Un rappel : le Front Uni Internationale invite à son prochain webinaire en ligne le Dimanche 13 juillet 2025, 14:00 CET (Lien pour participer: https://us02web.zoom.us/j/85305570245?pwd=xkBdbyTRCHJrtUM4N0XYD546AjpA33.1 ) sur le thème échange d’opinions et d’expériences sur le fascisme et l’antifascisme aujourd’hui. Et sur l’état des préparatifs pour la conférence de Zimmerwald 2.0.
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Deux articles : l’un d’une lectrice sur l’anti-militarisme, l’autre sur l’avancée de la militarisation en Allemagne et en France.
Une carte anti-militariste, qui veut répertorier les différents éléments de l’infrastructure militaire de l’État français, tant au niveau des usines d’arme (arme de guerre et celles du maintien de l’ordre) qu’au niveau des bases militaires (de métropole, d’outre-mer et de l’étranger).
Lien vers la carte : https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/anti-militarisme-fr_1241704#3/25.56/8.70
Commentaire de la lectrice qui nous envoie cette carte :
Le courant anti-militariste suit un recul notable en France depuis la fin de la guerre froide et du service militaire. Pourtant, en 2025 l’appareil militaire de l’état français reste une force profondément réactionnaire et oppressive, participant tant à l’appareil colonial français qu’à la répression des mouvements sociaux ou à l’humiliation et aux mauvais traitements des soldats.
Par ailleurs, la France est à la seconde place des plus grands exportateurs d’armes du monde, derrière les USA et devant la Russie. Sa première destination est les Émirats Arabes Unis (où la France possède plusieurs bases militaires à la frontière de l’Iran) : ce pays est connu pour sa violation des droits humains et une plaque tournante du trafic d’arme mondial (notamment connu pour envoyer des armes européennes dans des pays sous embargo européen comme le Soudan). La France continue également d’armer l’armée israélienne (pour 205 millions d’€ selon l’Humanité), qui utilise ces armes pour commettre le génocide de Gaza, la colonisation de la Cisjordanie et pour s’imposer comme une puissance impérialiste qui fait la guerre dans toute la région.
L’enjeu de la lutte anti-militariste, invisibilisé pour les masses et les travailleurs français au quotidien, reste donc d’une actualité brûlante dans la vie et dans la chair des habitants d’Ukraine et de Russie, de Kanaky et de Palestine, du Soudan et du Pakistan, des militants français des luttes sociales et environnementales.
Dans cette perspective et afin d’informer le public, nous vous proposons une carte qui répertorie les différents élements de l’infrastructure militaire de l’état français, tant au niveau des usines d’armes (armes de guerre et celles du maintien de l’ordre) qu’au niveau des bases militaires (de métropole, d’outre-mer et de l’étranger).
Cette carte est produite et alimentée par des bénévoles. Vous pouvez y participer en envoyant un mail à l’adresse suivante : sidtoor777@disroot.org
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Militarisation : l’Allemagne se réarme massivement, la France veut plus d’uniformes dans les rues
Alors que l’extrême droite part à l’assaut du pouvoir dans de nombreux pays et que les dirigeants occidentaux sont frappés par une crise de légitimité sans précédent, la guerre est à l’ordre du jour. En Allemagne comme en France, nos dirigeants nous préparent au pire et font couler des rivières d’argent pour l’économie de guerre.
En Allemagne : réarmement massif
Friedrich Merz, le nouveau chancelier allemand, a promis lors d’un discours prononcé au parlement le 14 mai de doter son pays de «l’armée la plus puissante d’Europe» et il a qualifié le renforcement de la Bundeswehr de «priorité absolue». C’est sans précédent depuis la seconde guerre mondiale.
Le 23 février dernier, au lendemain de sa victoire électorale, suite à un scrutin marqué par une montée fulgurante du parti néo-nazi AfD, Merz avait scandé : «L’Allemagne est de retour», reprenant les slogans nationalistes de Trump ou de Reagan. Le 6 mai, il avait fait voter en urgence un budget de 1.000 milliards d’euros pour renforcer l’armée allemande. Il enterrait au passage la fameuse «rigueur budgétaire» allemande. Merz a d’ailleurs déclaré qu’il était «prêt à ‘suivre’ le président américain Donald Trump dans [l’objectif] de consacrer 5 % de [son] PIB à la défense».
