Manifestons pour la Journée internationale de lutte pour l’environnement le 16 novembre 2024 Le monde est aujourd’hui confronté à de nombreuses questions importantes et de grande portées – des crises économiques, des crises politiques et des guerres. Tout cela est complété par le danger mortel que représente la catastrophe climatique actuelle. L’ICOR, avec d’autres organisations, concentrera ses forces dans un rassemblement à Rotterdam au Pays-Bas.
L’article qui suit a été réalisé à partir d’informations de la revue en ligne « Reporterre »
Donald Trump a dépassé la majorité absolue de 270 grands électeurs et battu sa rivale démocrate, Kamala Harris. Un « désastre », disent les écologistes.
Lena Moffitt, directrice générale d’Evergreen, une des voix qui portent parmi les associations environnementales aux États-Unis dira : « On est au milieu d’une décennie décisive pour le climat. Trump aux commandes, ça sera un désastre. »
D’autant que les désastres aux USA sont nombreux : incendies de forêts qui n’en finissent pas dû aux canicules, inondations spectaculaires, tornades inhabituelles par leurs violences, terres détruites et laissées en friches — qui s’ajoutent au développement du chômage, de la précarité et de la misère.
Peur sur l’Arctique
Depuis le Vermont, Melodie Brown Burkins, professeure en études environnementales de l’Université Dartmouth s’angoisse du retour du milliardaire aux manettes du pays : « Trump a annulé ou reculé sur plus de 100 politiques qui réglementent la pureté de l’air, de l’eau ou de la biodiversité. »
Spécialiste de l’Arctique, elle redoute qu’il démantèle à nouveau les partenariats stratégiques pour la défense des écosystèmes de la région et qu’il augmente les investissements « non éthiques et à courte-vue du développement économique de l’Arctique, qui ne respectent ni les communautés locales, ni la science, ni l’expertise des autochtones ».
Pression sur l’Europe
« Trump va faire massivement reculer la décarbonation du pays et la justice climatique mondiale. Il va notamment chercher à faire annuler l’IRA — la loi sur la réduction de l’inflation, qui implique des investissements records en décarbonation — et va exposer les écosystèmes protégés à des risques beaucoup plus importants. »
Barry Rabe, professeur en environnement à l’Université du Michigan, assure que Donald Trump, de retour dans le bureau ovale, va sortir à nouveau de l’Accord de Paris, et que son arrivée va mettre davantage la pression sur l’Europe, comme « leader mondial de la lutte contre les changements climatiques » ?!?
Le changement climatique, « qui en a quelque chose à faire ? »
Le 1er novembre, il avait évoqué le changement climatique, en parlant de la hausse du niveau des océans. Une prise de conscience ? Non, c’était pour s’en moquer : « Qui en a quelque chose à faire ? »
Répression des luttes écologiques
Donald Trump avait annoncé qu’il réprimerait les luttes écologistes en envoyant l’armée. En octobre, il estimait que ces « tarés d’extrême gauche » constituaient une menace pour le pays. Dans la même interview accordée à la chaîne ultraconservatrice Fox News, le futur président des États-Unis déclarait vouloir envoyer l’armée pour faire taire ces luttes. Le mouvement contre Cop City (la « ville des flics ») à Atlanta s’oppose à la construction d’un centre de formation pour la police, avec un budget de plus de 90 millions de dollars (environ 84 millions d’euros). La lutte a rassemblé des militants environnementaux contre la destruction d’une forêt, ainsi que des organisations contre les violences policières, qui dénoncent la militarisation de la police.
La mort d’un militant, surnommé « Tortuguita » (« la petite tortue »), tué par la police en 2023 — dans des circonstances encore troubles —, a propulsé le mouvement sur la scène internationale. Il a depuis subi une répression juridique, avec une soixantaine de militants inculpés notamment pour crime organisé et certains pour terrorisme — des opérations de désobéissance civile et des sabotages sont responsables de destructions sur le site envisagé pour Cop City.
« La continuité de la répression en cours »
« Les conséquences de l’administration de Donald Trump seront plus ciblées qu’elles ne l’auraient été avec Kamala Harris, mais l’administration actuelle avait déjà visé le mouvement, explique Kamau Franklin, figure de la contestation contre Cop City. Avec Donald Trump, les méthodes et les moyens seront juste différents. Elles seront plus caustiques, plus ouvertement d’extrême droite, avec plus d’insultes, en invitant ses partisans à attaquer la gauche. » Le militant insiste : « Ça sera la continuité de la répression déjà en cours, menée par les démocrates. Il n’y aura pas de rupture. »
« Les républicains sont plus directs et honnêtes sur ce sujet. Les démocrates diront peut-être qu’ils sont contre quelque chose [comme les violences policières], mais continueront de financer la police à côté », regrette Misty, une militante du mouvement. Pour elle, démocrates et républicains deviennent trop similaires. « Cela fait vingt ans que les démocrates se droitisent, ils parlent de renforcer les frontières et d’être plus durs sur l’immigration. Ils sont simplement plus discrets que les républicains. »
« Une escalade rapide de la répression »
Certains opposants à Cop City sont déjà surveillés par les autorités locales, ainsi que le FBI. « Je pense qu’on va voir une escalade rapide de la répression, pas seulement avec le mouvement contre Cop City, mais de manière générale pour les mouvements de justice sociale dans l’ensemble du pays », analyse Will Potter, journaliste d’investigation et auteur du livre Vert est le nouveau rouge, sur la surveillance et l’utilisation de lois antiterroristes contre les mouvements environnementaux.
En conclusion, on ne peut compter sur telle ou telle fraction de la classe capitaliste pour conjurer la catastrophe écologique mondiale. Le prolétariat mondial est devant des défis sans précédent. Friedrich Engels écrivait déjà en 1876 : « Mais, même dans ce domaine, nous apprenons peu à peu, au prix d’une longue et souvent dure expérience et grâce à la confrontation et à l’étude des matériaux historiques, à élucider les conséquences sociales indirectes et lointaines de notre activité productrice et, de ce fait, la possibilité nous est donnée de dominer et de régler ces conséquences aussi. Mais, pour mener à bien cette réglementation, il faut plus que la seule connaissance. Il faut un bouleversement complet de tout notre mode de production existant, et avec lui, de tout notre régime social actuel. » (Friedrich ENGELS dans « LE RÔLE DU TRAVAIL DANS LA TRANSFORMATION DU SINGE EN HOMME »)
Photo : Manifestation contre le projet Cop City dans une forêt d’Atlanta le 9 mars 2023, à New York