29 mars 2024

La libération des femmes

La libération des femmesLa liberation des femmes

Préparation pour la première conférence des femmes de l’ICOR

Contenu :

Bloc Populaire Démocratique (BDP) – Femmes, Pérou

Libération des Femmes

Mouvement Marocain Marxiste-Léniniste Ligne Prolétaire (MMLPL)

Les caractéristiques des relations d’oppression des femmes au Maroc

Parti communiste de Turquie – Marxiste-Léniniste (TKP-ML)

Les femmes sont fortes ensemble!

Union Prolétarienne Marxiste-Léniniste (UPML), France

Nos positions par rapport à la question des femmes et du mouvement des femmes

Parti Marxiste-Léniniste Communiste (MLKP), Turquie/Kurdistan

L’origine de l’oppression des femmes et la nécessité d’une double révolution

Parti Marxiste-Léniniste d’Allemagne (MLPD)

Position du MLPD/ Allemagne pour le journal en ligne sur la 1ère conférence des femmes de l’ICOR

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Bloc Populaire Démocratique (BDP) – Femmes, Pérou

Libération des Femmes

Pour la libération des femmes dans le cadre de la lutte pour le changement social, nous élevons notre voix dans la société pour protester contre la double exploitation des femmes et la discrimination à leur égard. Sous le capitalisme, malgré les énormes progrès de la science et de la productivité du travail, les inégalités sociales continuent d’augmenter.

Le féminisme est un mouvement politique, social et philosophique qui reconnaît les femmes comme des personnes ayant des droits. Ce mouvement trouve ses origines dans les luttes révolutionnaires et libertaires, notamment avec les idéaux émancipateurs de la Révolution française aux XVIIIe et XIXe siècles. Les femmes ont commencé à lutter pour la reconnaissance de leurs droits de vote ainsi que de leurs droits dans le domaine du travail.

Le féminisme n’exclut pas les hommes, il les inclut et les met au défi de changer les relations d’égalité, en proposant un nouvel ordre social, politique, économique et de croyance qui soit bénéfique autant pour les hommes que pour les femmes, basé sur l’harmonie et jamais sur la domination ou l’imposition violente.

Les réalités dont les femmes latino-américaines doivent se libérer de toute urgence sont nombreuses, mais il est nécessaire d’en mentionner quelques-unes : La pauvreté, qui est le résultat de l’injustice en tant qu’élément oppressif, la violence physique et sexuelle, l’exclusion basée sur la race, le sexe, le genre et la classe, la double exploitation quotidienne (à la maison et sur le lieu de travail), l’analphabétisme, l’utilisation du corps des femmes comme marchandise, ou encore l’exclusion des femmes des postes de direction politiques et religieux, pour n’en citer que quelques-unes.

Il existe différents courants féministes, qui dépendent du contexte social, historique, culturel et religieux de la vie quotidienne des femmes, et c’est ainsi que le féminisme se structure. Il y a le féminisme du Nord (Europe et Amérique du Nord, USA), le féminisme du Sud ou du Tiers Monde, le féminisme asiatique et le féminisme africain. Mais il existe aussi deux courants féministes historiques : le féminisme de l’égalité et le féminisme de la différence.

Dans notre cas, le Pérou appartient au féminisme du tiers monde, où nous, les femmes, sommes les plus touchées. Le salaire d’un travailleur n’est pas suffisant et c’est encore pire s’il travaille dans le secteur dit informel. Les femmes, contraintes par la nécessité ou par l’élan vital de créer leur propre destin, sont jetées sur le marché du travail comme des marchandises de second ordre. Et malgré tout, les besoins de la vie domestique ne diminuent pas, mais augmentent, exigeant davantage des femmes. Doublement exploitées au travail et condamnées à une vie domestique abrutissante, nous les femmes aspirons à notre libération.

Pendant ce temps, le développement du capitalisme continue de progresser et de pénétrer l’économie familiale. Il marchandise chacun de nos besoins. L’éducation, l’instruction, la santé, les loisirs, etc. C’est encore pire sous le néolibéralisme. Il remplace le travail de l’État en privatisant l’éducation publique, les soins de santé, l’approvisionnement en eau, l’électricité, les transports et les services de communication. Il fait du logement une source de commerce et de spéculation. La crise du travail due à des emplois peu nombreux et mal payés et la crise du budget due à des dépenses écrasantes sont telles que la situation rend les gens malades ou les oblige à se battre de jour en jour.

Face à cela, le féminisme libéral est en crise. Depuis la quatrième conférence mondiale des Nations unies sur les femmes en 1995, qui a adopté la perspective de genre, jusqu’à son inclusion dans le point 5 de l’Agenda 2030 pour le développement durable en 2015, le féminisme libéral est devenu la ligne directrice de l’impérialisme. Son objectif est de canaliser le mécontentement et la lutte croissants des femmes dans les sphères de la démocratie bourgeoise. Cela serait supposé suffire à instaurer l’égalité juridique entre les hommes et les femmes. Mais selon la logique du capitalisme, la double exploitation subie par nous les femmes, notre oppression particulière et notre discrimination sociale n’ont cessé de s’intensifier dans le monde entier. Dans notre pays aussi, l’approche de genre est devenue la politique à l’égard des femmes de tous les gouvernements néolibéraux, de Fujimori à Sagasti. Même le gouvernement de Pedro Castillo, malgré ses origines anti-néolibérales, a adopté l’approche de genre comme politique officielle. Il ne fait aucun doute que le féminisme libéral est entré presque sans résistance dans les sphères du féminisme petit-bourgeois, des ONG, comme Flora Tristan, mais aussi dans le mouvement syndical. En 2012, la direction de la Confédération générale des travailleurs du Péru (CGTP) a préparé une réforme de ses statuts pour mettre en œuvre une approche de genre et introduire un quota de femmes dans les postes de direction.

Néanmoins, la dure réalité démontre l’échec et la crise du féminisme libéral. Et le fait est qu’entre les lois en faveur des femmes et la dure réalité, les mondes se heurtent. Les faits montrent que ce n’est pas comme le prétend l’approche de genre, que l’inégalité sociale entre les hommes et les femmes ne découle pas uniquement de la culture et des idées basées sur les différences biologiques entre les hommes et les femmes. Pour le féminisme libéral, la double exploitation et la discrimination sociale des femmes ne trouvent pas leur fondement dans le mode de production capitaliste. Par conséquent, le féminisme libéral s’oppose à ce que la libération des femmes soit intrinsèquement liée à la lutte de la classe ouvrière pour le socialisme.

