« La démocratie coloniale, c’est l’art de voter librement pendant que l’armée tue ailleurs. »
Mai 1945. Pendant que la France de De Gaulle fête la victoire contre le nazisme, l’armée française massacre à Sétif (Algérie) des milliers d’Algériens qui réclamaient… ce qu’on leur avait promis : la liberté, l’indépendance. Les troupes coloniales, gendarmes, miliciens, et même les colons civils prennent part à une répression sauvage. Bilan : entre 20 000 et 45 000 morts selon les estimations. Des hommes, des femmes, des enfants jetés dans les fosses communes, des villages rasés, des populations bombardées.
Novembre 1946, Haiphong. L’armée française ouvre le feu sur le port vietnamien pour “faire un exemple”. Elle bombarde un quartier entier pour faire plier les indépendantistes (Viet Minh) qui avaient combattu les fascistes japonais... Entre 6 000 et 20 000 morts en quelques heures.
Mars 1947, Madagascar. Une insurrection éclate contre l’administration coloniale française. La réponse ? Massacres, viols, tortures, exécutions sommaires, incendies de villages entiers. L’armée française “pacifie” à la mitrailleuse. Résultat : 80 000 morts.
Et pendant ce temps-là, à Paris, les ministres socialistes et radicaux pérorent sur la République, les droits de l’homme, la démocratie parlementaire, les valeurs de la “France éternelle”.
Le colonialisme, ce n’est pas un dérapage.
On voudrait nous faire croire que ces massacres sont des “accidents” de parcours, des “erreurs” de la République, des bavures d’un passé regrettable. Mensonge ! Ils sont la continuité logique, systémique de l’ordre capitaliste-impérialiste.
Quand la bourgeoisie “démocratique” perd le contrôle dans les colonies, elle envoie l’armée, pas les urnes. Et elle continue aujourd’hui, avec d’autres méthodes : pillage économique, interventions militaires, accords de coopération, soutien aux régimes fantoches ; ou encore tromperies comme en Kanaky et autres colonies françaises, Françafrique, CFA, bases militaires : rien n’a disparu, les formes ont changé mais le fond est le même.
Ce qu’ils ont testé à Sétif, Haiphong, Madagascar,… ils le perfectionnent à Gaza, au Sahel, ou dans les rues de Nanterre. La répression policière dans les quartiers populaires, les violences d’État contre les grévistes et les délégués syndicaux combattifs, les contrôles au faciès, la chasse aux Sans-papiers, les lois sécuritaires ne sont pas des “dérives”. Ce sont des « mises en pratique » de la dictature de la classe dirigeante bourgeoisie. Le même mépris de classe et de race, les mêmes logiques de domination, la même violence systémique.
La démocratie bourgeoise masque la dictature
La démocratie bourgeoise, ce n’est pas le « pourvoir du peuple ». C’est la dictature de la classe dominante maquillée en pluralisme. Dans la période où les « affaires » marchent bien, où les opprimés se taisent on les laisse voter tous les cinq ans. La bourgeoisie elle contrôlent les banques, les médias, les tribunaux, l’école, la police et l’armée. Les média parlent de liberté pendant qu’on étrangle les classes dominées et les peuples, ici comme là-bas.
La bourgeoisie sait s’adapter. Elle peut être monarchiste, républicaine, fasciste, sociale-démocrate ou macroniste. L’essentiel, c’est que les moyens de production, de coercition et d’idéologie restent entre ses mains. Si le peuple vote “mal”, voire même se rebelle, elle piétine ses propres règles et fusille (comme pendant la Commune de 1871). Si les colonies réclament leur liberté, elle massacre. Si les travailleurs relèvent la tête, elle criminalise et massacre pour faire règner son ordre. Mais tout cela ne peut durer qu’un temps !
Rallumer la lutte
Alors quoi ? Se résigner ? Se contenter de dénoncer ? De pleurer les morts d’hier en baissant les yeux aujourd’hui ? Non.
Notre tâche c’est de relier les luttes, les oppositions ; les organiser, les rendre conscientes. De comprendre l’unité dialectique profonde entre la répression des colonies d’hier et l’exploitation ici, aujourd’hui. Entre la rafle de Sétif et celle du métro parisien. Entre les bombes larguées sur Haiphong et les grenades lacrymo tirées à bout portant dans les ZAD ou les manifs.
C’est en s’organisant politiquement, en construisant des foyers de résistance, en mettant à nu les mécanismes du pouvoir bourgeois, qu’on sortira de l’attentisme et de la résignation. Il ne suffit pas d’avoir raison. Il faut avoir une stratégie et des tactiques pour frapper là où ça fait mal : sur l’exploitation, sur l’impérialisme, sur l’appareil d’État.
Et le NFP ? Soutien critique, combat sans illusions
Oui, nous soutenons les mobilisations contre l’extrême droite, contre la fascisation, contre la dictature néolibérale. Nous faisons des fronts larges y compris avec le NFP. Mais nous ne sommes pas dupes : le Nouveau Front Populaire, par exemple, c’est un cartel électoral sans programme de rupture ; englué dans le parlementarisme. Beaucoup de ses figures ont justifié ou couvert les interventions impérialistes, les violences policières, les reculs sociaux.
Mais le combat antifasciste n’est pas facultatif. Nous serons dans la rue, dans les quartiers, dans les entreprises, aux côtés de celles et ceux qui veulent résister, même confusément. Mais nous y serons en tant que marxistes-léninistes, avec notre boussole : briser l’État bourgeois, pas le réformer. Organiser les masses, pas les endormir dans le parlementarisme. Préparer l’affrontement, pas la cohabitation qui ne réforme rien.
Conclusion : La vérité est dans le sang encore frais des peuples.
Ce que l’histoire nous montre, ce que la dialectique nous apprend, c’est que le colonialisme, lié à l’impérialisme n’est pas un fantôme du passé. C’est un mode de domination global, systémique, fondé sur l’exploitation capitaliste. Et ce système, on ne peut le réformer. On le combat. On le renverse.
Il n’y a pas de libération sans révolution.
Pas de paix sans pouvoir populaire.
Pas de démocratie sans socialisme.
Bachir