Poésie palestinienne de Samih Al-Qâsim, décédé en 2014
« Je résisterai »
Je perdrai peut-être, si tu le désires, ma subsistance.
Je vendrai peut-être mes habits et mon matelas.
Je travaillerai peut-être à la carrière comme portefaix, balayeur des rues.
Je chercherai peut-être dans le crottin des grains.
Je resterai peut-être nu et affamé.
Mais je ne marchanderai pas.
O ennemi du soleil Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines, je résisterai.
Tu me dépouilleras peut-être du dernier pouce de ma terre.
Tu jetteras peu-être ma jeunesse en prison,
tu pilleras peut-être l’héritage de mes ancêtres,
tu brûleras peut-être mes poèmes et mes livres.
Tu jetteras peut-être mon corps aux chiens.
Tu dresseras peut-être sur notre village l’épouvantail de la terreur.
Mais je ne marchanderai pas.
O ennemi du soleil Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines, je résisterai.
Tu éteindras peut-être toute lumière dans ma vie.
Tu me priveras peut-être de toute tendresse de ma mère.
Tu falsifieras peut-être mon histoire.
Tu mettras peut-être des masques pour tromper les amis.
Tu élèveras peut-être autour de moi des murs et des murs.
Tu me crucifieras peut-être un jour devant des spectacles indignes.
Mais je ne marchanderai pas.
O ennemi du soleil Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines, je résisterai.