21 novembre 2024

Campagne contre la « vie chère », par la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire

Nous avons reçu du Bureau National de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire (LJR) cette note de campagne contre la vie chère. Nous en publions de larges extraits. Cette note est largement positive. Elle cible un vrai problème qui touche, avant tout, les milieux populaires : l’augmentation importante des prix de premières nécessités.

Nous répondons en positif à leur appel à lutter ensemble contre ce fléau capitaliste résultat de la crise. Crise générale du monde capitaliste qui engendre aussi, ne l’oublions pas, une tendance à la guerre militaire pour le repartage du monde entre grandes puissances. Les deux choses sont à lier étroitement : guerres « intérieures » contre le travailleurs, guerres « extérieures » contre les peuples.(le comité de rédaction)

Campagne contre la « vie chère ». Du Gilet Jaune de l’inflation au Drapeau Rouge de la Révolution !

« La vie chère aujourd’hui » n’est rien d’autre que la forme actuelle (capitaliste) d’appauvrissement, de ruine et de pillage des travailleurs, parallèlement à l’enrichissement sans précédent d’une poignée de capitalistes. » V.I Lénine

Un des aspects les plus importants du système capitaliste que nous combattons, c’est ce qu’on appelle souvent « le pouvoir d’achat ». En effet, plus le capital se développe, plus les marchandises sont fabriquées rapidement et en masse. Expliquons : plus le capital se développe, plus le profit est grand, c’est exponentiel : si l’on compare le niveau d’exploitation (d’extorsion de la plus-value) d’un ouvrier des années 1930 à celui d’un ouvrier en 2023, l’ouvrier d’aujourd’hui est bien plus exploité. Cela veut dire qu’il reçoit une part bien plus maigre de ce qu’il produit, de ce que le bourgeois en tire. Quand nous avons expliqué cela, nous pouvons voir d’une manière globale : la production s’épaissit, s’étoffe, se diversifie, et un flot inarrêtable de marchandises se déverse sur le marché ; de l’autre côté, les salaires des masses stagnent, leur salaire réel et relatif baisse exponentiellement.

Voilà le cœur de tout le problème : les crises de l’impérialisme sont comme ça, ce sont des crises de « surproduction » relative, car les masses ne sont pas en capacité d’acheter les marchandises qui leur sont proposées. Donc, de l’autre côté, les capitalistes ne peuvent pas écouler leurs stocks, ce qui provoque une crise économique.

C’est en résumé cela que l’on est en train de vivre aujourd’hui en France, comme dans tous les pays du monde. La crise générale des monopoles se développe et avec elle tout part à vau l’eau, la question de la dette, de la guerre d’agression impérialiste sur l’Ukraine ; les planètes s’alignent et les prix montent en flèche, ce qui n’est déjà plus supportable par une bonne partie des prolétaires. Plus le système va continuer comme ça, plus les prix vont exploser, c’est une loi inévitable. Arrivera donc un moment où les masses de France vont perdre tout le minuscule confort qu’elles avaient acquis grâce aux importants profits de l’impérialisme, par l’exploitation capitaliste atroce des peuples opprimés, si ce moment n’est pas déjà arrivé.

Pour comprendre comment agir face à cette contradiction économique du système impérialiste, il faut se placer du point de vue de la lutte des classes. Il faut voir la question du Pouvoir, de l’Etat, que le Marxisme nous enseigne. Voyons :

Le monde entre dans la seconde crise générale du capitalisme, la plus grande crise depuis les années 1930. Celle-ci a pour résultat un appauvrissement des masses, se développant dans des secteurs jusque-là épargnés par la crise (les couches intermédiaires, la petite-bourgeoise), ce qui signifie le retour en force de la Lutte des Classes dans le pays, donc de la Politique, comme nous venons de le voir avec le mouvement social contre la réforme des retraites.

