29 avril 2024

Manouchian, un combattant anti-fasciste et internationaliste

Plus que jamais il est nécessaire de construire le front uni international anti-impérialiste et antifasciste contre le pillage impérialiste, l’exploitation accrue des êtres humains et de la nature, le terrorisme d’État, la fascisation, le fascisme, l’intervention militaire étrangère et les guerres d’agression ! Pour la libération nationale et sociale, la démocratie, la liberté et une société digne d’être vécue, sans exploitation ni oppression ! Le front uni anti-impérialiste doit être un front uni antifasciste, car une dangereuse tendance au fascisme s’est développée dans le monde entier en interaction avec le développement vers la droite des gouvernements et des partis bourgeois. Développons un travail d’information parmi les masses dans la lutte contre l’influence de la démagogie sociale-fasciste ainsi que contre les préjugés nationalistes et racistes. (voir l’Appel à construire un Front Uni)

Missak Manouchian, un communiste, un résistant anti-fasciste et internationaliste   

Voir le film:  https://youtu.be/hK4Ejk3uNNA

Les urnes contenant les cendres de Missak Manouchian et de son épouse Mélinée seront transférées au Panthéon. C’est ce qu’avait annoncé l’année dernière le président français Emmanuel Macron. Le transfert est prévu pour le 21 février 2024, 80 ans après l’assassinat de Missak Manouchian par les fascistes allemands au Mont Valérien.

L’ouvrier et poète arménien, né en 1906, a été fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Missak Manouchian était représenté comme le chef de “l’armée du crime” sur la fameuse “affiche rouge”, une affiche de propagande hitlérienne placardée partout. L’affiche avait pour but de faire détester les résistants par la population française. Cela a lamentablement échoué.

Missak Manouchian était membre d’un groupe de 23 résistants étrangers et communistes au sein de la Résistance française contre le fascisme et l’occupation. Les Français progressistes se sont battus pendant des années pour sa “panthéonisation”, comme on appelle ce transfert au Panthéon en France. En 2014, le président de la République de l’époque, François Hollande (socialiste), a refusé d’honorer Manouchian. L’épouse de Manouchian, communiste et internationaliste anti-fasciste, Mélinée, sera également inhumée au Panthéon. Comme lui, elle était une survivante du génocide arménien et avait fait la connaissance de Missak au Liban, où tous deux étaient réfugiés. Ensemble, ils ont pris le chemin de la France en 1925 et ont adhéré au parti communiste en 1934 avant de se marier deux ans plus tard. Missak Manouchian a travaillé temporairement comme ouvrier automobile chez Citroën. Les membres du groupe de résistance Manouchian furent arrêtés, torturés par les fascistes hitlériens en 1943 ; avec eux tombait un grand groupe de la lutte armée de la résistance à Paris.

Internationaliste et communiste, il fit la différence entre le peuple allemand et les fascistes et écrivit à sa femme dans sa lettre d’adieu (voir plus bas) : “je n’ai aucune haine contre le peuple allemand…. Ils vivront en paix et en fraternité après la guerre, qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous”. L’immense prestige du communiste et du résistant a imposé au gouvernement français que ses cendres soient transférées au Panthéon. C’est là que reposent Voltaire, Victor Hugo et Marie Curie. Mais c’est aussi une manœuvre politicienne du gouvernement pour se rallier, à la veille des élections Européennes, une frange de l’électorat de gauche. Enfin Missak, Mélinée et les 23 avaient cette conscience de classe qui en faisait des combattants anti-fascistes, des internationalistes; ils ne sont pas mort « pour la France » (poème d’Aragon), mais luttaient pour la paix et le socialisme. Ils étaient loin des discours confus et chauvins actuels qui veulent « réarmer » la jeunesse dans un Service National Universel.

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La lettre de Missak Manouchian à son épouse Mélinée a été écrite le 21 février 1944 à la prison de Fresnes, quelques heures avant qu’il soit fusillé à 37 ans, au fort du Mont Valérien.

Le 21 février 1944

  Ma chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain.

Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.

Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous…

J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d’avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse.

Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la libération. Avec l’aide des amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d’être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie.

Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait de mal à personne et si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine.

Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant le soleil et la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis.

Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus.

Je t’embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon coeur. Adieu.


Ton ami, ton camarade, ton mari.

Missak Manouchian.

 

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