6 juin 2025 – par un militant de l’UPML
Le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage. Et ce ne sont pas de vagues déclarations de paix ou de « diplomatie humanitaire » qui y changeront quoi que ce soit. Ce sont des actes, des ruptures concrètes, assumées, qui tracent une ligne de classe. À Fos-sur-Mer, les dockers CGT viennent de le faire. Ils ont dit non. Non au chargement de la mort. Non à la participation française à l’écrasement sanglant du peuple palestinien.
Trois conteneurs, remplis de pièces pour mitrailleuses et de tubes de canon, devaient partir pour Israël, via le port de Haïfa. Trois conteneurs de trop. Mercredi et jeudi, les dockers ont bloqué. Le navire Contship Era a levé l’ancre, direction Gênes, mais les armes sont restées à quai. Et c’est très bien ainsi. Voilà ce que signifie être du bon côté de l’Histoire. Voilà ce que signifie refuser la complicité avec un génocide en cours.
Derrière la paperasse, la guerre
Le ministère des Armées s’est cru malin. Il parle de « licences de réexportation » vers des pays partenaires, de matériel « destiné à revenir en France ». Des contorsions bureaucratiques qui n’abusent que les complices et les cyniques. Ce que dit cette rhétorique, c’est : « Oui, nous faisons partie du circuit international de production de la mort, mais dans les règles. » Comme si les règles du commerce bourgeois pouvaient blanchir les crimes de guerre !
Une pièce d’arme, un tube de canon, ne tue pas tout seul, certes. Mais enchaînés dans la logistique impérialiste, ils deviennent les maillons d’un massacre. Chaque cargaison militaire partie vers Israël aujourd’hui, c’est plus de bombes sur Rafah, plus de cadavres sous les gravats, plus d’enfants déchiquetés. Et c’est cela que les travailleurs de Fos ont refusé de charger.
Des gestes qui brisent le consensus bourgeois
La bourgeoisie veut nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternative. Que tout se règle dans les bureaux, dans les traités, entre messieurs bien mis. Que la guerre, c’est triste, mais « inévitable ». Pourtant, voilà que des ouvriers portuaires brisent ce bel ordonnancement : en refusant de charger la mort, ils prennent parti. Et ils montrent que l’internationalisme n’est pas un mot creux, mais une pratique vivante, conflictuelle, subversive.
Il ne s’agit pas ici de fatalité mais de rapport de forces. En désobéissant à la chaîne logistique de l’armement, les dockers perturbent un segment, certes petit, de l’impérialisme français. Mais leur geste a une portée politique énorme. Il montre que la classe ouvrière peut agir contre son propre État, contre sa propre bourgeoisie, contre la machine de guerre impérialiste.
La ligne de front est aussi dans nos ports
Et que répond l’État ? Silence gêné, langue de bois. Mais il sait. Il sait que cette action peut faire tache d’huile. Que ce qui s’est passé à Fos peut se reproduire d’autant que cela s’est déjà passé ailleurs : en Suède, en Grèce, au Havre, à Gênes, à Barcelone. L’État bourgeois sait que si les dockers, les travailleurs se mettent à refuser la guerre, si les rouages de la logistique impérialiste grincent, alors c’est une barrière dans sa domination qui vacille.
Les dockers de Gênes l’ont bien compris : ils ont aussi fait barrage. Une convergence internationale se dessine. C’est cela que nous devons soutenir, élargir et organiser avec l’ICOR. Par toute forme d’oppositions, de lutte et d’actions concrètes. Pas avec des phrases molles, mais avec des actes tranchants. Le blocage des ports, le refus collectif de servir les intérêts de guerre de la bourgeoisie, voilà le chemin !
Une brèche s’est ouverte : élargissons-la
Les syndicats de douaniers CGT ont eux aussi pris position : ils ne veulent pas être les scribes du crime. Très bien. Mais maintenant, il faut passer de la parole à l’action. Il faut que les dockers, les cheminots, les agents de fret, les ouvriers des usines d’armement, tous ceux qui tiennent les leviers matériels de cette société, s’en emparent. La neutralité, aujourd’hui, c’est le camp du crime.
L’UPML salue le courage et la lucidité des dockers de Fos. Aujourd’hui, la solidarité avec Gaza passe par le refus de charger des conteneurs. Ce sont des gestes comme celui-là, ces actions de résistance qui montrent les antagonisme d’intérêts de classe : les capitalistes veulent la guerre, les travailleurs, le peuple veut la paix. Les dockers se montrent à l’avant-garde de la classe ouvrière, avec sa force et ses possibilités étant au cœur de la machine capitaliste. Aux communistes de rendre de plus en plus conscient cette réalité en désobéissant à la dictature bourgeoise et en organisant les luttes.
Ne chargeons pas leurs armes. Brisons leurs chaînes. Unissons les luttes. Vive l’internationalisme prolétarien !
Bachir