Il y a en France deux zones principales stratégiques : les quartiers prolétaires où la crise foudroie l’observateur, et les lieux de productions, où les ouvriers luttent de plus en plus contre la baisse réelle de leur salaire dû à l’inflation. Les riches veulent faire payer la crise aux masses, et l’inflation est le meilleur moyen d’y arriver, mais elles ne sont pas idiotes, elles ne vont pas se laisser faire. Les différentes mesures prises par le gouvernement réactionnaire pour éviter une crise trop aigüe ne font que reculer la date fatidique où l’Etat n’aura plus les moyens financiers de travestir l’immensité de la crise.

Le rôle des révolutionnaires dans tout cela est de Mobiliser, de Politiser, d’Organiser les masses que nous allons rencontrer. Politiser, c’est poser la question du Pouvoir, de la structure d’Etat, c’est-à-dire la question de la Révolution. Nous devons garder ce but toujours à l’esprit, c’est la seule ligne politique juste car c’est celle qui nous permet de ne pas sombrer dans l’opportunisme.

Étudions cette très importante citation du grand Karl Marx (Lettre à F. Bolte, 23 novembre 1871) pour mieux comprendre nos tâches actuelles :

« …tout mouvement dans lequel la classe ouvrière s’oppose aux classes dominantes en tant que classe et cherche à les contraindre par la pression de l’extérieur est un mouvement politique. »

…………

« Par exemple, la tentative de forcer des capitalistes, au moyen de grèves, etc., dans telle ou telle usine ou branche d’industrie, à réduire le temps de travail, est un mouvement purement économique ; au contraire, le mouvement ayant pour but de faire édicter une loi des huit heures, etc., est un mouvement politique. »

Nous voyons donc que la lutte politique, c’est quand on touche à la superstructure (dont la politique fait partie), et pas seulement à l’infrastructure économique. Nous comprenons donc la limite des syndicats, qui ne sont que de purs instruments pour les luttes économiques, et qui ne dépassent pas ce cadre. Leur non-implication dans le mouvement des Gilets Jaunes, qui est passé d’une lutte économique à un embryon de lutte politique, a révélé le rejet de la politique par les syndicats. C’est l’unique raison de leur non-participation à ce mouvement. Nous devons saisir que si nous ne luttons que « contre la vie chère » sans mobiliser et organiser pour des mesures politiques concrètes, nous ne faisons pas de la Politique mais une lutte économique, nous faisons du syndicalisme.

« Et c’est ainsi que partout les mouvements économiques isolés des ouvriers donnent naissance à un mouvement politique, c’est-à-dire un mouvement de la classe pour réaliser ses intérêts sous une forme générale, une forme qui possède une force générale socialement contraignante. Si ces mouvements supposent une certaine organisation préalable, ils sont tout autant à leur tour des moyens de développer cette organisation. »

« Là où la classe ouvrière n’est pas encore allée assez en avant dans son organisation pour entreprendre une campagne décisive contre la force collective, c’est-à-dire la force politique des classes dominantes, elle doit en tout cas être éduquée en vue de cela par une agitation continue contre l’attitude hostile à notre égard qu’observent en politique les classes dominantes.

Dans le cas contraire, elle reste aux mains de celles-là une balle à jouer. »

Regardons toutes les grèves perlées actuelles : les masses s’organisent ! Les Gilets Jaunes se sont organisés spontanément eux aussi. Suite à la fin de cette première phase de lutte contre la réforme des retraites, les grèves sectorielles et localisées contre la vie chère, l’inflation, pour les salaires, vont voir le jour de manière multiple et rapides, comme nous pouvons le voir à Vertbaudet par exemple.

