14 décembre 2024

Ukraine : Zelensky, un héros du peuple ?

Ukraine : Zelensky, un héros du peuple ?

Dans la guerre en Ukraine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky semble être l’exact opposé de Vladimir Poutine, le président russe. Poutine se présente avec une froideur cynique. En tant qu’ancien officier de renseignement du KGB, il est un politicien impérialiste obsédé par le pouvoir, qui se met toujours en scène seul avec ses décisions brutales. Il a fait actuellement arrêter plus de 12.000 manifestants pour la paix et il représente les guerres inhumaines, que ce soit à Alep (Syrie), à Grozny (Tchétchénie) ou actuellement lors du bombardement des villes ukrainiennes. En revanche, Zelenski se présente comme proche du peuple, les pieds sur terre et souvent entouré de masses populaires, de simples soldats ou de conseillers politiques – actuellement le plus souvent fatigué, avec une barbe de trois jours et un T-shirt vert olive.

Zelensky, un champion de la paix et de la liberté ?

Après son élection à la présidence, il s’est rendu au Parlement à pied plutôt qu’en limousine de luxe. En tant que communicant moderne, il s’exprime quotidiennement à la télévision, par vidéo, sur Twitter ou Telegram. Dans ses discours, il critique avec clarté la brutalité de la guerre d’agression russe. Il fait publier des photos de lui dans la ville de Kiev attaquée et tient tête à Poutine. David contre Goliath ? Zelensky, un champion de la paix et de la liberté ? Les médias lui rendent hommage…

Résistance populaire active en Ukraine

La classe ouvrière et les masses populaires ukrainiennes ont raison de résister activement pour la liberté et l’autodétermination contre l’agression impérialiste russe. Récemment, Zelensky a déclaré : « Nous n’avons rien à perdre, sauf notre liberté ». Mais de quelle « liberté » s’agit-il pour Zelensky ? Il applique strictement les lois anticommunistes de 2015, selon lesquelles tous les symboles et partis communistes sont interdits en Ukraine.

Il affirme de manière démagogique que la guerre actuelle est menée contre le « communiste » Poutine. Ce n’est pas un hasard si ce représentant de la Russie néo-impérialiste justifie cette

Partisan Ukrainien en 1942 en lutte contre le fascisme et en défense de l’URSS

guerre de manière ouvertement anticommuniste en critiquant Lénine, le premier dirigeant de l’Union soviétique socialiste qui, en 1920 a, pour la première fois expressément, accordée à l’Ukraine le droit à l’autodétermination. Zelensky fait également réprimer d’autres mouvements d’opposition, notamment par l’interdiction de trois chaînes de télévision d’opposition en février 2021.

Répression brutale de mineurs

Sa relation avec le mouvement ouvrier montre à quel point Zelensky est réellement « populaire ». Ainsi, l’été dernier, il a poignardé dans le dos la grève des mineurs de sa ville natale de Krywyk Rih et couvert la répression brutale des leaders de la grève par le propriétaire de la mine. Il travaille en outre en étroite collaboration avec des fascistes. Il a intégré le régiment fasciste Azov dans la garde nationale ukrainienne et laisse le « secteur droit » fasciste mener des opérations militaires spéciales coordonnées avec l’armée.

Il se décrit comme un « champion de la lutte contre la corruption ». Il a limité certaines formes particulièrement ouvertes de corruption, comme la pratique évidente et courante de corruption des juges. Mais depuis le début de son mandat, l’Ukraine n’est parvenue qu’à la 122e place de l’indice mondial de lutte contre la corruption.

Une politique de guerre

Zelensky explique qu’il se bat pour « la paix dans tous les pays européens ». Mais il demande actuellement de manière agressive à l’OTAN de « bloquer l’espace aérien » au-dessus de l’Ukraine. Cet espace aérien est dominé par la Russie. Le terme adoucissant de « blocage » nécessiterait de faire d’abattre des avions russes par l’OTAN. Ce serait l’affrontement militaire direct entre l’OTAN et la Russie et donc la provocation délibérée pour une IIIe Guerre mondiale. Une guerre mondiale qui prendrait probablement une dimension nucléaire.

