6 septembre 2025

Et si on nationalisé McDo…

Un article de Bachir… qui ne manque d’humour, mais avant rappelons nous des acquis du mouvement communiste :  

Dans son œuvre « Socialisme utopique et socialisme scientifique », Engels écrivait, en se référant clairement à la conception de « socialisme d’État » de Lassalle :

« Mais on a vu récemment, depuis que Bismarck s’est lancé dans les étatisations, apparaître un certain faux socialisme qui même, çà et là, a dégénéré en quelque servilité, et qui proclame socialiste sans autre forme de procès, toute étatisation, même celle de Bismarck. »1

Engels poursuit : « Mais ni la transformation en sociétés par actions, ni la transformation en propriété d’État ne supprime la qualité de capital des forces productives. Pour les sociétés par actions, cela est évident. Et l’État moderne n’est à son tour que l’organisation que la société bourgeoise se donne pour maintenir les conditions extérieures générales du mode de production capitaliste contre des empiétements venant des ouvriers comme des capitalistes isolés. L’État moderne, quelle qu’en soit la forme, est une machine essentiellement capitaliste : l’État des capitalistes, le capitaliste collectif en idée. Plus il fait passer de forces productives dans sa propriété, et plus il devient capitaliste collectif en fait, plus il exploite de citoyens. Les ouvriers restent des salariés, des prolétaires. Le rapport capitaliste n’est pas supprimé, il est au contraire poussé à son comble. »2

« Nationaliser » McDo ?

Quand on parle de nationalisations, beaucoup pensent aux grandes entreprises industrielles, aux banques, à l’énergie. Mais pourquoi s’arrêter là ? Pourquoi ne pas nationaliser… McDonald’s ?

L’idée peut sembler saugrenue. McDo, c’est le fast-food mondialisé, le symbole de la malbouffe et du capitalisme yankee. Pourtant, si on y regarde de près, la question mérite d’être posée. Car le problème n’est pas que des millions de gens mangent un Big Mac de temps en temps –  sa qualité nutritive pourrait interroger… Le problème, c’est que ces Big Mac enrichissent une poignée d’actionnaires, à travers le monde, siphonnant les richesses produites, tout en exploitant massivement une main-d’œuvre précaire et sans aucun respect écologique.

L’absurde logique capitaliste

Aujourd’hui, McDonald’s France n’est pas une « success story » d’entrepreneurs audacieux. C’est une machine à cash pour des fonds d’investissement, une multinationale qui pratique l’optimisation fiscale, planque ses bénéfices aux Pays-Bas ou au Luxembourg, et encaisse au passage des aides publiques françaises : crédits d’impôt, exonérations de cotisations sociales, primes diverses.

Un rapport sénatorial l’a rappelé : en 2023, l’État a distribué 221 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises, sans aucune condition. Pendant ce temps, les hôpitaux ferment des lits, les écoles manquent d’enseignants, la sécurité sociale est étranglée. Les richesses existent. Elles sont là. Elles sont simplement accaparées.

Un McDo communiste ?

Imaginons maintenant un autre scénario. Imaginons ce que pourrait devenir McDonald’s après une révolution sociale :

  • Zéro dividendes aux parasites : l’argent reste dans les caisses publiques, au service de toutes et tous.
  • Des emplois stables et correctement payés : fini les contrats jetables, place à des conditions de travail décentes.
  • Une alimentation repensée : en conservant la force logistique et l’efficacité industrielle du réseau, on pourrait proposer des repas de qualité, produits à partir de filières agricoles locales et écologiques. Oui, un fast-food populaire peut exister sans déforestation, sans exploitation coloniale et sans poulet lavé au chlore.
  • Des prix accessibles : parce que la mission d’un service public n’est pas de gaver des fonds spéculatifs, mais de répondre à un besoin.

En clair : on ne supprime pas McDo, on le transforme. On en fait un outil socialisé, au service du peuple et non des profits.

Nationaliser, socialiser, transformer

Certains diront : « Mais l’État nationalise déjà parfois ». Certes, mais dans le capitalisme, les nationalisations sont toujours des sauvetages d’urgence pour les patrons, avant de re-privatiser une fois les comptes renfloués. Ce que nous proposons, c’est autre chose.

  • Nationaliser, c’est arracher les moyens de production des mains du capital (c’est à dire exproprier).
  • Socialiser, c’est en faire un bien commun, géré par les travailleurs eux-mêmes et par la collectivité.
  • Transformer, c’est changer la logique de fond : produire non pas pour enrichir quelques-uns, mais pour répondre aux besoins de la société.

Encore faut-il avoir renversé l’État bourgeois pour pouvoir nationaliser, socialiser et transformer et que les travailleurs aient pris le pouvoir.

L’argent existe, il faut le prendre

Les dividendes, l’évasion fiscale, les cadeaux publics aux entreprises : voilà la véritable « cagnotte »

Plutôt que de remplir les poches de Nestlé, de Total, de McDo et des fonds spéculatifs, cet argent pourrait financer massivement la sécurité sociale, les retraites, les hôpitaux, les écoles, la transition écologique mais cela demande le pouvoir des travailleurs et non des bourgeois.

Le capitalisme nous dit : « Il n’y a pas d’alternative ». Faux. L’alternative existe : c’est le socialisme-communisme. Mais pour cela, il ne suffit pas d’espérer que les patrons deviennent généreux. Il faut s’approprier les moyens de production, les transformer en biens sociaux, et changer de fond en comble les rapports de production.

Alors oui, demain, dans une société communiste, vous pourrez toujours manger un burger. Mais ce burger ne sera plus le produit de l’exploitation et de la rapacité. Il sera le fruit d’un travail collectif, équitable, inscrit dans une économie au service de la société tout entière.

Et ça, ce sera délicieux !

Bachir

1 Marx/Engels, Œuvres choisies, t. 3, Moscou 1976, p. 149

2 Ibid., p. 49/150

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