Le féminisme petit-bourgeois n’a eu aucun mal à se subordonner ou à s’adapter à l’orientation anticommuniste du féminisme libéral. Il s’agit plutôt d’accéder à des postes de commandement au sein du gouvernement, du parlement ou d’autres institutions d’État, en signe de notre “empouvoirement”. Ou encore de réaliser toutes sortes de séminaires et de formations sur “l’esprit d’entreprise” chez les femmes, en répandant l’illusion d’un capitalisme populaire et en surmontant ainsi “l’informalité”. Tout cela, bien sûr, avec l'”aide” financière des organismes de l’impérialisme.

Ainsi, après plusieurs décennies d’expérience, le mouvement des femmes se trouve à la croisée des chemins. Nous avons atteint un point où le débat contre le féminisme libéral est devenu décisif pour la stratégie du mouvement des femmes. Sans clarté sur les objectifs et la direction, peu de progrès réels peuvent être réalisés. La grande marche #NiUnaMenos, en 2016, a certainement été très importante pour sensibiliser le public et nous encourager, nous les femmes, à aller de l’avant. Mais la réalité nous montre que ce n’est pas suffisant. Pour aller plus loin, le mouvement doit également revêtir le caractère de transformation de la société.

Il est également nécessaire d’organiser les forces, d’unir les luttes en un seul poing. Pour que les initiatives et les organisations de base des femmes fleurissent dans tout le pays, comme les cuisines sociales, les comités de distribution du lait, les associations de femmes, les femmes syndicalistes, surtout dans le textile et l’agro-industrie, les femmes de mineurs et les comités de grève ou encore les ronderas (femmes engagées dans les comités d’autodéfense), les communautés paysannes ou ethniques. Il y a aussi des intellectuelles ou des petites femmes d’affaires qui travaillent à leur manière pour un avenir différent pour les femmes. Toutes ces initiatives éparses sont comme des gouttes d’eau. Unies, elles doivent devenir un courant transformateur.

Nous, les femmes du BDP, encourageons la Coordination des Organisations de Femmes de la Base, qui ne sont unies par rien d’autre qu’une plateforme commune de lutte, des journées d’action et des réunions annuelles pour renouveler l’engagement et l’agenda du changement social. Chaque association ou groupe peut conserver sa particularité et son idéologie, mais doit savoir s’unir sur les questions les plus urgentes. Apprenons à marcher et à lutter ensemble tout en discutant avec les autres dans une atmosphère de solidarité.

Les femmes révolutionnaires et organisées ont la responsabilité de laisser un héritage aux générations futures afin de changer le mode de pensée, d’éliminer le patriarcat qui est la principale cause de l’inégalité des sexes par lequelle le système nous a opprimées, faisant de nous des objets sexuels et nous dégradant à ce point. Au Pérou, le système génère un gros problème pour les travailleuses, dans de nombreux cas leur droit à la maternité n’est pas respecté, leurs salaires sont inférieurs au salaire minimum, elles ont des horaires de travail de 10 heures sans une retraite digne. Il est temps pour nous, les femmes, de sortir avec nos camarades révolutionnaires pour conquérir nos droits. La lutte n’est pas une lutte de genre, mais une lutte de classe d’une classe opprimée et la lutte de nous, les femmes, comme partie de la lutte pour la transformation de la société. Elle ne concerne pas seulement les femmes car dans la lutte pour le pain et les roses, nous les femmes et les hommes tenons une place d’honneur et le drapeau de la libération des femmes avec la perspective du socialisme.

Lima-Pérou, 12 juillet 2022

Katıa Fernandez Anyaipoma – Commission des femmes de BDP

Cristhy Martel Ruiz – Secrétaire du BDP-Femmes

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Mouvement Marocain Marxiste-Léniniste Ligne Prolétaire (MMLPL)

Les Caractéristiques des Relations d’Oppression des Femmes au Maroc

Malgré la position centrale des femmes dans le processus de production et de la reproduction de la vie directe, les rapports d’oppression des femmes ont historiquement été dépendants de considérations de classe et religieuses, perpétuant ainsi une domination patriarcale qui s’intensifie avec la soif des modes de production successifs, l’esclavage, le féodalisme, le capitalisme et l’impérialisme pour plus d’exploitation économique et de contrôle politique. Il semble aujourd’hui que l’éradication des relations d’oppression contre les femmes constitue l’objectif le plus important de la lutte de classe contre le capitalisme et l’impérialisme. Les femmes marocaines souffrent de relations oppressives chroniques. Voici les caractéristiques les plus importantes qui sont critiquées :

1 – Les origines de l’oppression des femmes au Maroc

Les origines de l’oppression des femmes au Maroc remontent au processus d’invasion arabo-islamique de l’Afrique du Nord et à l’imposition d’un modèle culturel importé du Moyen-Orient connu pour son oppression des femmes en raison de la prédominance des relations patriarcales et de la sanctification religieuse de ces relations. Compte tenu de la nature économique des rapports d’oppression des femmes, ils sont restés bien établis malgré la succession des modes de production esclavagistes, féodaux et capitalistes, et parce qu’ils permettent aux hommes de monopoliser la richesse et le pouvoir et de les transmettre aux générations suivantes d’hommes. . D’autant plus que le système impérialiste mondial est devenu aujourd’hui dépendant de la survie et de la continuité de ce système car il garantit la continuité et la stabilité des rapports d’exploitation capitalistes.

2 – Les relations d’oppression des femmes traversent toutes les classes

Les relations d’oppression des femmes ne se limitent pas aux relations de classe d’exploitation, mais nous constatons que ces relations pénètrent dans différentes classes. L’oppression des femmes existe au sein de la classe bourgeoise, où les hommes exploitent le système de relations patriarcales et d’aliénation religieuse inscrit dans les lois en vigueur, afin d’opprimer la femme bourgeoise et de réduire les limites de son comportement politique, économique et social afin qu’elle reste sous le contrôle absolu des hommes. Les cer cles petits-bourgeois souffrent également de l’oppression des femmes, car les hommes ont recours à la perpétuation de leur oppression des femmes petites-bourgeoises par des lois qui permettent et protègent cette oppression. L’aliénation générée par le système religieux et patriarcal et les lois en vigueur exacerbent l’oppression des femmes parmi la classe ouvrière et les paysans pauvres. Les études anthropologiques constatent que les ouvriers et les paysans pauvres trouvent dans le système d’oppression des femmes un moyen d’atténuer la sévérité de l’exploitation de classe à laquelle ils sont exposés par les classes dominantes. Au vu de ces relations complexes

d’oppression des femmes et de leur imbrication avec les relations d’exploitation de classe et la domination des relations patriarcales, la lutte des femmes contre le système patriarcal, capitaliste et impérialiste n’est plus l’affaire d’une classe de femmes en particulier, mais plutôt nécessite un soulèvement massif des femmes qui pénètre toutes les classes.

