Un livre (dont nous ne connaissons pas les auteurs) est passionnant à lire:
« PROJET D’HISTOIRE DE LA RÉPUBLIQUE (POPULAIRE DE CHINE)
HISTOIRE ET LOGIQUE DE LA RÉVOLUTION ET DE LA RESTAURATION »
(Ce gros livre, de 360 pages vivantes et passionnantes, est disponible (en numérique) sur simple demande à notre email : contact-upml@riseup.net )
Nous profitons de la venue de Xi Jinping en France et en Europe pour nous replonger dans cet excellent livre et vous donner à lire l’introduction du traducteur de langue anglaise :
Tout d’abord un extrait de la note du traducteur d’anglais en français, à qui nous disons encore merci.
« Si ce texte nous est destiné et est maintenant accessible en français pour la France et les pays francophones, nous le devons aux camarades du Parti Communiste d’Australie (ML) qui en ont assuré la traduction d’après le chinois. Un gros travail dont nous n’aurions pas été capables.
Ce texte est donc traduit d’après l’anglais, ce qui est nettement plus facile. Mais, ce texte est aussi destiné à, au moins, quatre catégories de lecteurs et de lectrices autres que les « maoïstes » convaincu.e.s. Il est aussi destiné :
– à ceux et celles qui ignorent tout de la révolution chinoise de 1949 à 1976 et de l’expérience socialiste chinoise, hormis les éléments de propagande outranciers de la bourgeoisie française,
– à ceux et celles qui connaissant la révolution chinoise, considèrent qu’elle n’a rien apporté en terme d’expérience socialiste, soit parce qu’ils ou elles considèrent que la Chine n’a jamais été socialiste, soit qu’ils ou elles considèrent que si la Chine a été socialiste, elle l’a été si peu qu’elle ne laisse aucune expérience socialiste,
– à ceux et à celles qui connaissant la révolution chinoise et considérant que la Chine est toujours socialiste, voire « communiste » n’ont pas compris de bonne foi, d’une part, ce qu’est réellement le socialisme, d’autre part, ce qu’est réellement le capitalisme monopoliste qui s’est installé en Chine et a renversé le socialisme à la mort de Mao Zedong,
– enfin, à ceux et celles, sûrement les plus nombreux, qui, bien qu’étant des communistes revendiqué.e.s n’admettent pas la poursuite de la lutte des classes durant la période socialiste, période de transition durant laquelle, même si la base sociale de la bourgeoisie est grandement affaiblie ou même détruite au plan économique, l’influence idéologique de la bourgeoisie persiste dans les mentalités comme une rémanence de l’ancienne société. Sans comprendre cela, on ne peut comprendre la poursuite de la lutte des classes et pourquoi une société socialiste peut dégénérer, en particulier à cause du bureaucratisme et de la coupure avec les masses. »
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Introduction du traducteur en anglais qui présente les points essentiels du livre.
Le temps passe. Voilà déjà près de 40 ans depuis la réforme et l’ouverture du pays en 1978. Quoi qu’il en soit, le bateau de la réforme n’a pas accosté sur les rives de sa terre promise.
Ce qui est advenu depuis ces 40 ans de réforme n’est pas la promesse de « s’enrichir d’abord pour quelques uns, puis de la richesse pour les autres ensuite », mais le creusement d’un abîme entre les riches et les pauvres. Au lieu de l’harmonie sociale et de la stabilité, les contradictions sociales n’ont eu de cesse de s’accumuler et de s’aggraver. Au lieu de libérer la condition humaine, les masses des ouvriers et les paysans sont prises dans un mouvement général d’asservissement.
Il est temps de réfléchir à la portée de cette réforme qui emporte la destinée de centaines de millions de gens et de formuler une rectification de cet historique problématique. C’est le moment de débattre de l’avenir de la Chine et du monde.
I / Prolétariat contre bourgeoisie
Le secret de la société chinoise d’aujourd’hui n’est pas différent de celui de toutes les sociétés capitalistes qui consiste dans la nature des rapports de production. Bon an, mal an, les travailleurs produisent un long et ardu travail physique ou intellectuel, édifiant la société dans un énorme effort de productivité, mais pour un maigre salaire tout juste bon à joindre les deux bouts. Le salaire ouvrier est juste suffisant à reproduire la force de travail et cela ne change pas alors que la productivité augmente.
