Quand nous disons que nous sommes marxistes et léninistes les ignorants nous parlent de « dogmatisme », près à renvoyer Marx et Lénine aux poubelles de l’histoire, sans en comprendre toute l’actualité. Voyons, à propos de l’immigration, ce qu’en dit Karl Marx au 19ème siècle et ce qu’en dit Lénine au 20ème (voir sur le même sujet nos précédents articles de décembre 2023).
Marx : l’immigration comme armée de réserve
Dans Le Capital Marx en parle, entre autres dans le passage suivant :
« A mesure que (le progrès industriel) développe les pouvoirs productifs du travail et fait donc tirer plus de produits de moins de travail, le système capitaliste développe aussi les moyens de tirer plus de travail du salarié, soit en prolongeant sa journée, soit en rendant son labeur plus intense, ou encore d’augmenter en apparence le nombre des travailleurs employés en remplaçant une force supérieure et plus chère par plusieurs forces inférieures et à bon marché, l’homme par la femme, l’adulte par l’adolescent et l’enfant, un yankee par trois Chinois.
L’excès de travail imposé à la fraction de la classe salariée qui se trouve en service actif grossit les rangs de la réserve et en augmentant la pression que la concurrence de la dernière exerce sur la première, force celle-ci à subir plus docilement les ordres du capital » (Livre 1 du Capital)).
Autrement dit, face au progrès industriel les capitalistes importent des travailleurs étrangers pour grossir l’armée industrielle de réserve (le chômage), augmenter la concurrence entre prolétaires, cette « guerre de tous contre tous » et abaisser le prix de la force de travail.
Et Marx ajoutera à propos des immigrés irlandais : « A cause de la concentration croissante de la propriété de la terre, l’Irlande envoie son surplus de population vers le marché du travail anglais, et fait baisser ainsi les salaires, et dégrade la condition morale et matérielle de la classe ouvrière anglaise.
Et le plus important de tout ! Chaque centre industriel et commercial en Angleterre possède maintenant une classe ouvrière divisée en deux camps hostiles, les prolétaires anglais et les prolétaires irlandais. L’ouvrier anglais moyen hait l’ouvrier irlandais comme un concurrent qui abaisse son niveau de vie…. L’Irlandais lui rend d’ailleurs la pareille, et avec intérêts. Il voit dans l’ouvrier anglais à la fois le complice et l’instrument stupide de la domination anglaise en Irlande.
Cet antagonisme est artificiellement maintenu et intensifié par la presse, les orateurs, les caricatures, bref, par tous les moyens dont disposent les classes dominantes. Cet antagonisme est le secret de l’impuissance de la classe ouvrière anglaise, en dépit de son organisation. C’est le secret grâce auquel la classe capitaliste maintient son pouvoir. » (Le Capital)).
De même aujourd’hui la classe capitaliste est parfaitement consciente que la division entre prolétaires immigrés et français est un facteur important de paralysie de la classe ouvrière et elle entretient par tous les moyens cette division, cette hostilité, ce racisme, ce sentiment de supériorité nationale. Ce qui se traduit dans les syndicats et jusque dans beaucoup d’organisations ouvrières par une indifférence foncière envers le sort et les difficultés particulières de cette fraction importante du prolétariat. Sans parler de la place particulière du travailleurs immigrés dans la production, dans le bâtiment et dans de nombreux secteurs importants de la machine capitaliste.
Lénine et l’immigration des prolétaires
Un autre point très important c’est l’internationalisation de l’immigration souligné par Lénine et ses conséquences pour la révolution mondiale :
« Le capitalisme a créé une sorte particulière de transmigration des peuples. Les pays dont l’industrie se développe rapidement, utilisant davantage de machines et évinçant les pays arriérés du marché mondial, relèvent chez eux les salaires au-dessus de la moyenne et attirent les ouvriers salariés des pays arriérés.
Des centaines de milliers d’ouvriers sont ainsi transplantés à des centaines et des milliers de verstes (une verste équivaut à 9.300 m.). Le capitalisme avancé les fait entrer de force dans son tourbillon, les arrache à leurs contrées retardataires, les fait participer à un mouvement historique mondial et les met face à face avec la classe internationale puissante et unie des industriels.
Nul doute que seule une extrême misère force les gens à quitter leur patrie et que les capitalistes exploitent de la façon la plus éhontée les ouvriers émigrés. Mais seuls les réactionnaires peuvent se boucher les yeux devant la signification progressive de cette moderne migration des peuples. Il n’y a pas et il ne peut y avoir de délivrance du joug du capital sans développement continu du capitalisme, sans lutte des classes sur son terrain. Or, c’est précisément à cette lutte que le capitalisme amène les masses laborieuses du monde entier, en brisant la routine rancie de l’existence locale, en détruisant les barrières et les préjugés nationaux, en rassemblant des ouvriers de tous les pays dans les plus grandes fabriques et mines d’Amérique, d’Allemagne, etc… » (Lénine: article en 1913)
Nous avons souligné en gras deux 2 phrases clefs de Lénine qui montre 2 aspects positifs de l’immigration du point de vue de la révolution prolétarienne mondiale : l’immigration et son rôle progressiste et quel met face à face le prolétariat mondial et la bourgeoisie mondiale.
Et Lénine d’en conclure la leçon politique suivante « La bourgeoisie cherche à diviser en excitant les ouvriers d’une nation contre ceux d’une autre. Les ouvriers conscients, comprenant qu’il est inévitable et progressif que le capitalisme brise toutes les cloisons nationales, s’efforcent d’aider à éclairer et à organiser leurs camarades des pays arriérés ».
Voilà quelle doit être la perspective communiste : constamment lutter contre les points de vue, et politiques, contre les lois qui visent à diviser la classe prolétarienne. C’est pourquoi nous luttons actuellement avec tous les Sans-papiers, travailleurs ou non, et avec les jeunes exilés pour qu’ils obtiennent les mêmes droits sociaux et politiques que les nationaux pour qu’ils s’unissent en une seule classe.
Alors que Jean Jaurès sombrait dans le chauvinisme en faisant l’éloge du
« socialisme douanier » pour mieux « protéger la main d’œuvre française contre la main d’œuvre étrangère » bon marché, Lénine à l’opposé, au début des années 1910, évoquait, pour s’en féliciter cette fois, la « transmigration des peuples », créée par le capitalisme, contribuant à rassembler les ouvriers du monde entier dans une perspective internationaliste et révolutionnaire.
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Notre projet de programme de 2018 (voir sur ce site) avance les revendications suivantes pour les immigrés et migrants :
*Régularisation de tous les sans papiers
*Libre circulation et installation
*Accueil digne des migrants
*Droit de vote des travailleurs étrangers
*Pour l’égalité complète en droit
*Pour l’internationalisme prolétarien ; pour la coopération
dans la lutte de libération sociale.
*Pour la liberté et l’indépendance des colonies de la France
*Dénonciation des guerres coloniales et néocoloniales