21 novembre 2024

Les crises du système capitaliste et la crise du corona : On ne payera pas pour leurs crises !

Un article de nos camarades du MLPD en Allemagne analyse les multiples crises du système capitaliste et leurs liens avec la crise sanitaire actuelle:

La pandémie du coronavirus a un impact très sévère, la vie quotidienne est bouleversée. Non seulement des vies humaines sont gravement menacées, mais aussi de nombreuses existences professionnelles. L’incertitude et les craintes pour l’avenir grandissent, mais il en va de même de l’esprit de combat et de la solidarité. Tout cela face à une gestion de crise par les dirigeants, par laquelle ils veulent avant tout sauver le fonctionnement de leurs États et de leurs économies. D’un autre côté, les travailleurs de la santé et les supermarchés travaillent souvent de manière désintéressée jusqu’à leurs limites. Entretemps, des mesures d’urgence ont été prises qui signifient une réduction sans précédent des droits et libertés de la démocratie bourgeoise. La pandémie corona devient un scénario de justification pour charger les masses de la crise économique et financière mondiale.

Les dirigeants tentent également de maîtriser la crise politique qui s’aggrave constamment et la crise de confiance qui s’est propagée à l’ensemble du système politique. Cela a permis au parti CDU (Parti démocrate chrétien, au gouvernement) de gagner temporairement des points dans les enquêtes. Cependant, cela ne devrait pas mettre fin à la profonde crise de confiance. Au contraire: les mesures visant à répercuter les fardeaux de la crise dans les usines ou à démanteler les droits et libertés démocratiques et civiles font l’objet de critiques croissantes. Pour renforcer cette critique, il est important de briser la manipulation équivalente de l’opinion par les médias bourgeois.
Désormais, les mesures d’urgence prises expriment un renforcement de l’évolution droitière du gouvernement. Encore en 2011, Stefan Engel a écrit dans le livre ‘L’aube de la révolution socialiste internationale’: « Avec les lois d’urgence, les monopoles allemands ont créé des instruments pour un changement » légal  » de leurs méthodes de domination de la démocratie comme méthode principale à la dictature comme méthode principale. Jusqu’à présent, cependant, ils ont poursuivi la fascisation de l’appareil d’État, en dessous du seuil de l’état d’urgence. »
Les gouvernements des länder et le gouvernement fédéral n’ont pas encore osé imposer le confinement à l’échelle nationale. Le 22 mars, ils ont décidé d’une « interdiction de tout contact ». Ceci et les mesures déjà prises caractérisent de fait les mesures d’urgence. Cela renforce les forces qui poussent depuis quelques années au sein des dominants à passer de la méthode gouvernementale principale du système de pensée petite-bourgeoise à la réaction ouverte vers l’intérieur et vers l’extérieur.
Sous le terme trompeur de crise du corona, qui met toutes les crises capitalistes sur la pandémie, diverses mesures sont actuellement mises en œuvre pour transférer le fardeau de la crise sur les masses, promouvoir le développement de nouvelles lois, réduire davantage les droits et libertés démocratiques, etc. Même le résultat très négatif des Négociations annuelles dans la métallurgie, déjà élaboré par les capitalistes et les dirigeants syndicaux de droite fin 2019 – alors que personne ne parlait de la pandémie – est maintenant vendu sous l’enseigne de l’urgence corona.

Les ouvriers industriels à l’avant-garde
Cette situation s’est développée à une vitesse vertigineuse. Tout comme le gouvernement chinois, les gouvernements européens ont perdu un temps précieux. Pendant trop longtemps, ils ont retardé des mesures de protection globales, en particulier par respect pour les intérêts du profit capitaliste.
Ce sont les travailleurs industriels des grandes entreprises automobiles en Italie, en Espagne et en Allemagne qui, par leurs protestations et leurs premières actions de grève, ont pris la tête pour un véritable mouvement d’arrêt – avec arrêt de la production et pleine compensation salariale. Ils ne voulaient plus accepter que leurs enfants soient renvoyés chez eux, mais qu’ils doivent souvent continuer à travailler sans mesures de protection, tandis que la direction se protège par vidéoconférence. Par leur appel « Pour la fermeture maintenant! », les travailleurs de l’usine Daimler de Vitoria-Gasteiz, la plus grande usine du Pays basque, ont arrêté la chaîne de montage le 16 mars et imposé la fermeture temporaire pour des raisons de santé.

