Le vendredi 18 octobre, l’Italie sera le théâtre d’une grève générale organisée par les principaux syndicats du pays, CISL et CGIL, pour protester contre une nouvelle loi, perçue comme fasciste, actuellement en discussion au Parlement. Cette mobilisation est suivie d’une manifestation nationale à Rome le 19 octobre. Les syndicats appellent à la participation massive des travailleurs, notamment ceux de l’industrie, comme les employés de Stellantis, et ceux de la métallurgie. La CGIL, l’un des plus grands syndicats italiens avec 5,7 millions de membres, dont environ 2,7 millions actifs, a mobilisé ses adhérents pour cette grève. Dans les jours qui suivent, d’autres grèves seront déclenchées, notamment dans les services publics et les transports urbains, suivies par des journées de protestation pour les retraités.
La loi contre laquelle les syndicats et les militants s’insurgent est un projet de « loi sur la sécurité » initié par le gouvernement de Giorgia Meloni. Ce projet, déjà adopté par la Chambre des députés et en discussion au Sénat, est considéré comme un durcissement majeur du code pénal italien. Les gouvernements précédents, y compris ceux de centre-gauche, avaient déjà adopté des mesures sécuritaires, mais cette nouvelle loi va encore plus loin, en ciblant spécifiquement les luttes sociales, comme les grèves, les occupations de bâtiments par les sans-abri, et les manifestations contre des projets environnementaux.
Le projet de loi comporte plusieurs dispositions controversées. Par exemple, les barrages routiers, souvent utilisés par les syndicats lors des grèves, pourront désormais être sanctionnés par des peines de prison allant jusqu’à deux ans. Le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, a spécifiquement mentionné les piquets de grève dans la logistique, en particulier ceux de SI Cobas, pour justifier cette mesure. De plus, l’occupation de bâtiments par des sans-abri sera punie de peines allant jusqu’à sept ans de prison, et la police pourra procéder à des expulsions sans décision judiciaire préalable.
Les manifestations sont également visées : toute infraction à la loi commise lors d’une protestation pourra entraîner des peines beaucoup plus lourdes que celles en vigueur, avec des peines allant de 3 à 15 ans en cas de blessures à un agent public. Les manifestations contre les grands projets d’infrastructures ou les centrales énergétiques, souvent motivées par des préoccupations environnementales, pourront être sanctionnées par des peines aussi lourdes que celles infligées pour des crimes graves comme l’homicide, avec des peines allant jusqu’à 20 ans de prison.
Le projet de loi introduit aussi le concept de « terrorisme verbal », une nouvelle infraction qui criminalise la simple possession d’instructions relatives à la lutte armée. Les sans-papiers se verront privés de l’accès à des cartes SIM pour leurs téléphones, et les agents de police bénéficieront de protections renforcées, avec des avocats payés par l’État en cas de poursuites pour mauvaise conduite, et l’autorisation de porter des armes en dehors du service sans permis spécial.
Face à cette escalade répressive, le réseau « Free to Fight », lancé par la Tendance révolutionnaire internationaliste (TIR), avec des organisations comme ISKRA et le mouvement des chômeurs du 7 novembre à Naples, a vu le jour. Ce réseau rassemble plus de 100 organisations, allant des syndicats de base comme SI Cobas à des associations de logement, des groupes écologistes et des organisations anti-militarisation. Ils se mobilisent pour demander l’abrogation de cette loi et ont déjà pris part à plusieurs initiatives, notamment la manifestation pro-palestinienne du 5 octobre à Rome, malgré son interdiction par le gouvernement. Bien que la police ait bloqué de nombreux bus en direction de Rome et tenté de limiter les déplacements des manifestants, plus de 10 000 personnes se sont rassemblées sur la place Ostiense. Après plusieurs heures de tension, la police a repoussé les manifestants en utilisant des gaz lacrymogènes et des matraques.
Le syndicat SI Cobas a également appelé à une grève dans le secteur de la logistique pour le 18 octobre, en lien avec le renouvellement de la convention collective, et prévoit de participer à la grande marche du 19 octobre contre le projet de loi n° 1660. Ce durcissement législatif est vu comme un reflet de la militarisation croissante de la société italienne, dans un contexte où l’Europe semble se préparer à des conflits plus larges.
Les organisations antifascistes et anti-impérialistes, ainsi que les syndicats, appellent à une vigilance accrue face à ces tendances répressives dans toute l’Europe. Ils insistent sur la nécessité de relier les luttes contre la guerre aux combats pour la liberté d’expression, le droit de manifester et la défense des droits des travailleurs. L’ICOR (Coordination internationale des partis et organisations révolutionnaires) a exprimé sa solidarité avec les grévistes italiens et enverra une délégation à la manifestation de Rome pour soutenir les travailleurs dans leur combat contre cette législation jugée liberticide.