L’importance de cette lutte conjointe des femmes ressort des défis qui augmentent avec l’intensification de la crise de l’impérialisme capitaliste et le transfert des coûts de la crise sur les épaules des travailleurs et travailleuses partout, et par conséquent, le chômage et la pauvreté augmentent, et où l’on constate que les femmes sont les premières à souffrir des baisses de salaire et des licenciements, et où les femmes sont toujours nettement moins bien payées que les hommes pour les mêmes emplois.

3 – Formes de la poursuite des relations d’oppression des femmes marocaines

Sur le plan juridique et des droits humains, le Maroc est encore loin d’avoir réalisé l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines, y compris les droits civils et politiques. Malgré la signature par le Maroc de la Convention CEDAW, il a maintenu des déclarations qui affectent l’essence de la Convention, et il ne remplit toujours pas ses obligations internationales d’abolir les lois discriminatoires à l’égard des femmes dans la législation, en totale contradiction avec ses déclarations officielles concernant son implication dans le système universel des droits de l’homme.

Les femmes sont toujours soumises à la violence économique dans les institutions du travail des secteurs industriel et agricole, qui s’est notamment accrue lors de la propagation de la pandémie de Covid-19, compte tenu de l’absence d’égalité dans le travail et du respect du droit à la maternité, et exposant les femmes à la violence et à la fragilité, telles que les mères célibataires, les immigrées, les femmes handicapées, les victimes de viol, les détenues et celles qui souffrent de maladies Mentalité et psychologie des femmes victimes de la traite des êtres humains.

4 – Les luttes des femmes contre l’oppression

Les formes de lutte des femmes au Maroc diffèrent selon leur appartenance de classe, les différentes luttes n’ayant encore connu aucune forme d’intégration, bien que les rapports d’oppression restent au final de nature commune. Toutes les femmes au Maroc souffrent de la loi médiévale sur la polygamie et de la préférence des hommes sur les femmes dans les cas d’héritage, où la femme veuve n’a pas légalement et religieusement droit au prix de l’héritage de son mari décédé, car elle est directement appauvrie après la mort. , de même pour la fille qui ne mérite que la moitié de ce dont hérite le fils après la mort du père.

Les luttes des femmes au Maroc ont plusieurs fronts, notamment la lutte contre la violence sous toutes ses formes physiques, psychologiques, économiques et sociales. Les femmes marocaines sont aussi à l’avant-garde de la lutte contre la cherté, pour le droit à l’eau, pour l’égalité dans l’héritage, et contre l’usurpation des terres dynastiques, où les hommes sont indemnisés sans les femmes.

5 – Revendications urgentes des femmes marocaines

Les revendications urgentes les plus importantes du mouvement des femmes marocaines, selon leur priorité, se résument comme suit :

– Révision complète du code de la famille, de manière à garantir l’égalité complète entre les deux sexes dans la famille, y compris l’égalité dans la représentation légale des enfants, l’héritage et le droit d’épouser un non- musulman, ainsi que l’abolition complète de la polygamie , et l’abolition des mariages précoces…;

– Réforme radicale du droit pénal et de la procédure pénale afin d’assurer la justice pénale pour les femmes ;

– Modifier la loi portant création de la Commission pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination, car elle marginalise la référence universelle des droits de l’homme et limite son rôle à l’expression d’un avis consultatif ;

-Amendant la loi 13-103 parce qu’elle n’est pas compatible avec les normes internationales des lois protégeant les femmes contre la violence, et compte tenu du taux élevé de violence à l’égard des femmes, ce qui nécessite de mettre fin à l’impunité ;

– Respecter le droit de la femme d’interrompre volontairement sa grossesse sous surveillance médicale, de posséder son propre corps, de désirer et de se préparer à la grossesse et à l’accouchement ;

– Rejet des exigences de la loi sur la protection des travailleurs domestiques (âge – salaire – temps de travail – protection sociale – encadrement…)

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Parti communiste de Turquie – Marxiste-Léniniste (TKP-ML)

Les Femmes Sont Fortes Ensemble!

Nous traversons une période où les effets de la crise économique du système impérialiste-capitaliste et la contradiction entre l’oppresseur-opprimé deviennent plus évidents avec la pandémie. Alors que le système tente de prendre des mesures rapides contre les éventuels grands soulèvements des peuples opprimés, d’un autre côté, il s’efforce de faire payer les coûts de la crise aux peuples.

C’est une réalité que les femmes se tiennent dans le coin le plus sombre de cette image. D’autre part, la violence sévère et les conditions de pauvreté ont provoqué une accumulation de la colère qui a allumé le feu de la lutte. Il est certain que la résistance des femmes a une place importante dans l’ampleur de cette colère qui déborde dans les rues.

Parce que le fait que les femmes deviennent la première cible de la pauvreté croissante avec la pandémie, l’insécurité qui s’aggrave avec les conditions de travail que l’on essaie de changer selon les intérêts des dirigeants dans la nouvelle période, et le fait de laisser le fardeau de la prise en charge des ménages. des personnes âgées, des enfants ou encore des personnes handicapées sur les épaules des femmes face à la pandémie et à l’escalade de la violence de l’État masculin, etc. a également provoqué une révolte des femmes qui s’est étendue de pays en pays et a traversé les frontières.

Bien que la forme que prend ce soulèvement diffère dans chaque pays, sa qualité générale, à savoir ses revendications, les méthodes utilisées, la forme des actions, etc. doivent être évaluée dans leur ensemble.

L’une des caractéristiques les plus fondamentales du soulèvement mondial des femmes est que les femmes qui descendent dans la rue dans différents pays avec des revendications différentes et de différentes manières se rapprochent les unes des autres, apprennent les unes des autres et se soutiennent mutuellement et sont solidaires. En d’autres termes, la lutte des femmes devient “mondiale” et ouvre la voie au pouvoir et à l’exemple des femmes entre elles. C’est l’aspect le plus fort du mouvement.

