7 novembre 2024

Déclaration commune de la résistance palestinienne

C’est avec satisfaction que nous publions cette déclaration. Depuis le temps que nous attendions une prise de position de la gauche laïque palestinienne (FPLP, FDPLP et FPLP-CG) qui a été partie prenante de l’action de résistance du 7 octobre attribuée à tort au seul Hamas islamiste. En tant que marxiste nous soutenons principalement cette gauche laïque qui fait front au sionisme avec toutes les composantes de la résistance palestinienne. (C’est la rédaction du site qui a souligné en gras certaines parties du texte)

La déclaration commune, avec le Hamas en tête, est une expression de la faiblesse du mouvement communiste, comme c’est analysé dans notre prise de position. Dans celle-ci l’UPML différencie le positif et le négatif de la situation.

Nous publions à la fin des extraits de notre prise de position développée dans les débats au sein de l’ICOR. Demain, nous publierons sur ce site une déclaration de l’ICOR.

« Déclaration commune du Hamas, du FPLP, du PIJ, du FDLP et du FPLP-CG

Beyrouth le 28/12/2023

Les dirigeants des factions de la résistance palestinienne ont tenu une réunion consultative à Beyrouth, où ils ont discuté de l’évolution de la bataille du déluge d’Al-Aqsa au milieu de l’agression sioniste en cours sur notre terre, notre peuple et nos lieux saints, en particulier dans la bande de Gaza, la Cisjordanie palestinienne et Al-Qods. La réunion s’est conclue sur les résultats suivants :

Premièrement : Avec fierté et honneur, les participants ont salué la résistance héroïque de notre peuple dans les territoires occupés, en particulier la résistance légendaire de notre peuple dans la bande de Gaza, où nos enfants, nos femmes et tout notre peuple, la poitrine nue, font face aux actes brutaux de l’ennemi « israélien », qui a ciblé les abris pour les personnes déplacées, les maisons, les mosquées, les églises, les écoles, les hôpitaux, Ces actes s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre d’une politique génocidaire et de terre brûlée à l’encontre de notre peuple inébranlable, qui a fermement contrecarré le projet de déplacement massif vers les voisins arabes, afin de vider la bande de Gaza de ses habitants et de l’annexer à l’État d’occupation et d’assassinat collectif.  Ce plan vise très clairement à mettre fin à la cause nationale palestinienne et à liquider les droits nationaux légitimes de notre peuple, en déterminant le destin, en établissant l’État palestinien indépendant avec Al-Qods comme capitale, et en garantissant le droit au retour des réfugiés de notre peuple dans leurs maisons et leurs propriétés, conformément à la résolution 194, contrairement à l’annexion des territoires occupés lors de la guerre d’agression de 1967 et à l’établissement du « grand Israël » au détriment de notre projet national, de l’identité de notre peuple et de son droit à la souveraineté sur sa terre et à l’établissement de son État indépendant avec Al-Qods pour capitale.

Deuxièmement, les participants ont souligné les actions héroïques de la vaillante résistance dans les territoires palestiniens occupés en général, et dans la bande de Gaza en particulier. Ils ont loué sa capacité à contrecarrer les objectifs de l’ennemi, démontrant son incompétence et la fragilité de ses forces sur le terrain. Ils ont également salué l’unité de lutte de toutes les ailes militaires des factions de la résistance, qui s’est manifestée sur le terrain par une créativité, des tactiques intelligentes et des actions qui ont dépassé les attentes dans le prolongement de la bataille stratégique du déluge d’Al-Aqsa, qui a fait du 7 octobre 2023 un tournant historique, ébranlant la situation internationale.

Cela réaffirme que la cause palestinienne reste et restera la question centrale au niveau régional, et que le déclin de l’intérêt n’est pas dû à un déclin du statut sur la carte politique de la région, mais plutôt à l’expression du déclin du rôle du leadership officiel, qui a basé ses calculs sur des paris sur le projet américain de « solution à deux États », et le projet de « compréhension » avec l’occupation sioniste des « Accords d’Oslo ».

Dans ce contexte, les participants affirment leur détermination à poursuivre la résistance sur le terrain et dans d’autres forums, jusqu’à ce que la guerre brutale contre notre peuple cesse et que l’agression soit repoussée de la bande de Gaza.

Troisièmement : Les participants ont affirmé que les tâches directes et immédiates de lutte et de combat à accomplir sont les suivantes :

1) Arrêt immédiat de la guerre de génocide, de la terre brûlée et du nettoyage ethnique de l’ennemi « israélien » dans la bande de Gaza.

