Ce qui intéresse l’impérialisme français ce sont les sources de matières premières, les débouchés et les placements financiers, voilà les objectifs impérialistes de tous les capitalistes monopolistes. Pour atteindre ces objectifs, tous les moyens sont bons. Les impérialistes ont recours aux intrigues diplomatiques, à la corruption, à la participation aux bénéfices, au chantage, à la menace, aux attentats, au remaniement des gouvernements au moyen de la corruption, aux coups d’État militaires à l’aide d’officiers corrompus, à l’agression militaire de l’extérieur par des mercenaires étrangers ou par leurs propres troupes et ainsi de suite. (extrait de la brochure de S. Engel sur la formation des pays nouvellement impérialistes)
L’histoire de Mayotte est tout a fait édifiante on pourra lire : « Mayotte. Département colonie » (La Fabrique, 2024· Rémi Carayol, journaliste, en est l’auteur). En voici la présentation:
« Il y a cinquante ans, la population de l’archipel des Comores était invitée à se prononcer sur le statut de son territoire. Si trois des quatre îles votèrent massivement pour l’indépendance, Mayotte (Maore), où un courant sécessionniste animé par l’élite créole exerçait un puissant lobbying, vota contre, tandis qu’à Paris l’armée et le « parti colonial » encore très puissant ne voulaient pas perdre cette position stratégique dans l’océan Indien. La France accorda donc l’indépendance aux Comores mais conserva Mayotte, devenue en 2011 le 101e département français à l’issue d’un processus unique de « colonisation consentie ».
Tout renvoie à la colonie sur cette île : les ghettos de Blancs, la hiérarchisation raciale au travail comme dans la vie quotidienne, la dépendance économique envers la « métropole », les défaillances des infrastructures mises en lumière par les récentes pénuries d’eau… Entre des Mahorais reniant leur passé pour être « français à tout prix », dont la dérive vers l’extrême droite semble sans fin, des « métros » qui se comportent en terrain conquis et cultivent l’entre-soi, et des Comoriens devenus « étrangers » par l’effet d’une politique d’État délibérée, la violence à Mayotte est le résultat d’un double processus de dislocation et de colonisation. Ce livre raconte les principaux épisodes de cette histoire et dresse un portrait sans concession de « Mayotte française » et du présent colonial qui continue de l’animer.
· Comores en 1975, la France organise un référendum d’indépendance île par île et non pour l’ensemble de l’Archipel comme l’exige le droit international. Terrorisant les électeurs et truquant les résultats, elle arrache illégalement Mayotte aux Comores, acte condamné depuis par une vingtaine de résolutions de l’ONU.
Les Comores deviennent alors une base pour les trafics les plus troubles du gratin françafricain : armes, mercenariat, affairisme avec le régime d’apartheid sous embargo… Deux hommes ont accompagné les putschistes successifs, au nom des intérêts françafricains. Le premier est le mercenaire Bob Denard qui a fait et défait les pouvoirs locaux durant la première phase de sabotage politique, de 1975 à 1995, menant même en personne un assaut meurtrier contre le président Abdallah en 1989. Le second est Jean-Yves Ollivier, qui a entre autres servi de relais dans un vaste trafic d’armes…En effet, depuis 1995, le visa Balladur impose aux Comorien-ne-s d’obtenir un visa de la France pour se rendre sur Mayotte, ce qui place par conséquent les Comorien-ne-s dans une situation d’illégalité chez eux à Mayotte s’ils n’ont pas ce visa.
.Mayotte en 1974, les Comores (archipel de l’océan Indien composé de 4 îles), alors colonie française, se prononcent pour leur indépendance. À l’issue du référendum, la France procède à un comptage des voix par île et non sur l’ensemble du pays, comme le prévoit pourtant le droit international. Cela lui permet de garder l’île de Mayotte au sein de ses territoires d’outre-mer pendant que le reste des Comores devient indépendant.
.En 1995, la France impose aux Comorien-ne-s un visa pour se rendre à Mayotte, le « visa Balladur ».
Quasiment inaccessible pour les Comorien-ne-s, il les pousse à traverser le bras de mer qui sépare Mayotte du reste des Comores à bord de bateaux de fortune provoquant la mort de dizaines de milliers de personnes dans l’Océan indien. Ce visa crée une distinction entre les Comoriens d’un côté et les Mahorais de l’autre pourtant issus d’un même peuple partageant culture, religion et langue. Elle se cristallise en 2011 lorsque Mayotte, après avoir connu de nombreux statuts de collectivité d’outre-mer, devient un département français ….· »
Rémi Carayol par les éditions La Fabrique (https://lafabrique.fr/mayotte/) :