L’ambassadeur en Allemagne de Zelensky, Andriy Melnyk, a exigé de manière agressive cette intervention, à la manière d’un belliciste, le dimanche 6 mars 2022 chez Anne Will (dans un débat, ndlt). Il a insisté, bien que même Annalena Baerbock (la ministre de l’extérieur, ndlt) l’ait considérée comme le déclencheur possible d’une IIIe Guerre mondiale et s’y soit opposée catégoriquement.

« Gloire de l’Ukraine » dans l’OTAN et l’UE

Derrière une façade cosmopolite, Zelensky est un nationaliste prononcé. Il ne manque pas de terminer son discours en s’exclamant « Gloire à l’Ukraine ». Il veut faire entrer l’Ukraine, pays capitaliste dépendant, dans le bloc impérialiste de l’UE et de l’OTAN, afin d’accroître sa propre influence politique et celle des monopoles capitalistes ukrainiens. Il poursuit une « politique environnementale » dangereuse pour la vie avec les plus grandes centrales nucléaires et, dans le Donbass, une politique de répression nationale contre la population russe. Il n’a jamais respecté les accords de Minsk, qui promettaient une autonomie relative et des élections à Donetsk et Louhansk. De nombreuses provocations, y compris militaires, sont venues de sa part.

La politique gouvernementale de Zelensky est donc d’une part ouvertement réactionnaire-nationaliste et anticommuniste, et joue d’autre part sur le clavier d’un système de pensée petit-bourgeois à orientation réactionnaire. Ceci surtout par ses méthodes d’intervention, mais aussi par l’utilisation abusive de concepts tels que « liberté » et « paix » pour une politique ultra-réactionnaire et nationaliste.

Résistance active pour la liberté et la démocratie

Cela place les masses ukrainiennes dans une situation extrêmement compliquée. Bien entendu, leur résistance active contre les envahisseurs russes est justifiée. Les volontaires en particulier souvent pensent le faire dans la tradition de la lutte contre le fascisme hitlérien. Les camarades ukrainiens du KSRD rapportent que des groupes d’entre eux défilent dans les rues en chantant « Debout, vaste pays ». Il s’agirait d' »un chant soviétique connu de l’époque de la guerre contre le nazisme hitlérien ». (Lettre de l’organisation ICOR KSRD du 05/03/2022)

Mais celui qui veut lutter pour la démocratie et la liberté en Ukraine doit aussi combattre le gouvernement ukrainien ultra-réactionnaire et anticommuniste dans sa soif d’adhésion au bloc impérialiste OTAN/UE. C’est pourquoi nos amis du KSRD écrivent : »Il est maintenant particulièrement important de construire un front antifasciste et anti-impérialiste. … L’impérialisme reste un mal mondial et ne peut être vaincu que par une lutte commune pour la révolution socialiste. Dans cette lutte, les partis et organisations prolétariens du monde entier devraient se tenir coude à coude. En avant pour le front unique ! Vive l’unité de classe des prolétaires ! »

Les véritables héros

Les véritables héros populaires ne sont pas des politiciens bourgeois comme Zelensky – ce sont la classe ouvrière, la masse des femmes et la jeunesse elle-même ! Ce sont les milliers de personnes qui descendent courageusement dans la rue en Russie. Ce sont les travailleurs ukrainiens qui s’opposent à l’avancée russe en Ukraine et qui doivent finalement mener une guerre sur deux fronts extrêmement compliqués. Ce sont les gens du monde entier qui luttent contre la guerre en Ukraine. Ce sont les révolutionnaires d’Ukraine, de Russie et de tous les continents qui luttent ensemble pour la démocratie, la paix, la liberté, le socialisme au sein de l’organisation révolutionnaire mondiale ICOR et du front uni anti-impérialiste et antifasciste.

Article de Monika Gärtner-Engel, coordinatrice principale de l’ICOR et membre du CC du MLPD, paru dans rf-news le 07/03/2022 (extraits)

 

 

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