2) Briser le siège de la bande de Gaza, commencer à fournir à notre peuple toutes les nécessités de la vie, et simultanément reconstruire les infrastructures, les institutions et les installations. Il s’agit notamment de fournir les fournitures nécessaires pour réactiver et soutenir le système médical, qui est sur le point de s’effondrer sous les actes barbares de l’agression « israélienne », et de transférer les cas de blessures graves de la bande de Gaza vers des traitements à l’étranger, dans des pays frères et amis.

3) L’engagement arabe, islamique et international en faveur de la reconstruction, et la demande aux pays frères et amis et aux organisations internationales et régionales, au premier rang desquelles la Ligue arabe, l’Organisation de la coopération islamique et les Nations unies, de lancer une initiative internationale pour reconstruire ce que l’occupation et l’agression barbare ont détruit dans la bande de Gaza, et d’œuvrer sérieusement pour redonner vie aux artères de la bande, afin de fournir les bases nécessaires pour renforcer la fermeté de notre peuple et son attachement à sa terre, comme une récompense minimale pour les sacrifices légendaires qui ont étonné le monde entier.

Quatrièmement, les participants ont souligné leur condamnation et leur rejet des scénarios élaborés par les cercles occidentaux et « israéliens » pour ce qu’on appelle le « jour d’après » à Gaza. Ils ont confirmé que ces scénarios rejetés, à la fois en détail et en général, ne font que parier sur l’échec de la tentative de briser la fermeté de notre peuple et de notre vaillante résistance ; ce ne sont que des rêves chimériques qui ne se réaliseront ni maintenant ni à l’avenir, surtout après que les signes de la défaite de l’ennemi ont commencé à apparaître, dans sa reconnaissance explicite de ses morts et de ses blessés aux mains de notre résistance, et son retrait forcé de la partie la plus importante de ses forces, après la disgrâce qu’il a subie sur le terrain aux mains de nos héroïques combattants de la résistance sur le terrain.

Les participants affirment que notre mouvement national et notre vaillante résistance possèdent une richesse de lutte, un stock intellectuel et politique qui les qualifie pour rejeter tous les projets et scénarios présentés comme une « solution » à la cause de Gaza, car il n’y a pas de cause séparée pour la bande de Gaza, une autre pour la Cisjordanie et une autre pour Al-Qods.

La cause palestinienne est la cause de toute la Palestine, terre, peuple, droits, avenir et destin. La solution à cette cause ne peut être obtenue que par le départ de l’occupation et de toutes les formes de colonisation, ouvrant ainsi la voie à notre peuple pour déterminer son destin national sur sa terre.

Cinquièmement, les participants ont convenu de la nécessité de faire face aux conséquences de la guerre barbare contre notre peuple par une lutte stratégique et combative unifiée, en réintroduisant notre cause en tant que cause de libération nationale pour un peuple sous occupation. Dans ce contexte, ils proposent les suggestions suivantes à toutes les parties du mouvement national palestinien et à ses composantes :

1) Appeler à une réunion nationale globale incluant toutes les parties sans exception, pour mettre en œuvre ce qui a été convenu lors des précédents dialogues palestiniens, et pour faire face aux conséquences de la guerre brutale contre notre peuple dans la bande de Gaza, et aux attaques barbares des gangs de colons et des forces d’occupation, ainsi qu’aux projets de colonisation et d’annexion en Cisjordanie, en particulier à Al-Qods.

2) Rejeter toutes les solutions et tous les scénarios concernant le soi-disant « avenir de la bande de Gaza » et présenter une solution nationale palestinienne fondée sur la formation d’un gouvernement d’unité nationale issu d’un consensus national global incluant toutes les parties, chargé d’unifier les institutions nationales dans les territoires occupés de Cisjordanie et de la bande de Gaza, d’assumer la responsabilité de l’adoption de projets visant à reconstruire ce que l’invasion barbare a détruit dans la bande de Gaza, de rétablir la vie de notre peuple dans cette région et de préparer des élections.

3) Mettre l’accent sur la nécessité d’un cessez-le-feu et la cessation permanente de tous les actes d’agression, et le retrait complet de la bande de Gaza, comme condition pour discuter de l’échange de prisonniers sur la base du principe « tous pour tous », vider les prisons, et arrêter les arrestations contre notre peuple dans les territoires occupés.

