Danger de guerre imminent en Afrique !
Non à une intervention militaire au Niger !
Troupes françaises – hors d’Afrique !
Fin juillet, des parties de l’armée ont organisé un coup d’État au Niger, un pays d’Afrique de l’Ouest. Ils ont renversé le président en place Bazoum et suspendu la constitution.
Selon les médias de masse bourgeois, avec Bazoum, le Niger était « l’un des derniers partenaires stratégiques de l’Occident dans la lutte contre l’avancée des terroristes islamistes dans la région du Sahel ». Plus que pour la lutte contre les terroristes fascistes les impérialistes occidentaux, ainsi que les pays néo-impérialistes que sont la Russie et la Chine, s’intéressent au Niger comme base pour maintenir ou étendre leur influence respective en Afrique de l’Ouest. Outre son importance géostratégique du pays les impérialistes visent l’exploitation d’importants riches gisements de matières premières. Pour les pays impérialistes européens, il était particulièrement important aussi que le Niger « s’occupe de manière fiable du bouclage de l’une des principales routes migratoires à travers le Sahara« .
Avec l’annonce de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) disant vouloir intervenir militairement au Niger, les contradictions entre les États du Sahel s’intensifient de manière dramatique. Parallèlement, la lutte inter-impérialiste pour le partage du Niger s’intensifie. L’escalade vers une guerre par procuration menace de s’étendre à toute l’Afrique de l’Ouest, de se répercuter sur l’ensemble du continent africain et de prendre une importance politique mondiale.
Depuis 2020, le coup d’État au Niger est le huitième coup d’État militaire dans une ceinture de pays qui s’étend désormais de l’Atlantique à la mer Rouge : de la Guinée au Soudan en passant par le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Tous ces coups d’État ont renforcé l’influence de la Russie néo-impérialiste.
Des avions de combat de l’OTAN à Dakar, des mercenaires de Wagner en route pour le Niger ?
La lutte inter-impérialiste se traduit également par une diplomatie frénétique, associée à des préparatifs ouverts de guerre. La vice-secrétaire d’Etat américaine Victoria Nuland a, selon ses propres dires, rencontré des représentants militaires au Niger. Elle a évoqué une « série d’options » pour annuler le coup d’État. Apparemment, les putschistes n’ont pas exprimé un grand intérêt pour cette offre. La nouvelle junte a mis fin à la coopération militaire avec la France, ancienne puissance coloniale. La France est la première puissance impérialiste en Afrique de l’Ouest. Pour l’Union européenne également, le coup d’État au Niger signifie la perte d’un ancrage important en Afrique de l’Ouest.
La Russie impérialiste s’est officiellement distanciée du putsch au Niger. Toutefois, la semaine dernière, Poutine a tenu un sommet avec des pays africains et a déclaré : « Nous organiserons la liberté en Afrique – contre la France et la Belgique. Et nous aiderons l’Afrique« . On peut imaginer l' »aide » respective des impérialistes : chacun veut continuer à piller les pays du Sahel, les utiliser comme bases militaires et, en cas d’obstacles, pousser les peuples vers une guerre sanglante par procuration. La junte militaire au Niger a en effet demandé le soutien du chef de Wagner, Prigogine, qui a célébré le putsch. Entre-temps, on a appris que l’ancien chef d’état-major nigérien et membre de la junte Salifou Mody aurait également rencontré un représentant important de la force mercenaire russe « Wagner » lors d’une visite au Mali. Un rapport en ce sens de la chaîne de télévision France 24 aurait été confirmé par un diplomate français et plusieurs sources maliennes. La force dirigée par Evgueni Prigogine souhaiterait « examiner avec bienveillance » la demande de la junte nigérienne. De son côté, un militant sénégalais rapporte dans une vidéo que des avions militaires de l’OTAN auraient atterri à Dakar, au Sénégal, afin de préparer une intervention militaire. L’évolution de la situation est dangereuse !
Les putschistes bloquent l’espace aérien du Niger
L’ultimatum de la Cedeao, qui a expiré le 6 août, exigeait que Bazoum soit rétabli dans ses fonctions de président nigérien. Cela n’a pas eu lieu. Les militaires ont fermé l’espace aérien du Niger. Les chefs d’État et de gouvernement des États membres de la CEDEAO se réunissent à Abuja, la capitale du Nigeria, pour discuter de la marche à suivre. Il existe également de grandes contradictions au sein de la CEDEAO. Les pays membres, le Burkina Faso et le Mali, considéreraient une intervention militaire de la CEDEAO au Niger comme une déclaration de guerre contre eux-mêmes. Le Sénégal, quant à lui, fournirait des troupes. Le Nigeria est à la tête de la CEDEAO, une communauté d’États liée aux impérialistes occidentaux. La France a déjà déclaré il y a quelques jours qu’elle soutenait pleinement les plans de la CEDEAO.
Pillage néocolonial du pays
L’exploitation de l’uranium au Niger est un cas d’école des imbrications néocoloniales dans l’exploitation des ressources naturelles. Immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France a commencé à chercher de l’uranium dans ses colonies. Dans les années 50, on a fait des découvertes au Niger et l’extraction systématique a commencé il y a cinq décennies. Au Niger, il ne resterait qu’environ douze pour cent de la valeur de l’uranium extrait, qui a en même temps contribué à un moment donné pour un tiers de la production d’électricité de la France. Dans les zones de production, le groupe Orano (ex-Areva) a laissé derrière lui une énorme destruction de l’environnement, une pollution de l’air, du sol et de l’eau par le radon, un manque d’eau souterraine, des maladies massives des mineurs et de la population dues à la radioactivité. Toute opposition a été brutalement réprimée.
L’État français soutient aujourd’hui encore les gouvernements corrompus dans toute l’Afrique et est à juste titre détesté au Niger. C’est l’une des raisons pour lesquelles une partie de la population salue le putsch. Car le coup d’État militaire n’a en aucun cas aboli une démocratie, mais un régime à la botte des impérialistes. Les putschistes eux-mêmes ne sont pas non plus une force qui défend les intérêts du peuple, mais une partie de la bourgeoisie dirigeante. A Paris, de nombreux Africains ont manifesté contre une éventuelle intervention militaire de la CEDEAO, éventuellement soutenue par la France.
Les partis africains de l’organisation révolutionnaire mondiale ICOR luttent depuis des décennies contre l’impérialisme en Afrique, en particulier contre l’impérialisme français. Ce faisant, ils mettent également en garde contre le risque de voir les populations tomber sous un nouveau joug impérialiste.
– Pas d’intervention militaire au Niger ! Retrait de toutes les troupes françaises à l’étranger !
– Pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ! Droits et libertés démocratiques
– Vive la lutte anti-impérialiste en Afrique ! Pour le socialisme authentique !