Par exemple, la grève des femmes demandant “un salaire égal pour un travail égal” en Suisse ou en Islande peut trouver un soutien et une solidarité dans le monde entier et organiser des grèves dans de nombreux pays. La danse Las Tesis des femmes au Chili peut être la mélodie commune des femmes du monde entier. Le fait que les femmes soient à l’avant-garde de la guerre contre les gqngs de Daech au Rojava peut conduire à la création de comités-platesformes pour la défense du Rojava dans des dizaines de pays, et le jour de la libération de Kobanê, des dizaines de milliers de femmes dans des dizaines de pays du monde entier peuvent descendre dans la rue avec les photos d’Arîn Mîrkan, etc. La solidarité des femmes au-delà de ces frontières se nourrit mutuellement et crée ensemble une ligne de lutte plus forte.

Un autre aspect commun aux soulèvements des femmes dans chaque pays est qu’ils se concentrent actuellement sur les problèmes les plus urgents et vitaux des femmes, touchant presque toutes les femmes de ce pays. Par exemple, le “soulèvement du pain” des femmes en Égypte a inclus toutes les femmes, touchant directement leur vie, à l’exception d’une partie privilégiée des Égyptiennes.

D’autre part, l’une des caractéristiques les plus importantes de ce soulèvement est qu’il a été organisé de manière à ce que toutes les femmes puissent faire partie de la question à l’ordre du jour. L’exemple le plus concret de cela, spécifique à notre pays, a été vécu dans la lutte de longue haleine contre le retrait de la Convention d’Istanbul. Une grande partie des femmes ont pris part à ce processus, depuis les messages sur les médias sociaux à la maison jusque dans la rue.

Nous devons dire qu’une autre caractéristique de ce mouvement est que la lutte unie des femmes a été couronnée de succès grâce à l’accent mis sur la coopération, et non sur les différences, de toutes les parties impliquées. Dans ce soulèvement des femmes, la réalité de la force des femmes ensemble contre le système patriarcal tyrannique et hostile aux femmes et aux LGBTI+ est devenue concrète.

L’aspect le plus faible du mouvement, bien sûr, est que les femmes révolutionnaires et communistes sont limitées qualitativement et quantitativement dans ces mouvements. Cela a un impact direct sur la qualité du mouvement. Bien qu’il soit très important de pouvoir unir des millions de femmes autour de problèmes communs malgré toutes les différences, le fait qu’il ne vise pas la libération ultime des femmes et qu’il n’y ait pas de compréhension commune sur cette question peut être la raison pour laquelle l’accélération du mouvement a diminué dans différents processus et s’est même divisé.

Ce soulèvement des femmes devrait être traité par les femmes révolutionnaires et communistes en fonction de sa prévalence et de ses gains concrets, à la fois en y prenant part et en gagnant pratiquement la revendication de le diriger. Non seulement les femmes révolutionnaires et communistes, mais aussi toutes les organisations engagées dans la lutte des classes devraient observer ce mouvement des femmes, l’évaluer de manière critique et se concentrer sur les points à apprendre de ce mouvement.

Le mouvement révolutionnaire et communiste des femmes ne doit pas sous-estimer ce soulèvement, qui a eu lieu en grande partie en dehors de lui-même, simplement parce qu’il existe des mouvements féministes sous leur direction. Il est incompatible avec la lutte pour le communisme d’ignorer un mouvement qui a des revendications démocratiques légitimes et qui mobilise des millions de femmes opprimées. D’autre part, la direction de ce mouvement ne peut être gagnée par des interventions de l’extérieur. Avec la participation quantitative et qualitative dans le processus pratique lui-même, la voie de la libération finale des opprimés du mouvement peut être montrée. Elle peut faire passer le mouvement actuel des femmes du radicalisme au militantisme.

Pour faire cela et plus encore, le mouvement communiste des femmes doit d’abord trouver un moyen d’unir les forces dans tous les pays. Du Chili à l’Argentine, de l’Egypte au Sri Lanka, du Kurdistan à la Turquie… la création d’un mouvement communiste et militant des femmes sera l’un des piliers les plus importants de la lutte révolutionnaire. Un mouvement communiste des femmes qui ne peut pas s’unir ne peut pas être fortement connecté avec le mouvement extérieur et ne peut pas donner confiance aux masses de femmes. Pour y parvenir, nous devons mettre en avant la lutte commune des femmes communistes et révolutionnaires, basée sur la libération des travailleuses opprimées, et non sur nos intérêts de groupe étroits. L’unité que nous créerons en discutant de nos différences mais à travers nos points communs sera construite sur des bases solides.

Il est essentiel que les femmes révolutionnaires et communistes travaillent ensemble et adoptent une position commune afin de faire de la lutte pour la liberté des femmes une partie intégrante de la lutte de libération de la classe ouvrière et des peuples opprimés contre le système impérialiste-capitaliste, l’exploitation, le fascisme et les guerres injustes, et de créer un mouvement militant des femmes.

En dehors des principaux ordres du jour de la Conférence mondiale des femmes qui se tiendra en Tunisie, ce sera un gain précieux de s’impliquer dans les organisations de femmes se réclamant du communisme et de former un réseau commun avec ces mouvements comme première étape. Le simple fait de franchir les étapes d’une telle union devrait être considéré comme un succès en soi.

Bien sûr, en agissant avec le critère de base de la liberté d’agitation et de propagande, l’action commune des organisations de femmes membres d’ICOR aura un impact sur d’autres organisations de femmes et sur les femmes. C’est pourquoi l’échange de points de vues devant de grandes organisations comme la Conférence mondiale des femmes améliorera qualitativement notre participation à de telles conférences.

Les lacunes les plus importantes des grands événements, comme les conférences-forums internationaux, etc. sont les difficultés à faire un pas en avant avec des décisions concrètes. C’est pourquoi, en tant qu’organisations de femmes membres d’ICOR, nous devrions aller avec des propositions concrètes en accord avec l’objectif de créer un mouvement de femmes pratique et militant afin de prendre une position commune lors de la conférence mondiale des femmes et après. Cela devrait être l’un des ordres du jour les plus importants de la conférence des femmes d’ICOR que nous organiserons.

