27 décembre 2024

Contribution au webinaire : Le front uni accélère ! – L’impérialisme et la lutte des classes

Contribution au webinaire : Le front uni accélère ! – L’impérialisme et la lutte des classes

Par Abdesselam Adib, syndicaliste marocain, 8 mai 2021

 

1 – Je m’appelle Abdesselam Adib, syndicaliste marocain, au nom de la classe ouvrière marocaine je salue l’évènement de la fondation du front uni contre le fascisme et l’impérialisme, et je salue aussi l’organisation de ce webinaire en cette occasion. Mon intervention tracera brièvement les très généraux des relations dialectique qui lie l’impérialisme et la lutte de classe au Maroc et dans le Monde.

2 – La date d’aujourd’hui 8 mai marque l’anniversaire annuel 76 de la victoire de l’Union soviétique en tant que premier État prolétarien de l’histoire sur le nazisme en 1945, lorsque l’Armée rouge soviétique a réussi à installer le drapeau rouge avec une faucille et un marteau sur le bâtiment Reichstag dans la capitale allemande. C’est un moment historique qui ne sera pas oublié, étant donné les implications de la victoire du mouvement ouvrier international sur l’impérialisme fasciste allemand, et pour l’émancipation de l’humanité.

3 – Les masses dirigées par le prolétariat et son parti révolutionnaire bolchevique ont réussi à se libérer du joug du capitalisme en Russie et à construire le socialisme en Union soviétique. Selon eux, la guerre contre les armées allemandes fascistes était une guerre pour libérer tout le peuple soviétique. Le contenu de l’adresse radio de Joseph Staline le 3 juillet 1941 était chargé de ces connotations:

«Le but de cette guerre nationale patriotique pour la défense de notre pays contre les oppresseurs fascistes est non seulement d’éliminer le danger qui plane sur notre pays, mais aussi de soutenir tous les peuples qui gémissent sous le joug du fascisme allemand. Dans cette guerre de libération, nous ne serons pas seuls »

4 – Depuis la chute du nazisme en 1945, la classe ouvrière a été progressivement re-domestiquée par les effondrements successifs de ses institutions d’autodéfense par le révisionnisme qui a permis le retour du capitalisme en Russie et en Chine, ainsi que le retour de la domination impérialiste sur les pays récemment décolonisé et le renversement des Etats souverain qui cherchaient à garder leurs autonomies.

5 – Le fascisme n’est pas un concept mystique, mais, une réalité terrifiante et tangible dans la vie quotidienne des gens, et de nombreux peuples vivant sous son joug. Au Maroc, par exemple, depuis la crise économique mondiale de 2008–2009 et les réactions populaires maghrébines et arabes contre les politiques néo-libéral d’austérité économique et sociale qualifier de printemps arabe, et avec la montée de l’islam politique au gouvernement, nous avons vécu, une escalade de comportements fasciste en parallèle avec l’imposition des politiques néolibérales adoptées. Réprimant ainsi des voix réclamant la justice sociale, les activistes du Harak du Rif sollicitant la construction des écoles et des hôpitaux dans une région qui connaît une marginalisation total par l’État depuis soixante ans, les travailleurs des mines de charbon traditionnelles de la ville de Jerada , jeté dans les prisons simplement parce qu’ils exigeaient de l’État une alternative économique. La répression allait au-delà des manifestations syndicales et de masse pour restreindre aussi la liberté d’expression, arrêter de nombreux journalistes et blogueurs sur les réseaux sociaux et répandre une atmosphère d’intimidation constante pour ne pas juger le comportement du gouvernement.

6 – Les politiques néolibérales, ont provoqués la cherté de la vie des prix de consommation de base, élevé les taxes, des licenciement massifs, la gelé des bas salaires, le démantèlement des services publics vitale, répandant la pauvreté. Ces incidences ont constitué des raisons objectives de protestations et des grèves, et un rejet populaire général. La seule réponse du gouvernement aux revendications populaires, était la répression, les arrestation et la déduction des salaire des grévistes. En effet, au cours des années 2020 et 2021, toutes les formes de manifestations, y compris les manifestations du 1er mai, ont été interdites sous prétexte des conséquences de la pandémie de Covid19.

7 – La relation de l’impérialisme et du fascisme avec les luttes de classe ouvrière pose une problématique de forme, du processus et des conséquences de cette lutte de classe. Quelles sont donc les traits de cette relation dialectique entre l’impérialisme et le fascisme d’une part, et la lutte de classe menée quotidiennement par la classe ouvrière, d’autre part ?

8 – En aucun cas, nous ne pouvons séparer directement le concept d’impérialisme et de colonialisme de la nature du mode de production capitaliste. Au contraire, ils sont tous deux le résultat du même processus dialectique du capitalisme depuis son émergence au XIIIe siècle à ce jour. Le colonialisme militaire capitaliste direct était une réponse aux exigences des conditions de son accumulation primitive, de la gestion de ses crises de surproduction et de la tendance à la baisse du taux de profit.