Le Comité Exécutif de l’Internationale Communiste, au milieu de l’année 1932, expliquait :

« Ce qu’il faut, c’est mettre en mouvement les masses, en usant de toutes les formes, fussent-elles les plus simples, en partant des besoins quotidiens les plus élémentaires des ouvriers de l’entreprise donnée. Qu’il s’agisse dans certains cas de grèves d’une heure, dans d’autres cas de grèves par ateliers ou de grèves perlées ou de démonstrations, de protestations, toute la gamme ininterrompue de ces mouvements servira d’excellente préparation aux grandes batailles économiques que peuvent devenir très rapidement, en raison des conditions actuelles, les mouvements partiels. »

Il est évident que cela est d’autant plus vrai à notre époque où la classe est atomisée, dominée par le capital de diverses manières et seulement au début de sa recomposition en tant que « classe pour soi ». Karl Marx nous dit exactement ce qu’est la politisation à notre époque : éduquer la classe en lui montrant la vérité sur la bourgeoisie, lui faire sentir l’antagonisme historique. En un mot, montrer et démontrer que nous n’avons pas les mêmes intérêts de classe.

Le but d’aller sur le terrain de la lutte économique, c’est-à-dire saisir « la volonté de la ménagère », est de la transformer en lutte politique, avec en son cœur la lutte pour le Pouvoir.

Cela se décline sur plusieurs plans :

Nous revendiquons dans les quartiers prolétaires principalement le gel des loyers et la non-indexation des charges sur l’inflation, car ceux-ci sont beaucoup trop élevés pour le service minable qui nous est fourni. Nous dénonçons ces logements insalubres, les escroqueries des régies, le dédain qu’ils ont pour le peuple. De même, les loyers/charges et tous les coûts liés au lieu de vie sont trop élevés en relation avec les profits gigantesques réalisés par les monopoles de l’immobilier et du bâtiment. Nous revendiquons les réquisitions immédiates des logements vides/inoccupés.

Nos salaires sont trop bas : ils doivent être augmentés, et ne le seront que par la lutte collective et combative. Nous devons mettre en relation les faibles salaires/la hausse des prix et les profits énormes des monopoles économiques qui battent des records. Comment peut-il être acceptable de refuser les augmentations de salaires pour nous tandis que les bourgeois s’en mettent plein les poches ? Poser cette question est primordial car nous touchons au cœur du système, il faut remettre en cause la manière dont il fonctionne pour régler le problème. Nous revendiquons aussi un gel des prix des produits de première nécessité, qui ne font qu’augmenter, en lien avec les salaires.

Nous revendiquons la gratuité des transports en commun, nécessaires à des millions de Français pour travailler. Les prix sont beaucoup trop élevés et saignent nos budgets. De plus, les amendes sont exorbitantes quand on connaît les bilans financiers de toutes les entreprises de transports. La gratuité des transports en commun, partout et maintenant !

Enfin, beaucoup trop de moyens sont alloués aux politiciens corrompus du vieil Etat : que cela soit leurs indemnités, les grandes réceptions, etc. Nous refusons catégoriquement de continuer à financer le train de vie luxueux des gens qui nous gouvernent, eux-mêmes qui nous demandent de serrer la ceinture. Tous au SMIC, et vous serez bien plus enclins à lutter contre la vie chère !

Nous invitons tous les individus, collectifs et organisations souhaitant lutter à nos côtés sur cette question primordiale à nous contacter. L’époque est à l’action pratique, combative et organisé, alors n’attends plus et lutte avec nous !

Vie chère, inflation, bas salaires, on a raison de révolter !

Note explicative :

* Salaire réel : c’est le salaire que l’on perçoit comparé aux prix des produits. On dit que notre salaire réel baisse quand les prix augmentent tandis que notre salaire stagne ou n’augmente pas autant, car on ne peut pas acheter autant qu’auparavant.

*Salaire relatif : c’est le plus important à comprendre et montre le cœur du mécanisme capitaliste. Le salaire relatif, c’est ce que l’on gagne comparé à ce que notre travail rapporte au capitaliste. Le salaire relatif baisse constamment sous le capitalisme, car les profits des entreprises sont toujours plus faramineux tandis que les salaires stagnent ; pour faire simple, là où dans les années 1930 il y aurait eu un rapport de 1 à 10 entre les salaires des ouvriers et les profits des bourgeois, ce rapport serait maintenant de 1 à 100. Les ouvriers sont donc plus exploités qu’auparavant, car ils perçoivent une partie bien plus maigre de la valeur qu’ils produisent.

Bureau National de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire

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