Un constat majeur de la conférence c’est que la répression contre les pratiques politiques de résistance et les prisonniers s’intensifie dans presque tous les pays. Dans notre précédent article du 16 décembre nous affirmions que « la prison politique n’est pas une anomalie autoritaire; elle est une constante de tout État capitaliste dès lors que l’ordre bourgeois est menacé. » Il faut souligner l’urgence d’une coopération internationale étroite entre les forces révolutionnaires, antifascistes et progressistes afin de renforcer la solidarité avec les prisonniers politiques. C’est de ce point de vue que la conférence a décidé (y compris nos camarades, évidemment) de créer une Coordination internationale de solidarité avec les prisonniers politiques. Nous partageons ce point de vue, toutefois nous ne comprenons pas que l’on puisse parler du Capitalisme comme d’un « système capitaliste de domination masculine ». Soyons clair et bref, le capitalisme est avant tout un Mode de Production et les rapports qui le détermine sont des rapports entre classes sociales — classe bourgeoise dominante et classe prolétarienne dominée et non des rapports de genre Femme/Homme. Ce qui n’empêche pas que, dans les conditions actuelles, l’homme puisse être dominant et la femme dominée et que l’on doive aussi lutter contre cette domination.
Résolution Finale de la Conférence Internationale de Solidarité avec les Prisonnier-ère-s Politiques
Paris, 20–21 décembre 2025
La Conférence internationale de solidarité avec les prisonnier-ère-s
politiques, organisée à Paris les 20 et 21 décembre 2025, a réuni des organisations et des intervenant-e-s révolutionnaires et combatif-ve-s venu-e-s de Palestine, du Kurdistan, de Turquie, d’Italie, d’Allemagne, du Danemark, de Belgique, de France, d’Angleterre, d’Inde, de Tunisie, du Chili, d’Autriche, des Philippines, du Cameroun, d’Iran, d’Espagne, de Suisse, du Pérou, de Grèce et du Mexique. Par cette résolution, nous affirmons comme objectif commun de faire de la solidarité internationale avec les prisonnier-ère-s politiques, à l’échelle mondiale, une force fondamentale éclairant la voie des luttes et des résistances menées par les peuples.
Crise impérialiste, montée du fascisme et régimes de répression
L’impérialisme traverse une crise profonde et structurelle, révélée par l’appauvrissement massif, la misère, les guerres réactionnaires, le génocide, l’occupation, les soulèvements et les résistances.
Nous sommes confronté-e-s à une course accrue à l’armement, à l’accélération parallèle des préparatifs de la Troisième Guerre mondiale et à la confiscation systématique des libertés politiques. Le système capitaliste de domination masculine a clairement démontré son incapacité à répondre aux besoins fondamentaux et aux aspirations de liberté des peuples ; pour maintenir sa
domination, il recourt de plus en plus à la violence, à la répression et aux appareils coercitifs.
En conséquence directe de la crise permanente du capitalisme, les mouvements fascistes se renforcent dans de nombreux pays, accèdent au pouvoir ou occupent une position déterminante au sein de l’appareil d’État. Ce processus s’accompagne de politiques répressives accrues, de la généralisation des violences policières et de l’élargissement des mécanismes de surveillance et de contrôle technique. Au Pérou, en Inde, en Turquie et dans de nombreux autres pays du monde, les lois antiterroristes constituent l’une des principales formes d’attaque des stratégies étatiques contre-révolutionnaires.
Les prisonnier-ère-s politiques sont les sources d’inspiration de notre résistance
La solidarité pratique et organisée avec les prisonnier-ère-s politiques est indissociablement liée aux processus de lutte visant à transformer l’ensemble des forces révolutionnaires et la société.
Les prisonnier-ère-s politiques occupent une place particulière dans ce moment historique de rupture.
Les prisonnier-ère-s politiques résistent à la torture par l’isolement, aux agressions physiques et psychologiques, aux interdictions de communication, à l’entrave aux soins médicaux, aux transferts punitifs, aux violences sexuelles et à toutes les formes d’illégalité. Même les libérations de prisonnier-ère-s ayant passé-e-s des décennies derrière les barreaux sont systématiquement
retardées. La solidarité est criminalisée ; celles et ceux qui défendent les droits des prisonnier-ères deviennent également des cibles de ces mêmes mécanismes de répression.
Les prisonnier-ère-s politiques palestinien-ne-s, confronté-e-s au visage le plus nu et le plus brutal du régime colonial sioniste, transforment les prisons sionistes en espaces de résistance collective malgré la torture, l’isolement, les négligences médicales et les agressions sexuelles. Le régime sioniste israélien inflige la même cruauté aux centaines d’enfants qu’il détient.
Notre conférence considère comme une tâche urgente le lancement d’une campagne internationale contre les attaques et les tortures infligées aux prisonnier-ère-s dans les prisons, dans la continuité des agressions génocidaires menées par l’État d’Israël contre le peuple palestinien.
Les prisons sont les lieux centraux de la guerre totale menée par l’État fasciste turc contre le mouvement révolutionnaire, la lutte de libération du peuple kurde et les socialistes. Malgré l’isolement aggravé et le régime d’exécutions arbitraires imposés dans les prisons de type “puits”, les prisonnier-ère-s refusent de se soumettre aux attaques liquidationnistes et aux injonctions à la
déshumanisation.
Notre conférence exige la reconnaissance du droit à l’éducation, à la défense et à la communication dans la langue maternelle pour tou-te-s les prisonnier-ère-s, la fin des pratiques de “droit arbitraire” appliquées à Abdullah Öcalan détenu depuis 26 ans, la libération des prisonnierère-s ayant atteint leur date de sortie, la reconnaissance du “droit à l’espoir” pour tou-te-s les prisonnier-ère-s, ainsi que l’abolition des lois et sanctions fascistes.