9 – La domination du colonialisme militaire capitaliste direct sur les différents peuples du monde au début du XXe siècle était la manière d’imposer le mode de production capitaliste au peuple du monde et soumettre la classe ouvrière émergente, séparée de son mode de production traditionnel, aux conditions de l’accumulation capitaliste et du pillage de la plus-value sous ses deux formes absolue et relative. Karl Marx confirma cette thèse dans le Manifeste communiste que la bourgeoisie a forcé «toutes les nations, Sous peine de mort, à adopter le mode de production bourgeois. En un mot, elle modèle le monde à son image ».

10 – Aucun chercheur objectif ne peut nier le rôle de la traite négrière et du pillage colonial dans l’accumulation capitaliste primitive au sein des pays coloniaux européens, ni le rôle de l’avidité des puissances coloniales et de leur soif de colonies dans le déclenchement des différentes guerres qui se sont produites sous ce système, en particulier les première et deuxième guerres mondiales. Karl Marx conclu dans le premier volume du Capital qu «il fallait pour piédestal à l’esclavage dissimulé des salariés en Europe, l’esclavage sans phrase dans le nouveau monde […] La découverte des contrées aurifères et argentifères de l’Amérique, la réduction des indigènes en esclavage, leur enfouissement dans les mines ou leur extermination, les commencements de conquête et de pillage aux Indes orientales, la transformation de l’Afrique en une sorte de garenne commerciale pour la chasse aux peaux noires, voilà les procédés idylliques d’accumulation primitive qui signalent l’ère capitaliste à son aurore […] Les trésors directement extorqués hors de l’Europe par le travail forcé des indigènes réduits en esclavage, par la concussion, le pillage et le meurtre refluaient à la mère patrie pour y fonctionner comme capital. »(Karl Marx, Vol. 1, Section VIII)

11 – Face à l’extrême exploitation capitaliste de la force de travail, la pensée prolétarienne anti-bourgeoise-capitaliste a émergé depuis les années trente du XIXe siècle, notamment avec le cadrage philosophique et organisationnel sous la direction de Karl Marx et Frederick Engels au début des années quarante de ce siècle. Des révolutions prolétariennes successives, éclataient depuis, visant à éliminer le mode de production capitaliste 1848, 1871, 1905, 1917 et 1949. Ce qui a permis enfin à la classe ouvrière de prendre le pouvoir et imposer sa dictature du prolétariat, notamment en Union soviétique et en Chine. Ces révolutions ont également permis à la classe ouvrière d’organiser les peuples colonisés en mouvements de libération, ce qui leur a permis d’accéder à l’indépendance politique au cours des années cinquante et soixante du vingtième siècle.

12 – Cependant, l’indépendance politique des anciens peuples coloniaux a continué à maintenir des liens capitalistes économiques avec leurs anciennes puissances coloniales, et ce sont les entrées que les puissances impérialistes exploitaient à travers leurs institutions internationales, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, pour re-adapter ces pays aux conditions de leur accumulation capitaliste, c’est ce qui a constituer les pays néocoloniaux, où de nouveaux mécanismes et techniques de pillage de la plus-value s’employaient contre la classe ouvrière de ces pays.

13 – Parmi les politiques impérialistes adoptées à cette époque, par lesquelles il a pu briser tous les espoirs d’indépendance économique, politique et sociale des peuples du tiers monde nouvellement décolonisé, se trouve les politiques dites « néolibérales », qui ont permis l’assujettissement absolu de la souveraineté et des économies des pays du Sud à la domination des sociétés multinationales, à travers, l’imposition de la privatisation et la suppression des barrières douanières et par des investissements directs étrangers ou des contrats d’approvisionnement avec des entreprises locales.

14 – L’étape des politiques néolibérales a rendu possible pendant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix du XXe siècle et à travers la formation des chaînes mondiale de la marchandise, ou ce qu’on appelle aussi les chaînes de valeur mondiale ou les réseaux mondial de la marchandise, qui porte le même signification. Ce sont les inventions des grandes firmes multinationales pour l’établissement de leur monopole afin d’exercer leurs extrêmes exploitation de la main d’œuvres des pays de sud, en échange de bas salaires inférieurs au niveau de leur valeur réelle. L’exportation de ces marchandises vers les marchés des pays impérialistes, permis de les vendre à des prix plus élevé. Dans ce contexte le transfert simple et systématique de la plus-value produite par la force de travail des prolétaires de Sud contre de bas salaires vers les pays impérialistes, il devient impossible de développer ou d’améliorer les conditions de vie des milliards des prolétaires du Sud. Les seuls bénéficiaires dans ces pays se sont les mafias au pouvoir qui jouent un rôle de médiation entre l’impérialisme exploiteur et les prolétaires exploité.

15 – Gary Gereffi, l’un des principaux analystes de la chaîne de valeur mondiale, déclare: «une caractéristique frappante de la mondialisation contemporaine est qu’une part très importante et croissante de la main-d’œuvre dans de nombreuses chaînes de valeur mondiales se trouve désormais dans des économies en développement. en un mot, le centre de gravité d’une grande partie de la production industrielle mondiale s’est déplacé du nord vers le sud de l’économie mondiale »(voir, The new offshoring of jobs and global development»2005, documents de l’OIT).