La somme est hallucinante. Mille milliards d’euros pour «financer le réarmement du pays et moderniser les infrastructures» à l’aide de «deux fonds spéciaux». En 2022 déjà, le chancelier Olaf Scholz débloquait 100 milliards d’euros pour l’armée et annonçait un «changement d’époque», promettant : «L’Allemagne aura bientôt la plus grande armée conventionnelle d’Europe dans le cadre de l’OTAN».
En 2023 Boris Pistorius, le ministre de la Défense socialiste, qualifiait «d’erreur» la suppression du service militaire obligatoire, et il déclarait : «Nous devons nous habituer à nouveau à l’idée qu’il pourrait y avoir une menace de guerre en Europe. Et cela signifie : nous devons nous préparer à la guerre». Cette remilitarisation aussi massive que rapide de l’Allemagne est extrêmement inquiétante, les sommes titanesques débloquées pour l’armement vont lui permettre de restructurer toute son industrie – frappée par une crise profonde – autour de l’industrie militaire. Une usine automobile a par exemple été convertie en usine d’armement.
Le gouvernement allemand vante la «dimension dissuasive de moyens militaires accrus» et de mettre en place un «nouveau service militaire volontaire attractif». «Le gouvernement fédéral mettra à disposition tous les moyens financiers dont la Bundeswehr a besoin». Budget illimité.
En France : plus de kaki dans les rues
«La visibilité des armées est primordiale» estime le gouverneur militaire de Paris. En France, les autorités veulent mettre du kaki partout dans l’espace public pour conditionner la population à une ambiance de guerre.
Dans une note d’avril, le gouverneur militaire de Paris a rappelé aux soldats qu’ils étaient autorisés et encouragés à porter leur uniforme en dehors des enceintes militaires et en dehors de leur temps de service. La mesure vise selon lui à «renforcer la cohésion nationale».
«Leur tenue est un symbole» se félicite Le Figaro, «elle a fait d’eux des cibles potentielles pour des terroristes cherchant à s’en prendre à des figures d’autorité». Mettre des tenues militaires serait donc une manière d’imposer une ambiance, après avoir déployé toujours plus de policiers armés dans les rues. L’ordre règne.
Le général Mizon explique ainsi : «Face aux évolutions rapides de notre environnement stratégique et aux manœuvres de déstabilisation de nos compétiteurs, le renforcement de la cohésion nationale est crucial […] La visibilité des armées en île de France est donc primordiale». Une source militaire ajoute dans le Figaro : «Les gens sont contents de voir des militaires dans la rue», explique une source militaire, «ça les rassure». Bien sur.
Encore plus inquiétant, le chef d’état-major de l’armée française déclare : «Il faut cesser de se croire en paix à la maison», et il estime que les militaires doivent rester en alerte dans un contexte de guerre hybride. Dans la tête de nos dirigeants, nous sommes donc déjà en guerre.
Le déploiement de militaires dans l’espace public ne doit pas être considéré comme « normal ». Il remonte à l’année 1995, avec le lancement du plan Vigipirate sur fond d’attentats. Au nom de la lutte anti-terroriste, des militaires étaient déployés dans les lieux publics pour la première fois en temps de paix. La population s’est progressivement accoutumée à cette présence de treillis et d’armes de guerre dans les gares, les aéroports et dans les rues.
Prévu pour être temporaire, Vigipirate sera sans cesse prolongé, durci, puis complété par l’Opération Sentinelle en 2015. L’armée prétendait déployer des milliers d’hommes pour «s’adapter aux nouvelles menaces» et «sécuriser les points sensibles» du territoire. Dans les faits, nous sommes conditionnés par la militarisation de notre environnement.
(Réalisé à partir du bulletin numérique Contre-attaque)