4 novembre 2025

Nation, nationalisme et internationalisme.

A propos de ce courrier, il est bon de rappeler certains principes marxiste-léninistes.

Marx et Engels ont posé les bases matérialistes d’une définition de la nation :

  • Comme un produit historique du développement du capitalisme : la bourgeoisie a besoin d’un marché unifié, d’une langue commune, d’un territoire stable et d’un État centralisé. La nation n’est donc ni naturelle ni éternelle, mais le résultat d’un processus économique et politique : la constitution du marché intérieur. Engels écrivait par exemple que les nations modernes « sont nées de la dissolution du féodalisme » et qu’elles disparaîtront avec les classes.

Lénine approfondit cette analyse en la reliant à la question du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

  • Pour lui, la question nationale ne peut se comprendre qu’à travers la lutte des classes et la situation impérialiste mondiale. Il distingue clairement le nationalisme oppresseur des nations dominantes (bourgeois, réactionnaire) et le nationalisme des nations opprimées, qui peut avoir un caractère progressiste lorsqu’il s’oppose à l’impérialisme. Il voit dans la nation un cadre transitoire, à dépasser dans la perspective du socialisme et de l’internationalisme prolétarien.
  • …………………………..

Nation, nationalisme et internationalisme.

Staline considérait la nation comme une catégorie historique de la période du capitalisme ascendant se formant de quatre indices : la communauté de langue, l’unité de territoire, de vie économique et de formation psychique, qui se traduit dans la communauté de culture. Définition théorique de la nation que la bourgeoisie passe sous silence afin de justifier son « nationalisme. »

En septembre 1870, Karl Marx mettait en garde dans le Manifeste de la 1er Internationale, le prolétariat français pour sa tentation de réunir deux objectifs contradictoires : le nationalisme et le socialisme. Il rappelle que depuis la grande Révolution bourgeoise de 1789 de profonds changements se sont produits dans la société française, les antagonismes de classe se sont aggravés (et si la lutte contre la réaction royaliste européenne unissait alors l’ensemble de la nation révolutionnaire), aujourd’hui, disait-il, le prolétariat ne peut confondre ses intérêts avec ceux d’autres classes qui lui sont hostiles.

L’invasion prussienne de la France 1870-1871 (condamnée par Marx et Engels) montra que le patriotisme n’était qu’un instrument aux mains de la bourgeoisie pour duper les masses. Celle-ci devait porter la responsabilité de l’humiliation nationale et non le prolétariat qui n’est pas responsable et comptable de la politique bourgeoise. Marx ne blâmait pas le prolétariat qui a eu à assumer deux tâches essentielles durant les 70 jours d’existences de la glorieuse Commune de Paris de 1871 : bouter du territoire national l’envahisseur prussien et lutter pour affranchir le travail du joug du capital par le socialisme. Le gouvernement contre-révolutionnaire de Versailles, avec le nabot Tiers à sa tête, signa une paix honteuse avec Bismarck. Capitulation qui lui permettait de s’occuper de désarmer le prolétariat qu’il redoutait plus que tout parce que l’envahisseur prussien ne remettait pas en cause l’exploitation du travail par le capital.

La bourgeoisie allemande se comporta de la même manière en 1918 que la bourgeoisie française en 1870. Elle demanda l’autorisation à la bourgeoisie franco-anglaise de rapatrier du front occidental 250 000 soldats (casques d’aciers) pour aller écraser la révolution socialiste Russe de l’automne-hiver 1918-1919. Ce fût en quelque sorte un échange de bon procédé entre bourgeoisies. La capitulation pétainiste face à l’envahisseur nazi de juin 1940 relève du principe suivant : les classes exploiteuses sont rivales dans la conduite des affaires de l’Etat, mais unies face au prolétariat et au communisme.

D’autre part, l’histoire d’après-guerre du PCF nous montre à l’évidence une déviation opportuniste sur la question coloniale et nationale. Au lieu de prôner le mot d’ordre de séparation des colonies et semi-colonies de l’impérialisme français sans conditions il revendique le mot d’ordre d’« Union française » c’est-à-dire le maintien du système colonial « amélioré » attestant-par là qu’il n’a jamais compris qu’une union entre peuples sans l’application effective du droit à la séparation était une monumentale escroquerie. Marx préconisait la séparation de l’Irlande d’avec l’Angleterre quitte par la suite à se fédérer librement avec elle. Là, nous avons un vrai révolutionnaire qui au nom du principe « que tout peuple qui en opprime d’autres ne saurait être un peuple libre » recommande la séparation de la nation opprimée avec la nation oppressive, tandis que le PCF tournait le dos à l’internationalisme au nom de la « défense de la patrie » impérialiste.

