des formes supérieures, conditionnent précisément la vie de la nature. » (Friedrich Engels, ibid., p. 213)

Pour le développement des sciences naturelles modernes, la dialectique matérialiste représente le mode de pensée décisif. Elle constitue la seule méthode avec laquelle peuvent être expliqués des processus de développement, des corrélations et des transitions d’un champ de recherche à l’autre dans la nature.

Extrait du livre « Alerte à la catastrophe », préfacé par Stefan Engel en mars 2014

 

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