L’incessante hausse des prix empêche les travailleurs d’accéder à la propriété de leur foyer. Alors que toute la société préconise les valeurs de la famille, de chaleur et d’affection, les travailleurs doivent quitter leurs foyer, leurs familles sont séparées par des milliers de kilomètres ce qui rend difficile leur réunion et pour les couples qui travaillent ensemble ils sont forcés de partager de sommaires conditions de vie communes. La vie d’esclave est insupportable en raison de l’inabordable coût de la santé et des soins médicaux en cas de maladie et autres arrêts de travail forcés. Les allocations de ressources pour accéder à l’enseignement sont de plus en plus disproportionnées et donc l’horizon de la promotion sociale se ferme pour la classe ouvrière.
Le progrès technique et l’expansion industrielle ont conduit à de plus en plus de machinisme dans tous les domaines et les travailleurs sont devenus de plus en plus subordonnés aux machines, répétant sans cesse les mêmes gestes. L’industrialisation s’est faite sur une société qui est bien équipée mais dont la mentalité est dévoyée ; nombre de projets ont concrétisé des constructions magnifiques et de vastes avenues pour des cités, mais laissent les travailleurs dans d’invraisemblables taudis et des rues misérables ; le progrès technique a induit une énorme productivité mais les travailleurs demeurent dans l’austérité mentale et la pauvreté matérielle.
Non seulement les travailleurs ne sont pas autorisés à définir les politiques et à diriger la production sociale, mais ils ne peuvent même pas participer à la vie politique. A peine les travailleurs luttent-ils pour améliorer leur condition d’asservissement qu’ils sont réprimés par tout l’appareil de violence institutionnelle, du bureau d’embauche à la police, des triades et de l’Union Guard, de la police militaire et de l’armée qui tournent leurs armes vers les ouvriers et déciment leurs rangs. La direction par la classe ouvrière figure seulement dans la Constitution, pas dans les faits.
La classe ouvrière qui est à l’origine de tout ce qui est produit a perdu son minimum de dignité et de droit humain. Elle est insultée et méprisée, moquée, la saleté et la puanteur sont devenues ses signes distinctifs. Depuis que le capital et l’argent sont devenus les critères de valeur pour la société dans son ensemble, les travailleurs qui
dépendent du capital, sont exploités par lui et n’ont rien à perdre, sont tout naturellement devenus les plus indignes et gens sans valeur pour toute la société. La valeur des travailleurs n’est pas reconnue, la voix des travailleurs n’est pas entendue et il-y-a longtemps qu’ils ne sont plus ce que la bourgeoisie appelle des citoyens.
En revanche, la bourgeoisie, par la simple vertu de la possession de la valeur cachée du travail ouvrier – son capital – peut vivre une vie d’abondance en les exploitant pour une misère. Maisons luxueuses, voitures luxueuses, montres et sac à main de prix, tout cela dresse l’image d’une bourgeoisie à la magnifique apparence. Les enfants de cette bourgeoisie reçoivent une éducation de classe internationale dans des écoles aristocratiques, dans des milieux « glamour », et quand ils quittent l’école ils peuvent continuer à occuper les leviers de commande de la société avec les ressources dont ils disposent depuis leur naissance. La bourgeoisie occupe et cherche à occuper pour des générations les positions matérielles et culturelles les plus prospères de la société, construisant sa propre prospérité et son propre pouvoir, sa démocratie, sa civilisation et son harmonie.
Que ce soit par collusion avec les gouvernants ou en entrant eux-mêmes directement dans le gouvernement, ils pillent le camp du peuple, ses ressources, étendant par là même leur propre richesse, leur capital, par lequel ils poursuivent leur domination de classe. Ils mobilisent leur arsenal de violence, prêts à détruire les esclaves qui auraient l’insolence de résister. Ils pénètrent le gouvernement et frayent avec les bureaucrates les manipulant en agent de leur bourgeoisie. Le gouvernement ne fait d’ailleurs pas mystère de sa nature bureaucratique bourgeoise, alors qu’il contrôle les organes vitaux de la société et réalise d’énormes profits grâce à ses privilèges bureaucratiques.
