7 novembre 2024

Déclaration de la Campagne Internationale pour la libération
du prisonnier Georges Ibrahim Abdallah

Rassemblement du 7 avril 2021 devant l’ambassade de France à Beyrouth
Le 02 avril 2021, il y a cinq jours, Georges Abdallah a eu soixante-dix ans.
Georges Abdallah a passé plus de la moitié de sa vie dans les prisons françaises.
Aujourd’hui, l’espoir de la libération de Georges Abdallah est de nouveau ravivé si l’on en juge
de la prise en compte sérieuse de l’affaire par l’Etat libanais.
Dans le même temps, la question des excuses de Georges Abdallah est à nouveau soulevée par
la France.
Le dernier chapitre de toute cette histoire qui depuis ses origines tente de liquider la pensée
de Georges Abdallah, s’écrit avec la visite du président français à Beyrouth, à la suite de
l’explosion du port. Et où ce dernier cherche à profiter de ce moment douloureux pour le
peuple libanais afin de s’ériger en sauveur du peuple face à la corruption systémique au Liban.
La corruption en France prend au moins deux formes :
• d’un côté, elle est généralisée à toutes les strates du pouvoir et elle s’étale au vu et au
su de tous.
• de l’autre, elle s’immisce insidieusement dans les institutions de l’Etat et sert
notamment de levier pour tenter de pervertir l’esprit militant de Georges Abdallah et
de souiller son image de résistant.
La première forme de corruption est très simple à illustrer. Citons simplement les affaires
suivantes :
• François Fillon – rival d’Emmanuel Macron aux élections présidentielles françaises et exPremier ministre – n’a-t-il pas été exclu de la course présidentielle pour des faits
assimilés à de la corruption.
• L’ex-président français, Nicolas Sarkozy, n’a-t-il pas été reconnu coupable récemment
dans une affaire de corruption et de trafic d’influence ?
• Sans parler de l’ancien et du plus célèbre président français Jacques Chirac qui a été
condamné pour une affaire de détournement de fonds.
Ces quelques exemples démontrent à eux seuls et de manière claire que la corruption
sévit dans les plus hautes sphères du pouvoir de l’État français.
Les racines de cette corruption sont si profondes qu’elle va même jusqu’à se saisir et manipuler
la conscience du peuple français : par-là est ainsi fomentée de toute pièce une « opinion
publique française » à qui il s’agit de faire gober des décisions de justice fallacieuses ; par-là, on réussit à faire endosser au pouvoir judiciaire des décisions purement politiques ; par-là enfin
on fait en sorte que le peuple de France serve et soutienne les intérêts étasuniens et sionistes.
Georges Ibrahim Abdallah est un combattant arabe libanais internationaliste. Il s’inspire d’une
idéologie laïque de gauche dont l’un des trois fondements se réfère aux premiers socialistes de
France. Ceci, vous le savez bien et pour autant tout l’empire médiatique français – avec à sa
tête le célèbre journal Le Monde – vise à dénaturer ces faits et à les falsifier.
Au moment de son incarcération, vous avez tout fait pour avilir l’image de Georges Abdallah,
alors qu’il était à cette époque placé à l’isolement total, enfermé dans une cellule individuelle
pendant deux ans. Vous avez alors fait de lui, à l’époque, le fils du clan Abdallah appartenant à
une tribu… Tout cela a été bien ficelé pour in-fine lui infliger des peines maximales. Vous êtes
même allés jusqu’à prétendre que Georges était un extrémiste musulman, tout simplement
parce qu’il respectait le jeûne et partageait avec ses codétenus musulmans le repas de rupture
du jeûne. Pour vous, ce clan avait les bras longs : son influence se serait étendue du village d’AlQobayat à Paris. Parmi toutes ces fabulations et histoires montées de toutes pièces par la
presse officielle française (en coordination avec vos cercles de pouvoir corrompus), il a même
été affirmé qu’un aéroport aurait été créé dans notre village d’Al-Qobayat : c’est de là que
seraient partis le soir les membres du clan Abdallah pour aller déposer leurs bombes à Paris la
nuit ; et ils seraient rentrés ensuite au petit matin à Al-Qobayat pour s’afficher devant les
médias et faire croire à leur innocence. Il a fallu attendre que des officiels français partent à la
retraite et osent s’exprimer pour connaître dans les moindres détails tous les ressorts de cette
machination politico-médiatique.
L’administration française voudrait garder le Liban telle qu’elle l’a fondé avec ce modèle
