24 novembre 2024

Thèses sur la guerre – Parti Maoïste de Russie

Thèses sur la guerre

du Parti Maoïste de Russie.

Nos camarades de l’Unité Communiste de Lyon ont reçu un document exclusif, transmis par le Parti Maoïste de Russie.

1. Si la reconnaissance russe de la RPD [République Populaire de Donestk] et de la RPL [République Populaire de Louhansk] avait été un véritable acte de soutien à la population du Donbass, elle aurait eu lieu dès 2014. Mais huit années de silence et d’indifférence, dont les gardes accusent aujourd’hui les opposants à la guerre, ont eu lieu précisément de la part de l’impérialisme russe, qui avait besoin de la guerre dans le Donbass comme monnaie d’échange pour faire pression sur l’Ukraine, tombée hors de l’orbite de son influence. Le prétendu soutien du gouvernement russe au “mouvement de libération nationale” dans l’est de l’Ukraine est aussi faux que ses promesses de ne pas attaquer les États voisins, de ne pas augmenter l’âge de la retraite, etc. Et un régime qui vise à détruire le droit à l’autodétermination d’une nation et rêve de faire revivre l’empire russe ne peut, par définition, être un défenseur des opprimés (que dire de la reconnaissance du Kosovo, de la Transnistrie et de l’Artsakh, d’ailleurs ?). En fait, plus les années d’effusion de sang dans le Donbass ont été longues, plus il était profitable pour le régime de Poutine de rejeter la faute sur ses voisins et, au lieu d’un règlement pacifique dans l’est de l’Ukraine. L’Ukraine doit se préparer à une agression à grande échelle.

 

        Les affiches du PMR dans les rues de Tcheliabinsk

2. En huit ans, la RPD et la RPL, au lieu d’être de véritables républiques populaires, se sont transformées en entités fantoches sous la pleine domination du capital russe, avec un espace politique à la russe, mais sous une forme plus radicale, et des formations paramilitaires toutes-puissantes. En fait, c’est ainsi que le Kremlin les veut – non pas comme des États démocratiques libres, mais comme des “zones grises”. Et leur “reconnaissance” faisait partie d’une opération spéciale visant à prendre le contrôle de l’ensemble de l’Ukraine et à la transformer en quelque chose de similaire.

3. Apparemment, le Kremlin espère une guerre éclair, qui doit aboutir à la mise en place d’un régime fantoche à Kiev. Cette opération de “dénazification” entraînera toutefois un renforcement des sentiments nationalistes et anti-russes dans le pays occupé et le transformera en un analogue de la Yougoslavie des années 1990. Il convient de rappeler que l’invasion de la Yougoslavie par l’OTAN en 1999 était également “justifiée” par la nécessité de renverser le régime de Milosevic qui avait bombardé le Kosovo. Ils ont même appelé cela une “intervention humanitaire”.

4. L’impérialisme occidental, avec ses sanctions contre la Fédération de Russie, refuse l’aide militaire à l’Ukraine malgré le soutien “politique” de Kiev, craignant apparemment le statut nucléaire de l’agresseur et les actions imprévisibles de Poutine s’il est acculé à des actions plus décisives et s’il s’engage dans une guerre ouverte. L’impérialisme américain et surtout l’UE vont probablement adopter une approche attentiste, en forçant le Kremlin, étouffé par des sanctions économiques “douces”, à se montrer accommodant à long terme en ce qui concerne le commerce des hydrocarbures à leurs conditions. Il est possible qu’à long terme des négociations dans l’esprit “gaz à notre prix en échange de l’Ukraine avec votre administration” commencent. Autrement dit, dans un tel scénario, l’Ukraine sera une fois de plus victime de la collusion entre les impérialistes.

5. Les gauchistes qui soutiennent maintenant l’agression russe font une erreur. Ils font la même erreur que ceux qui, les années précédentes, se sont réjouis de la mort de civils dans le carnage géopolitique du Donbass. Il est possible que Poutine et son régime capitaliste-bureaucratique, qui s’est proclamé le “vrai” décommunisateur de l’Ukraine, si l’aventure actuelle réussit, poursuivent le démantèlement de l’État et de la souveraineté non seulement dans un pays, mais tentent également de restaurer l’Empire russe 2.0 dans d’autres territoires “historiques”. Dans ces conditions, il est évident que l’impérialisme russe ne s’intéresse pas à la “dénazification”, mais à l’asservissement des peuples. On peut comprendre à quoi cela ressemblera en observant la situation des masses laborieuses en Russie, où le maintien de l’ordre, la normalisation de la torture, le démantèlement des droits et libertés restants, la censure, la destruction virtuelle de l’autonomie des républiques nationales, l’imposition du cléricalisme, les valeurs archaïques discriminatoires comme l’attaque du féminisme, la défaite des mouvements de défense des droits de l’homme, la phobie systémique des migrants et la connivence avec l’ultra-droite sont des phénomènes quotidiens. En d’autres termes, croire que la Fédération de Russie est réellement en train de “dénazifier” l’Ukraine revient à exorciser le diable avec un diable.

6. Les vrais communistes aujourd’hui sont ceux qui prônent systématiquement la paix démocratique entre la Russie et l’Ukraine, plutôt que de se soumettre à l’impérialisme du Kremlin. La construction d’un mouvement anti-guerre de masse doit devenir l’un des principaux points d’activité de toutes les forces de gauche et progressistes pour unir les peuples travailleurs et opprimés de Russie et d’Ukraine dans la lutte contre l’agression, pour favoriser le démantèlement des ordres despotiques et pour construire un nouveau monde sans guerres, sans capitalistes et sans oppresseurs. Et le soutien social-chauvin du Kremlin, sous quelque forme que ce soit, est une contribution à l’appauvrissement des Russes, car sous les sanctions, les oligarques feront la guerre, en s’attendant à économiser sur les personnes, à dégrader les infrastructures et à faire évoluer le régime vers un analogue des années 1970 des dictatures latino-américaines de droite avec un anticommunisme d’homme des cavernes, la torture, les enlèvements et les meurtres de dissidents, etc.

Parti maoïste russe

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