3 décembre 2024

Conseil politique des femmes en Allemagne

Meeting international – novembre 2024

Témoignage sur la lutte des femmes palestiniennes !

Une délégation de femmes venue de France a participé au Conseil politique des femmes en Allemagne début novembre. Il s’agit d’ une plate-forme internationaliste, politique et culturelle. Vue la diversité du mouvement des femmes, cette rencontre de 3 jours sert à échanger les expériences sur les projets des groupes ou organisations de femmes. Des partis politiques et des femmes individuelles y ont participé également avec leurs expériences. Cette rencontre de femmes (et aussi d’hommes qui soutiennent la cause des femmes) est auto-organisée et auto-financée. Elle a lieu tous les deux ans. Toutes celles et ceux qui veulent y participer, qui s’y intéressent et qui acceptent les idées directrices du Conseil ( http://frauenpolitischerratschlag.de/), sont cordialement invités.

Cette année la situation et les luttes des femmes de 17 pays ont été présentées. L’UPML publie ici un témoignage sur la situation des femmes en Palestine:

« Je m’appelle Leila, avocate et militante des droits de l’homme de Palestine. Je suis heureuse d’être parmi vous aujourd’hui et je tiens à remercier les organisateurs de cette conférence de m’avoir donné l’occasion de parler des femmes palestiniennes et du mouvement des femmes palestiniennes, dont les racines remontent à l’époque d’avant l’occupation.

En 1921, Mme Zuleikha Al-Shihabi a fondé la première organisation féminine palestinienne, qui a contribué à unir les femmes palestiniennes et à faire progresser la lutte sociale et politique des femmes. En 1929, la première conférence des femmes a réuni 300 femmes de toute la Palestine et a débouché sur plusieurs résolutions visant à améliorer les conditions des femmes dans tous les domaines de la vie.
Ce mouvement des femmes correspondait à la réalité palestinienne de l’époque : la Palestine n’était pas un pays sans peuple, mais une société vivante, organisée, progressiste et différenciée, qui se distinguait de la région en termes de droits et de capacité d’organisation des femmes.

Fondation de l’Union générale des femmes palestiniennes

Après la création de l’OLP en 1964, l’Union générale des femmes palestiniennes, une organisation gouvernementale palestinienne, a été créée pour chapeauter les organisations non gouvernementales de femmes en Palestine. Elle vise à promouvoir le statut des femmes palestiniennes et à soutenir les organisations non gouvernementales de femmes en Palestine. Elle est basée à Gaza et à Ramallah, ainsi que dans plusieurs pays arabes, afin de travailler avec les femmes palestiniennes réfugiées en dehors de la Palestine.

Elles soutiennent les femmes palestiniennes réfugiées en dehors de la Palestine et s’occupent de leurs intérêts. Pour illustrer son travail en faveur des droits de l’homme, l’Union générale des femmes a présenté en 1992 un document contenant des principes féministes et deux documents au Conseil législatif, avec des propositions de modification du code du statut personnel.

En ce qui concerne l’éducation, l’éducation des femmes palestiniennes a commencé pendant la période ottomane et est depuis ancrée dans la société et la culture palestiniennes. En 1948, année de la Nakba, Hind Al-Husseini, qui était enseignante, a étudié pendant trois ans à l’université de Hambourg en Allemagne afin d’améliorer ses compétences pédagogiques et sociales, et était alors considérée comme l’une des pionnières de l’éducation sociale en Palestine. Elle a rassemblé des enfants devenus orphelins à la suite du massacre de Deir Yassin par les bandes terroristes sionistes et a réuni les enfants orphelins dans deux pièces de la vieille ville de Jérusalem, ce qui a constitué le noyau de la création de l’Arab Child House, considérée aujourd’hui comme l’une des principales écoles de Jérusalem.

La situation des femmes sous l’occupation

Il est cependant impossible de parler des femmes palestiniennes et de leur lutte en dehors du cadre de l’occupation israélienne. Depuis le début de l’occupation, les femmes palestiniennes ont combattu main dans la main avec les hommes palestiniens, ont soutenu les résistants, ont soigné les blessés et ne se sont pas contentées de ce rôle, mais ont pris les armes et combattu. Ce faisant, elles ont été capturées, torturées et aussi assassinées. Mais elles ont aussi tenu bon et ont fait toutes sortes de sacrifices. Si toutes les femmes palestiniennes n’ont pas été des combattantes, elles ont été les mères, les pères, des soutiens de famille et les éducatrices qui ont éduqué les générations futures aux notions de liberté, de fierté, de fermeté et d’humanité. Cette situation existe depuis la Nakba et perdure encore aujourd’hui.

