6 décembre 2025

3ème Internationale Communiste et fascisme

Quand on parle de fascisation et de fascisme il est bon de rappeler ce qu’en disait, entre les deux guerres mondiales, la 3ème Internationale Communiste :

Georgi Dimitrov, secrétaire général de l’Internationale Communiste, a présenté en 1935 le célèbre rapport « L’offensive du fascisme et les tâches de l’Internationale Communiste dans la lutte pour l’unité de la classe ouvrière contre le fascisme » (quelques citations)

Dans les conditions de la crise économique extrêmement profonde, de l’aggravation marquée de la crise générale du capitalisme, du développement de l’esprit révolutionnaire dans les masses travailleuses, le fascisme est passé à une vaste offensive.

« La bourgeoisie dominante cherche de plus en plus le salut dans le fascisme, afin de prendre contre les travailleurs des mesures extraordinaires de spoliation, de préparer une guerre de brigandage impérialiste, une agression contre l’Union Soviétique, l’asservissement et le partage de la Chine et sur la base de tout cela de conjurer la révolution.

Les milieux impérialistes tentent de faire retomber tout le poids de la crise sur les épaules des travailleurs. C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme.

Ils s’efforcent de résoudre le problème des marchés par l’asservissement des peuples faibles, par l’aggravation du joug colonial et par un nouveau partage du monde au moyen de la guerre.

C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme.

Ils s’efforcent de devancer la montée des forces de la révolution en écrasant le mouvement révolutionnaire des ouvriers et des paysans et en lançant une agression militaire contre l’Union Soviétique, rempart du prolétariat mondial.

C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme. »

Pour cette raison, le fascisme est un terrorisme dirigée par les couches les plus agressives de la bourgeoisie. C’est une tentative de maintenir la domination du capitalisme en s’appuyant sur une base toujours plus restreinte, exigeant par conséquent toujours plus de terrorisme. La définition du fascisme de Georgi Dimitrov est devenu un élément de base de l’idéologie communiste :

« Le fascisme au pouvoir est… la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier.

La variété la plus réactionnaire du fascisme, c’est le fascisme du type allemand, il s’intitule impudemment national-socialisme sans avoir rien de commun avec le socialisme allemand.

Le fascisme allemand ce n’est pas seulement un nationalisme bourgeois, c’est un chauvinisme bestial. C’est un système gouvernemental de banditisme politique, un système de provocation et de tortures à l’égard de la classe ouvrière et des éléments révolutionnaires de la paysannerie, de la petite bourgeoisie et des intellectuels.

C’est la barbarie médiévale et la sauvagerie. C’est une agression effrénée à l’égard des autres peuples et des autres pays. »

Ce faisant, Georgi Dimitrov s’oppose formellement à l’interprétation trotskyste, anarchiste et social-démocrate du fascisme, qui serait l’expression d’une révolte de la petite-bourgeoisie. Si la petite-bourgeoisie en voie de déclassement peut effectivement être happé par le fascisme en raison de sa démagogie, ce n’est pas elle qui est toutefois aux commandes. Dimitrov dit :

« Le fascisme, ce n’est pas une forme du pouvoir d’État qui, prétendument, « se place au-dessus des deux classes, du prolétariat et de la bourgeoisie », ainsi que l’affirmait, par exemple, Otto Bauer.

Ce n’est pas « la petite bourgeoisie en révolte qui s’est emparée de la machine d’État », comme le déclarait le socialiste anglais Brailsford.

Non. Le fascisme, ce n’est pas un pouvoir au-dessus des classes, ni le pouvoir de la petite bourgeoisie ou des éléments déclassées du prolétariat sur le capital financier.

Le fascisme, c’est le pouvoir du capital financier lui-même. C’est l’organisation de la répression terroriste contre la classe ouvrière et la partie révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels. »

Georgi Dimitrov posait là les bases théoriques qui allaient permettre de comprendre la nature du fascisme et de lui opposer le Front populaire antifasciste.

