24 novembre 2024

Agriculture et élevage dans la tempête.

Agriculture et élevage dans la tempête.

Des tracteurs ont défilé en continu à la télé, hollandais d’abord, allemands, puis français, même italiens : les paysans en colère barrent les autoroutes, déversent du lisier.

En tant qu’organisation prolétarienne, nous devons comprendre la volonté d’imposer des réformes de la part des petits et moyens paysans qui vivent très mal de leur travail, comme beaucoup de salariés. Soyons solidaires et demandons une hausse des prix à la production.

Quelques remarques concernant la France :

*D’abord il y a des ouvriers agricoles (environ 320 000, permanents ou saisonniers).

*Les paysans propriétaires de la terre, non salariés sont environ 470 000.

*En haut de l’échelle des revenus, 40 000 sont des gros propriétaires souvent liés à l’industrie et employant l’essentiel des salariés.

Entre ouvriers agricoles, d’une part, et agro-industriels, investisseurs, grands propriétaires, d’autre part, se trouve la masse des petits et moyens agriculteurs ou éleveurs qui cherchent à survivre en livrant leur production dont ils ne peuvent eux-mêmes fixer le prix.

Ayant abandonné pour la plupart les pratiques de solidarité entre eux dans les années 70-80 au profit d’un illusoire développement en tant qu’entreprise valorisant un capital, ils subissent de plein fouet les lois du capitalisme : concurrence entre eux à l’échelle nationale et surtout internationale, surproduction qui fait baisser les prix, hausse du prix des terres accaparées par l’agrobusiness, hausse rapide du prix du matériel (tracteur + 40 % en quelque 5 ans), des engrais, des semences, des pesticides qui tuent les sols, encadrement du crédit qui pousse à la ruine et même au suicide nombre d’entre eux.

*Tout en obtenant de l’État ou de l’Union Européenne quelques petits « avantages » comme la baisse des taxes sur le diesel, le maintien de l’usage des produits toxiques dont ils sont les premières victimes, leur avenir, c’est la surexploitation et finalement leur disparition en tant que petits propriétaires. Les « aides » du gouvernement qui représentent quelques centaines d’euros par ferme ne les sauveront pas.

*Ainsi le nombre d’exploitations diminue très vite passant de 1 580 000 en 1970, à 630 000 en 2000 et à 380 000 en 2020, les surfaces utiles passant d’une moyenne de 20 ha à 69. Cela montre l’effet de la politique des gouvernements et des syndicats dominants, la FNSEA et la Coordination Rurale.

*Ces directions syndicales ainsi que la commission européenne ont en toute connaissance de cause œuvré au profit des plus gros et plus riches propriétaires dont le nombre a augmenté, accumulant l’essentiel des aides européennes.

*Ces derniers ainsi que les industriels et la grande distribution sont pour la « concurrence libre et non faussée », l’accès aux produits agricoles les moins chers tandis que les paysans petits et moyens voudraient surtout que leur travail soit « justement » rémunéré.

* Les monopoles non agricoles souhaitent aussi que la part du pouvoir d’achat des masses consacrée à la nourriture baisse permettant l’augmentation des achats dans leur spécialité comme l’automobile, l’électronique etc . Ce qu’on appelle la plus-value relative : avec l’augmentation de la productivité dans toutes les branches d’activité qui permettent la consommation et donc le renouvellement de la force de travail, le prix de celle-ci baisse, les salaires globalement ont tendance à baisser. Tout cela est une question de rapport de forces entre bourgeoisie et prolétariat.

Quelle issue pour les luttes de la masse des paysans ?

*Mettre au premier plan la question de leur rémunération et de leurs conditions de travail qu’ils ont en commun avec les salariés et la question de la sauvegarde de l’environnement. Les salariés sur ces deux questions leur ont déjà manifesté leur soutien ces derniers jours. Ils ont le même adversaire. Mais les salariés consommateurs des produits agricoles doivent exiger l’arrêt de l’usage des produits toxiques qui nuisent à leur santé et détruisent la nature.

*D’abord se démarquer de la politique du capital financier et des monopoles et résister à la démagogie de l’extrême droite.

*L’avenir de la masse des paysans est dans la lutte commune avec le prolétariat, notamment le prolétariat industriel international, pour le renversement de la dictature du capital monopoliste d’État qui en fait des esclaves, les pousse à s’endetter et même au suicide.

L’instauration d’un pouvoir des ouvriers et des paysans pauvres en Russie et en Chine a permis une amélioration rapide des conditions de vie de ces derniers par la collectivisation tant qu’ils participaient au pouvoir avec les communistes véritables. Aujourd’hui la nouvelle bourgeoisie en Chine, avec ses soi-disant « experts économiques » n’hésite pas à les exproprier souvent sans indemnité.

*Sous le socialisme, la règle ne sera pas la concurrence, mais la coopération, l’organisation de la production planifiée avec les autres acteurs de la vie économique, l’élimination de l’opposition ville / campagne et de l’opposition travail physique / travail intellectuel, l’élimination des produits toxiques dans l’agriculture qui fait des ravages chez les producteurs et les consommateurs et détruit la nature.

Des camarades de l’UPML

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