La Syrie et l’intervention des États-Unis
(Par le MLKP — Parti ML turc adhérant à l’ICOR ; extrait de leur Bulletin International n°263 de juillet_2025)
La collaboration entre le bloc impérialiste des États-Unis et du Royaume-Uni avec Hayat Tahrir al-Cham (HTS), dirigé par al-Joulani, un ancien recruteur de Daech et d’Al-Qaïda, a marqué le début d’une nouvelle phase politique. HTS représente une structure islamiste politique et fasciste composée des restes de Daech et d’Al-Qaïda, ainsi que d’autres groupes djihadistes qui se sont unis en une coalition.
Leur objectif est d’établir une dictature fasciste islamiste sunnite. Dans le plan impérialiste pour une nouvelle Syrie sous la direction d’al-Joulani, Israël, la Turquie, les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie Saoudite sont également impliqués. Les conflits permanents entre Israël et HTS/al-Joulani ainsi que l’occupation du Plateau du Golan et les attaques d’Israël contre les forces militaires et l’infrastructure syrienne ne doivent pas faire illusion. Israël considère HTS comme un facteur perturbateur à long terme, malgré les projets actuels des États-Unis pour la Syrie. Les récentes interventions militaires israéliennes visent à empêcher la stabilité de la Syrie et à étendre l’occupation sioniste dans la région. À travers une démagogie sans limites, ils continuent à semer le chaos en utilisant la sécurité des peuples comme prétexte. L’État occupant sioniste reste l’une des plus grandes menaces pour les peuples de la région, mais leurs conflits avec HTS sont actuellement subordonnés aux intérêts impérialistes.
Il ne faut pas oublier que HTS n’est pas un groupe homogène, mais qu’il se compose de différentes factions islamistes politiques avec des tendances diverses. Les impérialistes tentent d’aligner les différentes factions et groupes au sein et à l’extérieur de HTS en fonction de leurs propres intérêts, et de contrôler la vente du pays.
L’objectif stratégique des États-Unis et du bloc OTAN en Syrie est clair : ils veulent bloquer la voie de l’Iran vers la mer Méditerranée et l’Ouest, désarmer et éliminer les États et forces alliés de l’Iran, et limiter l’influence de la Russie et de la Chine au Moyen-Orient pour sécuriser leur propre hégémonie régionale. HTS est un moyen pour parvenir à leurs fins, car les impérialistes ne trouvent actuellement pas de meilleure alternative. Ainsi, les demandes démocratiques et collectives des Kurdes, Alaouites, Druzes, Chrétiens, Femmes et forces laïques en Syrie sont ignorées par les impérialistes. Les lynchages, massacres, raids et viols perpétrés par les milices HTS sont tolérés. Les massacres et l’occupation des zones alaouites sur la côte se déroulent parallèlement à la vente des ports syriens à des entreprises internationales, avec des millions de dollars de contrats, ce qui explique l’assentiment tacite des impérialistes.
Le bloc impérialiste de l’Ouest a besoin d’une structure de pouvoir centralisée en Syrie. Il a besoin de subordonnés pour représenter ses intérêts. La vie des peuples et leurs demandes démocratiques ne sont pas prévues dans ce plan. Les déclarations de Tom Barrack, ambassadeur des États-Unis en Turquie et gouverneur colonial des États-Unis, selon lesquelles il ne devrait y avoir qu’une seule nation, une seule armée et un état centralisé en Syrie, doivent être comprises dans le cadre de ce plan impérialiste. Chaque secteur populaire et social doit se soumettre à l’autorité centrale d’al-Joulani. Le gouvernement centralisé en Syrie, dans le contexte de l’économie mondiale globalisée, représente pour eux la meilleure opportunité pour poursuivre l’exploitation monopolistique du monde. L’insistance selon laquelle il ne peut y avoir de fédération ni d’autonomie en Syrie sert à faire pression sur les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) pour qu’elles se dissolvent et s’intègrent dans HTS.
Pendant ce temps, l’État colonial turc soutient HTS pour saper et éliminer les acquis kurdes par leur intermédiaire. Le ministre de la guerre et des occupations d’Erdoğan, Yaşar Güler, dirige HTS dans un conflit ouvert avec l’Administration Autonome Démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie. Sous le prétexte de « l’aide contre Israël », les relations entre les forces armées turques (TSK) et le MIT (service de renseignement turcs) avec HTS continuent à tous les niveaux militaires et politiques. Tant Netanyahu qu’Erdoğan sont représentatifs du génocide et de l’occupation de la Syrie et de toute la région.
Cependant, malgré tout le soutien, HTS n’est pas en mesure d’établir une structure de pouvoir centralisée en Syrie. Lorsque al-Joulani s’est installé à Damas, il n’a pas pu, avec sa base sociale, établir un pouvoir d’État en Syrie, et il ne le peut toujours pas. Mais les forces impérialistes et la Turquie le maintiennent au pouvoir. Les récents développements dans les zones druzes du sud-ouest de la Syrie, autour de la ville de Sweida, illustrent les dangers que représente HTS. La situation des Druzes montre que l’autodéfense légitime des peuples est le seul moyen de parvenir à l’autodétermination et à leur droit à l’existence. Maintenant, al-Joulani accuse les Druzes de suivre les « jeux des puissances étrangères », tout en imposant au pays une constitution dictée de l’extérieur.
La résistance dans les régions druzes autour de Sweida montre que les peuples de cette région sont capables de s’unir, de s’organiser et de renforcer leur autodéfense. Cette résistance est un exemple pratique de la nécessité d’un front uni contre les forces impérialistes et fascistes. La bonne stratégie de l’autodéfense unifiée et de la réponse organisée contre les plans impérialistes et sionistes est cruciale pour obtenir une vie de dignité, de liberté et d’égalité en Syrie. L’avenir démocratique de la Syrie réside dans la lutte unie des peuples contre le fascisme islamique, les envahisseurs impérialistes et le sionisme.