25 novembre 2025

Le capitalisme sécuritaire et la dérive fascisante

Le capitalisme sécuritaire et la dérive fascisante : la vidéosurveillance algorithmique comme écho moderne des dispositifs de contrôle du IIIᵉ Reich

L’enquête de France-info sur la vidéosurveillance algorithmique (VSA) met à nu une réalité fondamentale : l’État bourgeois, en crise, renforce son appareil répressif et technologique. Ce mouvement n’est pas sans rappeler certains mécanismes utilisés par l’Allemagne nazie pour stabiliser son pouvoir. Il ne s’agit évidemment pas de dire que la France d’aujourd’hui est l’Allemagne de 1933 ; il s’agit de montrer que les logiques du capitalisme en crise peuvent engendrer des formes similaires de contrôle, de surveillance et de normalisation autoritaire.

1. L’opacité comme outil de domination : un trait constant des régimes autoritaires

France-info décrit une “énorme opacité” : caméras déployées discrètement, algorithmes non documentés, marchés publics cachés, absence de débat. Le secret est systémique.

Dans l’Allemagne nazie, les dispositifs policiers (Gestapo, informateurs, fichages) fonctionnaient déjà selon ce principe : rendre la surveillance omniprésente mais invisible, afin de briser la résistance par la peur du regard. Aujourd’hui, on remplace les indicateurs humains par des réseaux neuronaux, mais la logique reste la même : produire un climat où le peuple se sent observé sans pouvoir observer le pouvoir.

2. L’expérimentation qui devient norme : un mécanisme connu des fascismes

Les lois d’exception, présentées comme temporaires, se transforment en normes permanentes. Après les JO, la VSA était censée disparaître ; le gouvernement veut désormais la généraliser.

Dans les années 1930, le régime nazi a utilisé la tactique des mesures d’urgence pour institutionnaliser un état de surveillance permanente. Ce glissement législatif, cette “normalisation de l’exception”, constitue un symptôme clair de dérive autoritaire.

Aujourd’hui, l’État bourgeois européen reproduit ce schéma avec des outils numériques dans un environnement capitaliste en crise.

3. Surveillance technologique et tri social : des continuités structurelles

Sous le IIIᵉ Reich, la surveillance était un outil de tri social et de ciblage : opposants politiques, juifs, syndicalistes, communistes. L’objectif n’était pas seulement le contrôle : c’était la classification, l’identification, la sélection.

La vidéosurveillance algorithmique, avec ses alertes automatisées, ses catégorisations comportementales, son analyse de mouvements de foules, remet en place une logique similaire : un pouvoir qui segmente, trie, et surveille certaines populations plus que d’autres — les quartiers populaires, les migrations, les rassemblements militants.

La technologie ne supprime pas la logique de classe : elle lui donne une efficacité industrielle.

4. Quand le capitalisme se durcit, il cherche l’ordre avant tout

Le fascisme historique n’est pas tombé du ciel. Il a été, comme l’a analysé le mouvement communiste international, une réponse du capitalisme en crise, cherchant à écraser les luttes du prolétariat, à stabiliser la propriété privée et à disloquer toute résistance.

Aujourd’hui, face à ses propres contradictions (crise économique, crise écologique, crise sociale), le capitalisme français développe une version modernisée de ce réflexe : la technologie comme matraque silencieuse.

La VSA n’est pas seulement un outil policier : c’est une manière de gérer la crise du système en disciplinant les masses.

5. L’enseignement : comprendre la logique pour mieux lutter

Pour les révolutionnaires l’important n’est pas de faire un parallèle moral, mais d’identifier les lois du mouvement du capitalisme en crise :

  • Concentration du pouvoir

  • Déshumanisation par la technique

  • Ciblage des classes populaires

  • Normalisation de l’état d’exception

  • Criminalisation des luttes et des foules

  • Recherche d’un consensus autoritaire sous prétexte de “sécurité”

Tout cela, nous le voyons aujourd’hui dans l’idéologie sécuritaire algorithmique.

La différence majeure avec les années 1930, c’est la technologie : le fascisme d’hier fichait à la main ; le capitalisme autoritaire d’aujourd’hui le fait en temps réel, par IA.

Mais la logique profonde est identique : préserver l’ordre bourgeois en contrôlant et en intimidant le peuple.

Conclusion : Un avertissement, pas une exagération

Ce que révèle l’enquête sur la vidéosurveillance algorithmique, ce n’est pas un fantasme dystopique, mais le réel déploiement d’un capitalisme qui n’hésite pas à franchir les seuils de l’autoritarisme technologique pour se maintenir.

Nous ne disons pas que nous sommes sous un régime fasciste. Nous disons que les conditions objectives du fascisme — la crise, la peur, l’obsession du contrôle, la dépolitisation forcée, la surveillance de masse — se mettent en place.

Comme les communistes allemands des années 1930 l’ont appris dans le sang, la vigilance, l’organisation et la clarté politique sont essentielles.

Bachir.

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