29 avril 2024
canicules mondiales

Les canicules, « avant-goût de notre futur climatique »

Les canicules, « avant-goût de notre futur climatique »

(En fin d’article lire aussi: réchauffement et libéralisme)

D’ici 2050, les canicules risquent d’être multipliées par deux. Conséquences : récoltes desséchées, feux de forêt en hausse…

L’exception devient peu à peu la norme. En 2019, une canicule avait déjà frappé la France, en juin, et battu des records absolus de température. Pour le climatologue Christophe Cassou, « nous vivons un avant-goût de notre futur climatique ».

+Un réchauffement climatique global. Les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Tout s’accélère et s’intensifie. Nous avons connu autant de vagues de chaleurs entre 1960 et 2005 (en 45 ans) que de 2005 à 2020 (en 15 ans) : on compte 4 vagues de chaleur avant 1960, 4 entre 1960 et 1980, 9 entre 1980 et 2000, et enfin 26 depuis 2000. Les épisodes caniculaires sont devenus sensiblement plus nombreux que ceux de la période précédente. De plus en plus difficile d’être « climato-sceptique » !

« Il est extrêmement probable que l’influence humaine soit le principal facteur contribuant à cette augmentation, poursuit Christophe Cassou sur Twitter. Les observations confirment nos projections mois après mois. » Dans son dernier rapport, le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est formel sur le sujet. L’ampleur des extrêmes de température augmente plus fortement que la température moyenne mondiale. Toutefois « l’influence humaine » n’est pas le fait de tous les individus. Le mode de production capitaliste dans sa logique d’accumulation de profit à court terme détruit les conditions mêmes de vie sur terre. Ainsi, ce sont tous les équilibres naturelles qui sont touchés.

La fréquence des canicules devrait doubler d’ici 2050

« L’évènement de juin 2019 aurait eu une probabilité infime de se produire en climat préindustriel, précise la climatologue Valérie Masson Delmotte sur Twitter. Chaque incrément de réchauffement supplémentaire va continuer à augmenter la fréquence et l’intensité des extrêmes chauds. » Des études ont été faites pour la ­période de juillet 2019. Elles ont montré que cette vague de chaleur était 600 fois plus probable que dans un ­climat non modifié par le mode actuel d’industrialisation.

Ces événements viennent frapper de plein fouet les jeunes générations. Selon une étude publiée par la revue Science en septembre 2021, les enfants nés en 2020 subiront 7 fois plus de vagues de chaleur, 2 fois plus de sécheresses et incendies de forêt, 3 fois plus d’inondations et de mauvaises récoltes qu’une personne née en 1960.

Notre quotidien est bouleversé. En France, la fréquence des canicules devrait doubler d’ici à 2050. Les vagues de chaleur pourraient être non seulement bien plus fréquentes qu’aujourd’hui mais aussi beaucoup plus sévères et plus longues et se produire de mai à octobre.

Selon Météo France, depuis 2015, en six ans, nous avons 80 % de probabilité en plus d’avoir une canicule. Si rien n’est fait pour maîtriser les émissions de gaz à effet de serre, il y a trois chance sur quatre pour que le nombre annuel de jours de vague de chaleur passe de cinq à vingt-cinq jours en fin de siècle par rapport à la période 1976-2005.

Des récoltes abîmées et des incendies en hausse

À court terme, la vague de chaleur qui s’abat sur la France a déjà de graves conséquences. Ces hausses de températures arrivent après un printemps particulièrement sec qui a provoqué sur une grande partie du pays une sécheresse des sols. Au 1er juin, l’indice d’humidité des sols atteignait une valeur habituellement rencontrée à la mi-juillet.

La canicule qui se prolonge accentue le dessèchement. De plus en plus de départements mettent en place des restrictions d’utilisation de l’eau. En cet mi-août Propluvia note que plus de la moitié du pays est en alerte renforcée : réduction des prélèvements à des fins agricoles supérieure ou égale à 50%, limitation plus forte des prélèvements pour l’arrosage des jardins, espaces verts, golfs, lavage des voitures, …, jusqu’à l’interdiction de certains prélèvements. C’est le cas des zones rouges qui s’élargissent où seuls les prélèvements permettant d’assurer l’exercice des usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité).