C’est cette bourgeoise, vivant hors du champ de l’exploitation qui a conquis les honneurs de la société. Ils personnifient la diligence, l’intelligence, la civilisation, la noblesse et la beauté et ils usent de tous les pouvoirs des médias pour blanchir leurs combines ; ils deviennent l’incarnation du mérite social. Tous les canaux de communication publics sont devenus le domaine de la bourgeoisie et son porte-voix.
La roue du capitalisme ne s’est pas arrêtée, elle avance dans toutes les autres classes. Les petits paysans ne peuvent plus vivre de l’agriculture et doivent quitter leurs foyers pour devenir les esclaves du capital. Les docteurs, les avocats, les ingénieurs, les enseignants – tous les travailleurs intellectuels – perdent leur aura et deviennent des instruments du profit capitaliste. Les petits propriétaires se battent pour maintenir leur
position, mais n’ont qu’une alternative, soit se hisser au niveau des exploiteurs – pour une minorité -, soit aller grossir les rangs du prolétariat.
L’ensemble de la société est de plus en plus divisée en deux camps : la bourgeoisie et le prolétariat et une telle opposition de classe est manifeste dans tous les aspects de la politique bourgeoise, de l’enrichissement et de la domination économique et culturelle, alors que pour le prolétariat ce n’est qu’appauvrissement et domination à tous égards. Malgré tout, dans le siècle dernier, près de la moitié du prolétariat mondial s’est battu et a fait couler son sang pour changer ce statu-quo, et établir un système socialiste.
II / Pourquoi la réforme et l’ouverture ont elles été possibles ?
En réponse à cette question les maîtres à penser et les politiciens bourgeois ont travaillé dur pour essayer de trouver une réponse convaincante : le système socialiste est la cause de la stagnation économique et de la fixité sociale, le capitalisme est la seule voie de salut pour la société et il marque la fin de l’Histoire.
On ne peut nier que l’économie chinoise a énormément grossit depuis la réforme et l’ouverture. Cependant, la technologie progresse par sauts et par bonds, c’est l’expansion industrielle, et un tel développement est durable tant que la crise économique n’a pas mis à bas le capitalisme, aussi longtemps que les guerres impérialistes ne surgissent pas,
aussi longtemps qu’un pays ne devient pas une colonie ou semi colonie de l’impérialisme. L’économie socialiste chinoise s’est aussi développée rapidement, pas moins qu’après la réforme et l’ouverture.
En terme de GDP (*), selon la méthode indiciaire couramment utilisée dans les échanges par les Nations Unies et le Banque Mondiale et dans la plupart des pays (1), le GDP est passé de 19,43 milliards de dollars en 1949 à 216,51 milliards de dollars en 1978 et à 4 329,24 milliards de dollars en 2008, soit une multiplication par 10,14 ou une progression de 8,65 % par an dans les premières 29 années, les 30 années suivantes étant 18,99 fois plus productives qu’en 1949, soit une progression annuelle de 10,50 % qui, comparée aux 29 premières années (socialistes*) n’est que de 1,85 % supérieure par an (2). Il peut donc être avancé que, mis à part les effets de l’inflation, la croissance économique était rétrospectivement aussi haute – ou du moins, guère plus faible – avant la réforme et l’ouverture qu’après, sans même mentionner le fait que les processus qui ne créent pas de valeur ou en consomment, comme les achats et ventes de terres, comptent pour une part significative dans l’indice de production intérieure.
La valeur cumulée de l’industrie entre 1949 et 1978 a été en augmentation de 5,05 milliards de yuans à 160,7 milliards et de 129,112 milliards en 2008, soit une multiplication par 42,48 fois ou bien une augmentation annuelle de 13,90 % en prix constant (*) durant les 29 premières années et seulement de 25,63 fois, soit de 11,55 % par an durant les 30 années suivantes. Ce qui donne donc un écart positif de 2,35 % durant les 29 premières années comparées à la progression des 30 années suivantes, ce qui marque, par conséquent, une progression industrielle plus rapide durant cette première période. Cette progression (durant la période socialiste *)fut même supérieure à celle des USA (4,45%), du Japon (12,05%), de l’Allemagne (6,65%), du Royaume Uni (2,50%), de la France (5,10%), de l’Italie (7%), du Canada (5,40%), de l’Australie (5,35%), de l’URSS (9,50%) pour la même période (de 1950 à 1978). En comparant les balances du commerce extérieur, la croissance entre 1949 et 1978 fut de 2 405 milliards de dollars à 95 650 milliards de dollars et de 185 940 milliards de dollars en 2008, ce qui représente une moyenne de de 13,55 % de progression durant les premières 29 années, autrement dit, de 3,15 % par an de plus que le taux de croissance annuel de 10,40 % durant les 30 années suivantes.
