21 novembre 2024

ICOR et la Palestine

Des amis, des lecteurs, des camarades nous ont interpellé à plusieurs reprises sur l’absence de Résolution de l’ICOR sur la guerre actuelle menée en Palestine. On les comprend, mais il nous fallait avant lancer le débat sur un évènement qui divisait beaucoup les camarades. Voilà nous soumettons à la discussion de tous (à l’intérieur comme à l’extérieur de l’ICOR) et au sein du mouvement révolutionnaire et ouvrier, le débat. (la rédaction du site)

Introduction par la Coordinatrice principale

Contrairement à ses habitudes, l’organisation révolutionnaire mondiale ICOR n’a jusqu’à présent pas publié de résolution sur la guerre actuelle au Moyen Orient et sur la solidarité avec la lutte de libération palestinienne. Pour la première fois dans l’histoire de l’ICOR, nous n’avons pas encore pu parvenir à une résolution unifiée.

Une position fondamentalement unifiée existe contre la terreur d’État d’Israël. Cela correspond au fait que presque toutes les organisations de l’ICOR sont engagées dans la solidarité active avec la lutte de libération palestinienne. En Allemagne, des dons sont activement collectés et 15 000 € ont déjà pu être transférés à Gaza pour les soins médicaux.
Des controverses se sont développées sur l’évaluation et l’admissibilité de la critique publique des forces politiques en Palestine comme le Hamas et le Jihad. Nous voulons publier et soumettre à la discussion les points communs et les contradictions afin de les clarifier. Cela se base sur un journal en ligne que l’ICOR a publié en mars 2023 sous le titre « La lutte de libération palestinienne ». Les contradictions qui ont éclaté doivent être clarifiées en profondeur, avec soin, sérieux et respect.

Passage consensuel de la résolution initiale

Le passage suivant d’une projet de résolution de l’ICOR élargie par quelques motions fait l’objet d’un consensus :

« Stop à la terreur d’État et à la guerre contre le peuple palestinien !

Solidarité au plan mondiale avec la lutte de libération palestinienne !

Arrêtez le bombardement destructeur de Gaza !

L’ICOR condamne résolument et abhorre l’imposition de la loi martiale, les bombardements brutaux, le blocus complet de la bande de Gaza et l’envoi de troupes au sol par le gouvernement israélien d’extrême droite de Netanyahou.

L’État sioniste passe maintenant à une impitoyabilité débridée, proclame l’état d’urgence et la guerre pour accélérer les massacres du peuple palestinien de la bande de Gaza, de la Jordanie occidentale jusqu’au Liban, et l’expansion de son occupation coloniale qui dure depuis des années. Le gouvernement a déjà coupé l’électricité dans la bande de Gaza. Maintenant, l’approvisionnement en eau et en nourriture est également interrompu. Couper l’électricité à 2,2 millions de personnes va et vise à tuer des masses de gens ou de les chasser complètement de la région. Le fait qu’Israël ait même le pouvoir de faire cela, met en évidence l’oppression quotidienne et structurelle des Palestiniens de Gaza.

Tout au long des dernières années, et plus encore avec le gouvernement Netanyahou, qui n’est cependant pas fondamentalement différent des politiciens de « l’opposition », la politique sioniste de colonisation a dépouillé le peuple palestinien de ses terres, a piétiné l’autodétermination et le droit de vivre du peuple palestinien jusqu’au génocide, et a répandu une chimère raciste et inhumaine de suprématie avec l’idéologie sioniste.

Tout cela ne serait pas possible sans le soutien des gouvernements impérialistes, en premier lieu de l’impérialisme américain, mais aussi de l’UE impérialiste au plan économique, militaire et politique !

Une résistance mondiale résolue est nécessaire contre tout cela !

L’attaque du Hamas en alliance avec d’autres forces est prise comme prétexte par le gouvernement israélien pour déclencher une guerre qui peut s’étendre en un incendie généralisé dans toute la région.
Les organisations de l’ICOR sont unanimes à s’engager résolument pour le droit à l’autodétermination du peuple palestinien !
Protestez résolument contre la terreur d’État du gouvernement Netanyahu !