Notre libération est dans le communisme !

Pas de révolution sans femmes, pas de libération des femmes sans révolution !

Juillet 2022

TKP-ML

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Union Prolétarienne Marxiste-Léniniste (UPML), France

Nos Positions par Rapport à la Question des Femmes et du Mouvement des Femme

Avant-propos: C’est une très bonne méthode pour la coopération et pour l’unification au sein de l’ICOR d’organiser une conférence pour les femmes des organisations ICOR avant la 3è conférence mondiale des femmes et de demander les positions et points de vues des organisations à ce propos.

L’UPML écrit dans son projet de programme de 2018: «Dans la lutte pour le socialisme, une lutte particulière pour la libération des femmes est nécessaire qui prenne en compte le système d’exploitation et d’oppression particulière de la masse des femmes – pour leur véritable émancipation et contre leur discrimination. Les femmes prolétariennes doivent tendre à avoir le rôle dirigeant de l’ensemble des femmes dans la lutte pour le socialisme. Pour leur libération, le mouvement combatif des femmes a intérêt à se lier au mouvement ouvrier et vice versa.» (p. 27) et nous développons une série de revendications pour l’égalité hommes – femmes.

Depuis la rédaction du projet de programme, nous n’avons pas approfondi cette question et on remarque que le paragraphe reste assez général concernant le «système particulier d’exploitation et d’oppression de la masse des femmes.»

Réponse à vos questions:

1. Quelle est la situation du mouvement des femmes dans le monde

Nous ne prétendons pas avoir une analyse globale du mouvement combatif des femmes, mais nous voyons les éléments suivants: divers grandes luttes de femmes sur tous les continents montrant une conscience en évolution du système d’oppression et d’exploitation particulière des femmes: luttes contre le harcèlement, le viol, les féminicides et la complicité des appareils d’États; mouvement «Me too»; luttes pour le droit à l’avortement et pour la contraception, luttes pour les droits des femmes dans des pays avec une répression particulière (Afghanistan…). La solidarité internationale et l’internationalisme se sont développés et une fierté du mouvement des femmes aussi. Les «grèves des femmes» dans de plus en plus de pays les 8 mars dénoncent l’exploitation particulière. Un anti-capitalisme se développe (slogan «Contre le capitalisme et le patriarcat») et les femmes participent à toutes les luttes sociales, écologiques, pour la paix, etc.

Le mouvement combatif actuel des femmes a ces limites politiques car des projets de société sont peu discutés, et le socialisme presque pas au-delà des organisations révolutionnaires qui restent faibles dans le mouvement. Ce n’est pas la conséquence de la force du réformisme, mais dû à l’anti-communisme et à la dominance du néo-libéralisme, même s’ils sont en crise! La lutte contre le capitalisme est vue par une partie de manière diffuse comme condition pour l’égalité hommes – femmes. Mais le lien entre le capitalisme et l’oppression et l’exploitation particulière des femmes comme problème structurel n’est pas clair. Cela serait un point très intéressant à discuter pour la conférence – si possible?

Il y a comme forme du réformisme/ opportunisme aussi le féminisme petit-bourgeois qui dénonce le patriarcat et l’homme en général comme ennemie.

Les luttes contre les diverses violences faites aux femmes mobilisent le plus et beaucoup de jeunes filles – c’est nouveau!! Les luttes contre les différentes formes sont cependant isolées et peu organisées. Elles sont spontanées et se dispersent après une victoire ou un échec.

Le peu d’organisation du mouvement combatif des femmes est dû à une forme d’anti-autoritarisme, à une influence des courants autonomes. L’engagement reste limité et un travail pratique ou théorique sur la durée est difficile voire absent.

Si les femmes sont organisées, ils s’agit souvent des militantes proches de divers organisations (NPA – Le pain et les roses, PCOF – Egalité, SKB – aveg kon, Femmes solidaires – PCF). Les militantes sont très engagés et investies, mais cela disperse le mouvement et met la barre très haute, trop haute pour y adhérer, par exemple être déjà pour le socialisme. Un travail parmi la masse des femmes est parfois développé mais très peu en général. Il est fait parfois au niveau local sous l’égide des mairies avec un contenu social parfois très limité.

2. Quelles sont les tâches des femmes révolutionnaires dans ce contexte?

Les conséquences de la situation décrite pour nos tâches sont:

– le message «organisez-vous» à un niveau supérieur, vu les attaques par la droitisation et la fascisation de la politique et la crise du système

– lutter pour l’ouverture du mouvement combatif des femmes à la participation de femmes révolutionnaires en son sein et développer la critique révolutionnaire du capitalisme pour la libération des femmes contre les positions du féminisme petit-bourgeois opportunistes et contre toutes autre forme d’idéalisme.

propager le socialisme et ce qu’il a apporté à la libération des femmes, expériences positives comme négatives contre diverses tendances petites-bourgeoises anticommunistes

– La clé est de renforcer et d’unifier les organisations révolutionnaires pour lesquelles il faut gagner les femmes. Dans l’ICOR aussi, nous n’avons pas toutes les mêmes positions. Quand certaines camarades parlent d’une révolution des femmes comme à la conférence nationale à Paris pour préparer la conférence à Tunis, on ne peut pas être d’accord. C’est en contradiction avec la position de base de l’ICOR qui combat pour la révolution socialiste dont la force principale est le prolétariat industriel international, femmes et hommes.

3. Quelles sont les tâches des révolutionnaires dans la conférence mondiale des femmes?

On a dit à la conférence européenne des femmes du monde que la conférence à Tunis doit devenir un manifeste contre le guerre impérialiste. Pour les femmes révolutionnaires, il faut opposer au système impérialiste dans ses multiples crises le socialisme comme alternative sociale et la nécessité de s’organiser dans l’ICOR et les Amies de l’ICOR. Dans ce sens travailler en amont, pendant et après la conférence.

L’ICOR et ses organisations devraient être présents par un stand de propagande et des écrits sur la question des femmes (intervention au séminaire sur la révolution d’Octobre, Clara Zetkin…).
Un atelier «femmes révolutionnaires» n’est pas annoncé jusqu’ici.

Peut-être y a-t-il encore d’autres idées.

Info pour les camarades – adresse su site web: worldwomensconference.org; il y a un bon film sur la conférence de katmandu.