4) Développer et renforcer le système politique palestinien sur des bases démocratiques, par le biais d’élections générales (présidentielles, législatives et au Conseil national), selon un système de représentation proportionnelle intégrale, dans le cadre d’élections libres, équitables, transparentes et démocratiques, avec la participation de tous, reconstruisant ainsi les relations internes sur les bases et les principes d’une coalition nationale et d’un véritable partenariat national

Les participants saluent les martyrs de notre peuple dans les territoires occupés, en particulier notre peuple dans la bande de Gaza, souhaitent un prompt rétablissement aux blessés et saluent ceux qui sont inébranlables malgré la dureté et la brutalité de l’agression dans la bande de Gaza. Ils saluent la lutte et l’admiration des États et des forces de résistance de notre nation [arabe et islamique] pour le rôle qu’ils ont joué en soutenant notre peuple et notre résistance.

Ils saluent également les peuples arabes et les peuples libres du monde entier qui se sont manifestés dans leurs pays et leurs capitales, condamnant le terrorisme sioniste et soutenant le droit de notre peuple à se défendre et à défendre sa terre et sa dignité. Ils appellent à davantage de soutien politique, médiatique et financier, afin d’établir un front mondial contre le terrorisme et l’agression « israéliens », et la barbarie de l’Atlantique, dirigée par les États-Unis, l’ennemi numéro un des peuples du monde qui aspirent à la liberté, à l’indépendance, à la prospérité et à une vie digne.

Mouvement de résistance islamique – Hamas
Front populaire de libération de la Palestine
Mouvement du Jihad islamique palestinien
Front démocratique pour la libération de la Palestine
Front populaire de libération de la Palestine – Commandement général

Beyrouth le 28/12/2023 »

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Dans les débats qui traversent l’ICOR voici des extraits des points de vue que notre organisation a développé :

L’absence d’Internationale Communiste et la faiblesse du mouvement communiste nous impose partout la tâche principale de reconstruire de véritables Partis communistes pour se diriger vers le communisme — mais les situations, les tâches politiques et les tactiques sont différentes selon les pays et les circonstances. Le révisionnisme et l’absence de mouvement communiste ont fait le lit de courants religieux soi-disant anti-impérialistes.

Nous partons du monde tel qu’il est aujourd’hui : son développement est inégal. Il existe des pays capitaliste-impérialistes dominant ; aujourd’hui de nouveaux pays capitalistes-impérialistes se dressent en rivalité avec les anciennes puissances impérialistes luttant pour un nouveau repartage du monde, le danger de guerre mondiale est plus que jamais présent. Mais le développement inégal veut dire aussi qu’il existe des pays dominés et des peuples opprimés (coloniaux ou néocoloniaux). Pour les communistes, les tâches révolutionnaires sont nécessairement différentes…

La Palestine, est un pays et un peuple dominés et opprimés : il y a des colons et des colonisés. C’est la contradiction principale à résoudre pour avancer vers le socialisme. Du point de vue du communisme et de la Révolution internationale, l’étape de la lutte est nationale pour se libérer du sionisme, pour la démocratie en Palestine est nécessaire et indispensable.

Les tâches nationales et démocratiques s’imposent à toutes les classes opprimées. Un large front de résistance doit inclure tous les partis et organisations luttant pour la libération. Toutes les forces ayant ce projet font parties de la Résistance. Mais en Palestine occupée ils existent aussi des classes sociales différentes qui ont des objectifs stratégiques différents, mais qui toutes peuvent se retrouver dans la tactique de Résistance à l’Etat sioniste ; ainsi en est-il de la bourgeoisie, comme des petits bourgeois et prolétaires palestiniens. Le Hamas fait partie de cette bourgeoisie.

Qu’on le veuille ou non le Hamas en tant parti politique s’est imposé à la direction de l’administration de Gaza et en d’autres lieux de la Cisjordanie face à la trahison des dirigeants de l’OLP et à la faillite du révisionnisme. La perspective religieuse du Hamas —obscurantiste, son islam politique (antisémite, intégriste, et réactionnaire) — ne l’empêche pas d’avoir une tactique de libération nationale au côté de forces laïques, communistes, démocratiques [ce que reflète la Déclaration commune de Beyrouth –la rédaction du site]. Actuellement le Hamas est la force dominante dans la Résistance. Ce n’est pas la première fois que des alliances de classe se font face à l’oppression nationale : Kurdes se sont alliés aux USA contre Daesh ; PC chinois (Mao Tse dong) avec le Kouo-Min-Tang et des féodaux contre l’invasion japonaise ; la résistance française avec une fraction de la bourgeoise coloniale et avec des royalistes… Le Hamas dans les faits est une expression de la Résistance palestinienne et il n’est pas, aujourd’hui, une organisation fasciste. La France coloniale a souvent qualifié de « fascistes », voire de « terroristes » les résistants anti-coloniaux, nous refusons cet amalgame.

