Nous avons, à partir du « Reporterre d’octobre », réécrit, réduit et commenté (en gras) un article fort intéressant publié dans cette Revue numérique.
La question de l’environnement a été, et l’est toujours, sous-estimée par les mouvements progressistes et communistes, opposant trop souvent la lutte de classe à la protection de l’environnement.
De nombreux exemples, depuis des dizaines d’années, démontrent l’antagonisme d’intérêts entre le capitaliste monopoliste pour qui seul compte la rentabilité, le profit maximum et l’intérêt de la défense de l’environnement, de l’unité de l’Homme et de la Nature.
« Climato-sceptique » ou non la politique des dirigeants bourgeois s’accroche aux bonnes vertus du « marché » et de la technique. Leur seule morale c’est celle du tiroir-caisse : « j’achète, je vends » et surtout le court terme
Quant à la morale ou à la politique de la petite bourgeoisie c’est de croire toujours et encore à la possibilité de réformer le Capital, à le dompter, le moraliser alors qu’elle ne fait que l’accompagner dans la descente aux enfers, vers la catastrophe environnementale en cours. Cet article en est une bonne démonstration. (La rédaction, en gras l’affirmation de notre point de vue)
COP 16 : l’économie capitaliste peut-elle protéger la nature ?
Les promoteurs des « crédits biodiversité » à la COP16 jurent que donner une valeur monétaire aux écosystèmes permettra de les protéger. « Naïf », « absurde » et porteur de « dangers insurmontables », selon les écologistes qui s’y opposent.
Puisque l’économie capitaliste ravage le vivant sur Terre comme jamais auparavant, il suffirait d’intégrer le vivant dans l’économie capitaliste pour arrêter le massacre. La tentation de financiariser la nature pourrait quoi qu’il en soit franchi un cap décisif dans les prochains jours. Ce sera l’un des sujets scrutés par les participants à la COP16.
Les termes « crédits biodiversité » devaient notamment occuper les discussions. Ceux-ci consisteraient à évaluer le gain économique que représenterait la préservation ou la restauration de tel ou tel écosystème. Par exemple : la valeur du service écosystémique que représente la filtration de l’eau par une zone humide restaurée, la protection contre la submersion d’une mangrove que l’on renonce à détruire, etc. Les actions vertueuses en faveur de la protection de la biodiversité auraient ainsi une valeur monétaire, convertible en crédits que pourraient générer ou s’échanger les acteurs sur le marché.
Les faiseurs de crédits ont le soutien de Macron et Von der Leyen
Un tel mécanisme fait l’objet d’un travail de lobbying intensif depuis quelques années, poussé notamment par la France, à l’initiative d’Emmanuel Macron… Toujours à la pointe des « innovations » illusionnistes.
À l’échelle européenne, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a elle-même vanté en septembre les intérêts potentiels des « crédits nature ».
Soutenue par de tels poids lourds, l’idée d’un marché international des crédits biodiversité a de fortes chances de se concrétiser rapidement. L’IAPB (agence internationale de prévention , qui devait présenter sa « feuille de route mondiale » durant la COP, propose d’ores et déjà de lancer 30 projets pilotes à travers le monde….
Une opposition légaliste
L’enthousiasme est loin d’être aussi général du côté des associations. 239 d’entre elles, issues du monde entier, ont signé début octobre une déclaration commune condamnant « les dangers insurmontables » d’un tel mécanisme de marché, appelant les gouvernements à y renoncer et à « donner la priorité aux changements transformationnels en s’attaquant aux causes sous-jacentes de la perte de biodiversité, notamment en promouvant une réglementation plus stricte des activités nuisibles réalisées par les entreprises ». (C’est le site qui souligne)
Ignorance ? Naïveté ? Comment peut-on penser que ceux qui sont à la tête des grands Etats capitalistes, les grands groupes industriels, les monopoles internationaux et les gouvernements qui leurs sont liés pourraient promouvoir des réglementations nuisibles à leurs voracités de profits ?
Pensé sur le même principe que les crédits biodiversité mais appliqué aux émissions de gaz à effet de serre, le marché des crédits carbone est régulièrement entaché de scandales de fraudes, il s’avère largement inefficace, et génère une spéculation et un accaparement des terres, souvent au détriment de populations autochtones. Plus de 90 % de ces mécanismes seraient même « systématiquement manipulés » selon une récente enquête internationale.
Béton contre écologie
Au cœur des contestations figure également la notion de compensation. Les crédits biodiversité auront notamment vocation à servir d’outil pour compenser la destruction d’un écosystème. Il serait ainsi possible d’acheter un crédit certifiant de la préservation ou de la restauration d’un autre écosystème supposément équivalent à celui que l’on souhaite par exemple couvrir de béton.
« C’est naïf de penser qu’on peut détruire et remplacer un écosystème existant », rétorque Philippe Grandcolas, directeur adjoint scientifique de l’Institut écologie et environnement du CNRS. « Il y a plein de fonctions dans un écosystème qu’on ne connaît pas encore ou qui nous paraissent aujourd’hui inutiles mais pourraient être précieuses à l’avenir. Et même lorsqu’on pense comprendre un système, il peut contenir une espèce responsable d’effets importants, rares et que l’on n’a pas prédits. C’est le danger d’une telle approche utilitariste, qui entraîne une vision réductionniste et court-termiste de la biodiversité. »
L’exemple français a pourtant de quoi laisser sceptique. Dans 80 % des cas, les mesures de compensation ne permettraient pas d’éviter les pertes de biodiversité, selon une étude menée sur 24 projets en Occitanie et dans les Hauts-de-France en 2019. Le cas emblématique de l’A69, projet d’autoroute écologiquement désastreux, dénoncé par de nombreux scientifiques, est aussi un exemple d’échec en matière de compensation.
« C’est tout aussi absurde de vouloir compenser un écosystème que si on annonçait détruire un village ou une famille humaine et compenser en en installant une autre ailleurs », lançait ainsi un naturaliste lors d’un rassemblement de défense de la forêt de Bord contre le projet de contournement de Rouen, en mai 2023.
Quant à la manière de financer le coût réel d’opérations de protection d’écosystèmes, la prévention et une réglementation ambitieuse seraient plus efficaces que le marché, avancent les associations opposées aux crédits biodiversité. « Réglementer est beaucoup plus efficace pour préserver la biodiversité, assure Frédéric Hache. On sait que les mécanismes de marché sont inutiles, ils ne servent qu’à gagner du temps de la part des secteurs économiques qui auraient à perdre à une réglementation et repoussent l’échéance. Exactement comme pour les crédits carbones. »
« Réglementer », faire des lois, etc. qui ne sont jamais appliquées ou détournées ne peut jamais être la solution. Elles ne sont qu’illusions et retardent un engagement de masse réel et actif sur la base d’un programme d’urgence. Combattre au jour le jour les conséquences du mode production capitaliste en ayant en perspective un autre mode production respectueux de la nature (dont l’Homme fait partie), social et géré collectivement. Telle est notre feuille de route, celle menant au socialisme-communisme.
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