Le peuple palestinien a le droit de résister à l’occupation. L’armée d’occupation israélienne et les groupes paramilitaires tuent des gens tous les jours, occupent des terres qui ne leur appartiennent pas et harcèlent la population palestinienne depuis des décennies. Cela se produit systématiquement et en dépit de nombreuses déclarations de l’ONU. »

 

Coordinatrice principale : en quoi consistent les positions controversées ?

La controverse porte avant tout sur l’évaluation du Hamas et du Jihad islamique en particulier et sur la question de savoir s’ils font partie intégrante d’une lutte de libération palestinienne ou s’ils doivent être critiqués publiquement ou si cela constitue une division et un retrait de la solidarité :
Toute une série d’organisations considèrent le Hamas et le Jihad comme réactionnaires, et plusieurs d’entre elles comme fascistes. Elles critiquent le fait que des massacres inhumains de civils en Israël ont eu lieu en lien avec l’attaque du 7 octobre, massacres qui ne peuvent pas être justifiés par la terreur d’État d’Israël. Ils soulignent qu’il ne peut y avoir de collaboration des révolutionnaires avec les organisations fascistes et qu’au contraire, l’internationalisme prolétarien est la force du mouvement.
D’autres considèrent que ces organisations sont réactionnaires, mais qu’elles font partie intégrante de la résistance palestinienne et que les critiques publiques sont synonymes de désolidarisation.

L’une des racines de la controverse est également de savoir si l’arrière-plan impérialiste du conflit réside uniquement dans l’impérialisme américain, qui est sans aucun doute et de manière unifiée le principal belligérant. Ou si l’Iran, le Qatar, la Turquie et d’autres sont également de (nouvelles) puissances impérialistes qui tirent les ficelles et qui doivent être combattues. À cela s’oppose la thèse selon laquelle on ne peut et on ne doit pas lutter simultanément contre tous les impérialistes ou toutes les forces réactionnaires s’ils veulent soutenir la cause palestinienne.

Toute une série de déclarations ont déjà été publiées à ce sujet par les différentes organisations sur ce site.

Depuis des semaines, des camarades du groupe de coordination international (ICC), qui sont eux-mêmes des exposants d’opinions controversées (MLPD et PPDS), ont essayé de trouver une unité pour une résolution de l’ICOR avec deux propositions de compromis unifiées. Mais une majorité vraiment forte n’est atteinte pour aucune proposition. Cependant, on ne peut pas résoudre de telles questions fondamentales au sein de l’ICOR avec des votes de combat à la majorité serrée.

Première proposition de compromis 

La première proposition de compromis, en plus du consensus exposé ci-dessus, était la suivante :
Le Hamas politico-islamiste collaborateur et le Jihad islamique se sont alliés depuis des années avec les régimes politico-islamistes réactionnaires, colonialistes et fascistes de la région, comme l’Iran et la Turquie, ainsi qu’avec les impérialistes, et ont adopté une attitude conciliante. Si les forces démocratiques révolutionnaires ne prennent pas la direction du mouvement de la lutte de libération nationale palestinienne, la coopération avec toutes les forces révolutionnaires de la région et du monde sera sacrifiée aux intérêts des puissances impérialistes. Les mouvements de libération ne doivent jamais adopter les méthodes de leurs adversaires, comme le massacre de la population civile.
La libération du peuple palestinien, qui ne peut être réalisée sans le renversement de l’État occupant d’Israël et du régime d’apartheid raciste des forces politiques bourgeoises qui lient leur existence à cet État colonial, ne sera possible que par la lutte unie des peuples, visant à la pleine égalité, à l’unité volontaire et au socialisme.
Les principaux alliés sont les travailleurs et les larges masses dans le monde, dans un mouvement anti-impérialiste pour la démocratie, la liberté et le socialisme !  La lutte de libération du peuple palestinien peut tirer profit des contradictions tactiques et doit lutter pour gagner des alliés, mais elle n’a de perspective que si elle reste indépendante des forces nationalistes et réactionnaires-fascistes et si elle poursuit en fin de compte la perspective du socialisme. C’est également une dure expérience de la révolution iranienne après la chute du shah.