Dans ces fronts de résistance, deux déviations sont possibles : le rejet sectaire, « gauchiste » de ses alliances. Le programme de transition de Trotski le théorise et nie les étapes nécessaires. Mais sans étapes, la Résistance ne peut pleinement se développer et les communistes ne peuvent gagner la liberté et se donner l’organisation (PC) pour mener la lutte pour l’étape suivante, pour la révolution socialiste. L’autre déviation c’est l’opportunisme de droite qui se soumet à la bourgeoisie (ce qui a dominé dans presque tous les mouvements anticoloniaux et fait échouer les luttes anti-impérialistes). L’unité de la résistance ne va pas sans lutte comme l’a développé Mao. En Palestine l’intégrisme religieux du Hamas et de d’autres groupes doit être combattu au sein du mouvement de résistance. On ne peut se tenir en dehors du Front de résistance en espérant ainsi éviter d’être assimilé à des forces bourgeoises qui ont le même adversaire tactique que nous.

En ce qui concerne l’action du 7 octobre, nous n’avons pas tous les éléments pour en juger, nous n’avons eu que l’écrasement médiatique bourgeois ; nous commençons seulement maintenant à avoir d’autres infos des organisations de résistances palestiniennes. Nous pensons que vu l’oppression sioniste quotidienne et ses crimes encore récents en juin, et encore aujourd’hui, en Cisjordanie, le 7 octobre a été un acte de toute la résistance visant avant tout l’armée et les milices sionistes. … C’est la politique de l’Etat sioniste, depuis 75 ans, qui est à 99% responsable de la situation. Toutefois, il est criminel de prendre pour cible des populations désarmées.

Le Hamas et autres intégristes et leur développement sont le résultat de la capitulation révisionnisme dans la lutte pour la libération. D’où la faiblesse des forces communistes, celles-ci ne pourront se développer que si elles adoptent de justes tactiques ; ce n’est qu’ainsi qu’elles pourront prendre la direction de la résistance (pour un Etat multiculturel et laïc sur toute la Palestine) et ensuite passé à la seconde étape de la lutte pour le socialisme.

Les tentatives d’infiltration impérialiste dans les luttes des peuples dominés en vue de les manipuler dans le sens de leurs intérêts est une constante. En France « l’allié » US a tenté de pénétrer le mouvement indépendantiste algérien… Les USA (et la France) ont fait de même avec la résistance religieuse contre l’URSS révisionniste en Afghanistan… C’est pourquoi on ne peut réduire le Hamas à ses soutiens : Qatar, Iran, Turquie, …

Autocritique : l’aspect principal de nos positions unanimes à l’UPML a toujours été un soutien à la résistance palestinienne dans sa lutte pour la libération. Secondairement par manque de vision globale de la situation, de réflexions approfondies et de spontanéisme pratique nous avons été abusés par les média dominants. Cela a amené l’organisation à rédiger une déclaration après le 7 octobre qui condamnait principalement le Sionisme israélien, mais aussi l’attaque du 7 octobre. Cette déclaration était erronée et pacifiste. Nous ne sommes pas pacifistes, nous nous prononçons dans notre projet de programme (en page 23) pour la nécessaire lutte armée dans la lutte révolutionnaire. Nous devons exprimer notre soutien à la résistance armée dans les luttes de libération comme celle en Palestine. Nous avons été « pacifistes » dans la mesure où la propagande bourgeoise a aussi influencé notre jugement en mettant en avant la violence des morts civiles.

Conclusion : Il nous faut reconstruire le mouvement communiste international ; sa faiblesse pèse lourd dans les combats actuels pour l’indépendance et le socialisme. Sans cette condition nous ne pourrons réaliser en Palestine l’alliance des peuples arabes palestiniens, juifs non-sionistes opposés à l’apartheid et à la colonisation pour reconstruire une Palestine indépendante, laïque, multiculturelle.

Une réflexion sur « Déclaration commune de la résistance palestinienne »

  1. Salutations communistes pour votre autocritique sur l’action de résistance du Peuple Palestinien du 7 octobre.

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