Avec son programme immédiat contre la pandémie de corona, distribué devant de nombreuses entreprises et dans d’innombrables zones résidentielles, le MLPD a orienté, entre autres, sur la lutte pour « l’arrêt immédiat de la production industrielle, de la logistique et de l’administration, à moins qu’il ne s’agisse d’approvisionnements socialement nécessaires ou de mesures d’urgence ». En Allemagne aussi, ce sont les protestations scandalisées des équipes qui ont forcé les entreprises à arrêter la production. Mais les conditions dans lesquelles cela s’est produit sont scandaleuses: dans certaines grandes entreprises, des vacances obligatoires ont été prescrites, dans d’autres, seule une fraction du salaire devrait être payée et le reste serait compensé par des heures supplémentaires ou transformé en chômage partiel.

Risque d’effondrement du système de santé« 
L’Allemagne est bien préparée à une pandémie » – ce message fier du gouvernement fédéral se révèle être un mensonge. Ce n’est qu’après des semaines qu’au moins les hôpitaux et les cabinets d’urgence ont été – avec du retard et insuffisamment – équipés de masques et de tenus de protection – mais les cabinets médicaux ne le sont toujours pas !
Les forces destructrices de l’impérialisme s’expriment par l’état actuel du système de santé: 1,6 billion d’euros ont été dépensés en armements dans le monde en 2018 et pour la recherche militaire, tandis que la recherche sur les médicaments et les vaccins pour les virus a été suspendue en raison d’un manque de perspectives de profit. L’état catastrophique dans les soins de longue durée, en particulier parmi le personnel de soins intensifs très stressé, amène à la situation qu’un tiers du personnel veut quitter ce travail. Beaucoup de femmes ne le font qu’à temps partiel et les congés de maladies sont élevés. Ulla Heddemann, infirmière en soins intensifs de la Charité de Berlin, a critiqué dans sa pétition We-act: «Maintenant se venge la vague de privatisations et de recherche de profit des 20 dernières années. … Dans la crise, cela devient particulièrement évident: l’accent doit être mis sur les personnes et non sur les bénéfices – en particulier dans le système de santé. « 

Un crash profond en pleine crise économique
Une nouvelle crise économique et financière mondiale s’est développée depuis l’été 2018. En Chine, la croissance de la production industrielle a déjà considérablement diminué depuis lors. En janvier et février 2020, elle a baissé de 13,5% et l’investissement a chuté de près de 25%. Cette baisse de la production industrielle a été la plus forte jamais enregistrée en Chine. En Allemagne, la production industrielle diminue depuis l’été 2018 – avec une tendance qui va en se renforçant. La baisse moyenne au cours des 12 mois de l’année dernière était de 3,5%.
La crise économique et financière mondiale actuelle devrait encore dépasser la plus profonde crise jusqu’ici de 2008 à 2014. Il était clair depuis longtemps que la gigantesque suraccumulation de capital devait être réduite par la destruction d’énormes quantités de capital. Celui-ci est désormais en cours sous le titre de « Crise du Corona » et est impitoyablement mis sur le dos de la classe ouvrière et des masses. Une vague massive de faillites, en particulier de petites entreprises et de travailleurs indépendants, mais aussi de grandes entreprises et de banques est à prévoir. La concurrence inter-impérialiste s’intensifie massivement et augmente le risque de guerre.
Sur les marchés boursiers mondiaux, la panique des négociants en valeurs mobilières devant une telle évolution a provoqué les deux plus grandes baisses d’actions depuis 2008. En même temps, des fonds spéculatifs parient autour de l’effondrement des titres en gagnant – à cause de la crise – des milliards. Un éclatement de la crise financière mondiale interagissant avec la crise de surproduction actuelle, peut approfondir cette dernière brusquement.
Pour éviter cela, tous les pays impérialistes et la Banque centrale européenne (BCE) lancent progressivement de gigantesques et nouveaux programmes de crise. Le gouvernement fédéral promet des prêts, des subventions, des allégements fiscaux et des indemnités de courte durée d’un montant censé être «illimité». A ce jour déjà, un nouvel endettement de 150 milliards d’euros à cet effet est prévu. L’UE organise avec acharnement un autre programme de subventions de plus de 1,2 billion d’euros. Le directeur de l’Institut allemand de recherche économique a alors mis en garde contre une nouvelle crise de la dette souveraine dans la zone euro. Cela peut conduire à la faillite d’État de pays entiers. Quoi qu’il en soit, dans le capitalisme, les travailleurs des usines et les larges masses paieront tôt ou tard les sommes gigantesques. Il faut lutter pour la mise en congé des salariés à pleine rémunération et pour l’expansion décisive du système de santé au détriment des profits !