15 juillet 2022

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Parti Marxiste-Léniniste Communiste (MLKP), Turquie/Kurdistan

L’origine de l’oppression des femmes et la nécessité d’une double révolution

Des milliers de femmes dans les rues d’Argentine en lutte pour le droit de décider de leur propre corps. La résistance militante des femmes mexicaines contre le quotidien brutal des féminicides. La position courageuse et déterminée des femmes en première ligne des luttes sociales au Soudan et en Iran contre les dictatures et l’oppression. Des femmes qui résistent contre la barbarie des Talibans. Des femmes en Turquıie quı ont surmonté les barricades de la police et repris la place Taksim, qui avait été interdite pendant des années. Les troupes des YPJ, l’une des réalisations les plus avancées des femmes armées dans le monde, qui défendent la révolution au Rojava contre les attaques d’invasion du fascisme turc. Le mouvement de grève des femmes qui, depuis des années, s’étend de l’Amérique latine, de la Pologne et des États-Unis à l’Espagne et à d’autres pays…

En regardant ce tableau, qui représente bien plus que ce que l’on peut citer ici, il est clair que le mouvement international des femmes est en train de connaître une nouvelle avancée avec un grand potentiel révolutionnaire. Bien que la pandémie de corona ait temporairement interrompu l’essor du mouvement, nous avons assisté ces dernières années à de nombreuses manifestations de masse de femmes se propageant par vagues, se déclenchant et se renforçant mutuellement, non seulement au-delà des frontières d’un même pays et d’une même langue, mais aussi au-delà des frontières océaniques.

L’agenda des mouvements de femmes d’aujourd’hui comprend l’égalité des salaires pour un travail égal, la lutte contre la violence patriarcale et la lutte pour le droit des femmes à décider de leur propre corps, en particulier le droit à un avortement libre, sûr et légal. Mais le mouvement ne se limite pas à cela, et son caractère de classe devient de plus en plus évident. Dans les pays en proie à la crise économique, outre les revendications de genre, les femmes ont également des demandes contre l’appauvrissement, pour l’amélioration des conditions de vie et la protection des droits sociaux.

Afin de tirer des conclusions constructives de cette réalité, qui offre d’énormes possibilités aux forces révolutionnaires et remet en question leur situation, nous devons poser certaines questions.

Autour de quel programme devons-nous unir les femmes ?

L’exploitation de classe et l’exploitation sexuelle, dont souffrent les femmes dans la socièté capitaliste et patriarcale, existent sur la même base matérielle, sur le terrain de la propriété privée. C’est pourquoi leur sort face à l’existence de la propriété privée est commun. La domination masculine, qui est apparue comme la première domination de classe avant le capitalisme, a continué son existence sous diverses formes avec la division du travail basée sur le sexe, la monogamie, le droit masculin à l’héritage, etc. et s’est finalement entrelacée et a fusionné avec toute la structure institutionnelle économique, politique et sociale du capitalisme. Les institutions économiques, politiques et militaires du capitalisme (de la famille à l’armée, de l’école à l’usine) sont en même temps les institutions de la domination masculine, les principaux piliers de son auto-perpétuation. Cependant, cette unité entre le capitalisme et le patriarcat est contradictoire, ces deux formes d’exploitation n’étant pas en éternelle harmonie. A la base de cette contradiction se trouve la contradiction fondamentale du capitalisme, la contradiction entre le caractère social de la production et le caractère privé de la propriété. Alors que la socialisation de la production pousse inévitablement les femmes à participer à la vie sociale (en tant que productrices, consommatrices et marchandises), le caractère privé de la propriété les retire inévitablement de la vie sociale pour les confiner dans les limites du foyer. Si cette contradiction croissante façonne les reflets de la domination masculine sur la vie sociale avec des hauts et des bas, elle donne également une impulsion à la lutte pour la libération des femmes.

Avec le développement du capitalisme, l’ère de la lutte des femmes pour la libération, qui a acquis une identité collective, a commencé et les femmes de différentes classes ont obtenu des gains importants, des droits civils fondamentaux aux droits sexuels, grâce à leurs luttes pionnières. Toutefois, ces luttes pour la réforme sont restées limitées. Les femmes, en tant que sexe, ne sont le fossoyeur ni de la propriété privée ni du patriarcat, parce que les femmes hors du prolétariat sont aliénées des intérêts fondamentaux de leur sexe en étant liées à la propriété privée de différentes manières. D’autre part, les prolétaires masculins ont également un intérêt direct à la perpétuation de l’exploitation sexiste et peuvent tendre vouloir maintenir l’ordre existant. Cette situation contradictoire nécessite des moyens spécifiques de lutte pour la libération des femmes au sein de notre classe.

Mais la division interne du prolétariat en termes de sexe ne divise pas ni n’affaiblit sa position de classe. Au contraire, le conflit entre le prolétariat masculin et féminin renforce sa capacité à jouer son rôle révolutionnaire, et plus le prolétariat féminin acquiert une conscience collective du genre, plus il devient une force sociale destructrice contre la propriété privée. La différenciation de classe au sein du sexe et la forme spécifique de différenciation de sexe au sein de la classe conduisent à ce que la femme prolétaire participe à la révolution sociale à la fois en tant que partie du prolétariat, dans la lutte pour sa propre émancipation de classe et en tant que sa représentante, et en tant que sexe, conjointement avec l’homme prolétaire.

En résumé, la principale force destructrice, le principal sujet constitutif qui éliminera l’exploitation et l’oppression sexuelle et de classe basée sur la propriété privée est le prolétariat. Les femmes travailleuses, qui font partie du prolétariat, sont à présent devenues la principale force plutôt qu’une force de réserve en tant que genre et classe. Dans le monde capitaliste patriarcal d’aujourd’hui, où l’identité sexuelle des femmes est transformée en objet de masculinité au niveau social et où toute la féminité est marchandisée et offerte au pillage du capital, le programme communiste pour la révolution des femmes*, le programme de libération des femmes, montre la seule voie vers la libération des femmes. En tant que garantie du succès de toute révolution sociale, nous devons développer une organisation et un plan d’action appropriés pour la révolution des femmes, qui lui est intimement liée.