L’inefficacité rabâchée des entreprises publiques n’est que le résultat de la vision étroite de la bourgeoisie. Ils se demandent « comment on peut être motivé en dehors de droits de propriété et d’incitations matérielles » ? Eh bien, cela n’existe que dans la société capitaliste. Sous le socialisme, les usines sont la propriété collective de la société et en dernière analyse de chaque travailleur en particulier qui est responsable de son bon fonctionnement comme de lui- même. De plus, dans le mouvement de masse, les travailleurs sont capables de prendre en
charge leur propre direction politique, économique et culturelle, alors comment ne pourraient-ils pas être motivés ? Le déclin productiviste dans les entreprises d’État date des années 1980, quand celles-ci furent restructurées et donc comment s’étonner que les travailleurs furent démotivés se retrouvant privés de leur appropriation collective face à des directeurs corrompus ?
Dans le domaine de l’agriculture, la production alimentaire plafonna rapidement entre 1978 et 1984 pour stagner à partir de cette date, mais il n’est pas logique d’affirmer que ceci fut le moteur de la relance de la production. En réalité, l’augmentation de la production agricole réside principalement dans les développements technologiques.
Le premier de ces développement fut la révolution des semences. De 1970 au début des années 80, une véritable révolution des semences se fit jour dans des cultures comme celles du riz, du blé, du coton et des oléagineux, ce qui joua un rôle moteur dans le rendement et la qualité des productions agricoles.
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( *) notes du traducteur français : Gross Domestic Product ratio qui mesure la taille de l’économie à l’échelle d’un pays ou d’un ensemble de En France, on parle plutôt de PIB (Produit Intérieur brut). -c’est-à-dire corrigés de l’inflation
- A la fin de 1949 à 2,1 Yuan pour un US dollar, 1978 à 1,6836 (1,7)Yuan et 2008 à 6,9451 (6,9) (parité du yuan par rapport au dollar US )
- données extraites de « Sun Xuewen, Institute of Modern China, Chinese Academy of Social Sciences, « Mao Zedong’s Greatest Achievements and the Sun and the » The Chinese Academy of Social Sciences, « Manuscript of the History of the People’s Republic of China, » et « The Cambridge History of China. »
- Données citées dans « Sun Xuewen, Institute of Modern China, Chinese Academy of Social Sciences, « Mao’s Glorious Achievements and the Sun and the Moon », mentionné dans « China Statistical Bureau, Statistical Yearbook, Chinese Academy of Social The Chinese Academy of Social Sciences, « Manuscript History of the People’s Republic of China » et « The Cambridge History of China. »
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En particulier, la technologie du riz « Yuan Longping » hybride a conduit une
révolution dans les quantités produites de riz. Cette technologie fut développée avec succès en octobre 1973 comme l’ «hybride des trois mélanges »(4). En 1975 , plus de 5 600 mu de terres furent consacrés à l’échantillonnage de la variété produisant des rendements supérieurs de plus de 20 % aux variétés conventionnelles. En 1990, 240 millions de mu furent cultivés à l’échelle nationale, comportant pour 50 % des surfaces de riz représentant 61,10 % de rapport.
Le second de ces développements fut celui des engrais, qui commença en 1970 par la construction de nouvelles usines d’engrais à travers tout le pays. Le 13 janvier 1972 vit l’inauguration de huit usines d’engrais et autres équipements importés, accompagnés d’un investissement de 4,3 milliards de dollars pour l’équipement et les machines individuelles. En 1973, la production d’engrais chinois avait plus que dépassé le double de celle de 1965. A la suite du communiqué de Shanghai, l’Occident autorisa quelques exportations vers la Chine. La Chine installa rapidement 13 grandes unités de production, en plus que celles en fonction en 1979, ce qui augmenta rapidement la quantité d’engrais utilisé par surface avec pour conséquence une hausse des rendements des terres auparavant fertilisées par du fumier de ferme.
En troisième lieu, le développement des infrastructures agricoles avant la réforme a fait la preuve de son efficacité.
