27 avril 2024

Immigration et impérialisme (Article 1)

Immigration et impérialisme (Article 1)

Les extraits de l’article qui suit viennent d’un site de La France Insoumise. Il est très concret, parle des raisons économiques de l’immigration et comment l’UE et les USA, en particulier, accroissent la pauvreté, la misère dans le monde et en fin de compte l’immigration.

L’article est aussi intéressant du point de vue des élections européennes de mars prochain où LFI présentera son programme de réformes. Dans le second article nous montrerons les limites du « réformisme » de gauche et ses conséquences négatives. (la rédaction du Site)

« Les causes de l’immigration – Quand le libre-échange sème la misère

Le 14 décembre 2023 dans la revue L’Insoumission

Les accords de libre-échange, présentés par la caste médiatico-politique, comme des moteurs de la prospérité, se révèlent être des catalyseurs de désastres économiques qui poussent à des migrations forcées de populations. Deux régions particulièrement touchées par le néolibéralisme illustre cette réalité : le Mexique, sous l’influence de l’ALENA (un accord de libre-échange nord-américain), et l’Afrique, confrontée aux Accords de Partenariat Économique (APE) de l’Union européenne qui organisent le pillage des ressources de ce continent au profit d’une poignée d’États et de profiteurs.

Ravages des marchés locaux, destruction de la production locale, réduction drastique des revenus, ces accords commerciaux débutent par des mirages et finissent en fabrique de pauvreté poussant à l’exil contraint […]

Le Mexique : promesses brisées de l’ALENA

Depuis son adhésion à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en 1994, le Mexique n’a pas connu les promesses de prospérité tant vantées. Classé à la 15ème place sur 20 pays latino-américains en termes de progrès économique, le Mexique voit ses indicateurs sociaux décliner. Le taux de pauvreté atteint 55,1% en 2014, dépassant le niveau de 1994 (52,4%) date de l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange. Les salaires stagnent, avec une augmentation de seulement 4,1% en 21 ans, en peso constant, (c’est-à-dire en retirant l’effet de l’inflation)…

L’ALENA, censé être un vecteur de croissance, a en réalité imposé des mesures économiques néolibérales initiées dans les années 1980 sous la pression de Washington et du FMI. La dérégulation, la libéralisation de l’industrie, des investissements étrangers et la mainmise étrangère sur le système bancaire mexicain ont entraîné la destruction de près de 2 millions d’emplois dans le secteur agricole.

La destruction de l’économie vivrière

Avec l’ALENA, les États-Unis ont pu submerger le Mexique de leur maïs produit en immenses quantités à grands renforts de pétro-chimie, de pesticides, d’OGM. Cette invasion de produits importés a détruit une grande partie de l’économie rurale. Des millions de paysans se sont déplacés vers les maquiladoras, ces entreprises installées à la frontière avec le géant étasuniens et bénéficiant d’exonérations fiscales à l’importation de pièces pour assembler et exporter des produits finaux.

Cette première migration exerce une pression à la baisse sur les salaires. La traînée de misère se répand. Finalement, le périlleux périple de l’immigration vers les États-Unis, connaît une augmentation de 79% entre 1994 à 2000.

L’Afrique face aux Accords de Partenariat Économique (APE) de l’Union européenne

L’Afrique, confrontée à la politique commerciale de l’Union européenne, a également souffert considérablement des conséquences néfastes des accords de libre-échange […]

Ainsi s’exprimait le rapport ‘Alimenterre’ en 2012 : « La production locale est « en danger » lorsqu’un certain produit n’est pas exclu de la libéralisation prévue aux APE et que pour ce même produit l’UE est un fournisseur plus compétitif que la région africaine concernée. Les APE conduiront à l’élimination des droits de douane et, par conséquent, à la hausse de la concurrence. La production locale, qui, au départ, n’est pas assez compétitive, sera soumise à une pression supplémentaire. »

Même avec des salaires plus élevés et des normes écologiques plus rigoureuses, l’UE reste donc plus compétitive dans un nombre écrasant de domaine.

Ces APE, loin de favoriser le développement, ont détruit les marchés locaux, favorisant l’importation de produits bon marché au détriment de l’agriculture locale. Les conséquences sont dramatiques, avec à la clé des migrations non voulues mais bien forcées dues à l’absence de perspectives économiques dans les secteurs touchés.

Les ravages sur la pêche

Alors qu’ils appartenaient autrefois à la population considérée et fortunée d’Afrique de l’Ouest, les petits pêcheurs sur les côtes et les femmes dans le secteur de la pêche en Afrique de l’Ouest font aujourd’hui partie des groupes de population les plus démunis avec le plus fort taux d’analphabétisme et de maladie, ainsi que de VIH et de sida d’après Francisco J. Marí dans son article Politique de la pêche, politique agricole et politique économique : comment l’Union européenne accroît la faim et la pauvreté en Afrique de 2017.

En cause, la raréfaction des poissons menée par les pratiques criminelles des européens. La production moyenne des espèces prisées par les européens et donc exportées (crevettes, langoustes, mérous, daurades, capitaines) a baissé de 32% en 1999 et 2008 selon le rapport Touche pas à mon poisson.

