Sur le projet de loi relatif aux conditions d’entrées et de séjours des immigrés.
Le gouvernement a déposé le 6 novembre 2023 son troisième projet de loi immigration depuis la première élection de Macron en 2017. Mais, avant de présenter son projet de loi au Sénat le 6 novembre Gérald Darmanin s’est rendu la vieille en Algérie. Aucun communiqué officiel rendant compte des discussions entre la partie française et les autorités algériennes n’a été publié. Cependant, selon les médias français les sujets de la discussion portaient, entre autres, sur la question migratoire, et probablement, sur le projet de loi en question. Depuis l’indépendance politique de juillet 1962, l’Algérie officielle (semi puis bourgeoise) n’a pas fait qu’exporter vers la France ses matières premières (pétrole et gaz) elle a aussi « exportée » une partie de sa population (émigration) parce qu’elle ne pouvait répondre à ses besoins.
Reprenons. Le projet de loi Darmanin relatif aux conditions d’entrées et de séjours des étrangers est le plus réactionnaire des 29 précédentes lois adoptées par les partis bourgeois depuis la période Giscard. Le ministre de l’intérieur défend avec fierté son choix de faire reposer le texte sur le triptyque « immigration, insécurité et terrorisme » au nom de la sécurité des français (sic.). Les thèmes sur la sécurité sont prioritaires chez la droite et l’extrême-droite parce qu’elles sont incapables de protéger les travailleurs des innombrables calamités du capitalisme.
La double peine (condamnation pénale suivie d’une expulsion) est rétablie d’une part et, d’autre part le projet supprime « les quelques protections juridiques » contre l’expulsion « arbitraire » des étrangers établis légalement sur le sol français depuis 70, 60, 50, 40 ans, etc. Même si, le gouvernement s’en défend son texte s’inspire des thèses les plus réactionnaires de l’extrême-droite et de la droite extrême. Ces partis réactionnaires (Reconquête, RN et LR) sont toujours prompts à souffler sur les braises de la démagogie sociale et nationale. Ils sont les premiers à chevaucher la thèse que les travailleurs étrangers sont les « premiers responsables » des souffrances et des malheurs de la société française. Par cette démagogie sociale effrénée ces partis de la réaction orientent la colère des travailleurs français non contre le Capital, mais contre leurs frères de classe étrangers encore plus misérables qu’eux.
L’attitude « anti-immigrée » des forces de la réaction s’appuie sur l’antagonisme entre les ouvriers français et les ouvriers étrangers. Cet antagonisme est simple à comprendre. Premièrement, il repose dans la différence de culture et dans le contentieux colonial. Deuxièmement, dans la concurrence de salaire que les ouvriers étrangers font aux ouvriers français. Les ouvriers étrangers (porteurs à leur insu ou non des rapports sociaux de leur société) connaissent peu ou mal l’esprit revendicatif des ouvriers français. Aux représentants de ces derniers de leur inculquer les traditions révolutionnaires du mouvement ouvrier et communiste.
La 2e Internationale (encore marxiste et révolutionnaire) avait préconisée dans une résolution sur la main d’œuvre étrangère (1912 il me semble) que le mouvement ouvrier des différents pays d’immigration organise et éduque les travailleurs étrangers.
Toute l’hypocrisie des valeurs humanistes que la bourgeoisie française ne cesse d’exposer dans tous les forums apparait avec éclat dans le projet de loi en question. Ce qu’on peut retenir c’est qu’il n’y a pas une once d’humanité dans ce projet de loi du fait qu’au lieu d’améliorer la situation légale des travailleurs étrangers il l’aggrave à l’extrême.
La lutte pour l’égalité des droits et contre toutes les formes variées du racisme et de la xénophobie doit être conduite fermement et résolument par les communistes restés fidèles au marxisme-léninisme. S’ils ne veulent pas retarder sur la vie ils doivent s’investir plus massivement dans cette voie. Ils doivent comprendre que la privation des droits aux travailleurs étrangers renforce la puissance de la réaction en France. Si, demain les étrangers par un heureux événement quelconque obtenaient les mêmes droits que les français cela diminuera la force de la réaction et augmentera celle du progrès et de la justice sociale.
La social-démocratie s’était acquise une base sociale parmi les enfants et arrière-petits enfants des travailleurs maghrébins et noirs grâce à la dénonciation de l’extrême-droite et la droite… elle s’est complétement déconsidérée quand elle a montré son identité de vue conservatrice avec la droite sur la question de la place de l’immigration dans la société française.
Sans le renforcement de l’égalité des droits entre les travailleurs français et les travailleurs étrangers il est impossible de bâtir une union étroite et nécessaire du prolétariat contre la bourgeoisie. Lutter pour surmonter la division ouvrière entre travailleurs français et travailleurs immigrés reste la meilleure voie pour espérer mieux.
Salah S.
Les rédacteurs du Site partagent le point de vue de J.Lancier: l’article de Salah devrait être beaucoup plus approfondi pour convaincre. Toutefois, une remarque: les contradictions qui existent entre ouvriers sont objectives et pas seulement « suscitées » par la classe bourgeoise. Ces contradictions bien réelles ne peuvent être dépassées que par la lutte politique, que par une conscience plus élevée des intérêts communs qu’ont les prolétaires.
Bonjour,
Le titre de l’article immigration, encore une loi contre la classe ouvrière était bon. Mais le contenu n’est pas à la hauteur. Comme trop souvent il reste ans les généralités au lieu d’amener les éléments concrets et chiffrés pour montrer comment cette loi est avant tout une moi anti ouvrière: place des immigrés dans différents secteurs de la production, cout, salaires / revenus des immigrés qui sont proches de l’ensemble des ouvriers à l’encontre des revenus des 1% etc. Voir mon bouquin:
« étrangers, immigrés, bienvenue, vous aussi êtes ici chez vous »… Ensuite il reprend les poncifs les immigrés sont en concurrence avec les natifs! Mais non: C’est la caractéristique du capital que de mettre en concurrence les travailleurs entre eux, et les natifs aussi se concurrencent entre eux, les immigrés aussi, la concurrence est suscitée entre Hommes et Femmes jeune et vieux etc. « Les ouvriers étrangers (porteurs à leur insu ou non des rapports sociaux de leur société) connaissent peu ou mal l’esprit revendicatif des ouvriers français ». C’est plutôt l’inverse qui est vrai! Le camarade Salha ne semble pas connaitre les luttes des sans papiers et autres bien plus dures que beaucoup de luttes de natifs!
Et si la 2eme internationale a dit ça c’est qu’elle était déjà en voie d’être corrompue par la morgue et me mépris pour les peuples coloniaux!
fraternellement
Jacques Lancier