En 1975, le nombre de puits à l’échelle nationale a augmenté de 935,89 % en comparaison de 1965. La résistance aux calamités naturelles s’est considérablement renforcée avec des régions concernées se réduisant de 53,90 % à 26,90 % du territoire en 1976 comparé à 1965, alors que ces mêmes territoires avaient été affectés au plan national. Les grands progrès réalisés dans le domaine de l’irrigation et le drainage des sols ont procuré de sérieuses garanties que
l’exploitation individuelle sous la responsabilité collective pouvait composer avec les sécheresses et les inondations. Tout particulièrement dans les années 80, le niveau d’investissement dans les parcelles agricoles irriguées était relativement faible et déclinant année après année, ne connaissant plus d’extension car l’investissement des années 70 avait été récupéré.
Fondamentalement, la réforme et l’ouverture ont conduit aussi à un effondrement des rendements en contractualisant et réduisant la propriété collective. A la fin de 1978, le montant de la production agricole (à l’exclusion des terres) détenu par les Communes Populaires et les fermes d’État en Chine s’élevait à 97,7 milliards de yuans, mais vers la fin de 1986, moins de 30 % des surfaces agricoles sont encore conservées sous forme de propriété collective dans les zones rurales. Dans le Heilongjiang, qui était réputé pour être hautement mécanisé, la grande majorité des terres est retournée à l’exploitation privée avec 20 % du machinisme agricole loué à des particuliers et 80 % vendu à vil prix aux chefs de brigades, leurs parents et leurs amis (5).
Bien que des fermiers indépendants aient pris livraison de ce matériel, son usage s’est révélé plutôt difficile, les vastes fermes n’existant plus, la plupart des fermiers n’ayant pas de machines ni de grands troupeaux et ceux qui ont les machines ne peuvent s’en servir sur leurs surfaces étroites, certaines d’entre elles étant même
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- En Mai 1979, le célèbre directeur général de la «American Roundup Seed Company », Will Weir, visita la China et fut étonné de découvrir que les chinois faisaient pousser un riz hybride sans équivalent. Cette année là, la Compagnie sema trois mélanges de riz hybrides dans les rizières de l’« University of California
Agricultural Experiment Station ». Au moment de la récolte, les graines étaient les mêmes que celles de la
variété à haut rendement Starbonnet. Les rendements étaient de 165,4 à 180,3 % supérieurs à ceux Starbonnet, ce qui signifie que le plus bas rendement était 1.65 fois supérieur au riz américain. Les américains furent déconcertés et baptisèrent ce riz « Magic Rice of the East » (le riz magique de l’Est).
- Han Ding, « The Great Reversal: Privatisation in China 1978-1989 »
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trop étroites pour une brouette (6). Comme la production collective a cessé, l’aménagement de l’accès à l’eau n’a ni été poursuivi, ni entretenu pour les installations existantes qui ont été abandonnées à 80 % alors qu’elles existaient depuis les années 70.
Non seulement ces aides concrètes ont été abandonnées, mais les modes de production agraires ont été détruits. A l’époque des Communes Populaires, il-y-avait beaucoup de gens compétents dans les campagnes, honorant les politiques telles que
celle du mouvement de la jeunesse à la campagne ou la mise en commun de la division du travail, mais après la réforme et l’ouverture cela ne fut plus possible. En Mongolie intérieure, avant la division de la production entre ménages, il-y-avait des vétérans qui s’occupaient de tout le bétail de la brigade et enseignaient aux jeunes les techniques vétérinaires, mais après la contractualisation des ménages, le bétail fut attribué à chaque ménage et les anciens n’avaient plus qu’à s’occuper de leur propre troupeau avec pour résultat que quand celui-ci était infecté il contaminait tous les autres troupeaux avec de lourdes pertes. Dans beaucoup de zones rurales, les semences, les engrais, les pesticides qui étaient achetés collectivement par les membres de la brigade ne sont plus achetés que par les fermiers qui sont facilement trompés et escroqués sur les prix toujours en hausse.
Il est visible que ce n’est pas pour des raisons économiques que le capitalisme a remplacé le socialisme.
