Immigration et impérialisme (article 2)
Lois sur l’immigration
Des lois anti-ouvrières, avant tout.
L’article précédent (extrait d’un bulletin de LFI) nous montrait comment l’immigration est liée au mode de production capitaliste-impérialiste. La dernière loi immigration veut masquer cette réalité en faisant de l’immigré le responsable du chômage, de la délinquance, du mal-vivre…
Le droit des étrangers en France a été réformé 18 fois entre 1996 et 2021, 29 fois depuis 1980 et 117 fois depuis 1945. Aucune des lois et aucun décret n’a pu atteindre les objectifs affichés : contrôler, réguler les flux, restreindre les professions, ni soi-disant intégrer les personnes, accélérer les procédures créer quantité d’obstacles, etc. Mais jamais avec autant de xénophobie et de racisme. Des enjeux politiques : ravir des voix au RN ? Détourner l’attention d’autres crises ? Il y a de tout ça, mais – contrairement à ce que prétend la droite jusqu’à l’ultra-droite du Rassemblement national : Toutes ces lois sont avant tout des lois anti ouvrières et plus largement contre tous les travailleurs salariés.
L’immigration en France c’est non seulement 10% de la population (sans parler de la deuxième génération), mais aussi 20% des travailleurs. Les travailleurs immigrés sont indispensables à la marche de l’économie capitaliste dans tous les secteurs : BTP, industrie, livraison, santé, services à la personne etc. Ils sont une source de profits considérables. Le capitalisme exploite leurs forces de travail plus que tout autre travailleur. D’ailleurs le président du Medef, Patrick Martin s’inquiétait des conséquences économiques et sociales du projet de loi adopté au Parlement : « Les données démographiques de l’Ined (Institut national d’études démographiques) montrent que d’ici 2050, nous aurions besoin de 3,9 millions de salariés étrangers ».
La situation économique de l’impérialisme français et la politique du gouvernement
La 7ème économique mondiale qu’est la France se trouve dans une lutte concurrentielle internationale rude, aggravée par l’apparition de nouvelles puissances impérialistes. Les multiples crises économiques, financières, écologiques et les guerres du système impérialiste mondial ont rendu difficile la lutte pour le profit maximum. Le gouvernement à pour tâche de renforcer les monopoles capitalistes par toutes sortes de mesures, subventions, cadeaux fiscaux, etc Et surtout de renforcer l’exploitation du travailleurs; c’est exactement cette politique que poursuivent les différents gouvernements et bien évidemment le gouvernement Macron.
Depuis des dizaines d’années les lois de précarisation n’ont pas cessées. Pour rappel, celles qui touchent les immigrés : Circulaires Fontanet-Marcellin en 1972, suivent au fil des années divers « aménagements » ; en 2004 sous prétexte de « simplification » elles seront renforcées. Et l’ensemble des travailleurs (français inclus) en 2008, nouveau Code du travail, malgré l’opposition, il sera ratifié par le gouvernement. 2015, loi Macron et loi El-Khomeri qui dégradent encore plus le Code du travail. En 2022 : on se souvient des réformes du chômage, du RSA, de l’APL… En 2023 : allongement de l’âge de la retraite. Et Macron annonçait récemment qu’il n’en avait pas fini. Toutes ces lois, décrets, circulaires, votés ou pas avec le paragraphe 49.3, ont tous comme conséquence à travers de multiples obligations : la baisse du prix de la force de travail.
La nouvelle loi anti-immigration
Le parlement est le terrain de jeu préféré du gouvernement et de l’opposition : tout doit s’y dérouler, loin de la rue. La NUPES dans toutes ses composantes s’y soumet dans une stratégie électoraliste de conquête du pouvoir. Chaque Parti opportuniste de « gauche » prétend à une meilleure gestion du capitalisme-impérialiste sans jamais le remettre en cause. Ils cherchent tous à limiter les effets et les conséquences des crises du système.
Menteur et cynique : la discussion a porté en particulier sur la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension (c’est à dire les moins payés et souvent les plus dangereux). PS, PCF et ex-EELV) sont allés jusqu’à signer un document avec …Sacha Houiller député macronien, réclamant la régularisation des travailleurs sans-papiers mais uniquement dans les métiers en tension… Sur ce modèle, les personnes qui actuellement renouvellent un titre de séjour tous les cinq ans, par exemple, seront amenées à le demander tous les ans sous conditions de l’accord de leur patron et de la Préfecture. C’est encore un moyen de pression, visant à soumettre à des conditions de travail, à des salaires, à une vie de plus en plus difficile. C’est paralyser toutes les légitimes actions et revendications ouvrières.
L’humanisme au service de l’impérialisme. Certains de « gauche » veulent réguler les flux des immigrés sur la base « d’un contrat permettant aux immigrés de pouvoir aller et venir pour un temps défini ». Autant dire réguler la misère, l’exploitation et l’appauvrissement de tous les prolétaires. C’est en connaissance de cause, cyniquement, maintenir une fraction des travailleurs dans l’illégalité et/ou en précarité de façon à leur imposer des conditions de vie et de salaires abusifs. Pour les exploiter eux, mais aussi pour imposer comme base minimum des conditions salariales plus basses que celles qu’impose la législation, et ainsi de proche en proche faire pression sur tous les salaires.
Repousser les droits aux prestations c’est accélérer la dégradation des droits aux prestations sociales pour tous. Pour les étrangers non-européens en situation régulière, les prestations sociales (allocations familiales, APA, APL) seront conditionnées à cinq ans de résidence sur le territoire français (ou à 3 ans pour ceux qui travaillent).
Fin du droit du sol. Jusqu’à présent, les personnes nées en France de parents étrangers obtenaient automatique la nationalité française à la majorité. Ce qui ne serait plus le cas et la carte d’identité de ces jeunes seraient différentes, jusqu’à une demande, pas avant à 18 ans, d’intégration à la nationalité française.
Exclure des sans-papiers de l’hébergement d’urgence et la Première ministre promet d’engager une réforme de l’Aide médicale d’État début 2024, répondant à une demande de la droite... C’est facilité le développement de maladies d’un travailleur pas soigné et peut-être contagieux sur les autres travailleurs, y compris les français, qu’il côtoie au travail ou dans son quartier.
Imposer des quotas migratoires : « pour les trois années à venir, le nombre des étrangers admis à s’installer durablement en France, pour chacune des catégories de séjour, à l’exception de l’asile ». C’est là aussi plonger les clandestins dans la misère et/ou les obliger au travail clandestin etc.
Toutes les mesures de la loi se révèlent pour ce qu’elles sont : des mesures autoritaires contre l’ensemble des travailleurs et pas seulement contre les immigrés. Avec pour objectif économique d’abaisser le prix de la force de travail de tous les salariés et comme objectif politique : diviser le monde du travail, pour en affaiblir la résistance.
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Notre projet de programme de 2018 (voir sur le site) avance les revendications suivantes pour les immigrés et migrants :
*Régularisation de tous les sans papiers
*Libre circulation et installation
*Accueil digne des migrants
*Droit de vote des travailleurs étrangers
*Pour l’égalité complète en droit
*Pour l’internationalisme prolétarien ; pour la coopération
dans la lutte de libération sociale.
*Pour la liberté et l’indépendance des colonies de la France
*Dénonciation des guerres coloniales et néocoloniales