Bien que n’étant plus d’actualité cet article et les actions qu’il rapporte s’inscrivent parfaitement dans notre volonté internationaliste de défense des peuples opprimés, de lutte contre le réchauffement climatique et de saccage de la planète par les puissances capitalistes-impérialistes. Nous essayerons de suivre ce mouvement qui, comme bien d’autres dans le monde, traduit la montée en puissance des résistances mondiales vers un autre monde, qui ne peut être que le socialisme.
QUE TREMBLE LA TERRE JUSQUE DANS SES ENTRAILLES
Sœurs et frères,
En ces temps de crise et de guerre capitaliste mondiale, nous, les peuples, faisons l’expérience d’une escalade répressive de spoliation et de pillage contre nos communautés et notre mère la terre. Nous, les peuples autochtones, les organisations et les collectifs qui continuons à résister, nous voyons que la tempête dont nos frères et sœurs zapatistes nous ont parlé, est non seulement déjà là depuis des années, mais qu’elle est maintenant plus dévastatrice, plus violente.
Nous vivons le dernier assaut de l’hydre, cette fois-ci elle vient pour tout prendre :
Elle vient pour l’eau, tant dans les villages que dans les villes, l’eau qui, une fois dérobée, est restituée avec la mort dissoute en elle sous forme de mercure, de cyanure et d’autres poisons recrachés par les industries.
Elle vient pour la terre et les minéraux qu’elle garde en elle ; pour les champs où faire se reproduire encore et encore des graines génétiquement modifiées qui tuent à la fois, lentement, le sol qui les soutient et ceux qui les ingèrent. Elle vient pour les maisons des familles qui ont été construites avec l’effort de générations entières, pour les démolir et mettre à leur place de hautes tours de bureaux vides et des centres commerciaux, ou pour faire passer le mortel train Maya ; ou pour y mettre des gazoducs ; ou pour tracer, entre brèches et sillons, la mort comme destin pour toutes et tous.
Ils s’en prennent au digne travail des paysans, des artisans, des commerçants, des enseignants et des ouvriers pour le dévaloriser et le remplacer par l’exploitation esclavagiste dont les capitalistes sont si friands.
Ils s’en prennent à l’histoire en détruisant les vestiges préhistoriques et préhispaniques qui racontent les pas de nos ancêtres, dont beaucoup ont été découverts récemment et dont beaucoup sont destinés à être enterrés sous des avions ou des trains.
Ils viennent pour la vie toute entière, pour les jungles, pour les montagnes, pour les forêts, pour les rivières, les mers, les lacs, les cenotes, les ameyales, les lagunes, les déserts, ils sont amants des cimetières, et c’est ce en quoi ils veulent transformer le monde.
Ils viennent pour tout.
Il ne s’agit plus seulement de menaces de la part du capital, les ordres ont déjà été donnés et les attaques ont été dirigées vers leur cible principale : nous, les peuples, les organisations et les collectifs qui résistons et qui défendons la vie.
Les projets mortifères promus par le capitalisme, se voyant confrontés aux résistances collectives, utilisent l’État pour créer des décrets et envoyer leurs forces de répression à l’encontre de celles et ceux qui s’opposent à l’exploitation-destruction de la nature et à la spoliation des territoires et du patrimoine communautaire des peuples autochtones.
L’illusion du développement et du progrès s’évanouit lorsque les peuples exhibent la mort et l’arrogance avec lesquelles les entreprises et les États dépossèdent les territoires et, dépourvus d’arguments pour se justifier, utilisent la violence sous toutes ses formes.
Face à cette guerre imposée par le capitalisme, nous, les peuples, répondons par la résistance, l’autonomie et l’organisation.
Dans ce long voyage vers un monde juste où la vie est assurée pour nos générations futures, les chemins que nous, compañeras et compañeros, avons construits avec douleur et rage se rejoignent progressivement, jusqu’à former un beau tissu qui couvre le monde entier de couleurs et de dignité.
Le grondement des peuples qui résistent est long et fort, et ce grondement a la capacité de réveiller la rébellion et l’organisation dans chaque recoin où il y a injustice et exploitation, c’est-à-dire dans chaque recoin de notre monde.
C’est pourquoi, aujourd’hui, les peuples, organisations et collectifs de Puebla, Tlaxcala, Veracruz, Ville de Mexico, État de Mexico, Morelos, Oaxaca, Guerrero et Querétaro, nous faisons à nouveau résonner nos canaux de rébellion et nous appelons les peuples, nations et tribus indigènes du Mexique et du monde, ainsi que les organisations et collectifs alliés à se joindre à cette « Caravane pour l’eau et pour la vie :
Peuples unis contre le pillage capitaliste » qui débutera le 22 mars sur les terres de la municipalité de Juan C. Bonilla, dans l’État de Puebla, et se terminera le 24 avril dans la communauté de Cuentepec, dans l’État de Morelos.
Pendant 34 jours, la Caravane rendra visibles les luttes de ces neuf États mexicains ainsi que des territoires du reste du pays, d’Europe, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Amérique du Nord, et, au long de son chemin, de nouvelles voies d’organisation seront tracées pour résister conjointement aux assauts de ce système capitaliste et de ses États protecteurs. Mais surtout, elle fera écho à la voix des peuples qui ont déjà décidé de leur destin par leurs propres lois, déclarations, décrets et accords que les mauvais gouvernements ont méprisés et ignorés.
En d’autres termes, la Caravane pour l’eau et la vie vise à faire respecter la Loi des peuples.
Mexique, mars 2022
Jusqu’à ce que la dignité devienne coutume
Plus jamais un Mexique ni un monde sans nous
Ils ne nous vaincront pas !