Georgi Dimitrov – courageux combattant contre le fascisme

Georgi Dimitrov a été une des personnalités les plus connues mondialement dans les années 1930. D’origine bulgare, Dimitrov est né en 1882, fils d’un artisan et d’une femme au foyer. Il fait un apprentissage dans une imprimerie et devient membre du syndicat des imprimeurs. En 1902, il adhéra au Parti social-démocrate ouvrier de Bulgarie, dont l’aile révolutionnaire marxiste donna plus tard naissance au Parti communiste bulgare.

En tant que secrétaire du Conseil central des syndicats révolutionnaires de Bulgarie, Dimitrov organisa de nombreuses grèves et luttes de masse. En 1909, il fut élu au Comité central du Parti ouvrier révolutionnaire. Le soulèvement de septembre organisé par le Parti communiste en 1923 est réprimé dans le sang et Dimitrov doit s’enfuir en Autriche, puis en Allemagne. C’est en analysant ces événements qu’il développe sa théorie du fascisme, basée sur l’analyse de l’impérialisme par Lénine.

Lors du 4e Congrès mondial de l’Internationale syndicale rouge en 1928, il déclara : « Nous devons être tout à fait conscients que le fascisme n’est pas un phénomène temporaire, lié à un lieu ou à une époque. C’est tout un système de domination de classe de la bourgeoisie et de sa dictature à l’ère de l’impérialisme. »

L’accusé devient l’accusateur

Les fascistes hitlériens ont utilisé l’incendie du Reichstag le 27 février 1933 comme prétexte pour suspendre tous les droits fondamentaux encore en vigueur et arrêter en masse leurs opposants, en particulier les communistes. Dimitrov a été arrêté le 19 mars. Lors d’un procès-spectacle devant la Cour suprême du Reich à Leipzig, il devait être condamné comme l’instigateur de l’incendie. On lui refusa le droit de choisir son avocat. Mais grâce à des questions et des objections habiles, il réussit à renverser la situation et à accuser des témoins tels que Hermann Göring et Joseph Goebbels de manipulation. Il dut être libéré et fut expulsé vers l’Union soviétique. Dans son dernier mot lors du procès de Leipzig, Dimitrov déclara : « Je ne suis pas un avocat qui défend ici son client conformément à son devoir. Je défends ma propre personne en tant que communiste accusé. Je défends mon honneur communiste et révolutionnaire. Je défends mes idées, mes convictions communistes. » Le président du tribunal dut admettre : « À l’étranger, on pense déjà que ce n’est pas moi, mais vous qui menez le procès ! »

Pour le front unique antifasciste

Sa victoire obtenue à cette occasion en fit une figure de proue de la lutte contre le fascisme et, effectivement, il devint même le grand théoricien de l’antifascisme comme Front populaire, ce qui le propulsa à la tête de l’Internationale communiste. Il en fut le Secrétaire général de 1934 jusqu’à sa dissolution en 1943.

Dans son célèbre discours prononcé lors du VIIe Congrès mondial de l’Internationale communiste (Komintern) à Moscou en 1935, Dimitrov définit le fascisme au pouvoir comme « la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, l

es plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier ». Il en tira les conclusions pour la nécessaire politique d’un large front unique antifasciste, tout en menant une réflexion autocritique sur la théorie néfaste du « social-fascisme » de l’Internationale communiste et du KPD. De 1946 jusqu’à sa mort en 1949, Dimitrov fut Premier ministre bulgare.

Le Front unique est alors le vecteur de cette bataille pour la démocratie qui ne peut – dans le cadre de la crise générale du capitalisme, de la tendance à la guerre impérialiste, de l’effondrement du capitalisme monopoliste – que nécessairement aboutir à un nouveau type de régime, la démocratie populaire. C’est cette ligne qui fut adoptée, après 1945, dans les pays d’Europe de l’Est, aboutissant à la formation des démocraties populaires.

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