6 octobre 2024

« Je résisterai »

Poésie palestinienne de Samih Al-Qâsim, décédé en 2014

« Je résisterai »

Je perdrai peut-être, si tu le désires, ma subsistance.

Je vendrai peut-être mes habits et mon matelas.
Je travaillerai peut-être à la carrière comme portefaix, balayeur des rues.
Je chercherai peut-être dans le crottin des grains.

Je resterai peut-être nu et affamé.

Mais je ne marchanderai pas.

O ennemi du soleil Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines, je résisterai.

Tu me dépouilleras peut-être du dernier pouce de ma terre.

Tu jetteras peu-être ma jeunesse en prison,

tu pilleras peut-être l’héritage de mes ancêtres,

tu brûleras peut-être mes poèmes et mes livres.
Tu jetteras peut-être mon corps aux chiens.

Tu dresseras peut-être sur notre village l’épouvantail de la terreur.

Mais je ne marchanderai pas.

O ennemi du soleil Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines, je résisterai.

Tu éteindras peut-être toute lumière dans ma vie.

Tu me priveras peut-être de toute tendresse de ma mère.

Tu falsifieras peut-être mon histoire.

Tu mettras peut-être des masques pour tromper les amis.

Tu élèveras peut-être autour de moi des murs et des murs.

Tu me crucifieras peut-être un jour devant des spectacles indignes.

Mais je ne marchanderai pas.

O ennemi du soleil Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines, je résisterai.

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