En Iran, la lutte pour la liberté des travailleur-euse-s, des peuples et des femmes est une lutte commune de l’humanité progressiste. Cette lutte se mène également contre les interventions impérialistes et sionistes. Notre conférence salue les actions qui se déroulent chaque mardi et les grèves de la faim des prisonnier-ère-s politiques contre le régime islamique iranien, et souligne
que la lutte contre les exécutions en Iran et ailleurs constitue l’un des axes les plus urgents de la solidarité internationale avec les prisonnier-ère-s politiques.
En Europe, la montée de nouveaux mouvements fascistes, les alliances fascisantes avec les gouvernements centraux et le durcissement du climat politique conduisent à l’adoption de lois racistes et fascistes. Les lois antiterroristes sont utilisées contre les mouvements de résistance ; les
pressions contre les migrant-e-s, les révolutionnaires et les forces anti-impérialistes s’intensifient.
La solidarité avec la Palestine est criminalisée, les manifestations sont interdites et les activités politiques sanctionnées.
En Afrique du Nord, notamment en Égypte et au Maroc, les personnes résistantes pour les libertés politiques subissent de lourdes attaques, tandis qu’au Mexique, les prisons sont devenues des centres de la violence d’État contre les peuples autochtones, les organisations révolutionnaires et
l’opposition sociale. Des cas politiques comme le procès Perseo démontrent clairement que l’État péruvien utilise les prisons comme un outil d’intimidation et de liquidation.
À l’échelle mondiale, comme au Cameroun, les personnes participant aux soulèvements sont arrêtées pour être détachées de la lutte ; celles et ceux qui défendent la nature et les territoires contre la destruction écologique engendrée par la soif de profit du capitalisme sont arrêté-e-s, emprisonné-e-s ou assassiné-e-s. Malgré cela, les résistant-e-s continuent de défier les régimes répressifs dans les rues.
En Inde, lors de l’opération Kagaar, et aux Philippines, les forces révolutionnaires résistantes font face aux attaques de liquidation de la bourgeoisie mondiale. Pourtant, elles poursuivent la lutte dans les prisons et sur tous les fronts de la résistance.
Le système impérialiste-capitaliste utilise la domination patriarcale et hétérosexiste comme un outil structurel d’oppression. Les femmes et les personnes LGBTI+ deviennent ainsi les cibles de formes multiples d’exploitation, de violence et de négation. Les prisonnières et prisonniers
LGBTI+ résistent aux agressions sexuelles et aux violences carcérales, portant des coups aux appareils de violence du patriarcat.
Notre conférence appelle à intensifier la lutte contre les viols et les agressions sexuelles lors des gardes à vue et en prison.
Solidarité internationale et lutte commune
La solidarité internationale est un élément indispensable de la résistance. Quelles que soient les conditions dans lesquelles nous luttons, ce qui nous unit, c’est notre résistance commune contre ces conditions et leurs appareils de violence. Nous le voyons de la manière la plus claire dans l’Intifada mondiale qui s’élève pour la liberté et la dignité du peuple palestinien. Le keffieh est
devenu un symbole de liberté non seulement au Moyen-Orient, mais dans le monde entier.
Nous renforçons notre solidarité avec les prisonnier-ère-s politiques incarcéré-e-s dans les prisons du monde entier. Nous saluons Camarada Arenas, Georges Ibrahim Abdallah et Leonard Peltier, qui ont retrouvé la liberté après des décennies de détention. Leur engagement à poursuivre la lutte après leur libération nous donne force et moral.
Nous saluons tous les prisonnier-ère-s politiques qui, dans les geôles de l’ordre bourgeois, font grandir la résistance chaque jour, à chaque audience et face à chaque décision injuste. Ahmet Sa’adat, Marwan Barghouti, Mumia Abu-Jamal, Zeynab Jalalian, Dimitris Chatzivasiliadis, Nikos Maziotis, Daniela Klette, Figen Yüksekdağ, Hatice Deniz Aktaş, les Filton24 et les innombrables prisonnier-ère-s politiques dont nous ne pouvons citer les noms sont des sources d’inspiration pour notre résistance.
La résistance des prisonnier-ère-s politiques, par les protestations, les défenses qui jugent et dénoncent le système, les activités de production, les grèves de la faim et les jeûnes de la mort, est une défense de la vie contre toutes les politiques d’anéantissement. Cette résistance est notre résistance.
Notre conférence vise à renforcer la solidarité réciproque par des actions communes lors de journées de lutte importantes pour les prisonnie-ère-s politiques, telles que le 8 mars, le 18 mars, le 17 avril, 19 juin et le 3 Décembre. La Conférence internationale de solidarité avec les prisonnier-ère-s politiques a constaté la nécessité de développer des relations et une coopération plus étroites entre les organisations et les personnes engagées dans cette lutte à l’échelle mondiale, et s’est concentrée sur le renforcement de la solidarité internationale.
Afin de répondre à ce besoin, notre conférence a décidé de créer une Coordination internationale de solidarité avec les prisonnier-ère-s politiques et de prendre les mesures nécessaires pour que celle-ci entame rapidement ses activités politiques et pratiques. Forte de la volonté et de l’enthousiasme d’une lutte unifiée, notre conférence adresse ses salutations solidaires à tou-te-s
les prisonnier-ère-s politiques.
Liberté pour tou-te-s les prisonnier-ère-s politiques !
Vive la solidarité internationale !