On craint le pire pour les récoltes. Cette année, l’agriculture française avait déjà subi le gel tardif, la sécheresse prolongée depuis janvier et un échaudage (arrosage à l’eau chaude de plus de 25° modifiant les grains de blé, notamment) en mai. La nouvelle vague de chaleur risque d’accélérer la maturité des cultures et d’en brûler une partie.

Avec le mercure qui grimpe, c’est aussi la multiplication d’incendie et de feux de forêt dans des zones d’ordinaire peu touchées comme la Bretagne. Si les températures atteignent 40 °C, l’indice d’inflammabilité des forêts serait « extrême » jusqu’en Alsace, selon le Système européen d’information sur les incendies. Les écosystèmes vont en pâtir.

Les climatologues somment les autorités à agir. « Les faits sont clairs, déclare Christophe Cassou. Ne pas être à la hauteur est aujourd’hui irresponsable. Il faut réduire nos émissions de gaz a effet de serre de manière immédiate, soutenue dans le temps et dans tous les secteurs. Pas dans trois ans, maintenant ! »

Le gouvernement communique sur cette vague de chaleur et c’est pas drôle ! Les ministres de nous invitent à « être sobres » et à « ne pas sur-utiliser leur climatiseur pour lutter contre le dérèglement climatique ».

Aujourd’hui le gouvernement nous dit : « Il va falloir s’habituer » et « il faut vivre avec » deviennent le refrain d’un été. « Faire comprendre à nos concitoyens, qu’il va falloir s’habituer, compte tenu du réchauffement climatique, à des épisodes de ce type », a ainsi déclaré Christophe Béchu, le 5 août, au sujet de la sécheresse.

Les ministres préparent les esprits : l’anormal devient la norme et pas un mot sur les engagements pris lors de la COP 21 (à Paris).

Nous remercions encore une fois le journal Reporterre pour les faits qu’il nous a rapporté

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Mégafeux en Californie : réchauffement et libéralisme

Le climat est mis au premier rang des responsables des grands incendies des dernières années. Mais il n’est peut-être pas inutile de rappeler que ces catastrophes ont aussi des causes très immédiates qui tiennent aux forces économiques.

A court terme, prévenir et lutter contre les feux est avant tout une affaire de gros sous. Il y aurait moyen de limiter l’impact des incendies à condition d’y mettre le prix.

A long terme, il est clair que l’élévation des températures, qui tient à l’activité humaine et non au hasard, est à la source de l’intensification des incendies et de l’apparition des mégafeux, ces brasiers qui dévastent plus de 10 000 hectares et échappent au contrôle des pompiers. Pas besoin d’être climatologue pour comprendre que plus le bois est sec, plus il s’enflamme facilement.

Coupable : le libéralisme

En Californie, par exemple. A elle seule, la compagnie électrique PG&E a été reconnue coupable de plusieurs incendies depuis 2015 : du plus meurtrier, le « Camp Fire » de 2018, qui a réduit en cendres la commune de Paradise, entraînant la mort de 85 personnes, au gigantesque « Dixie Fire », de 2021, qui a dévasté 405 000 hectares. A chaque fois, des étincelles sous des lignes électriques mal entretenues ont provoqué le départ du feu (dans le cas du « Dixie Fire », un arbre mort est tombé sur un pylône ; l’enquête a montré qu’il aurait dû être déblayé depuis treize ans).

La justice a condamné PG&E à plusieurs reprises à débroussailler. La compagnie traîne les pieds pour sauver sa marge bénéficiaire. Cela coûterait trop cher aux capitalistes…

Là encore, nous voyons que les lois économiques du capitalisme sont un obstacle à résoudre les problèmes de l’humanité, puisque la propriété privée des forêts empêche une utilisation et un entretien rationalisé, centralisé et planifié. Le manque d’entretien des forêts est reconnu par les scientifiques comme la principale cause des feux. Cet entretien est comprimé par le nombre et l’éclatement de 3,5 millions de propriétés forestières, et amplifié par l’insuffisance des moyens de luttes et de prévention contre le feu.

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