16 juillet 2024

Le débat est ouvert -2

LA RÉACTION OU LE FASCISME ?

Il existe aujourd’hui et notamment après le coup de Trafalgar de la dissolution de l’assemblée nationale, un débat parmi les révolutionnaires pour qualifier la situation actuelle. Il est en effet nécessaire de définir où nous en sommes des rapports de force dans la lutte des classes en France pour déterminer notre place face à la bourgeoisie. Face à la bourgeoisie, on est contre ! Bien sûr, mais de quelle bourgeoisie parle t-on aujourd’hui ? De l’électorat bourgeois des 20 % (*) qui veut maintenir son niveau de vie rivé au capitalisme et à son dernier stade, l’impérialisme, atteint dans tous les pays d’Europe ? Cette bourgeoisie qui vote un coup pour Macron, un coup pour Glucksmann et qui est en fait pour le statu quo en France et partout ailleurs, y compris en Palestine ? Ou bien de l’électorat des 40 %, encore plus à droite qui se retrouve dans l’orbite du RN et ne vise qu’à un Etat plus répressif, protectionniste et xénophobe ?

Comment la qualifier cette bourgeoisie? Elle n’est pas homogène.  Certains parlent de « réactionarisation » parce qu’ils pensent que cette masse des 20 % nous tire en arrière et veut revenir à une situation antérieure (la période keynésienne du capitalisme de l’après-guerre avec une politique de relance par la demande ?) . Mais, cette période fait encore rêver certains à gauche avec le mythe de l’État Providence (services publics forts, avantages sociaux, plein emploi), est-ce cela la « réactionarisation » ? Non pas sans doute, ils parlent de revenir encore plus en arrière, dans les années 20 ou 30, mais alors là le danger n’était-il pas la montée du fascisme avec les 40 % qui trompent l’électorat ouvrier ? Alors pourquoi ne pas parler de fascisation pour aujourd’hui ? Qui dit fascisation ne dit pas nécessairement fascisme, mais tendance au fascisme.

La tendance au fascisme peut aussi bien être assimilée à la tendance à la réaction, la différence serait la position de classe de la bourgeoisie (et consécutivement du prolétariat) : dans la réaction, la bourgeoisie n’a pas de peine à écraser économiquement et politiquement le prolétariat, alors que dans la fascisation elle a du mal à y arriver et donc doit concéder une partie de son hégémonie à l’extrême droite fasciste.

La question est ainsi posée : Macron arrive-t-il sans peine à écraser le prolétariat ?

Si c’était le cas pourquoi aurait-il dissout l’Assemblée ?(à supposer que cette décision ait été rationnelle). Donc, pour ma part, je préfère parler de fascisation. De là, l’attitude qui s’ensuit : ne pas sous-estimer les risques liés à la situation ouverte par Macron le 9 juin. Si le RN arrive au pouvoir, on sera sûrs de connaître la vrai réaction et la réponse populaire augmentera la fascisation du régime.

Partant de là, que penser du « nouveau front populaire » ? Après la révolution citoyenne (dans les urnes !), les assemblées populaires communales (qui n’ont jamais existé), le parlement populaire (qui n’existe plus), voilà la dernière trouvaille de LFI qui instrumentalise l’Histoire : le nouveau front populaire !

90 % de tripatouillages électoraux et 10 % de programme de bricolage du capitalisme. On mélange un peu tout et ça fait une énorme salade qui fait du volume dans l’assiette mais n’a pas beaucoup de goût. Evidemment, certaines mesures seraient bonnes à prendre dans l’immédiat, mais surtout ce « programme de rupture » ne rompt en rien avec le capitalisme, pas de dénonciation de l’impérialisme au stade du capitalisme monopoliste (celui des 1%), pas de perspective révolutionnaire dans l’affirmation de la nécessité d’une société socialiste contre la destruction de la Nature, du Travail, et pour la Paix entre les peuples.

Grâce à cet accord électoral, le PCF qui fait le score du parti animaliste ou de celui de Jean Lassalle se retrouve toujours avec ses 50 circonscriptions pour former un groupe parlementaire, le PS des social-traîtres de toujours se retrouve avec 175 investitures contre 229 pour les LFI qui les ont remis en selle…

Alors, la solution serait de voter encore pour eux ?

Organisons plutôt les forces révolutionnaires dans ce pays et formons des comités de base avec les syndicats de classe dans les entreprises pour pousser à la roue des vraies revendications populaires, car c’est vraiment cela « faire front populaire ».

Après la NUPES, ne soyons pas DUPES.

Pour la vraie rupture révolutionnaire, organisons-nous !

Pierre Chardon

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(*) chiffre à diviser par deux pour le rapporter à la population totale en âge de voter.

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