La situation en Cis-Jordanie

En Cisjordanie, les femmes sont exposées à différents types de violence de la part de l’occupation israélienne. Ainsi, dans les camps de Qalandia et d’Anata, les femmes souffrent d’avoir besoin d’une autorisation pour accoucher et, alors qu’elles attendent dans la douleur aux points de contrôle pour être autorisées à entrer, les ambulances doivent être remplacées aux points de contrôle. Il y a d’innombrables femmes enceintes qui ont accouché aux postes de contrôle parce que les forces d’occupation les empêchaient d’atteindre les hôpitaux.

L’occupation israélienne capture des femmes palestiniennes et les prive de soins médicaux en captivité. Par exemple, la prisonnière Samar Sabih a été forcée d’accoucher par césarienne alors qu’elle avait les mains garrottées. La prisonnière Asraa Ja’abis a été gravement brûlée et l’administration de prison a refusé de la soigner, la laissant avec un corps défiguré par de graves brûlures qui l’empêchaient de continuer à vivre.

Khalida Jarrar, militante palestinienne et membre du Front populaire de libération de la Palestine, était en prison et pendant ce temps, sa fille est décédée et elle n’a même pas pu lui dire au revoir. L’occupation l’a condamnée à ce qu’on appelle la « détention administrative », ce qui signifie qu’une personne est emprisonnée sans inculpation et que sa détention est prolongée tous les quatre à six mois. Diala, une collègue avocate palestinienne, a été arrêtée au point de contrôle des conteneurs qui sépare le nord de la Cisjordanie du sud et se trouve toujours en prison depuis dix mois sans aucune accusation.

L’occupation israélienne tue délibérément des femmes palestiniennes, comme elle l’a fait avec la journaliste Shireen Abu Aqleh, abattue d’une balle dans la tête alors qu’elle était en service, et non seulement tuée, mais ils ont également attaqué ses funérailles et les personnes en deuil, et renversé sa tombe de manière barbare, comme nous pouvons le voir en vidéo. Je tiens à préciser que Shireen Abu Aqleh était une Palestinienne chrétienne de Jérusalem et que le peuple palestinien de toutes les sectes l’a embrassée et a prié pour elle, qu’ils soient musulmans ou chrétiens.

Maladies et manque de soins

Dans la bande de Gaza, 540.000 femmes souffrent de troubles menstruels en raison de nombreuses maladies dues au déplacement, à la malnutrition et au manque de soins médicaux. Les femmes de la bande de Gaza sont privées de leurs droits les plus fondamentaux. Elles continuent de vivre dans un état d’expulsion, de déplacement permanent et d’insécurité alimentaire.

Auparavant, les femmes de la bande de Gaza atteintes d’un cancer avaient du mal à obtenir un traitement, car elles devaient attendre que les autorités israéliennes leur donnent l’autorisation de se rendre à Jérusalem pour se faire soigner sans être accompagnées, et l’entrée à Jérusalem leur était souvent refusée. Aujourd’hui, les patientes atteints de cancer ne sont tout simplement plus traités.

Un médecin français volontaire dans la bande de Gaza a témoigné qu’en raison du manque d’équipement médical dans les hôpitaux, les femmes accouchent par césarienne sans anesthésie et que, dans de nombreux cas, la mère décédée et le bébé est sorti vivant, mais a perdu tous les membres de sa famille. Les centres de santé de l’UNRWA à Gaza n’offrent pas de soins reproductifs ou psychologiques, mais seulement des services médicaux simples.

En novembre dernier, mes collègues et moi avons reçu dans la ville d’al-Eizariya des femmes de la bande de Gaza qui suivaient un traitement médical à Jérusalem et qui étaient menacées par les forces d’occupation de quitter immédiatement Jérusalem sous peine d’être toutes emprisonnées ; il s’agissait de 30 femmes, toutes venues pour un traitement médical.

En conclution
Rosa Luxemburg a dit : « L’une des actions les plus révolutionnaires que l’on puisse faire, c’est de dire tout haut ce qui se passe tout bas ».
Et je suis ici aujourd’hui pour être la voix forte/claire de mon pays, tant que je respire encore. »

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