16 – Sans aborder ici l’impact de ce processus sur la classe ouvrière dans les pays impérialistes, et sa souffrance dû au transfert de la plupart des branches des entreprises productives vers les pays du Sud, et compte tenu des avantages des salaires relatifs en échange de la plus-value relative qu’elles produisent. Ce qui importe ici, c’est l’étendue de l’influence des chaines de valeur mondial sur la pénétration de l’avidité impérialiste et de son exploitation hideuse de la main-d’œuvre du Sud et de son agression excessive contre tous les peuples et États qui peuvent exprimer leur opposition à ce nouveau modèle capitaliste impérialiste, de pillages et d’extrême exploitation. Le renversement des pays à travers le bouclier militaire impérialisme, afin de reprendre le contrôle et les adapter aux conditions de leur nouvelle conditions d’accumulation, comme cela s’est le cas, en Afghanistan, Irak, Syrie, Libye et la déstabilisation d’autres pays en Afrique et Amérique latine, ou en Asie. Il existe dans ce champ une relation dialectique entre l’exploitation capitaliste, l’impérialisme, le fascisme et les guerres incessantes.

17 – L’application des politiques économiques impérialistes, confronté souvent à de large opposition ouvrière partout dans le monde, pousse les gouvernements locaux à adopter des attitudes fascistes pour supprimer la liberté d’opinion et d’expression, les grèves et les manifestations populaires, à la lumière d’un black-out des médias et de la complicité des forces impérialistes.

18 – Comme l’a souligné Gary Gereffi, l’essentiel de la production industriel et agricole est désormais produit par la classe ouvrière du sud et ses paysans pauvres. Il suffit de consulter les rapports internationaux concernant le commerce international pour confirmer le volume des exportations du sud vers le nord, étant donné qu’il s’agit d’exportations de la chaîne de valeur mondiale qui transfèrent la plus-value produite par la main-d’œuvre du sud, aux coûts les plus bas, pour les revaloriser dans les centres des pays impérialistes.

19 – Les rapport de l’organisation mondial de travaille montre que la croissance de la classe ouvrière industrielle mondiale entre 1950 et 2010 dans les «régions plus développées» et «les régions moins développées». En 2010, 79 pour cent, soit 541 millions, des travailleurs industriels du monde vivaient dans des «régions moins développées», contre 34 pour cent en 1950 et 53 pour cent en 1980, contre 145 millions de travailleurs industriels, soit 21 pour cent du total. Pour les travailleurs de l’industrie manufacturière, ce changement est encore plus dramatique, car dans les pays à bas salaires, l’industrie manufacturière représente une proportion beaucoup plus élevée de l’emploi industriel total que dans les économies impérialistes, et donc, comme John Bellamy Foster, Robert W. McChesney et r. Jamil Jonna souligne: «La grande catégorie de l’emploi industriel sous-estime systématiquement la mesure dans laquelle la part mondiale du secteur manufacturier a augmenté dans les pays en développement».(Voir leur étude en 2011 intituler : The Global reserve army of labor and the new imperialism)

20 – L’économiste marxiste brésilien Roy Mauro Marini (1932–1997) avait précédemment indiqué en 1967 dans son livre «Backwardness and Revolution» que «l’histoire du sous-développement en Amérique latine est l’histoire du développement du système capitaliste mondial». On peut conclure avec lui que L’histoire du sous-développement global et de la détérioration de l’humanité et de son environnement est l’histoire du développement du système capitaliste, en particulier dans son stade impérialiste.

21 – La domination et le pillage impériaux étaient une condition nécessaire à l’émergence du capitalisme en Angleterre, mais il a fallu tout le cours historique du développement capitaliste pour que la division impériale du monde soit absorbée et qu’elle devienne une caractéristique du rapport capitaliste lui-même. C’est cette caractéristique qui est devenue l’une des préoccupations centrales de Lénine, qui a défini cette dernière étape du capitalisme en termes politiques pointu, « la division des nations en oppresseurs et opprimés est l’essence même de l’impérialisme ».

22 – Lénine a écrit son livre, L’impérialisme stade suprême du capitalisme, en 1916, au milieu de la Première Guerre mondiale, comme guide d’action et sur la base d’une analyse concrète de la réalité concrète. De 1916 à nos jours, il y a eu plusieurs développements dans les formes de domination impérialiste, mais ils trouvent néanmoins leurs origines au cœur de l’analyse marxiste à travers la théorie de la valeur et l’analyse léniniste dans son livre L’impérialisme stade suprême du capitalisme. Pour faire face à l’impérialisme et au fascisme aujourdhui , et pour la révolution prolétaire mondiale, nous somme appeler à des analyses concrète de la réalité concrète de la situation économique et politique mondiale sur la base du marxisme léninisme.

23 – La conclusion que nous pourrons tirer de l’analyse de Lénine est que le stade du monopole capitaliste d’Etat aboutisse nécessairement sur l’impérialisme, le fascisme, les guerres, les révoltes nationales, les guerres civiles et les révolutions prolétariennes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *