3 décembre 2024

CONFÉRENCE EUROPÉENNE DES FEMMES DE LA BASE À SARAJEVO

« Nous voulons être une force pour transformer la société ».

Après la Conférence mondiale des femmes de la base à Tunis (voir la résolution de la conférence sur notre blog), la 1ère conférence européenne des femmes de base a eu lieu les 10 et 11 juin à Sarajevo / Bosnie-Herzégovine. Une camarade de l’UPML faisait partie de la délégation de France.

Les femmes, victimes de la guerre en Yougoslavie, ont été nos hôtesses

La ville de Sarajevo est toujours marquée par la guerre de Yougoslavie des années 90. Les impacts de balles présents sur les maisons, musées, le tunnel creusé par la population contre l’encerclement de la ville pendant presque 4 ans – beaucoup d’entre nous n’ont jamais été aussi proche de la réalité d’une guerre d’agression. Les femmes bosniaques, qui nous ont accueillies, étaient des femmes victimes de la guerre. Voir l’image jointe: les villes en Bosnie et Herzegovine où les viols ont été commis comme armes de guerre.

Elles militent jusqu’à aujourd’hui, 30 ans après (!) pour que leurs agresseurs soient condamnés et pour surmonter leurs traumatismes. Nous avons vu et appris beaucoup des ravages du nationalisme, du militarisme et de la propagande bourgeoise de guerre qui déshumanisent. S’imaginer que les mêmes crimes se déroulent toujours et à nouveau dans le monde, a renforcé notre détermination à combattre les guerres impérialistes. Une partie de notre mouvement adhère à la plateforme du Front uni international anti-impérialiste et antifasciste.  En quittant la Bosnie, les femmes combatives de l’association « Courage et Fierté » nous ont offertes un cœur. Le cœur de la solidarité !

Les débats de la conférence

Pendant deux jours, 16 déléguées de huit pays européens ont discuté de la manière de renforcer leur coopération et de poursuivre la construction du mouvement de femmes combatives en Europe.

Elles ont adopté des résolutions, comme celle contre le tout récent accord réactionnaire et inhumain de l’UE sur les réfugiés. Quelle dérision que ce soit justement une politicienne allemande soi-disant féministe, Nancy Faeser, qui qualifie de « succès historique » l’abolition en grande partie des droits des réfugiés ! C’est dans ce climat que se produisent des meurtres en masse comme celui en mer devant les côtes grecques quelques jours après la conférence. C’est dans ce climat que la police grecque a attaqué et démantelé avec brutalité début juillet un camp de réfugiés kurdes à Lavrio !

La conférence proteste également contre la criminalisation croissante des jeunes, comme aux Pays-Bas, où 1600 jeunes opposants à la destruction du climat ont été empoignés. Il en va de même en Allemagne où l’organisation « Letzte Generation » (« Dernière génération ») a été déclarée association criminelle. En Suisse, la police et la police à cheval sont intervenues brutalement contre une manifestation de femmes.

La droitisation de la politique en Europe s’accompagne d’attaques massives contre les femmes et leurs droits. L’exploitation accrue des ouvrières, la pression à leur encontre dans les entreprises, le harcèlement sexuel ont été des thèmes abordés. A Sarajevo ce n’étaient pas des femmes qui souffraient, mais surtout des combattantes qui affirmaient : « Nous voulons être une force pour transformer la société » !

Pour l’unité des jeunes et des anciennes !

Tous les thèmes ont été présentés avec force et liés à des revendications. La conférence européenne a été soutenue par de nouvelles et des jeunes femmes. Sur proposition de l’Espagne, les déléguées ont décidé qu’une vidéo de chaque pays serait réalisée à l’occasion de la journée contre les violences faites aux femmes. La vidéo aura pour slogan : « Plus jamais ça – pas une de moins ! » et une revendication spécifique à chaque pays, présentée par une jeune femme et une femme plus âgée. On l’a senti et entendu tout au long de la conférence – des femmes ont parlé avec expérience. Les plus âgées d’entre elles s’étaient aguerries: « Nous devons tirer les leçons des expériences douloureuses des révoltes et des révolutions qui ont échoué – ainsi que des expériences pleines d’espoir de l’ancienne construction socialiste, de la Commune de Paris, des débuts de l’Union soviétique – pour construire notre avenir ».

Tout un programme de travail a été fixé sur la base des décisions de la conférence mondiale de Tunis en 2022 :

-Renforcer notre présence internationaliste dans les organisations de femmes dans nos pays respectifs à une époque où le militarisme, le nationalisme et le social-chauvinisme avancent. Renforcer l’organisation des femmes. Nous adresser en particulier aux jeunes femmes et filles.

– Créer des liens avec les organisations de femmes dans les pays en Europe qui sont encore absents de notre mouvement. Nos contacts et camarades sont appelés à nous soutenir dans ce sens.

– Préparer dans chaque pays le séminaire théorique décidée pour 2024/2025 par la conférence de Tunis sur la libération des femmes : « Révolution des femmes – transformation socio-écologique – révolution socialiste : comment vaincre l’impérialisme ? » Organiser des groupes d’étude et de débat autour du sujet.

 

– L’état et la dégradation de nos conditions de vie, la destruction de l’environnement et de la biosphère nous amènent à nous mobiliser contre cette menace pour l’humanité : une journée de lutte pour l’environnement a été décidé, en plus des journées du 8 mars, du 1er mai et du 25 novembre.

La Conférence européenne des femmes de la base a élu ses coordinatrices

Comme décidé dans la résolution finale de Tunis, quatre coordinatrices ont été élues dans chaque continent, au lieu de deux, dont deux se concentreront sur la coordination continentale et deux sur la coordination mondiale. La conférence européenne a élu quatre coordinatrices européennes : Nathalie de France (ADKH – Avrupa Demokratik Kadın Hareketi) ; Myriam d’Espagne (Las Kellys) ; Suse d’Allemagne (Courage) et Karola d’Allemagne (Courage). Maja d’Allemagne (ZORA) et Zaman, également d’Allemagne, ont été élues suppléantes. Halinka Augustin, des Pays-Bas, l’une des coordinatrices européennes précédentes, après 15 ans d’investissement, ne s’est plus représentée et a été remerciée pour son important travail.

Les coordinatrices travailleront en étroite collaboration avec les Jeunes Femmes du Monde et avec le comité d’organisation international qui doit encore être installé. La coordination européenne entame maintenant une nouvelle phase sur le chemin de la 4e Conférence mondiale des femmes en 2027. Les femmes ont de grandes tâches – nous nous y attelons !

Femmes et filles du monde – notre heure est venue !

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