Tout le processus de la réforme et de l’ouverture ne repose pas sur le développement des forces productives et la construction économique ; il vise la transformation des bureaucrates socialistes de représentants du prolétariat en représentants de la bourgeoisie servant leurs propres intérêts et briguant les privilèges d’État, la restauration complète du capitalisme. Dans ce processus, le prolétariat qui était le maître de l’État est réduit peu à peu au niveau le plus bas de la société, il se fait piétiner. Les serviteurs de l’État, les criminels qui volent la prospérité du peuple, deviennent la classe dominante, les parvenus, les maîtres du peuple sur lequel ils pissent et chient.
Pendant ces décennies, la prospérité du peuple chinois qui a été construite à partir de rien durant les 30 années passées, a été détournée par les bureaucrates et appropriée par eux. Les entreprises d’État ont été vidées et vendues, et celles qui subsistent encore servent à asseoir la bureaucratie bourgeoise pour effacer le peuple. L’appareil d’État a été réduit d’un instrument de la dictature du prolétariat en un instrument de la dictature de la bourgeoisie, et les armes ne sont pas tournées vers la bourgeoisie, mais vers les masses populaires. Le prolétariat ouvrier et paysan a perdu son statut de maître de l’État et devient, peu à peu, la lie de la société. La participation active des masses d’avant s’est transformée en désengagement du prolétariat ouvrier et des paysans, ceux qui étaient hier les plus honorables des travailleurs sont maintenant piétinés et insultés.
Tout cela démontre la nature de la restauration capitaliste qui occupe le devant de la scène depuis les quarante dernières années de réforme et d’ouverture.
III /Les origines de la restauration capitaliste
Le socialisme est l’étape de transition entre le capitalisme et le communisme. A ce stade, les rapports sociaux, la superstructure politique et idéologique du capitalisme et même du féodalisme ne sont pas complètement éliminées, et la
possibilité d’une restauration capitaliste existe encore. Par conséquent, à ce stade historique, conflits et contradictions persistent de façon aiguë et profonde dans tout le champ social.
L’expression la plus directe et basique de ces contradictions pendant le socialisme est encore la contradiction de classe, la lutte de classe. Durant cette période, la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat continue d’exister. Malgré que le système économiquedepropriétécollectiveaitétéinstauré,ladivisionspontanéedutravailsera encore présente durant un temps, de même que la division entre ville et campagne,travailintellectuel et
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- Han Ding, « The Great Reversal: Privatisation in China 1978-1989 »
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manuel,ouvrier et paysan. Au plan politique, l’État doit encore subsister alors que le prolétariat doit progressivement s’affirmer dans ses capacités à participer à la direction politique. De ce fait, la société demeure partiellement un temps entre les mains de bureaucrates et technocrates qui pour la plupart ont des intérêts opposés au prolétariat et cherchent à conserver et consolider leurs privilèges, tirant en arrière le progrès social et revenant même à la ligne bourgeoise.
La ligne générale du prolétariat consiste à éliminer progressivement les trois grandes différences, réformer l’irrationalité du système social et des rapports de production et réduire graduellement les différences de niveau social. Les « deux participations, une réforme et trois combinaisons » (7) ont été engagées afin d’éliminer la différence entre travail manuel et intellectuel et de vaincre le mode de gestion bureaucratique de l’économie. Les cours du soir, les universités populaires et la rapide extension de l’enseignement de base ont été des tentatives de réduire les différences entre travail manuel et intellectuel. Le Grand Bond en Avant et l’industrialisation qui en a résulté à la campagne et dans la mécanisation de l’agriculture, de même que le mouvement vers les campagnes, furent toutes des tentatives de réduire les différences entre ville et campagne, entre ouvriers et paysans. Les Comités Révolutionnaires et « les quatre grandes démocraties » de la révolution culturelle furent des tentatives d’impliquer les masses dans la gestion politique.
A côté de cela, la ligne bourgeoise fut de réduire l’enthousiasme révolutionnaire à des incitations économiques, de prêcher l’absolu commandement des cadres et l’absolue obéissance des ouvriers, de borner l’enthousiasme à des bonus et au développement du marché. Le résultat fut la contamination capitaliste et la consolidation de ses rapports de production, de son système politique et de son idéologie, la perte du pouvoir de décision par le prolétariat, et finalement la restauration du capitalisme. Cette phase de transition ne se résume donc pas à une seule voie unique, mais à un choix potentiel et déterminant entre capitalisme et socialisme.
