22 décembre 2024

SNU : Que signifie cette obsession du réarmement ?

Le collectif « Non au SNU » de la région parisienne à raison de dénoncer les objectifs du gouvernement. Nos dirigeants annoncent que cela devait servir à «renforcer l’unité républicaine de notre jeunesse», à «créer de la cohésion», à éduquer à la «laïcité». Tromperies. Il faut prendre au sérieux les déclarations de Macron sur la possibilité d’envoyer des troupes en Ukraine. Rappelons que les capitalistes français sont dans les premiers investisseurs dans ce pays : achat de terre, d’industries, etc.  Ajoutons qu’aujourd’hui qu’un des aspects de cette préparation c’est une très nette tendance à la réaction politique dans tous les secteurs de la vie sociale . La politique du SNU en fait parti et le collectif à raison d’affirmer que “l’infâme loi dite « sur l’immigration », les violences policières, le productivisme qui détruit l’environnement, la volonté d’imposer l’uniforme à l’école, les appels incessants aux « réarmements », entrent dans ce cadre.” Cette tendance est la suite logique de ce monde capitaliste, de ses guerres économiques, des tensions politiques que nous voyons se développer de jour en jour. Ce monde prépare la guerre, à nous de construire et rejoindre le Front Uni international créé en septembre dernier (voir sur ce site nos articles). Faire Front contre de nouvelles barbaries et préparer la révolution socialiste seule possibilité d’abolir l’ordre capitaliste-impérialiste (la rédaction du site).

Un « réarmement civique et moral »?
Ce début d’année 2024 a été marqué par les déclarations du président de la République et de plusieurs ministres sur la nécessité d’un «réarmement civique et moral » de la jeunesse. Prisca Thevenot (ex-Secrétaire d’État à la Jeunesse et au SNU, aujourd’hui porte-parole du gouvernement) développe
à ce propos « Le sens du devoir, il n’est pas inné, il s’apprend, il se développe, il s’entretient. Et oui, le Service national universel permet cela. Nous devons nous rappeler que nous avons un destin commun, peu importe d’où l’on vient, où on habite, qui l’on est. »
Ce
tte idée fausse du « destin commun », vieille rengaine de la propagande de guerre, participe, comme l’uniforme, à la tentative gouvernementale de masquer les inégalités sociales. Or, dans l’Histoire comme de nos jours, ce sont les milieux populaires qui paient le plus lourd tribut à la guerre, qu’on soit envoyé·es au front ou qu’on subisse les destructions et la misère qu’elle engendre. Proposer le stage de cohésion du SNU comme seule alternative aux élèves de seconde qui ne trouveraient pas de stage dans le monde professionnel au mois de juin, correspond d’ailleurs à cette idée. Ce sont élèves les plus pauvres, ne bénéficiant pas toujours d’un réseau suffisant, qui se retrouveront inscrit.e.s au stage de cohésion du SNU.
Si les classes populaires sont les premières visées, c’est toute la jeunesse qui est sommée de se tenir sage. Inculquer une obéissance aveugle aux règles et aux normes, soumettre les corps et les esprits à une discipline de fer et à des rituels militaires, allant jusque parfois mettre la santé d’adolescent.e.s en danger, ne reconnaître comme « engagement » valable que les dispositifs étatiques, voilà le « sens du devoir » prôné par le gouvernement à travers le SNU.
Alors que les jeunes lorsqu’elles et ils s’engagent, de manière autodéterminée, pour lutter contre le racisme, la destruction de la terre, pour défendre leur droit à étudier, le partage des richesses, le droit au logement, l’égalité des droits et contre les discriminations… sont très durement réprimé·es.