En ce sens, les mouvements de femmes en plein essor constituent le pouvoir matériel de la libération des femmes. Alors que les revendications de classe augmentent au sein du mouvement et que le capitalisme est ciblé dans le discours, l’influence des organisations de femmes révolutionnaires reste relativement faible. Cela renforce la situation où les mouvements de femmes restent spontanés et politiquement oppositionnels. Il y a plusieurs raisons historiques et contemporaines à cela. Par exemple. l’affaiblissement des mouvements communistes ou encore le fait que le féminisme qui veux un programme évolutifs de libération des femmes est dominant au sein des mouvements de femmes.** Bien sûr, les forces féministes sont nos alliées à différents niveaux et, en tant que révolutionnaires, nous devons jouer un rôle unificateur dans la lutte politique. Mais il est clair que des horizons qui ne vont pas jusqu’à la véritable racine du problème, des conceptions qui font abstraction de l’exploitation sexuelle, ne peuvent apporter une liberté illimitée aux femmes. C’est pourquoi nous devons gagner les femmes pour le programme de leur propre libération.

Quelles tâches devons-nous nous fixer ?

Afin de réaliser le programme révolutionnaire qui libérera les femmes de l’oppression sexuelle et de classe, nous devons prononcer des paroles plus avancées et plus fortes que le discours actuel des mouvements de femmes, nous devons développer une pratique en accord avec nos paroles, nous devons nous fixer des objectifs politiques. Nous devons accumuler des forces et avoir une revendication pionnière avec un style de mouvement qui ne se contentera pas de l’ancien. Il existe un terrain objectif pour les interventions volontaires. En tant que révolutionnaires, nous devons ouvrir la voie vers de nouveaux horizons de focus pour les mouvements de femmes et organiser leur autodéfense contre les attaques patriacales. De cette façon, nous devons assurer l’unité des divisions des femmes révolutionnaires dans l’action et ne pas permettre aux divisions idéologiques et théoriques de faire stagner le mouvement.

Nous devons assurer la continuité dans le cadre d’un plan d’action concret. Jusqu’à présent, les problèmes du mouvement des femmes sont apparus à l’ordre du jour d’ICOR de manière plutôt sporadique. ICOR a besoin d’un mécanisme organisationnel pour garantir que les problèmes du mouvement des femmes soient discutés en permanence et que des pratiques communes soient développées. Un bureau international des femmes est nécessaire pour organiser l’intervention politique actuelle des partis et organisations membres d’ICOR dans la lutte pour la libération des femmes. Un tel bureau pourrait assurer la prise en compte régulière des agendas politiques des femmes, publier des résolutions communes sur des sujets concernant les femmes, assurer la représentation d’ICOR sur les plates-formes internationales ou encore créér et développer un réseau de femmes. Par ailleurs la formulation des principaux points de vues communs concernant la libération des femmes partagés par les organisations membres serait un succès pour la première conférence des femmes de l’ICOR.

Nous devons mobiliser nos forces pour développer une coopération concrète lors de la Conférence mondiale des femmes. La conférence ne doit pas se terminer lors de son dernier jour. Une prise de position internationale des femmes contre la guerre et l’impérialisme serait un pas important vers un mouvement des femmes coordonné au niveau international. En outre, lors de journées d’action autres que les journées historiques de la lutte des femmes du 8 mars et du 25 novembre, nous devons échanger des informations sur diverses questions concernant les femmes et accroître nos possibilités d’organiser une solidarité internationale rapide. Des échanges théoriques sont nécessaires pour soutenir et approfondir la coopération internationale à long terme. Le mouvement international des femmes et nous, les révolutionnaires, sommes confronté·es à des questions auxquelles il est urgent de répondre. Par conséquent, nous devrions nous éfforcer de fournir des occasions similaires à cette publication où les questions théoriques et politiques peuvent être discutées en profondeur.

Nous avons un long chemin à parcourir, mais nous savons que cela en vaut la peine. Succès à nous!

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Parti Marxiste-Léniniste d’Allemagne (MLPD)

Position du MLPD/ Allemagne pour le journal en ligne sur la 1ère conférence des femmes de l’ICOR

1. Les femmes sont des forces motrices essentielles et indispensables dans la lutte contre l’impérialisme, pour la révolution socialiste internationale et pour la libération des femmes. Quelques événements actuels suffisent à le montrer : des dizaines de milliers de personnes dans la rue aux Etats-Unis pour le droit à l’interruption de grossesse jusqu’aux femmes courageuses à Chișinău (Moldavie) qui manifestent contre la guerre depuis qu’elle a commencé devant l’ambassade russe avec des femmes d’Ukraine. Le mouvement féministe combatif connecté dans le monde entier a une “importance stratégique pour la révolution internationale, car il peut servir de lien entre le mouvement ouvrier international et les larges mouvements populaires“.1 Actuellement, un défi central est d’unir la masse des femmes contre la guerre impérialiste et d’orienter la lutte contre la guerre vers des changements révolutionnaires.

2. Le livre du MLPD “Nouvelles perspectives pour la libération des femmes” commence par le concept de double production, de Marx et Engels, qui a été largement supplanté dans l’économie politique du mouvement communiste après Lénine. Engels écrivait : “Selon la conception matérialiste, le moment déterminant ultime dans l’histoire est : la production et la reproduction de la vie immédiate. Mais celle-ci est elle-même de nature double. D’une part, la production de denrées alimentaires, d’objets pour se nourrir, se vêtir, se loger et des outils nécessaires à cette production ; d’autre part, la production d’êtres humains eux-mêmes, la reproduction de l’espèce “.2 Par conséquent, les facteurs déterminants dans la société sont toujours l’état de développement du travail d’un côté et de la famille de l’autre. Les deux formes de la production et la reproduction sont indissociables. L’éviction de la double notion de production dans le mouvement communiste a conduit à minimiser la lutte pour la libération des femmes de l’ordre étatique et familial bourgeois ou à la réduire à l’intégration des femmes dans la production et à l’engagement pour l’égalité juridique. Elle a également entraîné des tendances économistes au sein du mouvement ouvrier, qui consistaient à s’occuper unilatéralement des conditions de salaire et de travail, et non des conditions de vie et de famille, et à rabaisser à tort la lutte pour la libération de la femme comme une “contradiction secondaire”.

