ÉTATS-UNIS
Trump remporte les élections présidentielles américaines
Même si l’analyse des résultats électoraux est encore en cours, on peut dire que la détérioration radicale de la situation sociale de la population américaine en raison de l’inflation et de la peur de perdre son emploi a été un thème majeur pour les électeurs. De même, le rejet de la politique de guerre du gouvernement Biden-Harris : soutien à l’armement de l’Ukraine et d’Israël. Sur ces deux thèmes, les promesses de Trump d’« emplois sûrs » et « la fin de la guerre » en Ukraine ont fait mouche. Cependant il vise le démantèlement généralisé des systèmes sociaux entravent au libéralisme et veut mener une politique de guerre agressive contre l’Iran ou la Chine. Il veut réduire radicalement les mesures de protection de l’environnement, propage des images racistes et fascistes sur les migrants, menace d’expulsions massives et attise la panique face à la criminalité violente. Tout cela est lié à un anticommunisme des plus agressifs.
Risque aigu d’instauration d’une dictature fasciste
L’arrivée de Trump au pouvoir va dangereusement aggraver la tendance internationale au fascisme, le risque de guerre mondiale et la catastrophe écologique mondiale. Joe Biden a lui aussi poursuivi une politique de « l’Amérique d’abord ». Avec Trump, elle sera poussée à l’extrême réactionnaire. Il menace les autres pays de droits de douane punitifs allant jusqu’à 100 pour cent. Il veut défendre et renforcer par tous les moyens la position de superpuissance de l’impérialisme américain.
De plus en plus de gens qualifient Trump, à juste titre, de fasciste. Mais même Kamala Harris, qui a mis en garde contre le danger fasciste en raison de l’intensification du débat au cours des dernières semaines, a relégué ce sujet à l’arrière-plan ces derniers jours. Dans les médias français, il est généralement qualifié unilatéralement de « fou » ou de « populiste ».
Financés par des monopoles
Désormais une partie importante des monopoles américains veut gouverner sous des formes fascistes. Ils sont issus, comme Elon Musk, du secteur de la technologie, mais aussi de l’industrie pétrolière ou de l’armement. Ils exigent que les États-Unis passent à une dictature ouverte des monopoles. Elon Musk doit diriger personnellement une « commission d’efficacité » chargée d’organiser la restructuration fasciste de l’État.
Les milliardaires Tim Mellon, Elon Musk, Miriam Adelson, Dick and Liz Uihlein, Linda McMahon etc. soutiennent Donald Trump. Les milliardaires, Reid Hoffman, George and Alex Soros, Mike Bloomberg, Dustin Moskovitz, Jeffrey Katzenberg, etc. soutiennent Kamala Harris. Le journal « Whashington-Post » qui donne à chaque élection une recommandation de vote s’est vu interdire cette année la publication pro-démocrate par son propriétaire Jeff Bezos (Amazon).
Ils sont les principaux « donateurs » officiels de leurs campagnes dont les coûts ont atteint entre 2,5 et 3 milliards.Et encore plus d’argent arrive par ailleurs de façon « non officielle. » Quelle décadence, vu les besoins matériels des couches populaires ! Trump lui-même est milliardaire ; Harris a le soutien de Dick Cheney ancien vice-président des États-Unis, organisateur de l’oligarchie républicaine du temps du président Bush, principal acteur de la guerre en Irak au profit de la firme pétrolière Halliburton dont il était le patron.
Aux yeux des masses populaires, Kamala Harris représentait la poursuite de la politique antipopulaire de l’administration Biden et s’en réclamait. Mais ceux qui ont voté pour elle l’ont fait avant tout par « souci de démocratie» et elle a marqué des points parmi les femmes, notamment en soutenant le droit à l’avortement. C’est aussi une politicienne bourgeoise de droite, mais elle ne peut pas être mise sur le même plan que le fasciste Trump.
Protestations et grèves se développent
Les monopoles qui font autorité misent aussi sur Trump car les protestations massives se renforcent et ils veulent renforcer la répression. En outre une partie des masses populaires se détourne de plus en plus des partis monopolistes bourgeois et les luttes ouvrières se développent. Cependant, les tendances progressistes ne s’expriment guère dans les élections, notamment en raison du système électoral extrêmement antidémocratique. Des électeurs sont exclus en masse du vote par le système bureaucratique d’inscription sur les listes électorales, en particulier les immigrés, mais aussi les «délinquants », ce qui, avec la justice de classe, touche surtout les pauvres. Seuls 161,4 millions de citoyens américains sont inscrits comme électeurs sur une population totale de 334,9 millions (soit moins d’un citoyen sur 2) — il faudrait ajouter de nombreux habitants non déclarés. Selon des données provisoires, le taux de participation correspond à peu près à celui de 2020 et est nettement supérieur à celui de 2016 (59 %) ce qui montre la politisation croissante. Trump obtiendrait 73 millions de voix et Harris 69 millions, soit un total de 142 millions.
