Russie : le drapeau rouge souillé par l’impérialisme
Lors d’un échange de prisonniers entre l’Ukraine et la Russie, le 16 mai à Istanbul, des soldats russes fraîchement libérés ont posé fièrement, souriants, avec deux drapeaux dans les mains : celui de la Russie actuelle, et celui de l’URSS. La presse occidentale, avec son ignorance habituelle, a glosé sur la nostalgie soviétique. Mais ce double étendard est tout sauf anodin : il incarne une falsification politique majeure. Il est urgent de dire haut et fort : la Russie de Poutine n’a rien à voir avec l’URSS. Elle en est l’exacte négation historique. Ce drapeau rouge n’est pas un hommage, c’est un enterrement.
Le mensonge d’un « patriotisme rouge »
La bourgeoisie russe — en particulier sa fraction militaro-impérialiste — adore jouer avec les symboles de l’URSS : hymne soviétique remixé, drapeau rouge agité au front, portraits de Staline dans les défilés, appels à la « Grande guerre patriotique » contre le « fascisme ukrainien » ;… Ce recyclage est une arnaque idéologique, une instrumentalisation délibérée pour donner à son impérialisme un vernis de légitimité populaire. Elle vole les symboles d’un État socialiste et ouvrier qu’elle a elle-même détruit.
La Fédération de Russie n’est pas l’héritière de l’URSS, elle est son bourreau. Ce sont les oligarques russes, les généraux, les bureaucrates du KGB — dont Poutine est l’un des plus purs produits — qui ont méthodiquement liquidé l’économie socialiste, vendu les richesses nationales à la mafia capitaliste, écrasé les droits sociaux, réprimé les communistes, et noyé dans le sang les tentatives de résistance (de la Tchétchénie à la Sibérie).
Non, Poutine n’est pas un « Staline capitaliste »
La confusion est alimentée aussi par une certaine gauche pseudo-antifasciste, qui, dans sa haine légitime de l’Otan et du régime de Zelensky, en vient à flatter le régime russe ou à relativiser sa nature de classe. Grave erreur. Il ne suffit pas d’être opposé à l’Occident pour être progressiste. Le régime de Poutine n’est pas « moins pire » que celui de Biden ou de Macron : il est leur reflet dialectique. Un impérialisme contre un autre.
La guerre en Ukraine n’est pas une guerre « antifasciste » : c’est une guerre inter-impérialiste, une guerre de rapaces pour le contrôle de territoires, d’infrastructures, de matières premieres agricoles et minières, de routes gazières. Ni Moscou ni Kiev ne défendent les intérêts des peuples. Ceux qui brandissent le drapeau rouge dans ce contexte servent malgré eux une cause réactionnaire.
Le drapeau rouge de l’URSS : symbole de la révolution, pas du nationalisme
Le drapeau de l’URSS est le drapeau d’une rupture radicale : l’expropriation des capitalistes, l’internationalisme militant, le pouvoir des soviets, la dictature du prolétariat. Ce drapeau est incompatible avec l’État bourgeois russe, ses milliardaires, ses prisons, sa répression, son cléricalisme.
Le brandir à côté du drapeau tricolore russe, c’est vouloir réconcilier deux choses inconciliables : le pouvoir des travailleurs et le pouvoir du capital. C’est comme si en France on agitait ensemble le drapeau tricolore de 1789 et le drapeau rouge de la Commune : une absurdité historique, un contre-sens de classe.
Ce que nous devons revendiquer, c’est le retour au léninisme
Ce que l’UPML défend, ce n’est pas une URSS mythifiée, stalinisée, muséifiée. Ce que nous défendons, c’est le projet vivant, internationaliste et révolutionnaire qui a jailli d’Octobre 1917 : la prise du pouvoir par les prolétaires, l’abolition de la propriété privée des moyens de production, l’émancipation de tous les peuples opprimés.
Le drapeau rouge ne doit jamais servir à couvrir les crimes d’un État impérialiste, même s’il parle russe. Il doit être l’arme d’un soulèvement des masses, en Russie comme ailleurs, contre tous les impérialismes — occidental, russe, chinois, ou autre.
À bas le capitalisme russe ! Vive l’internationalisme prolétarien !
Camarades, ne nous laissons pas berner par les faux-semblants. Le combat de notre temps n’est pas entre « l’Orient et l’Occident », mais entre les classes sociales : entre ceux qui possèdent et exploitent, et ceux qui n’ont que leurs chaînes à perdre.
Revendiquons l’héritage de l’URSS non pas comme un passé à pleurer, mais comme un bilan positif et négatif et un avenir à reconstruire, contre tous les drapeaux nationaux, contre tous les chauvinismes, contre tous les impérialismes — y compris celui qui se déguise en rouge.
Bachir
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