Les jeunes, armée de réserve corvéable à merci
En parallèle de ce « réarmement moral et civique »
et derrière les éléments de langage du gouvernement, il y a aussi le « réarmement militaire ». La loi de programmation militaire 2024-2030 augmente le budget des Armées de 3 à 4 milliards d’euros tous les ans, soit 413 milliards d’euros en tout. Le SNU fait partie intégrante de cette augmentation exceptionnelle des moyens dévolus à l’armée et à la guerre. E. Macron annonçait, dès 2017, qu’il « permettra[it] de disposer, en cas de crise, d’un réservoir mobilisable complémentaire de la Garde nationale »1. Intégré au plan « Ambition armée-jeunesse » de 2021, il a pour objectif de recruter de jeunes réservistes. Le décret 2020.922 du 29 juillet 2020 crée une « réserve du Service National Universel », visant à doubler les effectifs des réserves opérationnelles d’ici 2030. Accomplir son SNU, c’est donc s’exposer à être mobilisé, sur simple décret présidentiel, pour aller faire la guerre.
Accomplir son SNU c’est aussi, pour les jeunes, occuper des emplois sans contrat, sans salaire ou presque, sans convention collective ou statut, sans la possibilité de s’organiser syndicalement, sans droits individuels et collectifs. Elles et ils vont être très vivement encouragé·es à poursuivre leur « engagement volontaire » par un service civique, dans les mêmes conditions de précarité. Les JO sont un laboratoire de « l’engagement » à la sauce macroniste. Les jeunes participant au SNU sont lourdement incité·es à prendre part, sous forme de service civique ou autre contrat précaire, au déferlement sécuritaire accompagnant les jeux.

Captation des budgets de l’éducation publique au profit de « l’école caserne »
« Je souhaite, en tant que secrétaire d’État à la Jeunesse et au SNU, que ce Service national universel devienne un passage républicain pour chaque jeune de notre nation. Donc oui, je souhaite qu’il soit généralisé », a indiqué, le 5 janvier, Prisca Thévenot. S’il était généralisé, le SNU coûterait plus de 3 milliards d’euros par an à l’Éducation nationale2 . Le ministre de l’économie a annoncé, en février 2024, une nouvelle baisse des dépenses publiques en exigeant, des différents ministères et politiques publiques, 10 milliards d’euros supplémentaires, s’ajoutant aux 16 milliards d’économie déjà actés dans le budget 2024. Malgré les déclarations du premier ministre sur l’école « mère des batailles », l’éducation nationale va devoir contribuer aux économies à hauteur de près de 700 millions d’euros, en affectant notamment l’enveloppe servant à payer les personnels de vie scolaire, accompagnantes d’élèves en situation de handicap. Le financement de la généralisation du SNU, si elle a lieu, se ferait donc sur les milliers de suppressions de postes, de fermetures de classes et la fin de dispositifs plus émancipateurs.

Face à la militarisation et à la soumission des jeunes, la résistance paie !
En tant que jeune, parent, enseignant·e, on peut refuser de prendre part à l’offensive militariste menée par le gouvernement. Refuser de participer au stage de cohésion, faire barrage en conseil d’administration, en conseil d’école, ou par une mobilisation collective, lorsque l’établissement ou l’école est sollicité pour accueillir une « classe engagée » (participation de toute une classe au séjour de cohésion sur temps scolaire), ou pour expérimenter l’uniforme, dénoncer le chantage au stage de seconde…
Des mobilisations récentes de parents, d’enseignant·es et parfois d’élu·es, ont permis dans certaines villes de refuser l’uniforme à l’école ou l’intervention de
Raid aventure (atelier de maintien de l’ordre proposés aux enfants par des membres des « forces de l’ordre ») dans un établissement scolaire ou un lieu public.
La résistance collective est notre force ! Refusons le SNU ! Refusons la militarisation de la société.

Le collectif « Non au SNU » de la région parisienne

Ce collectif regroupe des parents, des lycéen.ne.s, des enseignant.e.s, des militant.e.s syndicalistes et/ou antimilitaristes.

Contact : collectifnonausnu-idf@mailo.com

1 Extrait du discours d’Emmanuel Macron sur la Défense, Paris, 18 mars 2017.

2 Le service national universel : la généralisation introuvable, Rapport d’information du Sénat n° 406 (2022-2023), déposé le 8 mars 2023.

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