Lors de sondages, 43% des électeurs avaient clairement indiqué qu’ils envisageaient de soutenir un candidat ou une candidate indépendant(e) de Trump ou Harris. Des candidat(e)s progressistes se sont également présentés : Jill Stein des Verts, Claudia De la Cruz du Parti pour la libération et le socialisme (PSL) et Peter Sonski du Parti de la solidarité américaine. En raison du système antidémocratique et les milliards de dollars nécessaires pour financer les campagnes électorales, le système de vote majoritaire et la manipulation des médias, ils n’ont cependant pas une chance égale.
Un système électoral antidémocratique
Pour être élu président, l’un des candidats doit obtenir le soutien de 270 « grands électeurs » sur 538. Ceux-ci représentent presque partout le vote majoritaire dans leur État, selon « The winner takes it all » (Le gagnant remporter tout) . Le 17 décembre, les grands électeurs se réuniront dans les différents États pour voter, le 25 décembre, le résultat du vote devra être présenté au Congrès, le 6 janvier 2025, le Congrès confirmera le résultat et proclamera le vainqueur officiel des élections. Le 20 janvier 2025 aura lieu l’investiture du nouveau président.
L’organisation révolutionnaire Freedom Road Socialist Organisation appelle à des manifestations de masse le lendemain des élections : « Nous devons continuer à soutenir la Palestine et à nous opposer à la guerre américano-israélienne qui s’étend de plus en plus au Moyen-Orient. Et nous devons faire avancer un agenda progressiste dans la lutte pour la défense des droits des immigrés, des travailleurs, des personnes LGBTQ, des femmes et pour le droit à l’avortement ».
Construire un front populaire antifasciste et l’alternative socialiste au capitalisme !
Avec sa politique protectionniste, Trump devient également un problème pour l’économie européenne qui dépend des exportations. Il ne faudra pas attendre longtemps avant que les monopoles capitalistes déclarent que leurs travailleurs doivent renoncer encore plus pour pouvoir faire face à la concurrence des Etats-Unis. Pour offrir une perspective aux masses, il s’agit d’ancrer le mot d’ordre : un véritable socialisme – au lieu d’un développement de la droite et du fascisme et d’un naufrage dans la barbarie capitaliste. L’évolution des Etats-Unis montre l’importance de mettre l’accent sur la lutte antifasciste dans toutes les activités politiques et de mener une lutte de masse pour changer les mentalités contre le danger fasciste. Au niveau international, le renforcement du front uni anti-impérialiste contre le fascisme, la guerre et la destruction de l’environnement et de l’organisation révolutionnaire mondiale ICOR est vital !
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Le « Project 2025 » : comment la droite américaine voit les perspectives
Le « Project 2025 » est un document de 900 pages porté par la Heritage Foundation, un think tank (groupe de réflexion d’experts) proche du Parti républicain, et qui se veut un programme clé en main pour le second mandat de Donald Trump. « Les propositions extrémistes en matière de migration, de climat ou de droits sexuels y côtoient des mesures taillées pour les intérêts de certaines industries », indique l’Observatoire des multinationales. « Devenu un épouvantail brandi par les démocrates durant la campagne, le document n’en révèle pas moins ce que pense et ce que veut une grande partie de la droite américaine aujourd’hui. » Ce projet met aussi en lumière les liens entre Parti républicain et grandes entreprises états-uniennes. « De nombreux lobbyistes attitrés de multinationales américaines comme Meta (Facebook), Verizon, Amazon, Ford ou General Motors sont cités parmi les rédacteurs du projet. » Le Projet 2025 prévoit par exemple « d’annuler la réforme introduite en 2022 qui autorise enfin le programme fédéral Medicare à négocier le prix des médicaments avec les laboratoires au lieu de les accepter passivement comme elle y était obligée auparavant – ce qui explique que ledit prix des médicaments soit considérablement plus élevé aux États-Unis que dans le reste du monde. » Cette mesure, « qui ne plaît qu’à l’industrie pharmaceutique se trouve mêlée dans le chapitre “Santé” à des propositions comme l’interdiction de toute forme d’avortement et l’abandon de toute mesure de protection vis-à-vis des personnes LGBTQ+. »