L’UE, après avoir exploité ses propres eaux depuis les années 1980, a intensifié la pêche au large des côtes africaines, contribuant à la dégradation des ressources halieutiques locales/ D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, en 2011, 32% des espèces de poissons destinées à la commercialisation sont surexploités. Avec l’usage des chaluts démesurés, pour tout kilo d’espèce recherché pêché, jusqu’à 20 kg de prises indésirables sont remontées par les immenses chaluts. 20 kilos ensuite été rejetées mortes par-dessus bord et ainsi retirées des assiettes des plus pauvres.

Ces pratiques de pêche industrielle au détriment des pêcheurs locaux pour la plupart clandestines auparavant sont légalisées par les APE qui prévoit des quotas de pêche pour les européens dans les eaux africaines.

L’ONG ActionAid estime, en 2008, au moment des négociations, qu’il y a « un risque évident de voir l’arrivée des nouveaux bateaux européens dans les eaux sénégalaises sans obligation de débarquement de la marchandise au Sénégal dans le cadre des APE et les mesures de libéralisations qui seront attendues. Les APE compromettraient ainsi la sécurité alimentaire des centaines de milliers de femmes qui vivent de la pêche pour couvrir les dépenses alimentaires, d’éducation et de santé de leur famille. »

L’impact sur les marchés locaux en Afrique

La politique commerciale de l’UE a donc eu un impact dévastateur sur les marchés alimentaires africains. L’importation massive de produits européens bon marché a évincé les cultures locales plus nutritives. La baguette et le pain de mie à base de blé européen ont relégué des céréales locales, telles que le sorgho et le millet, au second plan, contribuant ainsi à la dépendance alimentaire de l’Afrique vis-à-vis des importations à bas prix.

Les populations rurales africaines, dépendantes des secteurs agricoles et de la pêche, se retrouvent aujourd’hui plongées dans la misère. Les accords commerciaux ont détruit les marchés locaux, évinçant la production locale et réduisant les revenus. Les tentatives de créer des micro-entreprises agroalimentaires se heurtent à la concurrence déloyale des produits bon marché de l’UE, incitant les jeunes à abandonner la campagne pour chercher des opportunités en milieu urbain. Sauf qu’une fois en ville, cette jeunesse ne trouve pas non plus de travail. Les industries locales souffrent également de la concurrence des usines ultra mécanisées des pays plus développés. Ainsi, une partie se résout à l’exil.

Libéralisation du commerce et immigration

La théorie néoclassique du commerce extérieur, basée sur des hypothèses irréalistes d’un marché complet, se révèle inadaptée pour expliquer la réalité complexe. La preuve par les faits démontrent que la libéralisation du commerce intensifie les migrations au lieu de les réduire comme le voudrait le mythe du marché tout puissant à résoudre tous les problèmes des humains.

En effet, l’ouverture économique entraîne une baisse de la production et de l’emploi dans les secteurs trop fragiles pour supporter la concurrence sans aucune protection. Et ces secteurs livrés à l’appétit vorace d’un capitalisme totalement hors de contrôle sont justement ceux qui sont les plus fondamentaux, la production alimentaire. La destruction du tissu économique le plus basique conduit irrémédiablement à semer la misère. Et quand les gens sont plongés dans la misère, rien ne les arrêtera. Pas même le risque mortel d’une traversée de la Méditerranée qui a arraché plus de 30 000 humains à la vie depuis 2014. Les accords de libre-échange causent la misère, la misère cause l’immigration.

Les conclusions de LFI, suivies des critiques que nous en faisons :

Pour une politique migratoire humaniste et réaliste

Les exemples du Mexique et de l’Afrique illustrent la série de conséquences dévastatrices des accords commerciaux néolibéraux sur les populations et les migrations […]

Avec les guerres impérialistes (dont les « opérations extérieures » menées par la France) et le réchauffement climatique, la destruction des économies locales par le libre échange est l’une des trois principales causes des migrations forcées de population.

En proposant la sortie de l’OTAN et l’arrêt des accords commerciaux et économiques inégaux qui pillent le continent africain, les insoumis entendent ainsi agir sur les causes des migrations. Dans le même ordre d’idée, l’organisation insoumise entend aussi instituer une coopération euro-méditerranéenne du progrès social, écologique et de co-développement en direction des pays du Maghreb, du Machrek, d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient. »

 

Note de la rédaction du Site.

Deux mots sur cet « humanisme » des Insoumis. Il faut évidemment se battre pour des réformes (allégeant la misère du prolétariat et des peuples) sans créer d’illusions sur la nature du système capitaliste. Mais l’idée qu’un monde « pacifique, permettant la coopération, le libre échange, etc » serait possible à l’époque de l’impérialisme est une triste farce. S’y ajoute aujourd’hui l’apparition de nouvelles puissances (néo-impérialistes) qui aggravent la concurrence et les contradictions pour un repartage du monde sur le dos des peuples.

Faudra-t-il encore de nombreuses guerres coloniales pour que le réalisme s’impose ? A l’ère de l’impérialisme, de la « concurrence libre et non-faussée » il ne peut y avoir de bons accords « de coopération euro-méditerranéenne de progrès, … » la loi du plus fort dicte des accords inégaux, comme l’article le démontre si bien.

Ne les laissons pas faire : Prolétaires et opprimés de tous les pays unissons-nous ! Construisons un large Front Uni d’oppositions, de résistances. Avançons sur la voie du socialisme révolutionnaire.

Sur la Loi Immigration lire notre second article qui suit

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