reposant sur une confrontation continuelle entre bandes rivales, confessionnelles et tribales –
le tout sous le joug et la direction du capitalisme français et international. Il s’agit juste
aujourd’hui de le remodeler selon leurs intérêts actuels.
Cette machination éhontée menée contre Georges Abdallah n’a été démasquée qu’après une
longue période passée sous silence. Les avant-gardes militantes de France, solidaires avec la
cause juste de Georges Abdallah, l’ont révélée ! Elles ont alors montré votre totale complicité
et ont dénoncé ces pratiques qui ne peuvent que porter atteinte au peuple de France et insulter
sa dignité. Ces avant-gardes n’ont eu de cesse, depuis lors, d’exiger la libération de Georges
Ibrahim Abdallah !
Ce groupe d’hommes et de femmes engagés dans la lutte pour la libération de Georges
Abdallah représente la fierté de la France. Le groupe de députés qui revendique la libération
de Georges Abdallah, est-il à vos yeux, une branche de ce que vous nommez le « clan Abdallah »
? De même, le Parti communiste français est-il une branche du clan Abdallah ? Les acteurs
syndicaux et culturels français sont-ils une branche du clan Abdallah ? Enfin, les conseils
municipaux qui ont élevé Georges Abdallah au rang de citoyen d’honneur de leur ville l’ont-ils
fait pour Georges Abdallah en tant que chef de clan ? Ces derniers et bien d’autres ont demandé
et demandent toujours au président de la République française de libérer Georges Ibrahim
Abdallah immédiatement et sans condition : ils le font certainement par amour pour lui,
indéniablement en soutien à son combat et à sa résistance mais aussi peut-être pour sauvegarder l’image et la dignité du peuple militant de France. Grâce à leur combat, peut-être
qu’un jour la justice française sera enfin libérée de l’influence étasunienne et sioniste.
Quant au Liban… Peut-être n’avez-vous pas vu le portrait du résistant Georges Ibrahim
Abdallah, hissé dans toutes les manifestations et soulèvements populaires ? Vous savez
certainement que le peuple libanais aspire plus que tout à son émancipation et à la
souveraineté nationale du Liban : ce combat, Georges Ibrahim Abdallah l’a toujours
revendiqué, il en est le symbole vivant !
M. Macron, quelle arrogance à vouloir vous ingérer dans les affaires d’autres États ! Mettez fin
avant tout à la corruption qui gangrène votre propre pays… Le peuple libanais sait parfaitement
comment régler ses comptes avec ses propres dirigeants. Réalisez plutôt dans votre pays des
projets de développement qui répondront aux revendications du peuple de France pour
contrer la sauvagerie de ce capitalisme moribond, au lieu d’essayer d’humilier les Libanais avec
vos cartons de dons livrés par votre porte-avion et 700 de vos soldats sous la direction de votre
Ministre des armées. « Vive Napoléon ! Vive les Saucissons ! ».
Rappelez-vous M. Macron ! Il s’agit du Liban ! Beyrouth a certes été en guerre et en flammes
mais elle n’a jamais hissé le drapeau blanc. Elle a subi quatre-vingt jours de bombardements
intensifs israéliens durant lesquels ont été utilisées les dernières innovations technologiques
militaires occidentales pour tuer des civils et détruire nos villes et villages. Toutes ces armes
ont été livrées grâce à un pont aérien créé pour l’occasion entre les Etats-Unis et Tel-Aviv. On
a alors dénombré des centaines de milliers de morts, de blessés et de déplacés alors qu’au
même moment, vous décoriez, des médailles de la démocratie et de la paix, les chefs sionistes
responsables de ces crimes. Et vous osez demander à Georges Ibrahim Abdallah de présenter
ses excuses ! C’est à vous de présenter vos excuses d’abord envers votre peuple puis auprès
des victimes de vos politiques.
Au nom des manifestants ici présents ; au nom de ceux qui ont éreinté leur voix durant des
décennies en manifestant pour exiger la libération de Georges Abdallah ; au nom de ces jeunes
femmes et de ces jeunes hommes venus des quatre coins du pays : de l’extrême nord, du sud,
de la Bekaa et de la montagne ; au nom des personnes, nombreuses, qui ne connaissent pas
Georges en personne mais qui se revendiquent de ses idéaux et les chérissent, voici ce que
nous affirmons tous aujourd’hui : monsieur le président, apprenez que les Hommes meurent
mais leurs idéaux, eux, ne meurent jamais ! Georges Ibrahim Abdallah ne se reniera jamais !

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