La crise environnementale désamorcée?
L’Institut de transition énergétique Agora suppose que la crise du corona réduira les émissions de CO2 en Allemagne de 30 à 100 millions de tonnes. La réduction de la production industrielle et du trafic automobile réduira également les émissions d’autres polluants tels que les poussières fines et les oxydes d’azote. Cela prouve ce qui serait possible si la combustion du charbon était arrêtée de façon permanente et que les transports privés passaient à des systèmes de transports publics respectueux de l’environnement. La lutte contre la pandémie doit donc être liée à la lutte pour les mesures immédiates requises par le MLPD – au lieu d’augmenter éventuellement encore les émissions de CO2 dans le futur. Ainsi sous cet aspect, il est très clair qu’aujourd’hui, la crise environnementale ne peut plus être surmontée dans le cadre du système capitaliste ! Luttons pour changer la société sur le fond.

Un impact drastique sur les familles
La répercussion des conséquences des mesures drastiques sur les familles aggrave la crise de l’ordre familial bourgeois dans le capitalisme. En Chine, la mise en quarantaine totale a entraîné une augmentation massive de la violence contre les femmes pour des millions de personnes. Quelle perspective ce système a-t-il réellement s’il s’avère totalement incapable de faire face à un tel défi social? …

Le socialisme au lieu de « l’économie planifiée » capitaliste
À chaque occasion, la propagande anticommuniste diabolise l’économie planifiée socialiste comme une « mauvaise gestion bureaucratique ». Le « marché capitaliste » pourrait mieux répondre aux besoins des gens. Cependant, compte tenu de la «crise sanitaire» mondiale, les interventions, les programmes et les commandes du gouvernement sont en forte demande – encore plus que d’habitude. Cette «économie planifiée» capitaliste-centralisée, dictée par les 500 plus grands supermonopoles internationaux, est imposée aux masses au détriment de leurs intérêts sociaux, politiques et culturels. Elle est déterminée uniquement par l’intérêt du profit et détruit les moyens de subsistance des peuples.
La situation réclame littéralement une économie planifiée socialiste qui exploite pleinement la sagesse collective d’une classe ouvrière liée au niveau international et des sciences. Elle serait alors en mesure de faire face à un tel défi social dans l’intérêt des masses. L’initiative des masses du monde entier serait développée pour contenir et rechercher la pandémie, pour développer les contre-mesures nécessaires et pour en éliminer les causes.

Que faire ?
En fait, non seulement les conditions de la coexistence quotidienne changent radicalement, mais aussi celles de l’organisation des luttes et de la coopération organisée. Et ce n’est qu’un avant-goût de ce à quoi s’attendre en période d’aggravation des crises et d’intensification de la lutte de classe. L’état d’urgence déclaré par les dirigeants montre à quel point le système mondial capitaliste est dépassé. Le moment est venu de se réorienter et de comprendre les paroles de Karl Marx: « À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants … De formes de développement des forces productives qu’ils étaient, ces rapports en deviennent des entraves. Alors s’ouvre une époque de révolution sociale. « L’exigence la plus importante de l’heure est donc de se préparer à des temps et des luttes plus dures, de se former pour et surtout à mieux s’organiser. La solidarité et le potentiel créatif des masses, qui se déploient ces jours-ci, n’entreront en jeu véritablement que sous ces conditions-là.

Journal Rote Fahne no. 7, fin mars 2020