Le socialisme, comme toutes les formes sociales avant lui, est un processus de constante lutte et évolution et c’est pourquoi la direction finale qui sera prise entre capitalisme et socialisme est déterminée par la victoire dans la lutte entre deux lignes, entre deux classes. La théorie de la poursuite de la révolution durant la dictature du prolétariat est un grand approfondissement portant sur cette phase de transition.
Admettant que le socialisme est une phase de transition et que les contradictions persistent durant cette période, il apparaît donc nécessaire à la classe ouvrière de se battre contre la bourgeoise dans un cadre organisé et de faire aboutir une transformation révolutionnaire dans le cours même de cette bataille. La Grande Révolution Culturelle
Prolétarienne fut un mouvement révolutionnaire qui transforma les conditions d’existence dans la production, dans les structures politiques et idéologiques et fut une féroce guerre de classe.
C’est précisément parce que la révolution culturelle est un mouvement révolutionnaire que sa base sociale ne repose pas sur un monde idéalisé, mais sur une société complexe pleine de contradictions. Les contre-révolutionnaires provoquèrent des ravages et des tragédies haineuses, les révolutionnaires commirent aussi des erreurs en lien avec leur inexpérience et la destruction de la ligne petite-bourgeoise. Aujourd’hui la bourgeoisie condamne la révolution pour cela et insulte même la révolution en réprimant les révolutionnaires. Quelles sinistres motivations !
Finalement, pour de nombreuses raisons – la faiblesse de la classe ouvrière, les failles de la stratégie révolutionnaire, l’influence corrosive de la ligne petite-bourgeoise, la puissance de la bureaucratie, les bases inappropriées de collectivisation dans l’agriculture, etc… Les révolutionnaires de la révolution culturelle ont échoué.
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- l’important contenu de la « Anshan Constitution du fer et de l’acier » est que « les ouvriers participent à la direction, les cadres participent à la production, modifient le système irrationnel de production et font coopérer ouvriers, cadres et techniciens ».
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La ligne prolétarienne a échoué et au lieu d’évoluer graduellement vers le communisme, la société est tombée mortellement entre les mains des bureaucrates. Tout cela pour dire que la transition du socialisme au communisme est loin d’être simple par le seul résultat du développement des forces productives, ce n’est jamais une transition en douceur, la lutte de classe durant cette période, d’une certaine façon, est encore plus âpre que du temps du capitalisme.
L’histoire de la réforme et de l’ouverture, à l’exception de quelques avancées qui ne peuvent qualifier le tout, marque la défaite de la cause révolutionnaire en Chine et dans le monde entier. Toutefois, on est loin d’une totale régression, loin d’une révolution ayant sombré dans une ruine totale, loin d’une révolution qui se serait éloignée petit à petit de ses objectifs et renoncé à la victoire. Dans cette période de l’histoire, les conditions matérielles pour l’ultime victoire du prolétariat ont été poussée aussi loin qu’elles pouvaient au point de pouvoir briser les chaînes du vieux monde et d’en faire naître un nouveau ; les contradictions qui ont été perdues de vue durant la période socialiste se sont finalement traduites par une lutte à mort entre deux classes rendant, de fait, plus évidentes les contradictions du socialisme à notre connaissance ; le prolétariat, comme force dirigeante de la révolution est allé jusqu’à pouvoir mettre fin au vieux monde.
Il s’ensuit que l’histoire depuis la réforme et de l’ouverture du pays semble avoir effacé la révolution, mais en fait, elle prépare une révolution plus complète, avisée et violente ; comme si cette défaite avait été infamante pour le prolétariat, alors qu’elle a renforcé le prolétariat aussi bien en terme de conscience qu’en nombre, bien plus que le prolétariat précédent qui a écrit une glorieuse histoire.
Un écrit critique ne changera jamais la nature de la société mais il peut sécher les larmes versées par elle. Quand le corps social putride est dévoilé aux masses, quand le prolétariat s’arme de la théorie et de la réalité pour affronter la brutale voracité de la bourgeoisie et la profonde corruption de la vieille société en décomposition, toutes les classes dirigeantes de la vieille société n’auront plus qu’à devenir folles de désespoir et alors leur faillite sera inévitable !
Le voile de honte est enfin tombé du corps pourri de l’impérialisme chinois, le drapeau rouge du socialisme est à nouveau porté haut, et les flammes de la révolution prolétarienne éclaireront la longue nuit sombre, brilleront en brûlant le corps corrompu de la vieille société !