La nation est dirigée par la bourgeoisie détentrice du monopole politique et économique à l’exclusion de toutes les autres classes sociales. Dans une nation bourgeoise comme la France il ne peut y avoir que des moments exceptionnels justifiants « la défense de la patrie » comme en 1939-1945 face à l’occupation nazie du territoire national. Ce cas de figure atteste que la dialectique de l’histoire peut faire que le mot d’ordre de « défense de la patrie » revienne à l’ordre du jour même dans un pays impérialiste comme ce fût le cas durant la Guerre Mondiale pour les pays non fascistes.

Le recul de la conception prolétarienne sur la question nationale, consécutif de la défaite du camp socialiste, a poussé les mouvements nationaux irlandais, basques, kurdes (sous la direction de la petite bourgeoisie) à rendre les armes sans avoir obtenu l’indépendance politique. Mouvements nationaux qui ont capitulés devant « l’ordre impérialiste mondial » parce qu’ils ont abandonnés la perspective socialiste. Attention ! Nous ne remettons nullement en cause le caractère progressiste de leur lutte nationale, mais nous désavouons leur capitulation.

Après nous être penché sur les mouvements nationaux progressistes arrêtons-nous aux mouvements nationaux réactionnaires, contre-révolutionnaires, qui ont démembrés l’ex-URSS et l’ex-Yougoslavie en une multitude de petites nationalités soumises à l’impérialisme. Après l’ouverture du mur de Berlin par la contre-révolution gorbatchévienne en novembre 1989, les mouvements nationaux des républiques fédérées de l’URSS et de la Yougoslavie virent dans cet acte un signal pour engager leurs visées nationalistes.

En URSS, les nationalistes russes, ukrainiens, lettons, lituaniens, estoniens, azéris, géorgiens, arméniens, moldaves et d’autres se lancèrent dans une propagande et une agitation nationaliste effrénée pour obtenir son « chez soi national » : ce mot d’ordre était en vogue et a eu le résultat suivant : la désintégration de l’URSS en plusieurs morceaux. Toutes les minorités nationales des ex-républiques fédérées de l’URSS nouvellement indépendantes souffrirent le martyr de la politique de haine nationale favorisée par les bourgeoisies « nationales » de ces anciennes républiques soviétiques.

Dans la foulée survint le processus de désagrégation de la Yougoslavie fédérale. Les nationalistes slovènes, croates, « musulmans » (puisque Tito avait, en violation du principe marxiste de la question nationale, accordé le statut de nationalité au Serbe musulman) macédoniens, albanais, dont certains enveloppés du costume communiste, plongèrent le pays dans la guerre civile entre nationalités et les épurations ethniques.

N’en déplaise aux pro-albanais, la lutte indépendantiste des Kosovars (qu’ils ont soutenus corps et âmes avec les impérialistes occidentaux) n’a aucune once de progressisme. Lutte qui a servie aux impérialistes occidentaux pour parachever le démembrement des derniers restes de la Yougoslavie fédérale.

Ces pro-albanais comprenaient la revendication de la démocratie politique du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes comme un absolu et non comme quelque chose de relatif ; c’est-à-dire que si cette partie s’oppose au tout (mouvement démocratique ou socialiste mondial) elle est à rejeter. C’est à partir de là que l’on peut juger si une lutte nationale affaiblie le capitalisme ou le renforce. Ce renforcement du capitalisme au nom d’une lutte nationale quelconque signifie rien de moins que de subordonner « la question ouvrière » à a question nationale.

Sans aucune honte ces pro-albanais défendirent la guerre d’agression de l’Otan contre la Serbie et le Monténégro au printemps 1999, reconnurent l’État fantoche Kosovar en 2008. Aujourd’hui, cet Etat croupion, gangrené par toutes sortes de crimes, accueil la plus grande base militaire de l’Otan du sud de l’Europe. Que dit le Roc-ml ? Il serait fort embarrassé de répondre à cette question s’il n’a pas changé de position en soutenant le processus de démembrement de la Yougoslavie fédérale par les forces nationalistes liées à l’impérialisme occidental.

Le capitalisme contemporain en développement se meut dans une double contradiction : une tendance à la concentration des peuples sur la base du marché capitaliste et une tendance à leur division aux moyens de conflits et des guerres pour garantir le profit. Ce double phénomène déjà signalé dans le Capital de Marx se produit sous nos yeux avec l’entrelacement des peuples autour du marché capitaliste mondiale.

Tout communiste, tout démocrate agissant sur le cours du développement social devrait étudier et s’assimiler les classiques du marxisme-léninisme sur la nation, le nationalisme et l’internationalisme.

Salah S.

La Rédaction du Site profite de ce débat sur « la nation, le nationalisme et l’internationalisme» pour rappeler une courte brochure de Tom Thomas, sur la ligne politique de la direction du PCF de 39 à 45, « De l’opportunisme à la trahison », publié en septembre 75. Nous la diffusons au prix de 10 euros, pour cela écrire à notre mail : contact-upml@riseup.net

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *