17 octobre 2021 : Macron commémore le massacre des travailleurs algériens du 17 octobre 1961 qui manifestaient contre une mesure discriminatoire leur imposant, à eux seuls, un couvre feu, c’est-à-dire leur interdisant toute vie sociale et politique. La manifestation était interdite.
Le contexte : en 1945 la révolte du Constantinois marque une nouvelle étape de la lutte pour l’indépendance nationale du peuple algérien ; la répression fera des dizaines de milliers de morts ; en novembre 54, nouvelle vague de révolte avec violence de part et d’autre ; les travailleurs algériens en France bien qu’ayant la nationalité française subissent les pires conditions de travail et de vie. La répression du mouvement de libération nationale s’intensifie en 1956 avec les « pouvoirs spéciaux » offerts au gouvernement « socialiste » Guy Mollet que le PCF vote aussi. Ce sera la prolongation du service militaire jusqu’à 28 mois, l’exécution des paysans suspectés d’aider le Front de Libération National, l’usage de la torture vis-à-vis des membres du FLN comme des quelques Français partisans de l’autodétermination légitime du peuple algérien. Bref, c’est une vraie guerre dissimulée sous les mots « événements d’Algérie », « opérations de police », « lutte contre le fascisme, le terrorisme » qui fera près d’un million de morts parmi la population algérienne et près de 35 000 parmi les soldats français.
En France en 1961, plus de deux millions de travailleurs algériens participent à la reconstruction d’après-guerre, vivant dans des bidonvilles. La plupart soutient le FLN dont la fédération en métropole s’opposera toujours aux actions terroristes. Le 17 octobre 61, malgré l’interdiction, 30 000 manifestent sans arme, venus de toute la région parisienne. La répression fera plus de 200 morts : cranes fracassés à coup de crosse, fusillades, corps jetés dans la Seine, disparus.
60 ans après, Macron déclare : « Les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République ». Macron deviendrait-il humaniste ? D’abord s’il reconnaît ces crimes, c’est parce qu’une partie de la gauche qu’on dit « extrême » en a maintenu le souvenir. De plus les criminels ont disparu. Le préfet de police de Paris nommé par de Gaulle, Maurice Papon ne sera pas jugé pour ce massacre, mais plus tard pour la déportation de juifs sous Vichy. Il n’est pas le seul à avoir été « recyclé » par de Gaulle qui a aussi amnistié en 65 et après mai 68, les généraux putschistes ou passés à l’OAS terroriste, Zeller, Challe, Salan et Jouhaud. Ne pouvaient-ils encore rendre des services en tant que spécialistes de la répression ?
En chargeant Papon, Macron protège l’Etat dans son ensemble. Il faut que persiste l’illusion qu’on peut changer la politique de la classe dominante en grignotant patiemment les rouages parlementaires de la République. Il cherche aussi à gagner la confiance des enfants et petits enfants des travailleurs algériens, qui nés en France ont le droit de vote.
Le 17 octobre 1961, l’Etat a bien commis un acte de barbarie à double caractère : raciste et colonial d’une part, et d’autre part, d’oppression vis-à-vis de la classe ouvrière. Ce massacre de personnes sans armes était parfaitement inutile puisque le principe de l’autodétermination du peuple algérien avait été adopté en janvier 1961 et que les négociations avec le FLN avaient commencé dès avril 1961.
Plus que jamais l’Etat est l’organe de répression aux mains de la classe dominante. Tant que les illusions persistent sur son caractère, que les réformistes de tout poil identifient élections et démocratie pour maintenir le statu quo politique et social et la collaboration de classe, les gouvernements n’ont pas besoin de la violence à l’état brut. La tromperie suffit. Mais quand les classes exploitées défendent fermement leurs intérêts propres, la classe dominante ne renonce pas à utiliser la violence de l’Etat, au nom bien sûr de « l’intérêt général ».
L’intérêt des classes exploitées exige le renversement révolutionnaire de l’Etat bourgeois et l’instauration d’un Etat issu des organisations combatives des classes laborieuses pour réaliser les transformations socialistes nécessaires. Nombreux, conscients et unis, les prolétaires mettront fin à la violence de la bourgeoisie. Ils instaureront une démocratie pour eux-mêmes et la répression contre les anciens exploiteurs prenant exemple sur la Commune de Paris !