Fin de la loi martiale, retrait de tous les occupants de la Palestine !
Solidarité avec la lutte de libération du peuple palestinien !
Défendons activement son droit à la résistance contre l’occupation et l’oppression !
Liberté pour tous les prisonniers politiques démocratiques !
Vive l’internationalisme prolétarien dans la lutte pour la démocratie, la liberté et le socialisme !

Deuxième proposition de compromis

La deuxième proposition de compromis, en plus du consensus exposé ci-dessus, qui émanait essentiellement de la CPA ML Australie, était la suivante :
« L’ICOR soutient le droit de tous les peuples opprimés de choisir leurs propres organisations dirigeantes, mais a aussi le devoir d’examiner du point de vue de la classe les différentes directions et de les évaluer si possible. La résistance actuelle des Palestiniens dans la bande de Gaza comprend d’une part le Hamas et le Jihad islamique palestinien (PIJ). Le Hamas et le PIJ ont des liens avec des régimes (ultra)réactionnaires tels que l’Iran et la Turquie, qui oppriment tous deux une grande partie de leur propre population et, dans le cas de la Turquie, bombardent le territoire libéré de Rojava au nord-est de la Syrie. Mais la résistance comprend également des organisations progressistes et révolutionnaires laïques telles que le Front démocratique de libération de la Palestine et le Front populaire de libération de la Palestine. Les forces démocratiques révolutionnaires et la direction du mouvement de libération palestinien uniront, renforceront et feront progresser la lutte de libération nationale des Palestiniens pour la liberté, la démocratie et le socialisme, et surmonteront les obstacles des forces sionistes, impérialistes et réactionnaires. Les mouvements de libération ne doivent pas adopter les méthodes réactionnaires de leurs adversaires, comme les massacres de populations civiles.

La libération du peuple palestinien, qui ne peut être réalisée sans le renversement de l’État occupant d’Israël et du régime d’apartheid raciste des forces politiques bourgeoises qui lient leur existence à cet État colonial, ne sera possible que par la lutte unie des peuples visant à la pleine égalité, à l’unité volontaire et au socialisme.
Les principaux alliés sont les travailleurs et les larges masses dans le monde, dans un mouvement anti-impérialiste pour la démocratie, la liberté et le socialisme ! La lutte de libération du peuple palestinien peut exploiter des contradictions tactiques et doit lutter pour gagner des alliés, mais elle n’a de perspective que si elle reste indépendante des forces nationalistes et réactionnaires-fascistes et si elle poursuit en fin de compte la perspective du socialisme. C’est également une dure expérience de la révolution iranienne après la chute du shah.

Fin de la loi martiale, retrait de tous les occupants de la Palestine !
Solidarité avec la lutte de libération du peuple palestinien !
Défendons activement son droit à la résistance contre l’occupation et l’oppression !
Liberté pour tous les prisonniers politiques démocratiques !
Vive l’internationalisme prolétarien dans la lutte pour la démocratie, la liberté et le socialisme ! »

Envoyez-nous des contributions fondées à la discussion pour publication

Je pense qu’il est indispensable de poursuivre le débat au sein du mouvement révolutionnaire et anti-impérialiste international. En même temps, nous ne pouvons pas attendre pour agir – et nous ne le faisons pas non plus. Chaque organisation de l’ICOR est invitée à développer une forte solidarité avec la lutte de libération du peuple palestinien sur la base de la théorie révolutionnaire marxiste-léniniste, de ses propres analyses et de ses positions antérieures et à mener en même temps la lutte pour l’unification des révolutionnaires avec une culture de débat prolétarienne. Discutez de ces questions et envoyez-nous des contributions de discussion fondées pour la publication !

 Monika Gärtner-Engel

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