Le remaniement ministériel mené par Sébastien Lecornu, et salué par les médias comme une “recomposition”, n’est qu’un nouvel épisode de la crise profonde du régime bourgeois français.
Sous les apparences d’un rajeunissement politique, d’un équilibre entre “technocrates compétents” et “figures politiques expérimentées”, se cache en réalité les divisions, le désarroi d’une classe dirigeante en déclin.
Ce n’est pas une crise passagère : c’est la crise d’un système – celle du capitalisme « français » arrivé à un stade avancé de pourrissement.
Un gouvernement en crise
Pourquoi ce gouvernement est-il né dans la précipitation ? Pourquoi ces incessants remaniements, ces calculs, ces jeux d’alliances et de trahisons ?
Parce que la bourgeoisie ne parvient plus à gouverner dans la stabilité. Ses contradictions internes éclatent au grand jour :
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entre capital financier dominant et les autres entreprises (PME),
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Entre monopoles internationaux et sous-traitants
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entre libéraux européens et protectionnistes “souverainistes” voire fascistes,
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entre fractions bourgeoises concurrentes cherchant à sauver leurs profits sur le dos des travailleurs.
Lecornu, Macron et leurs semblables gèrent le chaos d’un système qui dérive, au service des monopoles, des banques et des multinationales. Chaque ministre n’est qu’un commis du capital, chargé de maintenir les apparences d’un État encore “maître de lui-même” alors qu’il n’est qu’un rouage du marché concurrentiel mondial. Tous ne peuvent présenter qu’un programme anti-populaire soi-disant « d’intérêt général ».
Les racines de la crise: le système capitaliste lui-même
1. Travail contre capital
La contradiction fondamentale du système éclate : pour maintenir leurs profits, les capitalistes pressurent les travailleurs, réduisent les salaires, flexibilisent l’emploi, cassent les services aux publics.
Mais ce faisant, ils étouffent la demande, bloquent la consommation, provoquent chômage et misère. La société se scinde toujours plus entre une minorité parasitaire qui s’enrichit et une majorité exploitée qui s’appauvrit. L’ordre bourgeois devient instable, incapable de contenir la colère sociale que lui-même provoque.
2. Capital «national» contre capital mondial
Le capitalisme «français» est intégré au capitalisme impérialiste mondial. Les bourgeoisies «nationales» ne sont plus souveraines : elles obéissent aux marchés mondiales et à ses institutions : la Commission européenne, à la BCE, au FMI,….
Elles prétendent défendre tels intérêts nationaux tout en livrant ses entreprises, ses terres, son énergie et son industrie au capital international. Elles ne peuvent faire autrement, seul le profit guident leur investissement. De là naît la crise de légitimité politique: tous les discours mensongers qui se cachent derrière «l’intérêt national» ne sont plus crédibles.
3. Forces productives contre rapports de production
La technologie, la robotisation, l’intelligence artificielle pourraient libérer les hommes du travail répétitif et aliéné. Mais sous le capitalisme, elles servent à accroître les profits et à mettre les travailleurs à la porte. Le progrès devient facteur d’exclusion.
C’est la contradiction que Marx a décrite : les forces productives modernes sont enchaînées par les rapports de production bourgeois. L’économie se heurte à ces limites et se trouve dominée par la spéculation, tandis que les besoins essentiels de la population — logement, santé, éducation — ne sont pas satisfaits.
4. État bourgeois contre société
L’État apparaît clairement comme un appareil de domination d’une classe sur une autre.
* Chaque réforme, chaque budget, chaque loi défend les profits des monopoles capitalistes contre les droits des travailleurs.
* La police réprime, la justice blanchit les patrons, les médias dominant justifient l’ordre établi.
Mais cet État, qui prétend incarner la “nation”, ne représente plus rien d’autre que la dictature du capital. Sa légitimité comme représentant de tous s’effondre.
Quand la base et le sommet ne peuvent plus vivre comme avant
Lénine l’a écrit : “Une situation révolutionnaire existe quand ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner comme avant, et ceux d’en bas ne veulent plus vivre comme avant.”
C’est exactement ce que nous voyons se développer :
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Les “d’en haut” sont divisés, impuissants, discrédités.
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Les “d’en bas” sont mécontents, désabusés, en rébellion mais encore désorganisés.
Entre les deux, le système politique tremble.
Les institutions bourgeoises — Parlement, gouvernement, présidence — ne parviennent plus à représenter le réel. Elles fonctionnent par la peur, la manipulation et la matraque.
Mais la crise de confiance s’approfondit : chaque gouvernement bourgeois est plus faible que le précédent.
La voie révolutionnaire : reconstruire la force du peuple travailleur
Face à cette décomposition, la tâche des communistes et de tous les révolutionnaires, est claire : il faut organiser.
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Organiser les masses autour de leurs luttes concrètes.
Grèves, comités d’usine, syndicats de lutte, assemblées populaires — c’est là que naît et se forge la conscience de classe. -
Généraliser les luttes économiques, les lier à la lutte politique.
Chaque combat pour le salaire, le logement, les services publics doit élever la lutte politique à la lutte contre le capital. -
Reconstruire un Parti communiste révolutionnaire.
Pas un parti électoral ou de protestation, mais un parti d’avant-garde, préparant la rupture révolutionnaire en formant des cadres révolutionnaires liés aux masses populaires.
Camarades, travailleurs, jeunes, chômeurs, précaires il est temps de relever le drapeau rouge, de reprendre la marche de l’histoire.
Le socialisme n’est pas une nostalgie, c’est la nécessité de notre époque.
Bachir