3. Lutter contre la double exploitation de la masse des femmes salariées : Les féministes, par exemple dans le mouvement de grève des femmes, disent : premièrement, l’exploitation des femmes consiste en leur exploitation par le capitaliste et deuxièmement, à la maison, en l’exploitation par l’homme. Le marxisme définit cela : La double exploitation de la masse des femmes consiste premièrement dans l’exploitation à laquelle est soumise l’ouvrière en tant que partie de la classe ouvrière dans son ensemble, et deuxièmement dans l’évaluation encore plus basse de sa force de travail en comparaison avec ses collègues masculins. Le capitaliste évalue la force de travail des femmes à un niveau inférieur parce que, selon l’ordre familial bourgeois, la responsabilité principale de la femme dans l’éducation des enfants et le travail domestique/familial ne lui permet pas de l’exploiter dans la même mesure que celle de l’homme. C’est pourquoi, dans notre livre actuel “La crise de l’idéologie bourgeoise et de l’opportunisme”, nous nous penchons également de manière critique et autocritique sur des positions telles que la “jineolojî” du mouvement kurde. On peut y lire, après avoir apprécié les précieuses impulsions et le rôle important du mouvement des femmes kurdes : “Au lieu du rôle dirigeant du prolétariat (y compris des femmes prolétariennes), le PKK propage le rôle dirigeant des femmes dans la lutte de libération révolutionnaire. … Le socialisme scientifique a … tiré la leçon que la solution de la question sociale signifie la libération de la classe ouvrière de l’exploitation capitaliste en unité avec la libération de la femme.”3

4. “L’oppression particulière des femmes est un élément essentiel de tout exercice de la domination dans une société de classes fondée sur l’exploitation et l’oppression.”4 Font partie de l’oppression particulière des femmes : la responsabilité (inhérente au système) qui incombe aux femmes pour la gestion privée du ménage et de la famille, qui implique également une dépendance économique vis-à-vis de l’homme, le contrôle de la sexualité et la violence à l’encontre des femmes, tout un système de “chaînes de la morale bourgeoise” qui agissent par le biais des traditions, de l’attribution des rôles, des religions, des conceptions morales, les multiples discriminations fondées sur le sexe, le sexisme comme méthode de destruction de la conscience de soi des femmes et des filles. Toutes les femmes et les filles de la société, de toutes les classes et de toutes les couches sociales, sont concernées par ce phénomène. Ce fait, associé à l’aggravation de la crise mondiale de l’ordre familial bourgeois, est également à la base de l’émergence d’un vaste mouvement féminin autonome et combatif (“de la religion à la révolution”). Le mouvement féministe prolétarien en est la colonne vertébrale indispensable. La double oppression des ouvrières consiste d’une part en l’oppression comme celle de toute la classe ouvrière, d’autre part en l’oppression en tant que femme.

5. Le principal obstacle au développement d’un vaste mouvement féministe combatif est l’effet corrosif du système de pensée petit-bourgeois ! La pensée petite-bourgeoise se veut critique à l’égard de la société et s’oriente, dans son orientation fondamentale anticommuniste, vers le maintien et la perpétuation du capitalisme et de l’impérialisme. Outre le féminisme petit-bourgeois, le postmodernisme a également influencé le mouvement des femmes avec le concept des “identités culturellement construites”, également connu sous le nom de théorie queer. Il va sans dire que les marxistes-léninistes sont du côté de toutes les personnes exploitées et opprimées, ce qui inclut la lutte pour l’autodétermination sexuelle, contre l’exploitation sexuelle, la violence et la pornographie.

6. L’histoire de la lutte pour la libération de l’exploitation et de l’oppression a toujours été étroitement liée, quoique plus ou moins consciemment, à la lutte pour la libération de la femme, à commencer par la Commune de Paris, qui a posé des jalons remarquables pour l’égalité des droits et la lutte pour la libération de la femme dans les anciens pays socialistes, notamment en Union soviétique socialiste et dans la Chine de Mao Zedong. C’est surtout en lien avec la Grande Révolution culturelle prolétarienne que la dialectique entre le changement des bases matérielles dans la société et le dépassement des traditions et des modes de pensée bourgeois a été réalisée.

7. De tout cela découle l’importance fondamentale de la dialectique entre la construction d’un parti révolutionnaire et les organisations autonomes, indépendantes des partis dans le travail des femmes, en tant que relation fondamentale dans la lutte pour la libération des femmes. Ceci est d’une importance stratégique. Le développement de la lutte des classes exige la construction de partis marxistes-léninistes forts ainsi que de grandes organisations et mouvements de masse dans la lutte contre l’impérialisme. Dans les partis révolutionnaires du monde entier, les femmes ne jouent pas encore un rôle à la hauteur de leur importance dans la lutte des classes. L’auto-transformation nécessaire à cet effet doit concerner l’ensemble des partis, les femmes et les hommes ainsi que le travail de la jeunesse en particulier. C’est pourquoi le programme du travail du MLPD stipule : “Dans son travail de parti, le MLPD organise une promotion ciblée des femmes pour prendre en charge des tâches et des fonctions”.5 C’est totalement de cette façon qu’un changement de génération a été réalisé dans le MLPD, qui a porté pour la première fois une ouvrière, Gabi Fechtner, à la tête d’un parti révolutionnaire en Europe.

En avant pour la libération des femmes dans le socialisme authentique !

En avant pour la révolution socialiste internationale !

*Programme du MLKP, www.mlkp-info.org

**La lutte pour la libération des femmes a également ouvert la voie à la lutte générale pour la libération sexuelle et au féminisme queer, qui représente une part importante du mouvement féministe actuel et s’est développé en parallèle. Le mouvement lgbti+, un allié important des femmes, est devenu la force dynamique politique du féminisme queer, remettant en cause de manière significative les conceptions du genre dominés par les hommes et ouvrant de nouveaux horizons aux questions de genre. Mais en tant que courrant post-modèrne le féminisme queer n’a pas pour but une révolution matérielle et n’a pas de programme pour une transformation sociale. Alors que nous essayons de gagner le mouvement au socialisme, nous ne voyons pas la lutte lgbti+ comme une catégorie de la lutte de libération des femmes. Nous essayons de développer la lutte pour la libération des femmes ainsi que la lutte lgbti+ en une lutte commune contre la socièté sexiste mais chaqune de leur manière propre. Ces deux luttes s’influençant en tant qu’alliés politiques.

1RW 34, édition en langue allemand, p. 506

2„Nouvelles perspectives pour la libération de la femme – Une polémique“, en allemand, S. 15, MEW, vol. 21, p. 2728

3 RW 37, p. 161

4“Nouvelles perspectives pour la libération de la femme – Une polémique”, en allemand, p. 58

5 Programme du MLPD p. 64-65

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