10 décembre 2025

Communiqué de la coordination européenne de la Conférence mondiale des femmes de la base

Lire plus bas, pour information, le compte rendu de la Première conférence des Femmes Communistes Révolutionnaires (JKŞ) du Rojava et du Nord et de l’Est de la Syrie à Hesekê.

Coordination européenne de la Conférence mondiale des femmes de la base 

En mémoire des sœurs Mirabal Patria, Minerva et María Teresa engagées contre la dictature de Trujillo en République dominicaine, emprisonnées et torturées pour leurs actes militants, puis assassinées le 25 novembre 1960. Leur lutte et leur sacrifice ont fait de cette date un symbole mondial de résistance face à la violence, à l’oppression et à toutes les formes de domination.Soixante-cinq ans plus tard, leur combat résonne avec force. Les formes de domination ont changé, mais les mécanismes de pouvoir restent les mêmes : violence, guerre, répression, précarité.                                                                                          Les femmes continuent de se battre contre les dictatures, les occupations, les guerres impérialistes et les violences d’État.             Aujourd’hui, de la Palestine à l’Ukraine, du Soudan au Kurdistan, de la République Démocratique du Congo aux frontières de l’Europe, les femmes de la base résistent aux bombes, à la faim, à l’exil et à la militarisation.Elles soignent, nourrissent, organisent, reconstruisent tout en dénonçant les crimes des puissants et en exigeant la paix.                                                                           Nous, coordination européenne de la Conférence mondiale des femmes de la base, exprimons notre solidarité avec toutes ces femmes qui affrontent à la fois la violence du patriarcat et celle des guerres décidées sans elles, contre elles.
Ces violences ne sont pas le seul fait du patriarcat : elles s’inscrivent dans un système impérialiste, capitaliste et raciste qui organise l’exploitation et la domination à l’échelle mondiale. Ce système, dans lequel certaines femmes occupent également des positions de pouvoir, perpétue les guerres, la pauvreté et les inégalités. C’est ce système que nous devons combattre, et non les hommes individuellement.
Nous rappelons aussi que la lutte contre les violences ne se limite pas aux conflits armés. Les violences du quotidien, qu’elles soient physiques, économiques, sociales ou institutionnelles, continuent de priver des millions de femmes de leur indépendance, de leur dignité et de leur autodétermination.
Nous tenons à saluer Gisèle Pélicot, dont le combat mené l’an dernier a profondément marqué le mouvement des femmes. Sa détermination face à la violence institutionnelle et son exigence de justice incarnent la force et la persévérance des femmes de la base.
Nous dénonçons :
  • Les guerres impérialistes et colonialistes qui détruisent les vies et exploitent les peuples ;
  • L’impunité des viols et violences sexuelles utilisés comme armes de guerre ;
  • La militarisation croissante de l’Europe et la complicité des gouvernements avec l’industrie de l’armement ;
  • Les politiques racistes et xénophobes qui ferment les frontières aux femmes réfugiées et migrantes ;
  • Le silence complice des institutions face aux violences patriarcales, économiques et systémiques qui tuent chaque jour.
Nous affirmons :
  • Que notre féminisme est anti-patriarcal, antiraciste, anticapitaliste et anti-impérialiste ;
  • Que la paix ne se construit pas avec des armes, mais avec justice, égalité et solidarité ;
  • Que les femmes de la base, unies à travers le monde, portent l’espérance d’un avenir libéré de toutes les oppressions.
En ce 25 novembre, dans la lignée des sœurs Mirabal, nous faisons vivre leur héritage de résistance.
Nous appelons toutes les femmes à se lever, à s’organiser, à prendre la parole et à marcher pour la paix, la liberté et la dignité.
Contre le patriarcat et les guerres,
Pour la vie et la justice,
Nous sommes les héritières des sœurs Mirabal.
Rejoignez-nous !
Femmes de la base, travailleuses, mères, jeunes, migrantes, paysannes, étudiantes nos luttes sont les mêmes, nos voix se renforcent ensemble.
Nous vous invitons à rejoindre la Conférence mondiale des femmes de la base, un espace international de solidarité, d’échanges et d’action, où les femmes du monde entier s’organisent pour la paix, la justice et la liberté.
➡️ Du 27 au 29 novembre 2025, un séminaire théorique international se tiendra au Népal, pour approfondir notre réflexion collective, partager nos expériences de lutte et préparer ensemble la prochaine Conférence mondiale des femmes de la base. Nous invitons toutes les femmes, collectifs, syndicats, organisations et mouvements populaires à y participer activement et à porter haut la voix des femmes d’Europe et du monde.
Ensemble, faisons vivre l’esprit des sœurs Mirabal : debout, unies, courageuses, libres.
Plus d’informations sur www.worldwomensconference.org
Jin, Jiyan, Azadi !

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Première conférence du JKŞ – Les femmes de la Syrie luttent pour défendre la révolution

En octobre, les Femmes Communistes Révolutionnaires (JKŞ) du Rojava et du Nord et de l’Est de la Syrie ont organisé leur première conférence à Hesekê. Cette dernière avait pour thème « Nous renforçons notre organisation pour protéger les acquis de la révolution des femmes ».

De nombreuses femmes de différentes régions, nations et confessions se sont réunies : des femmes alaouites de la région côtière syrienne, des femmes de Serêkanîye, d’Efrîn, de Kobanê, de Dirbesîye et de Til Temir. Toutes étaient unies par la volonté déterminée de défendre la révolution des femmes et de s’organiser contre le HTS politico-islamique et fasciste et sa politique misogyne. Plus de 50 déléguées se sont réunies, pleines d’espoir pour l’avenir de la révolution, et ont réaffirmé une fois de plus leur revendication d’être l’avant-garde communiste de la révolution des femmes. Beaucoup étaient conscientes d’être les témoins d’un moment historique.

Les périodes de bouleversements exigent une attitude révolutionnaire

Dans le discours d’ouverture, il a été soulignée l’importance historique de la 1ère conférence de l’organisation qui est descendue dans la rue pour la première fois sous le nom de JKŞ le 8 mars 2019, le jour de la journée internationale de lutte des femmes, et elle s’est imposée comme une force révolutionnaire.

Après une minute de silence en hommage aux femmes immortalisées, une porte-parole du JKŞ a pris la parole. Elle a souligné la nécessité de défendre les acquis de la révolution des femmes : « Nous existons pour protéger les acquis de la révolution des femmes. Nous existons pour protéger notre système de coprésidence et nos organisations spécifiques. Nous existons pour lutter contre la politique misogyne du HTS. »

Dans son discours, elle a analysé le processus politique qui a suivi la chute du régime baasiste. Elle a déclaré que la période qui a suivi ce bouleversement a été marquée, entre autres, par la politique misogyne du HTS, la perte de la région de Manbij, une migration massive et, dans le même temps, une résistance inlassable le long de la ligne Tischrin-Qereqozak. La porte-parole a souligné que la défense de la révolution des femmes était un élément central de la ligne politique du JKŞ. Il est nécessaire d’intensifier la lutte pour la liberté de mode de vie, le droit à l’éducation et au travail, ainsi que la coalition des femmes, et de protéger les acquis obtenus jusqu’à présent.

La porte-parole a transmis la position des femmes communistes révolutionnaires sur ce processus et a souligné que la défense de la révolution des femmes et de ses acquis était un élément central de la ligne politique du JKŞ. Cette nouvelle ère exige un renforcement de la lutte pour défendre le système de coprésidence, la liberté de mener sa vie comme on l’entend, le droit à l’éducation et au travail, ainsi que tous les autres acquis de la révolution des femmes.

Après l’intervention liminaire, de nombreuses autres déléguées d’Efrîn, Shehba et Serêkanîyê ont pris la parole et ont fait part de leurs expériences. La colère et la douleur résonnaient dans la voix de ces femmes. Elles avaient été chassées de force de leurs maisons et de leurs terres. Leur plus grand souhait était la libération de leur pays, et elles ont réaffirmé leur promesse de se battre pour cela. Des femmes alaouites ont également rendu compte des massacres perpétrés par les bandes du HTS dans la région côtière, des expulsions forcées de leurs maisons et du fait qu’elles se sont vu refuser la poursuite de leurs études parce qu’elles refusaient de porter le hijab. Des déléguées de Kobanê ont raconté les années d’attaques de l’EI et ont clairement indiqué que la guerre et les migrations forcées touchent particulièrement les femmes.

Renforcer l’organisation, c’est construire la révolution !

L’analyse de la situation politique a été suivie d’une discussion sur les perspectives organisationnelles. Il a été constaté que le système organisationnel du JKŞ constituait déjà une base solide, mais qu’il devait être renforcé et développé. À l’avenir, les réunions telles que cette conférence devraient être davantage mises à profit pour promouvoir les échanges politiques.

Une autre intervention a été consacrée aux qualités des femmes communistes, dont la préoccupation est de défendre la révolution des femmes et ses acquis en toutes circonstances. La campagne « Nous sommes ici » du JKŞ, une initiative politique visant à rallier encore plus de femmes à la lutte sans compromis contre le patriarcat et à la défense de la révolution des femmes, a été citée comme exemple.

Les participantes ont souligné que les femmes du Rojava et du Nord et de l’Est de la Syrie continuent d’être limitées par les structures patriarcales, la pensée féodale et les valeurs morales traditionnelles. « Les femmes partagent des expériences similaires, c’est pourquoi la promotion de la solidarité féminine et de l’égalité est indispensable. Il est important de sensibiliser à la question du genre, de renforcer le soutien mutuel et de mener la lutte avec des moyens socialistes ».

Le rôle particulier des jeunes femmes

Les jeunes femmes du CKŞ-Jin (Jeunes Femmes Communistes Révolutionnaires) se sont particulièrement distinguées lors de la conférence. Elles ont ouvert l’événement avec des banderoles et des slogans et ont fait preuve, malgré leur jeune âge, d’un engagement remarquable, d’un talent pour la discussion et d’une maturité politique. Elles ont assumé sans hésitation toutes les tâches qui leur ont été confiées afin d’assurer le bon déroulement de la conférence. Une jeune déléguée a décrit de manière impressionnante comment la politique du HTS affecte la vie des jeunes femmes : elles ont été privées de leur droit à l’éducation, le port obligatoire du hijab les restreint, les matières philosophiques et scientifiques ont été supprimées du programme scolaire. Dans le même temps, le nombre de mariages précoces et de suicides de jeunes femmes est en augmentation. Elle a clairement indiqué que les jeunes femmes sont particulièrement visées par le HTS et a déclaré qu’en tant que jeunes révolutionnaires, elles continueront à se battre pour défendre la révolution et ses acquis.

À la fin de la conférence, un nouveau conseil général a été élu. De nombreuses femmes se sont proposées et ont assumé de nouvelles responsabilités. Le nouveau conseil comprend des femmes kurdes, arabes et alaouites.

La conférence s’est terminée par les slogans « Jin Jiyan Azadî », « Vive notre révolution des femmes » et « Nous sommes ici ». Côte à côte, les femmes ont dansé le halay et ont ressenti la fierté d’avoir franchi une étape historique dans l’histoire de la révolution des femmes.

                    Article publié dans le Bulletin International du MLKP, du 7.11.2025

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